L'évangile selon Saint Luc

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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Hélène
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Re: Exégèse de Luc XIX.27

Message non lu par Hélène » ven. 05 oct. 2007, 3:53

Attention aux interprétations d'un verset sorti de son contexte. Il s'agit tout d'abord d'une parabole... qui est une histoire qui en cache une autre. Elle a un sens spirituelle et non littérale.

Si je devais faire une lectio divina, elle ressemblerait à ceci :
La parabole des talents

Texte 2 (Mgr Albert Rouet)

Luc 19, 11-27

La parabole des mines propose un travail sur les pulsions. Elle en précise les modalités. Le risque, en effet, de toute sublimation consiste à projeter en Dieu les forces les plus obscures du psychisme, puis à les identifier à Dieu, empêchant en retour d'effectuer un vrai travail de conversion. Il ne suffit pas de dire que Dieu ne veut pas la guerre pour savoir ce qu'il veut que l'homme recherche : ce qu'est la paix demeure si complexe !

Le passage de Luc diffère grandement de la parabole des talents chez Matthieu. Non seulement à cause de la valeur de la mine (un 60e de talent, soit le salaire de 100 jours de travail d'un journalier agricole : "une toute petite chose" ; 19, 17) ; non seulement encore parce que Luc encadre la parabole dans un récit manifestement allusif aux déboires d'Archélaüs, un des successeurs d'Hérode le Grand qui, en l'an 4, dut venir à Rome quémander la Royauté contre l'avis d'une ambassade de 50 Juifs qui ne voulaient pas de lui. Deux grandes différences distinguent Luc de Matthieu : le point de départ et la finalité. Chez Matthieu, il s'agit de la venue du Royaume à la fin des temps (aux talents correspondent de nouveaux talents en récompense) ; la finalité concerne ici l'espérance ultime (entrer dans le Royaume ou en être rejeté : 25, 12, 30). Telle n'est pas l'optique de Luc.

Chez Luc, le point de départ est précisément relaté. Jésus s'est invité à dîner chez Zachée. Tout à la joie de l'accueillir (19, 6), le publicain rachète ses exactions. Jésus de s'exclamer : "Aujourd'hui, cette maison a reçu le salut… car le Fils de l'Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu" (v. 9-10). L'annonce du Règne de Dieu venant purifier son peuple, trouve là un signe de sa réalisation. Car Zachée opère une restitution de ce qu'il a pris au-delà de l'imposition légitime, selon le barème de la loi. Autre indice : le dîner à Jéricho a lieu pendant la montée à Jérusalem, ville où le Messie doit apparaître (9, 51 ; 13, 33) : l'entrée à Jérusalem suit immédiatement notre parabole.

Très naturellement donc, Luc note ceci : "Comme les gens écoutaient cela (le discours de Jésus à Zachée), il dit encore une parabole, parce qu'il était près de Jérusalem, et qu'ils (les gens) s'imaginaient que le Royaume de Dieu allait apparaître à l'instant même" (v. 11). Le thème précis de la parabole vise la temporisation de la venue du Règne (thème fréquent dans les épîtres) et l'attitude à prendre pendant cette attente.

Le récit lucanien expose quatre solutions, quatre comportements possibles devant le Royaume qui tarde. Deux font appel à une stratégie de conquête : l'homme de haute naissance et l'ambassade de ses concitoyens. L'un veut obtenir un titre, les autres gagner son rejet.

Le prétendant à la couronne se plie aux règles drastiques du pays lointain et puissant qui peut le faire roi ou le déjuger. Roi, il le sera au point d'égorger ses adversaires perdants (v. 27) ; serviteur de l'étranger, il l'est plus encore. En cela, il diffère considérablement du roi de saint Matthieu. Les serviteurs à qui le prince confie ses biens, sont dans la situation où vivent les chrétiens fonctionnaires de l'empire, des municipalités ou des seigneurs locaux : ils gèrent de l'argent privé ou public. Tel Eraste (Rm 16, 23).

Les opposants cèdent à la haine (v. 14) et dépêchent une ambassade pour refuser ce roi. Cette démarche empreinte de ruse et de plaidoiries, cherche aussi à mettre la main sur le pouvoir.

Les deux figures rejoignent le prologue de Jean : le prince suit la loi du sang ; les opposants, la volonté de la chair (Jn 1, 13). Chacune à sa manière veut s'emparer du Règne et forcer le Ciel à leur donner raison. En ce cas, Dieu cautionnerait les entreprises humaines. Remarque intéressante : Luc ne porte aucun jugement sur les attitudes du prince et de ses adversaires. Il les relate, sans plus. Silence décisif : Dieu n'entre pas en dialogue avec ces violences ouvertes ou feutrées. Sa Parole est ailleurs.

Viennent donc les dix serviteurs du prince. Chacun reçoit une mine (v. 16). Deux comportements se font alors jour. Le troisième (v. 20) qui rend ses comptes n'a rien fait (comme en 2 Th 3, 6-11). Son oisiveté a entouré la mine confiée dans un linge, un linceul. Une paralysie mortelle l'habite, qui compose de son maître un visage violent. Loin d'être excité au travail par sa peur, il s'enferme dans l'inaction. Pour lui, son seigneur vit de violence sévère et de rapines : il est maître en vols et pillages. Ce serviteur se situe face à son seigneur dans la même position de refus que l'ambassade devant le prétendant au trône. Seulement, loin d'agir, il s'enferme dans l'inertie, écrasé par les images de violence qui le hantent. Le portrait de son maître résulte de ses angoisses refoulées, de sa propre haine.

