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par ami de la Miséricorde » dim. 24 avr. 2011, 13:58
Dimanche de Pâques avec Saint Bonaventure
Septième Parole
Mon Père, je remets mon lime entre vos mains (Luc, 23)
Jésus, voie de toute droiture et porte du salut; Jésus, refuge inébranlable et protecteur de tous les hommes ; Jésus, vérité salutaire et lumière brillante des âmes ; Jésus, félicité de la vie et douceur enivrante des cœurs: alors que vous livriez les derniers combats, afin de détacher votre âme de votre corps sacré, et que vous abandonniez cette terre pour descendre aux enfers, voulant nous montrer la voie que nous devions parcourir, instruire les hommes formés d'une vile poussière, et nous faire reconnaître le défenseur en qui doivent se confier ceux que la mort environne, vous avez recommandé votre âme vénérable à votre Père très-saint et vous lui avez dit en gémissant dans un langage d'amour : Mon Père, je remets mon lime entre vos mains. Et ensuite, inclinant la tête, toujours attaché au gibet de la Croix, couvert de plaies cruelles, honteuses et injustes, vous avez rendu l'esprit. Mais en même temps vous imprimâtes à l'univers un tel frémissement que tous ceux qui furent témoins de vos tourments versèrent des larmes abondantes ; que les éléments se troublèrent, les rochers se fendirent, les sépulcres laissèrent aller leurs morts, la terre trembla,, le voile du temple se déchira, la lotie recula en arrière, le soleil se couvrit de ténèbres, le monde gémit, et la nature désolée s'écria : Hélas ! voici mon dernier jour, ou bien le Dieu qui m'a créée est à cette heure en proie aux souffrances.
Prière
O mort digne de larmes, que toute créature a pleurée !
O mort lamentable, sur laquelle les êtres insensibles se sont désolés !
Mort admirable, où les morts ont puisé la vie ;
Mort toute aimable, qui as exalté le courage des forts ;
Mort sacrée, mort glorieuse, qui as été la ruine des crimes ;
Mort pieuse, mort profitable, en qui nous avons trouvé des récompenses,
Fais que ton souvenir ne nous abandonne jamais ;
Qu'il excite notre âme et transperce en tout temps notre coeur;
Qu'il verse la lumière en nos pensées et nous dirige en toutes nos démarches ;
Qu'il nous délivre de nos fautes et nous accorde le bienfait de la vie céleste. Ainsi soit-il.
Homélie de Saint Bonaventure
LE SEIGNEUR APPARAÎT AUX TROIS MARIE
CHAPITRE LXXXVIII. Le Seigneur apparaît aux trois Marie.
Or, les trois,Marie demeurèrent là, et, regardant dans le tombeau, elles virent deux Anges qui se tenaient debout et vêtus de blanc, lesquels leur dirent :
« Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ? » Mais elles ne firent aucune attention à ces paroles et ne reçurent, pour le moment, aucune consolation de la vue des Anges, car ce n'étaient point les Anges, mais le Seigneur des Anges qu'elles cherchaient. Deux d'entre elles, effrayées et comme hors d'elles-mêmes, se retirèrent un peu et s'assirent, accablées de douleur, à quelque distance de là. Quant à Madeleine, elle ne savait trop que faire : elle ne pouvait vivre sans son Maître, elle ne le trouvait point en ce lieu et elle ignorait où elle devait le chercher. Elle resta donc auprès du tombeau, versant des larmes. Regardant de nouveau dans le Sépulcre, car elle espérait toujours le rencontrer là où il avait été placé, elle vit les deux mêmes Anges assis qui lui dirent : « Femme, pourquoi pleurez-vous ? Qui cherchez-vous? » Et elle répondit : « Ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis. »
Voyez l'action admirable de l'amour. Il n'y a que peu de temps, elle avait entendu un des Anges lui annoncer que Jésus était ressuscité, et tous les deux lui dire qu'il était vivant, et elle ne se le rappelle plus, mais elle s'écrie : « Je ne sais où on l'a mis. » C'est l'amour qui opérait ainsi, car, comme dit Origène , son âme n'était point en elle-même, mais elle habitait où résidait son Maître. Elle ne savait penser, dire et entendre autre chose que lui. Mais pendant qu'elle pleurait de la sorte, sans s'inquiéter de ce que les Anges lui disaient, son Maître ne pouvait lui-même se refuser plus longtemps à son amour. Jésus rapporte donc à sa Mère ce qui se passe, et lui dit qu'il veut aller consoler Madeleine; ce que sa Mère agrée de tout son coeur en lui disant: Mon Fils béni, allez en paix et consolez-la, car elle vous aime beaucoup et elle a été profondément attristée de votre mort ; mais souvenez-vous de revenir vers moi. » Et l'embrassant, elle le laissa partir.
