Adam a-t-il vécu 930 ans ?

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mike.adoo
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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par mike.adoo » mer. 12 déc. 2012, 19:29

Xavi a écrit :Merci pour les observations intéressantes des intervenants, mais aucun d’entre vous ne s’exprime sur la question précise de ce fil : quel sens littéral l’auteur de la Genèse a-t-il attribué au mot « shaneh » traduit par « années » dans les âges attribués aux patriarches ? Le temps (variable) d’un campement (de quelques semaines à quelques mois) de semi-nomades ou le temps fixe d’une année solaire de 365 jours ?
Il n'est jamais inutile de chercher , d'approfondir . Jésus lui-même nous y encourage . Cependant , il est inévitable de se perdre parfois dans une impasse .
J'ai essayé de comprendre le problème que vous proposez ... mais je reste muet !
A mon sens , la plupart des patriarches étant mythiques , les nombres qui leur sont attachés n'ont rien à voir avec l'état civil . ( je dis bien " à mon sens " et ce que j'avance n'engage que moi ) ... Il faut certainement chercher ailleurs .

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Xavi
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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par Xavi » jeu. 13 déc. 2012, 17:19

Mythiques ?

Un mythe est un récit explicatif des origines des réalités présentes, ce qui, en effet, est le cas de la Genèse. Le mythe utilise des images. C’est incontestablement le cas lorsque la Genèse évoque des faits de la réalité spirituelle, ce qui s’est passé dans l’Eden, comme le péché originel.

Mais, ce qui s’est passé dans la réalité spirituelle s’est produit aussi dans la réalité corporelle terrestre. Le mythe n’exclut pas la réalité historique de ce qu’il explique avec un langage mythique.

Il est extrêmement délicat de chercher à distinguer les évènements des origines dans leur seule réalité terrestre et il est impossible pour notre cerveau d’appréhender clairement ce qui se passe dans la réalité spirituelle.

Les patriarches d’Adam à Noé, voire d’Adam à Abraham, ont-ils réellement existé ?

La Genèse passe des réalités spirituelles du jardin d’Eden aux faits les plus historiques sans frontière claire et précise.

Dans tous les cas, l’étude du sens littéral du texte est nécessaire et la question concernant le sens exact du mot « shaneh » traduit par « année » demeure.

Il me semble utile de se replacer dans la situation de l’auteur humain de la Genèse. Les textes bibliques ne sont pas écrits sous une dictée divine directe mais sont inspirés à des auteurs humains.

A-t-il inventé, imaginé, les noms et âges des patriarches d’Adam à Noé sans aucune base historique réelle ? A-t-il recueilli une tradition dont l’auteur ancien inconnu (ou les auteurs) a lui-même (ont eux-mêmes) inventé ou imaginé les noms et âges des patriarches d’Adam à Noé sans aucun base historique réelle ? A-t-il recueilli une tradition écrite ou orale qui a conservé, en tout ou en partie, la mémoire du nom et des âges de patriarches ayant réellement vécu historiquement ?

Compte tenu de l’invention de l’écriture attribuée aux Sumériens de la Mésopotamie environ 3.500 ans avant notre ère, cette dernière hypothèse n’est pas à exclure d’emblée.

A ce jour, elle est cependant incertaine et les arguments bibliques ou scientifiques ne permettent pas d’affirmer que les noms et les âges des patriarches du début de la Genèse correspondent à une réalité historique même approximative.

Les précisions des âges et des noms peuvent s’expliquer raisonnablement par une volonté de manifester la réalité concrète de la généalogie historique des humains et plus particulièrement du peuple juif ainsi que leur origine concrète dans une création de Dieu.

Selon la foi constante et ferme de l’Eglise, ce qui est certain c’est la création de l’humanité par Dieu, c’est la création d’un premier couple d’humains à un moment de l’histoire dont tous les humains sont des descendants biologiques directs. Sur ce point, les hésitations de beaucoup ne me paraissent pas justifiés.

