Jésus et les Pharisiens

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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Mac
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Re: Les pharisiens

Message non lu par Mac » lun. 24 févr. 2014, 20:25

Et moi je lis le message de Cinci du Lun 17 Fév, 2014 19:22.
Cinci a écrit :Mais, Mac vous aura fait savoir, déjà, qu'il n'accuse pas tout le monde de l'ancien Israël, ni tous les juifs ni tous les pharisiens.

Peccator a écrit :Une présentation exclusivement négative des Pharisien risque d’être inexacte et injuste
Comprenez-vous l'expression "exclusivement négative"?
Je suis désolé mais vous nous avez présenté des pharisiens dans l'évangile exclusivement bien ce qui n'est pas objectif au regard de l'évangile.

Ps: je n'accuse pas Cinci, je constate objectivement. ;)

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Peccator » lun. 24 févr. 2014, 23:43

Exclusivement bien ? Quand je dis qu'ils sont dans l'erreur ? Qu'ils mènent leurs disciples par des chemins de perdition ?

Par ailleurs, les pharisiens des évangiles ne sont pas des personnages de fiction, et le Nouveau Testament n'est pas un roman. Les pharisiens des Evangiles, ce sont les mêmes que ceux des Antiquités Juives de Josèphe. Ce sont des personnes qui ont vécu, tout autant que Pierre, Matthieu, Thomas et Judas.


Ce que je dis, en vérité (relisez-moi, si vous ne me croyez pas), c'est qu'il ne faut pas se hâter de condamner les pharisiens des Evangiles, parce que finalement, nous nous comportons souvent exactement comme eux. Le pharisaïsme est une maladie très courante dans l'Eglise catholique.
Mais visiblement, cette idée a du mal à passer...
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Mac » mar. 25 févr. 2014, 20:41

Si je vous crois Peccator puisque Jésus dit de se méfiez du levain des pharisiens :

Matthieu Chapitre 16
6Jésus leur dit : " Voyez à vous garder du levain des Pharisiens et des Sadducéens. "
11Comment ne saisissez-vous pas que ce n'est pas à propos des pains que je vous l'ai dit? Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens. "
12Alors ils comprirent qu'il ne leur avait pas dit de se garder du levain des pains, mais de la doctrine des Pharisiens et des Sadducéens.

Marc Chapitre 8
15Il leur fit cette recommandation : " Voyez à vous défier du levain des pharisiens et du levain d'Hérode. "

Luc Chapitre 12

1Sur ces entrefaites, la foule s'étant amassée par milliers, au point qu'on s'écrasait les uns les autres, il se mit à dire d'abord à l'adresse de ses disciples : " Gardez-vous du levain des Pharisiens, qui est l'hypocrisie.

Et pour terminer :

Matthieu Chapitre 12

24Mais les Pharisiens, entendant cela, dirent : " Il ne chasse les démons que par Béelzéboul, chef des démons. "...
(Jésus répond) Race de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes paroles, étant mauvais?

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Re: Les pharisiens

Message non lu par cora » mer. 26 févr. 2014, 10:45

Peccator vous avez raison de dire que les pharisiens sont aussi dans l'église. Une lecture des évangiles sous le prisme de nos vies quotidiennes montrent bien que les pharisiens et scribes modernes sont bien présents dans tous les groupes humains, religieux mais aussi pourront nous dire dans nos sociétés : politiques, culturels, etc.

Si bien sûr tous les pharisiens ne sont pas à condamner et qu'il est important de soutenir ceux qui osent se lever contre leur propre camps, il faut bien reconnaître que le message du Christ est sans ambiguétés : combien de gens rencontre chaque jours des personnes qui les manipulent au nom de leur loi (religieuse, politique, sociétale, ect...) et en sorte blessés, dévastés?

Pour moi, la colère du Christ face aux pharisiens ne doit pas prendre de sa vigueur car il faut toujours défendre la victime et laisser le manipulateur régler ses comptes avec Dieu. Rien ne justifie qu'on manipule les gens et la pire hérésie et de les manipuler au nom de la Loi Divine. Prier et aimer les pharisiens ne dispense pas de dire la vérité non édulcorée sur ce que sont les manipulateurs. En ce sens le message du Christ aux pharisiens n'est pas une simple histoire ou parabole c'est une vrai mise en garde pour chaque homme : ne manipulez pas les plus faibles, n'en faites pas vos victimes car vous les approchez de vous mais les éloignez de Dieu. Dans ce sens, oui nous sommes tous des pharisiens parce qe nous choississons à chaque minute de notre vie de suivre les enseignements de Dieu ou de faire nos propres enseignements : à qui va la gloire dans la première et dans la seconde?

