Ben voilà, c'est ce qui va se passer pour moi. Je ne bouge pas , mon essai de partir n'a pas été retenu (je suis soumise à des mutations, pas forcément acceptées).Campagnette d'à côté a écrit : Je ne suis pas Dieu et Lui seul peut décider de faire cesser votre épreuve comme de la faire durer, non par sadisme,
Je me réfugie devant le Saint Sacrement et sous le Précieux Sang dans une prière redoublée, mais j'avoue que j'ai pris une enclume par la figure. Je porte ma démone de collègue dans mes prières et à chacune des élévations, c'est son âme que j'offre sous le Corps et le Sang. Je n'arrive pas à faire plus, en face d'elle il faut que je me lie les mains pour ne pas lui envoyer un ace.
Petit à petit je reconstruis toutes les relations qu'elle a dégradée autour de moi, tout en restant bien consciente cette fois qu'en un jour elle peut tout détruire et me retrouver avec des personnes tellement persuadées de ma "mesquinerie" que de deux mois tout le monde me fuit... peu importe... j'ai hors du travail une vie... autre, construite à force d'épreuves pour ne pas finir folle, une vie que je souhaite à tous, surtout à cette âme malade. Et je m'accroche aux branches, parce que si je me contente de regarder coté boulot en guise de toute vie, je ne peux que sombrer dans la dépression.
Mais bizarrement l'arc se tend. Je porte des tas d'épreuves en même temps, et cette accumulation au moment où je n'en ai pas besoin finit par m'interpeler. Le temps presserait-il pour moi? Pourquoi je me retrouve dans la peau d'un Simon de Cyrène à porter une âme dont la personne qui l'a reçu en cadeau se fiche comme d'une guigne? Encore que je ne devrais pas oser me comparer à un Simon aussi saint et aussi courageux... mais il y a de ça dans ce que je perçois.
Pourtant je ne fait aucune illusion; cette femme ne changera jamais, parce qu'elle est vraiment trop bien comme elle est, parce que son éducation a inscrit ce qu'elle est dans sa chair, parce que changer serait se déconstruire et tomber; or elle n'est pas orgueilleuse, elle est l'orgueil! Et cette personnalité en rouleau compresseur est synergisée par ce qu'on attend d'elle, et par la mentalité des gens qu'elle dirige. C'est bizarre, mais je vis dans un endroit où la méchanceté est la norme...
C'est déstabilisant de porter une âme morte dans ses prières en subissant ses coups fourrrés tous les jours; tout me porterait à la haine et à m'en remettre à un juge, mais non content de digérer ce qu'elle manigance, je me retrouve à prier pour elle, sachant pertinemment que je perds mon temps, que la cause est perdue, en tous les cas pour nos rapports, parce que si un jour elle change (mon oeil!) ce sera après mon départ d'auprès d'elle, parce que là, elle jouit trop pour avoir la moindre envie d'y changer quelque chose.
J'aimerais, si parmi vous certains se sont retrouvés dans un cas pareil, qu'ils m'expliquent comment ils ont pu porter dans la paix (pour le coup que j'ai bel et bien perdue!) un illogisme pareil, une distension pareille. j'ai l'impression parfois d'être le bras de Jésus, ce pauvre bras trop court qui ne savait qu'aimer et où l'on a tiré dessus jusqu'à le disloquer pour le clouer encore plus durement à la croix, sans que ce bras ne comprenne rien à l'histoire... ça me fait peur tout ça, cette tension de l'âme qui endure sans espoir d'adoucissement ou d'arrêt, livrée à de telles mains que seule la folie me semble une porte au fond du tunnel. C'est comme si il fallait que ce soit moi qui tire sur mon âme jusqu'à la faire hurler pour l'étirer vite-vite pour qu'elle arrive au-delà du "tout-en-haut " d'elle même, dans une quête désespérée de la main du Seigneur comme bouée de sauvetage... C'est vraiment pas coton comme exercice, et il m'en aura coûté, du sommeil et des larmes. Le jour où j'arrive là-haut, je commence par une cure de sommeil et à me faire rembourser les frais de Kleenex!
Mais dans tout ça, ma galère est tellement rien à coté de celle d'autres qui souffrent de maladie, qui restent orphelins, qui ont faim et froid, qui ne connaissent pas l'existence de Dieu pour les soutenir dans leurs épreuves...
Comme le suggère Coeurderoy, moi j'ai un toit, et des fleurs autour, un travail, et de quoi vivre simplement.
Et j'espère pour vous Coeurderoy que votre projet de changement de poste et de ville a abouti, et que ce renouveau vous comble de joie et d'enthousiasme pour redémarrer une nouvelle tranche de vie, vous qui avez été éprouvé par pas mal de choses et qui affrontez vos soucis avec tant de courage, en gardant tant de générosité que vous en miellez le forum!
Je vous remercie tous de tant de sollicitude et de prière, parce que cela m'a énormément aidée à tenir ces deux derniers mois, particulièrement pénibles et tendus, à un moment où mes larmes explosent même devant ceux à qui je veux tant les cacher. Je crois que si je n'avais pas fini par oser en parler ici, je serais déjà en arrêt maladie, alors que grâce à vos prières je tiens je ne sais comment, et j'en suis la première complètement bluffée, parce que par deux fois mon médecin m'a proposé de venir le voir pour m'arrêter, et finalement je suis encore debout, et je résiste à la haine -mais pas glorieusement, des fois je tombe- qui voudrait tant m'envahir; à ce propos, heureusement pour moi que je suis chrétienne, sinon je n'en serais pas là...
Merci à tous!!
En Christ, encore et toujours, quoi qu'il en vienne,
Zélie