Pour expliquer le fait historique de la création de l’humanité, l’idéal c’est de disposer d’une constatation historique. Mais, à défaut, il a pu paraître adéquat d’expliquer ce qui s’est vraiment passé par une généalogie explicative construite pour les besoins de l’explication indépendamment de la réalité historique.

C’est, par exemple, ce que j’ai dû faire dans mon premier message de ce fil pour essayer d’expliquer les différences des « shaneh » durant l’enfance puis durant le reste de la vie de chacun des patriarches.

A supposer que les noms et les âges des patriarches aient été mentionnés dans la Genèse uniquement dans le but d’une explication mythologique et de manière imaginaire, ce qui paraît possible mais pas certain, il reste important de réfléchir au sens du mot « shaneh ».

En effet, si l’auteur de la Genèse se réfère à une durée réaliste des campements de son époque, il affirme très concrètement que la création des premiers humains était proche dans le temps historique, et il a pu intégrer certains éléments historiques (par exemple, les noms mais pas les âges ?)

Par contre, si l’auteur se réfère aux années solaires de 365 jours, il est manifeste qu’avec des durées de vie de près de mille ans, il ne se réfère pas à des durées historiques concrètes des individus et renvoie davantage dans l’infini du passé et dans un imaginaire mythologique. Il serait aussi raisonnablement exclu qu’il puisse se référer à une tradition historique quelconque.

Mais, dans cette dernière hypothèse, il est difficile de donner un sens aux multiples chiffres complexes des âges indiqués et à l’exactitude précise de leurs additions.

L’affaiblissement de la valeur historique des affirmations du début de la Genèse serait aussi important et guère compréhensible pour consolider les bases généalogiques du peuple juif.

N’oublions pas que le mythe a pour but d’expliquer une réalité historique connue ou inconnue. Le caractère mythique d’un texte ne nous dispense pas de chercher à comprendre la réalité concrète qu’il essaie de nous expliquer.

Parfois, la contestation de l’historicité de la Genèse considérée comme un mythe dénué de toute réalité historique concrète cache, en réalité, un rejet de toute création dans la réalité historique matérielle, un refus d’admettre qu’à un moment de l’histoire réelle, Dieu est intervenu pour créer des humains à son image soit à partir d’aucune créature vivante antérieure (sans père, ni mère biologique, comme le considèrent certains croyants, notamment des fondamentalistes), soit par une action créant une âme immortelle avec un être corporel provenant de créatures vivantes antérieures.

Et pour tous ceux qui refusent une telle création, il leur reste à réfléchir au fait qu’une âme immortelle ne peut pas exister progressivement. Elle est ou elle n’est pas. S’il n’y avait pas d’humains avec une âme immortelle il y a un milliard d’années, comment imaginer un autre début que celui d’une création par Dieu ?

Si la Genèse n’existait pas, il faudrait l’inventer pour comprendre notre foi chrétienne.

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mike.adoo
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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par mike.adoo » jeu. 13 déc. 2012, 20:06

Bonsoir Xavi

Vous écrivez :A supposer que les noms et les âges des patriarches aient été mentionnés dans la Genèse uniquement dans le but d’une explication mythologique et de manière imaginaire, ce qui paraît possible mais pas certain, il reste important de réfléchir au sens du mot « shaneh ».

J'espère que le Saint Esprit vous éclairera ou qu'une autre personne vous donnera une réponse satisfaisante .

Cordialement

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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par Epsilon » jeu. 13 déc. 2012, 21:35

Xavi a écrit :Il me semble utile de se replacer dans la situation de l’auteur humain de la Genèse. Les textes bibliques ne sont pas écrits sous une dictée divine directe mais sont inspirés à des auteurs humains.

A-t-il inventé, imaginé, les noms et âges des patriarches d’Adam à Noé sans aucune base historique réelle ? A-t-il recueilli une tradition dont l’auteur ancien inconnu (ou les auteurs) a lui-même (ont eux-mêmes) inventé ou imaginé les noms et âges des patriarches d’Adam à Noé sans aucun base historique réelle ? A-t-il recueilli une tradition écrite ou orale qui a conservé, en tout ou en partie, la mémoire du nom et des âges de patriarches ayant réellement vécu historiquement ?

Compte tenu de l’invention de l’écriture attribuée aux Sumériens de la Mésopotamie environ 3.500 ans avant notre ère, cette dernière hypothèse n’est pas à exclure d’emblée.
BON bon ... une dernière pour la route ... :cool:

L'auteur de Genèse écrit vers 300 av JC ... il est parfaitement au courant que lui-même et ses semblables ne dépassera pas les 120 ans ... dans l'antiquité vivre au-delà de 60 ans est très rare ... ça c'est pour le "résultat" après le Déluge.

Cet auteur est aussi parfaitement au courant des mythes Mésopotamiens et donc de l'age mirobolant des "patriarches" Sumériens ... de plus dans l'antiquité (voire même dans le Judaïsme antique) vivre vieux (cheveux blancs, barbes blanches) est une "bénédiction" de(s) Dieu(x) ... c'est pour cela qu'il donne aussi à ses propres patriarches un age (sans être équivalant à ceux des Sumériens il aura fait ici preuve d'une certaine "réalité") aussi "astronomique".


Cordialement, Epsilon

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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par archi » jeu. 13 déc. 2012, 21:47

Epsilon a écrit :L'auteur de Genèse écrit vers 300 av JC ... il est parfaitement au courant que lui-même et ses semblables ne dépassera pas les 120 ans ... dans l'antiquité vivre au-delà de 60 ans est très rare ... ça c'est pour le "résultat" après le Déluge.

Cet auteur est aussi parfaitement au courant des mythes Mésopotamiens et donc de l'age mirobolant des "patriarches" Sumériens ... de plus dans l'antiquité (voire même dans le Judaïsme antique) vivre vieux (cheveux blancs, barbes blanches) est une "bénédiction" de(s) Dieu(x) ... c'est pour cela qu'il donne aussi à ses propres patriarches un age (sans être équivalant à ceux des Sumériens il aura fait ici preuve d'une certaine "réalité") aussi "astronomique".
Et bien sûr, l'entourage de cet auteur accepte sans broncher qu'on fasse passer des mythes farfelus pour l'histoire commune de leur peuple... :siffle:

L'Ancien Testament est l'histoire du peuple d'Israël, qui est avant tout un peuple de tradition orale.
On peut admettre certaines déformations et certaines pertes au fil des siècles (encore qu'on se rend compte de plus en plus que cette transmission est très fiable), mais qu'un scribe invente une histoire ex nihilo est totalement impensable.

In Xto,
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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par archi » jeu. 13 déc. 2012, 21:59

Xavi a écrit :La question demeure : un retrait progressif des grâces avec une durée de vie toute autre que la nôtre et progressivement réduite (en retenant uniquement notre compréhension actuelle du mot « années ») ou une diminution progressive des migrations et campements du fait d’une sédentarisation croissante (en retenant le sens qu’un « shaneh » évoque le temps d’un campement) ?
Je dois dire que je vois mal comment le temps d'un campement varierait dans un rapport de 1 à 5 entre Abraham et les premiers patriarches, pourquoi la sédentarisation se ferait à ce point-là - mais chez des gens qui continueraient de considérer le "campement" comme une unité fiable de temps.
Il est vrai que nous ne connaissons quasiment rien du mode de vie des patriarches.
Mais si les circonstances naturelles ont varié de façon tellement importante... pourquoi ne pas admettre tout simplement que l'humanité d'avant le Déluge était bien différente de la nôtre?

(En plus il y a eu les mystérieux géants nés de l'union des "fils de Dieu avec les filles des hommes", dont les exctions ont d'ailleurs été la cause du Déluge... Doit-on vraiment essayer de concevoir ce monde comme rigoureusement conforme aux préjugés de l'homme moderne?)