Le message du Christ est certe complexe mais tout en nuance et l'éclairage de notre modernité nous aide à percevoir ces subtilités.

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Cinci » dim. 02 mars 2014, 21:29

J'aimerais reprendre ici :
Cinci : «... nombre de pharisiens du temps ne croyaient absolument pas à la mission «spéciale» de Jésus de Nazareth. A partir de là, son comportement devenait inadmissible, choquant, dérangeant, inexcusable et tout.»


Peccator :« ... avec la compréhension erronée que les pharisiens avaient des commandements, le comportement de Jésus est tout simplement blasphématoire : il ose s'attribuer ce qui est le privilège de Dieu. [...] La colère de Jésus est dirigée vers cette profonde injustice qui fait que, parce que ces hommes ont déformé le commandement divin, ils entravent le dessein de salut de Dieu.»

Mac : «... votre démonstration pour moi est pertinente [celle de Peccator]. La seule chose c'est que cette injustice est faite par des hommes et pour revenir au texte les autorités juives de l'époque. Donc son regard de colère est bien en définitive porté sur eux d'ailleurs le texte le dit explicitement.
Donc, je ne vois pas qu'il puisse être un réel problème entre ce que l'un et l'autre nous disons.



Fée Violine écrivait :
il ne s'agit pas des "juifs" mais des "hérodiens" et des "pharisiens", c'est-à-dire de quelques personnes appartenant à certains partis politiques (les hérodiens) ou religieux (les pharisiens). Quant au chef de synagogue, il ne représente pas, à lui seul, "les juifs" ! Il représente par contre très bien les personnes trop légalistes, qui existent dans tous les pays et toutes les époques.
Les évangiles évoquent bien ces chefs du Ier siècle et qui s'appuyaient sur le Temple à Jérusalem en particulier. On a aussi des leaders religieux, auprès desquels se retrouvait des considérations de «politique nationale» formant un foyer à partir duquel pouvoir édifier leur propre vue des choses; ce qui va constituer également un des éléments de la rupture entre eux et Jésus de Nazareth.

Il s'y trouve bien «quelque chose» qui outrepasse de simples questions d'attitude personnel cf. tartufferie, trop légaliste, hypocrisie, etc. Il y a le conflit des intelligences tout simplement.

Il ne faudrait pas diminuer non plus la question du rejet de la personne de Jésus de Nazareth ainsi que de ceux (parmi les juifs; exclus de la synagogue) qui auront voulu le suivre dans la suite; une exclusion signée par les Pharisiens suivant l'an 70. Parce que les Pharisiens d'après l'an 70 (la seule autorité qui reste encore debout dans le monde juif) : ils vont non seulement dénier toute possibilité à ce que ce Jésus puisse être le Messie, en rétrospective, mais ils vont en bloc, collectivement, comme en plein sanhédrin svp, décider un jour de reconnaître officiellement comme Messie du peuple juif, un Simon Bar Kocheba, lors de la seconde révolte de l'an 132 après J.C. Ce n'est pas un hasard.

Ce n'est pas un hasard, mais parce que les Pharisiens nourrissaient, par devers eux, le portrait-type du genre de Messie qu'ils auraient voulu avoir. Ils ne se satisfaisaient de rien d'autre.

Il leur prenait un nouveau Judas Maccabée, un chef ou un héraut militaire pour faire prévaloir en force le mosaïsme, la Loi et les conceptions pharisiennes des choses. Il intervient ici un phénomène de personnalité corporative, un phénomène de groupe et pour lequel les questions individuelles s'effacent. La question de la bonté personnelle de Trucmuche ou de l'hypocrisie de Totor ne sont plus des points pertinents à la question.

Les Pharisiens du Ier ou du IIe siècle vont se révéler à l'usage des adversaires de l'hellénisme (à l'inverse des chrétiens), des avocats du repli sur soi contre la menace extérieure.


Pour Israël et puis les Pharisiens également

André Chouraqui dit ceci :
[+] Texte masqué
«... cette pensée qui a interprété et développé les principes directeurs de la Bible en les adaptant aux conditions nouvelles de la vie en Israël pendant l'Exil. Ezra, le premier et le modèle des scribes, devait tracer la voie à ses successeurs qui, maîtres du destin d'Israël, allaient consacrer toutes leurs énergies spirituelles et intellectuelles à l'étude et l'enseignement des commandements de Dieu. Israël, dès l'époque du Second Temple et plus encore après sa destruction en l'an 70, allait devenir une communauté religieuse tout entière consacrée à Dieu.

La Torah devient le code unique et totalitaire qui domine la vie de la nation, informe l'esprit, et commande la conduite des fidèles. Toute est dans la Torah, rien ne peut se faire sans elle, contre elle ou en dehors d'elle. Étudier la Torah, en instruire les fidèles, demeure la principale, voire l'unique occupation des scribes, qui, après Ezra, deviennent les instructeurs et les guides spirituels de la nation. La méditation et l'enseignement de la Bible ont pour objet d'assurer la permanence du texte révélé et d'en faire la loi vivante d'une communauté sanctifiée par elle. La foi en la révélation de la Bible est le principe cardinal sur lequel repose toute la pensée talmudique. Dieu n'est et ne peut être connu que par la révélation de sa volonté qu'il a transmise à Moïse. Les maîtres en Israël devaient, dès lors, imposer l'interdiction soit d'ajouter à la Torah puisqu'elle vient de Dieu et qu'elle contient tout, soit d'en rien retrancher puisqu'elle est par essence éternelle, immuable.

[...]

Les docteurs étaient ainsi mis dans l'obligation d'adapter la loi aux circonstances nouvelles de la vie d'Israël. L'exégèse avait pour but d'adapter la volonté éternelle et incrée du Seigneur aux contingences de l'histoire terrestre d'Israël. L'exégèse juridique, cependant, grâce aux règles de l'herméneutique, se donnera libre carrière et se permettra toutes les subtilités afin d'assurer l'adaptation de la pensée biblique à la situation concrète d'Israël. [...]

La dialectique du Talmud

Cette méditation est conduite par des règles traditionnelles, codifiées à partir du Ier siècle de l'ère chrétienne par Hillel qui a défini sept règles herméneutiques, Ismaël a établit treize règles. Enfin, Rabbi Yossef Ben José, le Galiléen, a repris les règles de Hillel et d'Ismaël : il a défini, à la fin du IIe siècle, 32 règles qui permettent à la pensée d'approfondir le texte de la Bible. [...] les conclusions déduites à l'aide des règles traditionnelles ont, selon les rabbins, une valeur normative : elles s'imposent aux fidèles liés par l'alliance au Sinaï. Cependant, les rabbins se rendaient bien compte du danger qu'il y aurait à laisser chaque juif maître d'interpréter la Bible à sa guise - fût-ce avec les réserves que pouvaient apporter les règles très souples de l'herméneutique traditionnelle. Aussi, toute conclusion déduite du texte de la Bible en vertu des règles de l'herméneutique ne pouvait prévaloir contre la tradition ni contre l'opinion unanime des maîtres de la Torah.

[...]

Les rabbis du Talmud enseignent que la plénitude de la révélation de Dieu a été faite au Sinaï et à Israël. La Torah est considérée dans la pensée talmudiste comme la voie, la vérité et la vie. C'est par sa méditation et par son obéissance que le juif peut accéder à ses fins dernières. C'est elle qui permet à l'homme d'accéder à sa conformité divine et c'est elle qui est placée au centre de la vie nationale d'Israël. La Torah est parfaite. Elle ne sera jamais surpassée. Dieu par conséquent ne peut lui substituer une autre révélation. Tel est le dogme fondamental que les rabbins établissent.

Source : A. Chouraqui, La pensée juive, pp. 31-46

Israël et les nations
[+] Texte masqué
Si la réalité de l'élection de Dieu était certaine dans la pensée des rabbis, il ne faisait également aucun doute pour eux que ce n'était pas les mérites des Israélites qui leur avait valu ce privilège. L'élection est un acte d'amour gratuit. Les rabbis enseignent encore que cette élection, si elle vaut aux juifs le privilège d'avoir une terre et celui d'avoir un Dieu, fait peser sur eux les obligations les plus nombreuses comme les risques les plus graves : Israël, pour être fidèle à l'élection de Dieu, doit observer la Torah dont il est le dépositaire et le gardien. D'où chez les rabbis un prodigieux effort pour transformer la communauté juive en une immense abbaye où toutes les énergies des individus et du groupe seraient consacrées à l'adoration de Dieu et à l'étude de sa loi. Dans cette perspective, violer la loi constitue pour Israël une déchéance qui lui fait perdre son identité.

Inversement, tout païen qui observe la Torah est bien l'égal du grand prêtre. La portée universaliste de cette doctrine est visible et claire. L'élection qui, dans le judaïsme rabbinique a pu dégénérer parfois en exclusivisme ethnique étroit, constitue en principe le fondement réel de l'universalisme qui aspire au salut et à la rédemption de tous les peuples de la terre.

D'où un complément à l'élection : le devoir pour Israël d'apporter la Torah aux nations de la terre. L'esprit de mission, dont les juifs eurent par ailleurs tant à se plaindre, notamment pendant le IIe millénaire de l'ère chrétienne, a été une manifestation originale de la pensée d'Israël. L'esprit de mission est inventé, si l'on peut dire, par les juifs et découle essentiellement de leur foi en un Dieu universel qui devait devenir le Dieu de toute chair. On sait que jusqu'à la destruction du Temple, les juifs avaient des missionnaires qui ne se contentaient pas de visiter les communautés de la Diaspora, mais encore qui prêchaient et enseignaient les nations. Ainsi, a-t-on évalué le nombre des prosélytes juifs au sein de l'empire romain, au Ier siècle de notre ère, à quelque huit millions. L'esprit de mission que les juifs manifestaient avec ferveur et efficacité, pendant qu'ils étaient forts, s'affaiblit et disparaît après la ruine de la nation.

id.La pensée juive, p.49

Je rajoute :

Les Pharisiens sont à l'origine d'une volonté de ''démocratiser'' l'accès à Dieu, en soutenant que tous auraient une dignité religieuse égale à celle des prêtres. Mais, dans leur optique, une pareille «accessibilité» ne pouvant se réaliser chez l'un l'autre que par un souci de reprendre à son compte les règles de pureté lévitique qui, à l'origine, ne sont bien réservées qu'aux prêtres et à eux seuls.

Donc, ce qui peut apparaître comme une idée généreuse au départ (cf permettre à tous d'expérimenter un état de sainteté semblable à celle des prêtres de la classe d'Aaron dans le Temple) fini par provoquer une situation tout à fait contraire d'exclusion vis à vis le peuple, les pauvres et tout une masse de gens.

Parce que tout un tas de gens ne sont pas en état de pouvoir se plier aux différentes règles de pureté légale. De plus en plus, les pharisiens sont amenés à se retrancher des «impurs». Il faut une certaine aisance matérielle et le loisir pour pouvoir régler les dîmes, se garder du contact de ceci ou cela, pour faire l'aumône, etc. C'est parce que l'emphase ou une surrenchère intervient en Israël à cette époque en regard de la loi mosaïque. Si tout le monde méditerranéen s'éprend d'un souci de salut et de retour à la pureté, au Ier siècle, alors la voie pharisienne empruntera celle de la Loi. Mais être «pécheur» par rapport à la loi de Moïse n'est pas exactement la même chose non plus qu'être fautif au sens où l'on comprendrait le mot dans la morale chrétienne la plus classique (au sens des vertus chrétiennes).

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Cinci » dim. 02 mars 2014, 21:47

Histoire

Sur l'origine des Pharisiens ...
  • «Alors se groupa auprès d'eux un groupe d'Assidéens, hommes vaillants d'Israël, tous ceux qui s'offraient volontairement pour la Loi.» - I Maccabées 2,42

  • Assidéens (7,13; 2 Mac 14,6), c'est à dire les «pieux», les «fidèles», groupe de Juifs fervents observateurs de la Loi, absolument étrangers à la politique. Ils soutiendront l'action des Maccabées, tant qu'elle présentera un caractère uniquement religieux. Aux Assidéens se rattachent les Esséniens et les Pharisiens - «qui s'offraient volontairement pour la Loi», pour l'expression, cf. Jug 5,2 (Note d'Émile Osty)

Origine du mouvement :
[+] Texte masqué
«C'est au IIe siècle avant Jésus-Christ, au contact de la monarchie séleucide, qu'Israël apparaît pour la première fois, dans l'état présent de notre documentation, sérieusement divisé contre lui-même sur des points fondamentaux.

Certains juifs, impressionnés par l'éclat de la civilisation hellénistique, introduisirent à Jérusalem les usages des Gentils et firent disparaître les marques de leur circoncision, se séparant ainsi de l'alliance sainte. Lorsque Antiochus Épiphane, roi de Syrie (175-164), s'étant rendu maître de la ville, eût pillé et profané le Temple et y eut introduit l'abomination de la désolation, c'est à dire un autel païen ou une statue de dieu, ils sacrifièrent aux idôles. D'autres au contraire, bravant la percécution, organisèrent au nom de la religion de leurs pères une résistance armée. Le signal de la révolte fut donné à Modein par le prêtre Mathatias et ses fils, dont est issue la dynastie sacerdotale et royale que nous appelons communément les Maccabées ou Hasmonéens. Cette poignée d'insurgés fut grossie par une troupe d'Assidéens - transcription de l'hébreu hassidim, qui signifie les saints, les pieux.

Nous sommes fondés à reconnaître dans ces hommes vaillants d'Israël, dont le coeur était attaché à la Loi, la première «secte». Elle se définit par opposition au laxisme accommodant de la masse, qui, ayant fait des concessions à la culture grecque, en fait ensuite au paganisme et va parfois jusqu'à l'apostasie franche, par son intransigeance religieuse en même temps que patriotique.

De nombreux auteurs voient ici le point de départ du mouvement pharisien. Il est fort possible que les Hassidims soient les ancêtres communs de l'une et l'autre secte [Esséniens et Pharisiens], caractérisées toutes deux par leur zèle légaliste. Et c'est vers ce moment sans doute en rapport avec ces événements [révolte des Maccabées] qu'il faut chercher l'origine de la tripartion religieuse décrite par Flavius Josèphe. C'est du reste à ce propos qu'il la signale lui-même pour la première fois.

[...]

En se dénommant eux-mêmes «fils de Sadoq», c'est à dire, selon toute probabilité, descendants du grand prêtre intronisé par Salomon (1 Rois 2,35), les sectaires de Qumran revendiquent la qualité de prêtres authentiques, par opposition aux usurpateurs du Temple. Ces derniers ne sont autres, au départ, que les Hasmonéens, obscurs petits prêtres de village, promus après leur victoire au souverain pontificat héréditaire, ultérieurement associé à la royauté.

Ainsi le premier noyau de la secte essénienne serait constitué de membres des vieilles familles sacerdotales, partisans des Maccabées au moment de l'insurrection, mais dressés ensuite contre eux en une rivalité irréductible. Mais sans doute n'y avait-il pas que des prêtres dans les rangs des Hassidims. On peut même penser qu'ils s'y trouvaient en minorité, parmi un nombre sensiblement plus élevé de pieux laïques. Ceux-ci pourraient alors représenter les cadres initiaux du pharisaïsme, qui ne paraît pas avoir jamais eu d'attaches cléricales particulièrement étroites et qui, de ce fait, était moins chatouilleux que des prêtres sur des questions de légitimité sacerdotale, put rester fidèle aux premiers Hasmonéens après la victoire de l'insurrection.»

M. Simon, Les sectes juives au temps de Jésus, pp.17-20

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Cinci » dim. 02 mars 2014, 22:08

Histoire

La révolte maccabéenne (167-142 avant J.-C.)

«Le signal de la révolte fut donné par un prêtre de la descendance de Yoarib, Mathatias l'Hasmonéen de Modîn. Il refusa de participer à un sacrifice païen, exécuta un juif qui allait sacrifier, ainsi que l'envoyé du roi, et prit le maquis, faisant même passer l'urgence de la lutte armée avant le respect scrupuleux du Chabbat. Rassemblant autour de lui près de six milles hommes «fidèles» (hassidims) à la Loi ancestrale, il mena une guerre de partisans, circoncisant de force les enfants, détruisant les autels païens et brûlant les villages passés à l'hellénisme. A sa mort, son fils Simon devient le chef politique de la révolte et Judas, surnommé «Maccabée» le chef militaire, intensifiant avec un certain succès guerre de nuit et embuscades.