Il vint donc au tombeau, dans le jardin où était Madeleine, et lui dit : « Femme, qui cherchez-vous? Pourquoi pleurez-vous? » Mais elle, ne le reconnaissant pas encore, lui répondit comme une personne ivre : « Seigneur, si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où vous l'avez mis, et je l'emporterai. »
Considérez bien comme elle prie avec supplication et ardeur, le visage baigné de larmes, afin qu'on lui dise où est celui qu'elle cherche, car elle espérait toujours apprendre quelque chose de nouveau sur son Bien-aimé. Alors le Seigneur lui dit : « Marie ! » Et soudain, comme si elle eût recouvré la vie, le reconnaissant à la voix, elle s'écria : « Maître, vous êtes le Seigneur que je cherchais. » Pourquoi vous êtes-vous si longtemps caché à moi? » Et s'élançant à ses pieds, elle voulait les embrasser. Mais le Seigneur, afin d'élever son âme aux choses célestes, afin de lui apprendre à ne plus le chercher sur cette terre, lui dit : « Ne me touchez point, car je ne suis point encore monté à mon Père ; mais dites à mes frères de ma part : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Et il ajouta : « Ne vous ai-je pas prédit que je ressusciterais le troisième jour ? Comment donc me cherchez-vous dans le sépulcre ? » Mais elle lui répondit: « Je vous assure, Maître vénéré, que la violence de votre Passion et de votre mort avait rempli mon âme d'une telle douleur que ais tout oublié, excepté votre corps inanimé et le lieu oit je l'avais enseveli. voilà pourquoi j'avais, ce matin, apporté des parfums. Bénie soit votre Magnificence qui a daigné ressusciter et revenir à nous.»
Ces deux bien-aimés demeuraient donc ensemble enivrés d'allégresse et de bonheur. Madeleine considère le Seigneur avec l'attention la plus vive, et en reçoit des réponses qui la remplissent de félicité. Maintenant, ici encore il y a une grande Pâque. Et quoique au commencement le Seigneur lui eût répondu comme nous avons vu, je ne saurais croire sans peine qu'elle n'ait satisfait son amour avant de se retirer, en baisant ses pieds et ses mains. S'il a agi ainsi d'abord, ce fut par une disposition particulière : soit que véritablement il manifestât, en cette circonstance, la volonté actuelle de son coeur, selon le sentiment commun; soit, comme je l'ai dit, qu'il voulût élever son âme aux choses célestes, selon que saint Bernard semble le penser. Au reste , on peut croire pieusement que dans cette visite si pleine d'amour et si privilégiée qu'il lui faisait, avant tous ceux dont il est parlé dans la suite, il se proposait de remplir son âme de joie et non d'y répandre le trouble. Il y a donc là un mystère et non mi refus obstiné, car le très-miséricordieux Seigneur n'est ni sévère à l'excès, ni dur, surtout envers ceux qui l'aiment.
Quelques instants après , le Seigneur se sépara d'elle en lui disant qu'il fallait aussi qu'il allât visiter les autres. Madeleine, comme altérée et comme si elle n'eût plus voulu jamais s'éloigner de lui, s'écria : « Seigneur, je le vois bien; désormais votre vie ne sera plus avec nous comme par le passé ; mais, je vous en prie, ne m'oubliez pas. Souvenez-vous, Seigneur, de quels nombreux bienfaits vous m'avez comblée, et combien vous en avez usé à mon égard avec intimité et amour. Conservez-en le souvenir, je vous en supplie, Seigneur mon Dieu. » Et Jésus lui répondit : « Ne craignez rien, ayez confiance et prenez courage : je serai toujours avec vous. » Alors, ayant reçu sa bénédiction, et Jésus-Christ se retirant, elle vient vers ses compagnes et leur raconte ce qui lui est arrivé.
Celles-ci , pleines de joie de la résurrection du Seigneur, mais attristées de ne l'avoir point vu, s'en retournèrent avec Madeleine. Mais, tandis qu'elles revenaient , avant qu'elles n'arrivassent à la porte de la ville, Jésus leur apparut en leur disant : « Je vous salue. » Et elles, heureuses au-delà de tout ce qu'on pourrait exprimer, se prosternant, embrassèrent ses pieds. Ensuite elles l'interrogent et le considèrent comme Madeleine avait fait ; et elles reçoivent des réponses qui les pénètrent de joie. Ainsi elles font une grande Pâque. Or, le Seigneur leur dit : « Allez, dites à mes frères qu'ils aillent en Galilée : c'est là qu'ils me verront, ainsi que je le leur ai prédit. »
Vous voyez que le Maître de l'humilité appelle ses Disciples ses frères. A-t-il maintenant abandonné cette vertu? Pour vous, si vous voulez avoir l'intelligence de toutes ces choses et y trouver de la consolation, rappelez-vous ce que je vous ai dit plus haut; c'est-à-dire ayez soin d'être présente d'âme comme si vous l'étiez de corps, aux lieux dont nous parlons et aux actions qui s'y accomplissent; et agissez de même pour ce que nous avons encore à dire.
Source : Abbaye Saint-Benoît
Sainte Fête de Pâques
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde