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par Xavi » jeu. 13 déc. 2012, 17:19
Mythiques ?
Un mythe est un récit explicatif des origines des réalités présentes, ce qui, en effet, est le cas de la Genèse. Le mythe utilise des images. C’est incontestablement le cas lorsque la Genèse évoque des faits de la réalité spirituelle, ce qui s’est passé dans l’Eden, comme le péché originel.
Mais, ce qui s’est passé dans la réalité spirituelle s’est produit aussi dans la réalité corporelle terrestre. Le mythe n’exclut pas la réalité historique de ce qu’il explique avec un langage mythique.
Il est extrêmement délicat de chercher à distinguer les évènements des origines dans leur seule réalité terrestre et il est impossible pour notre cerveau d’appréhender clairement ce qui se passe dans la réalité spirituelle.
Les patriarches d’Adam à Noé, voire d’Adam à Abraham, ont-ils réellement existé ?
La Genèse passe des réalités spirituelles du jardin d’Eden aux faits les plus historiques sans frontière claire et précise.
Dans tous les cas, l’étude du sens littéral du texte est nécessaire et la question concernant le sens exact du mot « shaneh » traduit par « année » demeure.
Il me semble utile de se replacer dans la situation de l’auteur humain de la Genèse. Les textes bibliques ne sont pas écrits sous une dictée divine directe mais sont inspirés à des auteurs humains.
A-t-il inventé, imaginé, les noms et âges des patriarches d’Adam à Noé sans aucune base historique réelle ? A-t-il recueilli une tradition dont l’auteur ancien inconnu (ou les auteurs) a lui-même (ont eux-mêmes) inventé ou imaginé les noms et âges des patriarches d’Adam à Noé sans aucun base historique réelle ? A-t-il recueilli une tradition écrite ou orale qui a conservé, en tout ou en partie, la mémoire du nom et des âges de patriarches ayant réellement vécu historiquement ?
Compte tenu de l’invention de l’écriture attribuée aux Sumériens de la Mésopotamie environ 3.500 ans avant notre ère, cette dernière hypothèse n’est pas à exclure d’emblée.
A ce jour, elle est cependant incertaine et les arguments bibliques ou scientifiques ne permettent pas d’affirmer que les noms et les âges des patriarches du début de la Genèse correspondent à une réalité historique même approximative.
Les précisions des âges et des noms peuvent s’expliquer raisonnablement par une volonté de manifester la réalité concrète de la généalogie historique des humains et plus particulièrement du peuple juif ainsi que leur origine concrète dans une création de Dieu.
Selon la foi constante et ferme de l’Eglise, ce qui est certain c’est la création de l’humanité par Dieu, c’est la création d’un premier couple d’humains à un moment de l’histoire dont tous les humains sont des descendants biologiques directs. Sur ce point, les hésitations de beaucoup ne me paraissent pas justifiés.
Pour expliquer le fait historique de la création de l’humanité, l’idéal c’est de disposer d’une constatation historique. Mais, à défaut, il a pu paraître adéquat d’expliquer ce qui s’est vraiment passé par une généalogie explicative construite pour les besoins de l’explication indépendamment de la réalité historique.
C’est, par exemple, ce que j’ai dû faire dans mon premier message de ce fil pour essayer d’expliquer les différences des « shaneh » durant l’enfance puis durant le reste de la vie de chacun des patriarches.
A supposer que les noms et les âges des patriarches aient été mentionnés dans la Genèse uniquement dans le but d’une explication mythologique et de manière imaginaire, ce qui paraît possible mais pas certain, il reste important de réfléchir au sens du mot « shaneh ».
En effet, si l’auteur de la Genèse se réfère à une durée réaliste des campements de son époque, il affirme très concrètement que la création des premiers humains était proche dans le temps historique, et il a pu intégrer certains éléments historiques (par exemple, les noms mais pas les âges ?)
Par contre, si l’auteur se réfère aux années solaires de 365 jours, il est manifeste qu’avec des durées de vie de près de mille ans, il ne se réfère pas à des durées historiques concrètes des individus et renvoie davantage dans l’infini du passé et dans un imaginaire mythologique. Il serait aussi raisonnablement exclu qu’il puisse se référer à une tradition historique quelconque.
Mais, dans cette dernière hypothèse, il est difficile de donner un sens aux multiples chiffres complexes des âges indiqués et à l’exactitude précise de leurs additions.
L’affaiblissement de la valeur historique des affirmations du début de la Genèse serait aussi important et guère compréhensible pour consolider les bases généalogiques du peuple juif.
N’oublions pas que le mythe a pour but d’expliquer une réalité historique connue ou inconnue. Le caractère mythique d’un texte ne nous dispense pas de chercher à comprendre la réalité concrète qu’il essaie de nous expliquer.
Parfois, la contestation de l’historicité de la Genèse considérée comme un mythe dénué de toute réalité historique concrète cache, en réalité, un rejet de toute création dans la réalité historique matérielle, un refus d’admettre qu’à un moment de l’histoire réelle, Dieu est intervenu pour créer des humains à son image soit à partir d’aucune créature vivante antérieure (sans père, ni mère biologique, comme le considèrent certains croyants, notamment des fondamentalistes), soit par une action créant une âme immortelle avec un être corporel provenant de créatures vivantes antérieures.
Et pour tous ceux qui refusent une telle création, il leur reste à réfléchir au fait qu’une âme immortelle ne peut pas exister progressivement. Elle est ou elle n’est pas. S’il n’y avait pas d’humains avec une âme immortelle il y a un milliard d’années, comment imaginer un autre début que celui d’une création par Dieu ?
Si la Genèse n’existait pas, il faudrait l’inventer pour comprendre notre foi chrétienne.