En 165, profitant d'une erreur tactique de Nicanor, il détruit le camp séleucide à Emmaüs et, en 164, stoppe l'armée de Lysias à Bethsour. Devant ces échecs répétés et la pression diplomatique des Romains, Antiochos propose une amnistie avec le droit, pour les Juifs, de vivre selon leur Loi. Judas pénétre alors dans Jérusalem, purifie le Temple et l'inaugure le 25 Kislev (= 14 décembre de l'an 164 av. J.C.)  [fête de la Dédicace/Hannoukah]

[...]

A l'ombre de l'empire romain

1. Les Hasmonéens alliés de Rome

Une fois reconnu, Simon envoya une ambassade à Rome et Sparte et convoqua une grande assemblée des notables du pays qui lui reconnurent son triple titre «à perpétuité, jusqu'à ce que se lève un prophète fidèle», formule ambigüe de compromis pour une sorte de dynastie provisoire. Généralement pacifique, son ethnarcat (142-134) se termina dans une tentative de coup d'État prohelléniste : Simon fut assassiné à Dok et la plupart des membres de sa famille exécutés ou emprisonnés. Cependant, son troisième fils, Jean, put se faire proclamer grand prêtre et ethnarque de Jérusalem.

A ses débuts, l'ethnarcat de Jean Hyrcan (134-104) fut agité. Antiochos IV attaqua Jérusalem et Hyrcan dut verser un tribut de 500 talents et démanteler la muraille de Jérusalem. Cependant, profitant bientôt des dissensions séleucides, il s'empara de Moab, d'une partie de la Samarie (détruisant Sichem et le temple du mont Garizim vers 128), ainsi que de l'Idumée qu'il judaïsa de force. Un peu plus tard, il s'empara de Samarie qu'il rasa complètement. Cette destruction achève la séparation des Juifs et des Samaritains amorcée à la fin du IVe siècle : désormais les Samaritains considèrent les Juifs comme leurs ennemis héréditaires.

[...]

Jonathan et Simon s'étaient appuyés sur les pharisiens qui reconnurent leur pontificat; cependant ces notables laïcs versés dans l'étude de la Loi et de sa jurisprudence critiquèrent violemment le sacerdoce de Jean Hyrcan ainsi que ses prétentions à la royauté alors qu'il n'était pas de descendance davidique. Ayant réprimé durement leur révolte, Hyrcan s'appuya alors sur les Sadducéens, influents à Jérusalem et au Temple. La fin relativement pacifique d'Hyrcan lui permit de rebâtir les murailles de Jérusalem et d'être le premier Hasmonéen à frapper monnaie. A sa mort en 104, son fils Judas-Aristobule emprisonna ou assassina la plupart des membres de sa famille. Il conquit la Galilée centrale et l'Iturée qu'il judaïsa de force.

Alexandre-Jannée (103-76) lui succéda bientôt : il réprima sauvagement les révoltes provoquées par la lourdeur des impôts et les critiques des Pharisiens, crucifiant huit cent opposants. Roi et grand prêtre, il était plus à l'aise à la tête de son armée, comprenant des mercenaires pisidiens et ciliciens, que dans la liturgie du Temple.

A la mort d'Alexandre-Jannée, sa femme Alexandra assuma le pouvoir politique (76-67) tandis que son fils aîné, Hyrcan II, devint grand prêtre. Alexandra se réconcilia avec les Pharisiens et leur chef Siméon ben Chètah. L'infuence majoritaire des Pharisiens au Conseil des anciens («Sanhédrin») présidé par un grand prêtre, le plus souvent sadducéen, va marquer la vie du peuple juif jusqu'en 70 après J.C. [...]»

Source : «Esquisse de l'histoire du peuple juif» in Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, Cerf/Laffont, coll. «Bouquins», 1996, pp.1125-1129

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Mac » mar. 04 mars 2014, 16:13

cora a écrit :Si bien sûr tous les pharisiens ne sont pas à condamner et qu'il est important de soutenir ceux qui osent se lever contre leur propre camps,
Et parmi ceux qui ont oser s'élever contre leur propre camp, il y a Saint Nicodème. Un homme éclairé, curieux, ouvert d'esprit, qui a fait preuve de cohérence face à cet homme mystérieux qu'a pu être Jésus Christ car il dit : "Maître, nous savons que vous êtes venu de la part de Dieu, comme docteur, car personne ne saurait faire les miracles que vous faites, si Dieu n'est pas avec lui."