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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par Epsilon » jeu. 13 déc. 2012, 22:03

archi a écrit :mais qu'un scribe invente une histoire ex nihilo est totalement impensable.
Il ne "l'invente" pas puisqu'il a un modèle scripturaire sous les yeux ... il l'adapte conformément à sa théologie.


Cordialement, Epsilon
Dernière modification par Epsilon le jeu. 13 déc. 2012, 22:05, modifié 1 fois.

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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par Olivier C » lun. 17 déc. 2012, 23:28

Bon. J'ai lu les interventions des uns et des autres... Par quoi commencer ? Peut être par proposer ceci : L'interprétation de la Bible dans l'Église
http://www.coursdereligion.be/files/doc ... e_BXVI.pdf

Je vous conseille tout particulièrement le § 1.F. Lecture fondamentaliste. Avant d'aller plus loin...
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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par mike.adoo » mer. 19 déc. 2012, 12:00

Bonjour Olivier C

J'ai essayé de lire les textes proposés . J'avais déjà lu L’interprétation de la Bible dans l’Église .
Je n'ai pas eu le courage de lire le second in extenso à cause de sa longueur , d'une part , et de son contenu , parfois abscons , donc , décourageant , d'autre part .

Si je comprends bien , ce n'est pas tant la question posée par Xavi ( que je salue ) qui justifie votre intervention , que les réponses qui sont proposées .

Voici comment je vois les choses : La lecture des textes est d'abord une rencontre : C'est la rencontre d'un lecteur , d'un texte et d'un guide ( l'Esprit Saint ) . Cette rencontre est systématiquement fructueuse , c'est à dire , qu'elle apporte à ce lecteur une réponse personnalisée à son questionnement et va lui permettre d'avancer ( vers Dieu ) et de fortifier sa foi .

Si l'on croit remplacer l' Esprit Saint par une " méthode " , Qu'elle soit scientifique , philosophique , ou autre , c'est le plantage assuré !

Ceci dit , si quelqu'un veut bien me proposer un résumé lisible de " la lecture fondamentaliste " , j'en serai très heureux .

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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par AdoramusTe » mer. 19 déc. 2012, 17:41

Olivier C a écrit :Bon. J'ai lu les interventions des uns et des autres... Par quoi commencer ? Peut être par proposer ceci : L’interprétation de la Bible dans l’Église

Je vous conseille tout particulièrement le § 1.F. Lecture fondamentaliste. Avant d'aller plus loin...
Cher Olivier,

Vous faites bien de rappeler cela.
Pour ma part, j'ai donné un interprétation qui peut(doit) s'inscrire dans un cadre symbolique, même si l'on peut croire le contraire.
Et je regarde la Genèse sous l'angle symbolique et théologique.

Cela dit, nous serions ravis d'avoir vos lumières sur la question, au moins, histoire d'être réfutés ;)
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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par Xavi » mer. 19 déc. 2012, 20:18

Merci à Olivier C de rappeler l’excellent texte sur l’interprétation de la Commission Biblique Pontificale présenté par celui qui est devenu notre Pape. Il s’agit, en effet, de la référence de base à suivre pour toute réflexion catholique sérieuse.

Compte tenu du sujet très concret de ce fil concernant des détails d’un texte biblique largement imagé, il me semble même utile de reproduire ici le passage concernant le fondamentalisme auquel il faut être particulièrement attentif (@ Mike Adoo : il ne s’agit pas d’un autre texte mais d’un extrait du texte sur l’interprétation).
La Commission Bilique Pontificale a écrit : 1.F. Lecture Fondamentaliste

La lecture fondamentaliste part du principe que la Bible, étant de Dieu inspirée et exempte d’erreur, doit être lue et interprétée littéralement en tous ses détails. Mais par interprétation littérale" elle entend une interprétation primaire, c’est-à-dire excluant tout effort de compréhension de la Bible qui tienne compte de sa croissance historique et de son développement. Elle s’oppose donc à l’utilisation de la méthode historico-critique, comme de toute autre méthode scientifique d’interprétation de l’Écriture. La lecture fondamentaliste a eu son origine dans une préoccupation de fidélité au sens littéral de tire. Après le siècle des Lumières, elle s’est présentée, dans le protestantisme, comme une sauvegarde contre l’exégèse libérale.
Le terme « fondamentaliste » se rattache directement au Congrès Biblique Américain qui s’est tenu à Niagara, dans l’État de New York, en 1895. Les exégètes protestants conservateurs y définirent « cinq points de fondamentalisme » : l’inerrance verbale de l’Écriture, la divinité du Christ, sa naissance virginale, la doctrine de l’expiation vicaire et la résurrection corporelle lors de la seconde venue du Christ. Lorsque la lecture fondamentaliste de la Bible se propagea en d’autres parties du monde, elle donna naissance à d’autres espèces de lectures, également « littéralistes », en Europe, Asie, Afrique et Amérique du sud. Ce genre de lecture trouve de plus en plus d’adhérents, au cours de la dernière partie du 20e siècle, dans des groupes religieux et des sectes ainsi que parmi les catholiques.
Bien que le fondamentalisme ait raison d’insister sur l’inspiration divine de la Bible, l’inerrance de la Parole de Dieu et les autres vérités bibliques incluses dans les cinq points fondamentaux, sa façon de présenter ces vérités s’enracine dans une idéologie qui n’est pas biblique, quoi qu’en disent ses représentants. Car elle exige une adhésion sans défaillance à des attitudes doctrinaires rigides et impose, comme source unique d’enseignement au sujet de la vie chrétienne et du salut, une lecture de la Bible qui refuse tout questionnement et toute recherche critique.
Le problème de base de cette lecture fondamentaliste est que, refusant de tenir compte du caractère historique de la révélation biblique, elle se rend incapable d’accepter pleinement la vérité de l’Incarnation elle-même. Le fondamentalisme fuit l’étroite relation du divin et de l’humain dans les rapports avec Dieu. Il refuse d’admettre que la Parole de Dieu inspirée a été exprimée en langage humain et qu’elle a été rédigée, sous l’inspiration divine, par des auteurs humains dont les capacités et les ressources étaient limitées. Pour cette raison, il tend à traiter le texte biblique comme s’il avait été dicté mot à mot par l’Esprit et n’arrive pas à reconnaître que la Parole de Dieu a été formulée dans un langage et une phraséologie conditionnés par telle ou telle époque. Il n’accorde aucune attention aux formes littéraires et aux façons humaines de penser présentes dans les textes bibliques, dont beaucoup sont le fruit d’une élaboration qui s’est étendue sur de longues périodes de temps et porte la marque de situations historiques fort diverses.
Le fondamentalisme insiste aussi d’une manière indue sur l’inerrance des détails dans les textes bibliques, spécialement en matière de faits historiques ou de prétendues vérités scientifiques. Souvent il historicise ce qui n’avait pas de prétention à l’historicité, car il considère comme historique tout ce qui est rapporté ou raconté avec des verbes à un temps passé, sans la nécessaire attention à la possibilité d’un sens symbolique ou figuratif.
Le fondamentalisme a souvent tendance à ignorer ou à nier les problèmes que le texte biblique comporte dans sa formulation hébraïque, araméenne ou grecque. Il est souvent étroitement fié à une traduction déterminée, ancienne ou moderne. Il omet également de considérer les « relectures » de certains passages à l’intérieur même de la Bible.
En ce qui concerne les évangiles, le fondamentalisme ne tient pas compte de la croissance de la tradition évangélique, mais confond naïvement le stade final de cette tradition (ce que les évangélistes ont écrit) avec le stade initial (les actions et les paroles du Jésus de l’histoire). Il néglige du même coup une donnée importante : la façon dont les premières communautés chrétiennes elles-mêmes ont compris l’impact produit par Jésus de Nazareth et son message. Or c’est là un témoignage de l’origine apostolique de la foi chrétienne et son expression directe. Le fondamentalisme dénature ainsi l’appel lancé par l’évangile lui-même.
Le fondamentalisme a également tendance à une grande étroitesse de vues, car il tient pour conforme à la réalité une cosmologie ancienne périmée, parce qu’on la trouve exprimée dans la Bible; cela empêche le dialogue avec une conception plus large des rapports entre la culture et la foi. Il se base sur une lecture non-critique de certains textes de la Bible pour confirmer des idées politiques et des attitudes sociales marquées par des préjugés, racistes par exemple, tout simplement contraires à l’évangile chrétien.
Enfin, dans son attachement au principe du « sola Scriptura », le fondamentalisme sépare l’interprétation de la Bible de la Tradition guidée par l’Esprit, qui se développe authentiquement en liaison avec l’Écriture au sein de la communauté de foi. Il lui manque de réaliser que le Nouveau Testament a pris forme à l’intérieur de l’Église chrétienne et qu’il est Sainte Écriture de cette Église, dont l’existence a précédé la composition de ses textes. Le fondamentalisme, de ce fait, est souvent anti-ecclésial; à tient pour négligeables les credo, les dogmes et les pratiques liturgiques qui sont devenus part de la tradition ecclésiastique, comme aussi la fonction d’enseignement de l’Église elle-même. Il se présente comme une forme d’interprétation privée, qui ne reconnaît pas que l’Église est fondée sur la Bible et puise sa vie et son inspiration dans les Écritures.
L’approche fondamentaliste est dangereuse, car elle est attirante pour les personnes qui cherchent des réponses bibliques à leurs problèmes de vie. Elle peut les duper en leur offrant des interprétations pieuses mais illusoires, au lieu de leur dire que la Bible ne contient pas nécessairement une réponse immédiate à chacun de ces problèmes. Le fondamentalisme invite, sans le dire, à une forme de suicide de la pensée. Il met dans la vie une fausse certitude, car il confond inconsciemment les limitations humaines du message biblique avec la substance divine de ce message.

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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par archi » jeu. 20 déc. 2012, 14:07

Ce qu'on appelle couramment "fondamentalisme" et le modernisme ont finalement la même cause: en rester aux réalités matérielles, grossières, et ne pas pouvoir atteindre les réalités spirituelles.

Le fondamentaliste ne peut concevoir les 6 jours de la Création que comme des jours terrestres de 24h.
Le moderniste admet sans esprit critique le Magistère de la Science et son inerrance en matière temporelle, donc comme les 6 jours de 24h terrestres ou les 930 ans d'Adam ne sont pas admissibles dans le cadre du Magistère scientifique, il en déduit que ce ne sont non pas des réalités spirituelles, mais de simples mythes qui nous "disent quelque chose".

La bonne démarche commence par admettre que
- l'Ecriture nous enseigne avant tout les réalités spirituelles, et son inerrance concerne ces réalités-là, celles qui sont nécessaires au Salut.
- la réalité temporelle et matérielle n'a d'existence que dans la mesure où elle résulte d'une réalité spirituelle. On ne peut pas déconnecter les 2.

Du coup, il peut être difficile de faire la part des choses. Le mode de rédaction du texte et de connaissance des faits (les connaissances transmises par la tradition orale) est un élément important.

Dans le cas des âges des patriarches, la réalité spirituelle est évidente (cf le message d'Adoramus Te), mais les réalités temporelles dépendant des réalités temporelles, il n'y a pas de raison de rejeter à priori l'idée que la vie humaine ait pu réellement être plus longue (matériellement parlant) à l'époque anté-diluvienne.

S'il fallait néanmoins le faire, il conviendrait de se demander de quelle façon, alors, la réalité spirituelle décrite s'est réalisée dans l'existence temporelle (ce qui ne fait que compliquer le problème, en fin de compte).

In Xto,
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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par mike.adoo » sam. 29 déc. 2012, 10:57

Bonjour à tous

Dans le texte rédigé par la Commission Biblique Pontificale , je lis : L’approche fondamentaliste est dangereuse, car elle est attirante pour les personnes qui cherchent des réponses bibliques à leurs problèmes de vie. Elle peut les duper en leur offrant des interprétations pieuses mais illusoires, au lieu de leur dire que la Bible ne contient pas nécessairement une réponse immédiate à chacun de ces problèmes.

Je pense que cet extrait mérite et nécessite une explication par l'exemple . Si quelqu'un pouvait donner un éclairage à cette assertion , il ferait œuvre utile et je serais le premier à m'en satisfaire .

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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par Xavi » sam. 29 déc. 2012, 13:54

Il me semble que le passage est assez clair. La complexité croissante de nos connaissances et de la vie moderne rend attirante toute explication simplifiée qui, hélas, n’est qu’une caricature lorsqu’elle efface la complexité réelle.

En tout domaine (notamment, en politique, mais aussi en religion, en médecine ou en psychologie), il est difficile pour chacun d’être dépassé par la complexité et d’accepter de ne pas maîtriser le savoir.

En matière religieuse, il est tentant d’adhérer à une compréhension caricaturale puis de rejeter toute mise en cause de cette compréhension comme un danger (que certains attribuent à Satan ou à un ennemi de la Foi).

Par rapport à tout problème complexe de la vie de chacun, il est tellement rassurant (pendant un temps limité, car la réalité nous rattrape toujours) de donner une réponse simple mais, hélas, fausse puisqu’elle ne prend pas en compte la réalité complexe.

En médecine, bien des charlatans proposent leurs remèdes « miracles » à des problèmes de santé, mais que de désillusions…

Le fondamentalisme attribue une valeur absolue ou une certitude à des interprétations qui ont été largement partagées dans le passé selon les connaissances et la culture d’une autre époque aujourd’hui modifiées par d’innombrables savoirs nouveaux. Cela donne des réponses simples, facilement compréhensibles, mais contraire à ce qui est vrai. La désillusion ne peut que suivre un peu plus tard. Mais, pour l’éviter, beaucoup peuvent être tentés de se replier dans des petits groupes sectaires où la même conviction erronée pourra persister en puisant ses forces dans les mêmes convictions erronées de quelques autres.

La Bible ne donne pas de réponse immédiate. La Bible est certes inspirée par Dieu. Elle a cependant été écrite par des humains dans le langage et avec la culture d’une époque qui ne sont pas les nôtres. Elle évoque des évènements et des contextes qui ne sont pas les nôtres. Nous lisons les textes dans une langue qui n’est pas celle des textes originaux. L’utilisation d’expressions, d’images et de symboles est différente de tout ce que nous connaissons. Chaque langage, chaque mot présente des imprécisions et des variations infinies.

La communion de l’Eglise est indispensable pour éviter à chacun de plaquer une interprétation simpliste sur des textes bibliques, ce qui risque de faire de ces textes un simple reflet de nos propres pensées trompeuses ou de celles de sectes multiples.

Il y a 200 ans, pour une majorité de croyants, l’image d’un Adam façonné instantanément en homme adulte avec un peu de poussière et une opération miraculeuse tirant une femme de l’une de ses côtes en un instant étaient des réalités acceptables, de même que des humains vivant dix fois plus longtemps que nous.

Nous savons aujourd’hui qu’il s’agissait d’interprétations bien éloignées de la réalité concrète.

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Re: Adam a-t-il vécu 930 ans ?

Message non lu par archi » sam. 29 déc. 2012, 14:34

Xavi a écrit :Il y a 200 ans, pour une majorité de croyants, l’image d’un Adam façonné instantanément en homme adulte avec un peu de poussière et une opération miraculeuse tirant une femme de l’une de ses côtes en un instant étaient des réalités acceptables, de même que des humains vivant dix fois plus longtemps que nous.

Nous savons aujourd’hui qu’il s’agissait d’interprétations bien éloignées de la réalité concrète.
Vous voulez dire qu'aujourd'hui, nous nous imaginons savoir et être très supérieurs à ces imbéciles d'il y a 200 ans... :siffle:

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

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