Chère Zélie,
J'ai lu avec beaucoup de compassion ton histoire (que tu m'avais déjà partagé un peu en détails en privé) et je dois t'avouer qu'elle me touche beaucoup parce que j'ai vécu aussi une horreur semblable depuis des mois. Dans mon cas, il ne s'agissait pas de mon employeur mais de certaines de mes employées qui ont formées une coalition pour me faire tomber alors que j'ai été promus directrice par intérim (le temps d'un congé de maternité) et que j'avais accepté de bonne foi, pour être au service de la cause. Difficile à croire qu'une directrice pourrait être la cible de violence psychologique à un point tel que j'ai vécu des mois de tourments infernaux en y laissant presque ma peau. C'est fou ce que le stress et l'insomnie peuvent faire au corps et au psychisme... jusqu'au spirituel. Je crois qu'il suffit d'appartenir au Christ pour que l'enfer se déchaîne avec l'aide d'esclaves prêtes à livrer la brebis aux tourments de l'enfer. Je connais maintenant l'enfer. Je sais ce que vivent les désespérés et les suicidés pour y avoir été tentée. Je ne voulais pas tant mourir que d'arrêter de souffrir. C'est une souffrance indescriptible, c'est celle du Christ à Getsémani qui souffre à cause de nos errances, de nos haines, de nos replis. Mais pire encore, c'est de goûter à l'amertume du "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné" à ce sort où je ne trouve pas d'issue, où la seule issue possible semble la mort pour être délivrée de cette souffrance. Pas seulement la nôtre, notre misère, mais surtout celle de nos bourreaux et de voir la haine violente avec laquelle ils agissent en étant tout à fait inconscients de la vision d'horreur de l'état de leur âme dans laquelle le Christ a été plongée à Getsémani et qu'Il nous donne en partage.
Oui, les manipulateurs sont parmi nous. Pour ma part, l'histoire est que de collègue, je suis devenue patronne d'une équipe d'intervenantes psychosociales syndiquées (féministes et très revendicatrices). Conseil d'amie : ça marche rarement une promotion à l'interne. Ça réveille la jalousie, l'envie, la haine, l'hostilité, l'amertume. De collègue bien-aimée et appréciée, je suis devenue l'ennemie à abattre (à ce jour, je n'ai pas encore compris pourquoi sauf pour l'explication du combat spirituel qui se joue dans l'invisible). Je crois que le démon n'aime pas que les chrétiens soient à la tête d'organismes ou entreprises. Je crois qu'il a rassemblé tout ce qui avait de perverti dans 3 personnes pour me faire débarquer. Elles ont utilisé 3 tactiques efficaces :
1) La tentative de manipulation et d'intimidation (surtout concernant les normes et droits de leur convention collective) mais ça n'a pas marché puisque j'ai résisté aux assauts. Zut...
2) Qu'à cela ne tienne : on va répandre qu'elle est incompétente. Surtout, on va passer par dessus en allant voir l'instance suprême, le conseil d'administration. Qu'elles aient aucune preuve objective concrète que je suis incompétente, le mal est fait. Elles ont jeté leur venin et le discrédit. Le CA ne me soutenait plus car le doute est entré (en plus qu'il y avait un conflit d'intérêt grave, un des membres était la meilleure amie d'une employée à problème... mais c'est une autre histoire). Pas de confiance en la directrice (seule de son espèce contre une équipe de 18 employées syndiquées jusqu'aux dents), pas de support, c'est invivable. Mais puisqu'elles n'ont pu réellement prouver que je suis incompétente, elles ont recouru à ceci:
3) Je suis une despotes, un tyran. Diabolisation de ma personne. Le problème est que j'ai voulu ouvrir le dialogue, laisser s'exprimer celles qui ne s'expriment jamais et qui se fondent dans le consensus à cause des personnalités fortes qui parlaient pour le groupe sans qu'il y ait la moindre opposition (totalitarisme de la pensée unique). Alors que la majorité du groupe appréciait cette nouvelle ouverture, cette liberté pour donner leur point de vue, les têtes fortes qui jusque là menaient le groupe ont senti leur pouvoir menacé et elles sont parties en guerre en inventant tout et n'importe quoi à mon sujet.
Après 9 mois d'insomnie, de réveil en crises de panique, d'angoisse chaque jour à savoir ce qu'elles vont inventer d'astucieux pour me casser, j'ai finalement lâché prise. Avant ce n'était pas possible pour causes financières (Bruno travaille à son compte et à contrat... pas de salaire stable ni assuré). J'étais prise comme dans un piège à rat...
Réalisant, dans mon cours universitaire intitulé "gestion et psychologie des personnalités difficiles", que j'avais affaire à 1) une narcissique/paranoïaque profonde (adepte du yoga, newâge... très hostile au Christ et à l'Église), 2) une deuxième paranoïaque qui croyait que je complotais contre elle et 3) à une passive agressive qui sabotait hypocritement par en dessous (je ne la soupçonnais pas jusqu'à ce que j'aie des preuves concrètes), la seule solution que j'ai trouvé a été de quitter avant de devenir folle, violente ou... morte... puisque je suis mère de famille et épouse, j'ai cru bon de rester en vie. J'ai choisi de quitter.
Tout ce stress et cet épuisement n'est pas sans conséquences physiques. Je l'ai bien somatisé (puisque je maîtrisais mes états d'âme au boulot) et j'ai développé ce que je crois être la fibromyalgie (mais je ne suis pas diagnostiquée officiellement). Tout mon corps brûle comme un feu qui ne s'arrête jamais. Pas une partie de mon corps ne souffre pas (muscles, os, nerfs, etc.). J'ai 40 ans, je me sens comme si j'en avais 90...
Pourquoi je te raconte tout cela ? Eh bien, pour te dire que tu n'es pas seule dans ta douleur. Je suis heureuse que tu restes aussi en vie, malgré toutes les blessures subies. Il faut croire que tes stigmates seront tes parures et tes bijoux de fiançailles lorsque paraîtra l'Époux de ton âme, il les embrassera et essuiera les larmes de tes yeux...
Pour ma part, j'ai sauté dans le vide en quittant sans avoir un filet pour rebondir, sans emploi en vue. J'ai eu recours à saint Joseph qui m'a redonné espérance que le Seigneur, durant toutes ces épreuves, ne m'a jamais quitté d'une semelle. Je travaille depuis 1 mois maintenant à Radio Ville-Marie... c'est un autre monde. Un air de fraîcheur. Je suis une terre en jachère pour la prochaine année car comme disait le curé d'Ars : "Que diriez-vous d'un homme qui travaillerait le champ du voisin et laisserait le sien sans culture ?". Le Seigneur connaît mes limites et les tiennes. Il faut maintenant du temps pour guérir, pour pardonner, pour laisser le Seigneur tourner en bien tout le mal subi et fait (nous avons aussi nos torts...), aller vers la Résurrection.
Je ne suis pas certaine que mon histoire apaise ta douleur... Pardon si je m'étale...
En tout cas, tu as été dans mes (pauvres) prières. La très grande grâce que j'ai eu à travers tout cela est que j'avais l'opportunité d'aller à l'Eucharistie quotidiennement... si ce n'était de cela, je ne serais peut-être plus. J'aime cette parole du père Yves Girard, prêtre cistercien : "Il est vivant Celui qui se tient debout au milieu de mon être brisé".
Courage ma soeur ! Courage... que le Seigneur te couvre de Sa tendresse...
Hélène