Wikipédia :
Nicodème est un des premiers disciples de Jésus. Pharisien et membre du sanhédrin, Nicodème apparaît trois fois dans l’Évangile selon Jean : il va écouter son enseignement (Jn 3. 1-21), il prend sa défense lorsqu’il est malmené par les Pharisiens (Jn 7. 45-51), il aide Joseph d’Arimathie lors de la mise au tombeau (Jn 19. 39-42).

Pour la Tradition chrétienne antique, c'est l'un des trois dirigeants pharisiens qui sont secrètement disciples de Jésus avec Gamaliel l'ancien et Joseph d'Arimathie.

Son nom signifie en grec nikê, « victoire » et dêmos, « peuple ». Il vient probablement de la translittération du nom hébreu, Niqdamon1.

L’Évangile de Nicodème (aussi appelé Actes de Pilate) est un évangile apocryphe, qui raconte de façon très détaillée le procès de Jésus. C'est un des rares textes chrétiens qui relate la Descente aux Enfers du Christ.
Pour ceux qui veulent en savoir plus lien wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicod%C3%A8me

Est-ce que quelqu'un a entendu parlé de l'évangile de Nicodème?

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Cinci » mar. 04 mars 2014, 18:56

Salut Mac,

Il s'agit du document qui se nomme également Actes de Pilate (= évangile de Nicodème). France Quéré en disait quelque chose dans son petit ouvrage intitulé Évangiles apocryphes et qui avait parut aux éditions du Seuil en 1983.

:)

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Cinci » mer. 05 mars 2014, 18:19

Histoire



«... à la mort d'Alexandra, son cadet Aristobule II (67-63) prend le pouvoir au détriment de l'aîné Hyrcan. Cependant l'homme fort du parti de ce dernier, Antipater, gouverneur de l'Idumée, s'appuie sur les Nabatéens et défait Aristobule qui, réfugié dans Jérusalem, sera sauvé par le général romain Scaurus. Arbitres de la situation, les Romains subissent les assauts diplomatiques des deux frères ennemis : Hyrcan l'emporte; Pompée emprisonne Aristobule, assiège le Temple et pénètre dans le Saint des Saints (été 63).

En 47, César reconnaît à Antipater le titre de Procurateur de la Judée; ses deux fils deviennent stratèges de Coelé-Syrie et de Samarie. En 42, après l'assassinat d'Antipater, Antoine nomme ses deux fils, Phasaël et Hérode, tétraques chargés de l'administration de la Judée.

En 40, à la suite de l'invasion parthe, Hyrcan est écarté et Antigone, fils d'Aristobule proclamé roi et grand prêtre (40-37). Cependant, c'est Hérode que le sénat romain proclame «roi de Judée» et, en 37, appuyé par les légions de Sossius, Hérode s'empare de Jérusalem, tandis qu'Antigone est décapité.


La dynastie hérodienne et l'administration romaine (37 av. J.C.- 66 ap. J.C.)

Hérode est bien connu par Flavius Josèphe, utilisant Nicolas de Damas (cent quarante-quatre livres) qui fut son professeur et son conseiller. Très bon général, tenace, aussi cruel que fin politique, Hérode modernisa son pays à l'aide de la technologie romaine. Ses constructions, en particulier à Jérusalem, le nouveau Temple, ainsi que ses forteresses (Cypros, Hérodion, Massada, Alexandreion, Hyrcania, Machéronte) et ses nouvelles villes (Sébaste/Samarie, Césarée ...) impressionnent encore aujourd'hui. Même si la pression fiscale était lourde, la sécurité fut assurée, d'où une certaine prospérité, le roi intervenant lui-même en cas de tremblement de terre (31) ou de famine. Tout en respectant les leaders pharisiens (Pollion, Saméas), Hérode se réconcilia avec les esséniens et leur chef Menahem, tandis que pour limiter le pouvoir des Sadducéens, il mit fin au pontificat à vie, nommant et déposant les grands prêtres, choisis parmi les familles sacerdotales de la diaspora.

A l'étranger, il défendit les droits juifs dans l'empire romain, leur faisant confirmer les privilèges accordés par les Lagides et les Séleucides et assurant une entrée régulière de l'impôt au Temple.


La succession d'Hérode (4 av. J.C. -41 ap. J.C.)

Hérode Antipas, tétraque de Gallilée et de Pérée (4 av. J.C.- 39 ap. J.C.) fonda Tibériade, se rendit célèbre par son mariage avec sa nièce Hérodiade et échoua dans ses intrigues à Rome qui aboutirent à son exil à Lugdunum (Saint-Bertrand-de-Comminges ?) Sous son règne se formèrent trois nouvelles sectes juives :

-les zélotes, considérant Dieu comme leur seul «chef et maître» et partisans de la lutte armée contre les Romains.

-les baptistes, partisans d'une conversion spirituelle manifesté par un rite d'immersion; à la mort de leur chef, Jean le baptiste, certains de ces baptistes se rallièrent à Jésus de Nazareth.

- les nazoréens, disciples de Jésus de Nazareth qui proclama le «Royaume de Dieu» dans les environs de Capharnaüm et fut acclamé un moment comme le Messie, avant d'être arrêté à Jérusalem, et crucifié sur l'ordre du préfet Pontius Pilatus; ses disciples, ne cessant de proclamer à son sujet qu'il leur apparut le troisième jour de sa mort vivant à nouveau, formèrent le parti des «nazoréens» à l'origine de celui des chrétiens.

[...]

Hérode Aggripa Ier (37-41)

Le court règne de Caligula (37-40), dont les prétentions au titre «divin» provoquèrent des émeutes à Alexandrie et embarassèrent le légat de Syrie, fut marqué par l'accession au pouvoir d'un petit-fils d'Hérode le Grand : Hérode Agrippa Ier, auquel Caligula donna la tétrachie de Philippe en 37, puis la tétrarchie d'Antipas en 40, et Claude la Samarie, la Judée et l'Idumée. Populaire auprès des pharisiens, Hérode Agrippa Ier s'opposa aux nazoréens qui s'ouvrirent alors à la diaspora et aux païens et prirent à Antioche le nom de ''chrétiens''.»

Source : Dictionnaire encyclopédique du judaïsme

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Mac » jeu. 06 mars 2014, 13:16

Cinci a écrit :, Il s'agit du document qui se nomme également Actes de Pilate (= évangile de Nicodème). France Quéré en disait quelque chose dans son petit ouvrage intitulé Évangiles apocryphes et qui avait parut aux éditions du Seuil en 1983.
:)
Bonjour Cinci, :)

Merci pour les références.
Tu as déjà lu les Actes de Pilate?

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Cinci » ven. 07 mars 2014, 4:50

Salut Mac,

Oui, j'avais pris connaissance du document il y a quelques années de cela. Et puis j'aurai conservé à la maison ce petit volume que je viens d'évoquer. Tout le texte des Actes de Pilate s'y retrouve dedans. Ce n'est pas tellement long (malgré que ce soit plus volumineux que la moyenne des autres textes apocryphes que l'on connaît). Le texte existe probablement aussi dans une version numérique qui soit consultable en ligne sans frais. Mais je n'ai jamais vérifié.

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Peccator » sam. 08 mars 2014, 12:43

Mais bien sûr que c'est en ligne !

http://remacle.org/bloodwolf/apocryphes/nicodeme.htm


Les Apocryphes, c'est amusant à lire.


Dans le même genre, Eric-Emmanuel Schmidt a composé un petit livre, l'évangile selon Pilate : il s'est probablement beaucoup inspiré des Actes de Pilate.
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Mac » sam. 08 mars 2014, 15:09

Bonjour et merci peccator :)
Les Apocryphes, c'est amusant à lire.
Pourquoi amusant?

Fraternellement. :coeur:

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Re: Les pharisiens

Message non lu par Cinci » dim. 09 mars 2014, 16:59

Oui, c'est en ligne. Hier, j'avais bien vu ces adresses ci-dessous. En anglais seulement. Zut ! Alors si on peut l'obtenir en français c'est encore mieux.

:)


http://www.earlychristianwritings.com/actspilate.html

Ancienne littérature chrétienne
http://www.earlychristianwritings.com/index.html

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