*
* *
Ces trois solutions ratent l'accès au Royaume, par ambition, par ruse ou par blocage. Le Royaume n'appartient ni aux violences, ni à l'angoisse du refoulement. Interpréter le pardon accordé à Zachée comme l'inauguration d'une purification brutale, comme l'autorisation de démarches de rejet ou comme la permission d'un total attentisme, cette interprétation est fausse, car elle émane de trois formes de violence.

Que reste-t-il à faire ? Son travail quotidien. Ce que font les deux premiers serviteurs. Telle est d'ailleurs la définition du serviteur fidèle et avisé : il s'occupe à distribuer les rations de blé (12, 42-43). Un monde s'offre, à faire fructifier. Les fruits récoltés promettent de plus abondantes moissons. Il est donc logique que celui qui a su gagner dix mines reçoive aussi la mine délaissée.

Dieu se désengage de la violence. La parabole de Luc retire aux violents, par ambition ou par refoulement, l'accès au Royaume. La sublimation opérée, la foi ne livre pas le croyant aux images qu'il se fabrique. Certaines projections sur Dieu sont particulièrement dangereuses, à preuve les imaginations du troisième serviteur. La vérité de la sublimation se concentre donc dans la fidélité au travail à accomplir.

Le contraire de la violence n'est pas la tranquille oisiveté, ce juste milieu insignifiant ("aurea mediocritas"). L'opposé de la guerre n'est pas n'importe quelle paix, parfois imposée avec tant d'injustice. Le texte renvoie à une ardeur, donc à une utilisation transformée de la violence, afin que cette passion alimente le contact avec Dieu et que ce contact brûle pour travailler cette terre. En Matthieu, la récompense accorde cinq et deux talents nouveaux. Chez Luc, les serviteurs reçoivent dix et cinq villes (v. 18-19), donc des villes à administrer, à rendre humaines.

Telle est alors la pointe du texte : que trouver Dieu fasse découvrir son frère, que l'alliance avec Dieu pousse à une fraternité. Le supplice des ambassadeurs leur coupe souffle et parole, par égorgement. Leur parole les a exclus. L'avertissement tombe, précis : si le verbe du dialogue ne rejoint pas le travail, alors la terre restera inhumaine, inapte à saisir le Royaume.
Source : http://www.diocese-poitiers.fr/forum/talents/txt2.html

Cordialement,
Hélène
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Re: Exégèse de Luc XIX.27

Message non lu par Boris » ven. 05 oct. 2007, 7:49

[Merci de respecter le sujet du fil, à savoir l'exégèse de Lc 19,27. Les considérations quant à la pastorale d'un diocèse n'ont pas leur place ici, les attaques personnelles contre un clerc encore moins. | Seb]

Mgr Rouet dit qu'il y a une distinction de valeur du bien confié.

Pourtant :
St Luc a écrit :Très bien, bon serviteur; puisque tu as été fidèle en chose infime
St Matthieu a écrit :Bien, serviteur bon et fidèle; en peu tu as été fidèle
Donc en fait [...] la question n'est pas de la valeur du bien lui-même mais de ce qu'il représente par rapport au reste : peu de chose ou une chose infime.
Mgr Rouet a écrit :Chez Matthieu, il s'agit de la venue du Royaume à la fin des temps (aux talents correspondent de nouveaux talents en récompense)
Effectivement chez St Luc les serviteurs ne reçoivent pas les mines en retour. Mais :
St Luc a écrit :Et il dit à ceux qui étaient là: " Otez-lui la mine et donnez-la à celui qui a dix mines. "
Donc le serviteur a conservé les mines comme l'autre serviteur a conservé les talents, non ?
UdP,
Boris

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Luc
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Re: Luc 19:27

Message non lu par Luc » sam. 13 oct. 2007, 23:41

Raistlin a écrit : je m'interroge sur un passage de l'évangile de Luc (19:27) qui dit :
"Au reste, amenez ici mes ennemis, qui n'ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les en ma présence."

Comment faut-il l'interpréter ?
Ce verset fait peut-être allusion à la destruction de Jérusalem, On se rappellera qu'Archélaus, fils d'Hérode le Grand, s'était rendu à Rome pour être couronné roi de Judée, en l'an 4 avant notre ère. Une délégation se rendit à Rome pour s'opposer à cette nomination. Archélaus fut terrible quand il revint comme etharque de Judée. Le verset 27 constitu un lien entre le début de la parabole ( verset 12-14 ) et la scène suivante ( verset 28-40 ), ou le " prétendent au trône '' fait une entrée triomphale qui annonce déja la royauté qu'il exercera lors de son retour ( verset 12-13 )

Voici se que nous déclare le commentaire de chapitre 19, verset 27 de l'évangile selon S. Luc de la Bible Louis Pirot.

Plus sévére est celui qui est infligé à ceux qui se sont déclarés les ennemis du roi, avant son investiture: ils sont condanmnés a mort et exécuté aussitôt, suivant la coutume des cours orientales. Ce châtiment des ennemis est interprété par certains (Fillion, Lebreton) de la ruine de Jérusalem, lors de laquelle périront de nombreux Juifs, mais ruine considérée comme le présage et l'esquisse anticipée de la fin du monde. Ce n'est en effet qu'au moment de la parousie que les bon serviteurs seront récompensés et les ennemis châtiés.

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L'évangile selon Saint Luc

Message non lu par seba15 » mar. 05 nov. 2013, 22:27

Bonjour

J'ai appris que l'évangile de Luc, n'était pas écrites d'une personne qui a vécu avec Jésus.
Je me dis comment c'est possible ? pour raconter l'histoire du christ, le mieux c'est d'avoir vécu avec lui non ?
Je croyais que les évangiles étaient écrit par des gens qui avaient vécu avec Jesus, disciples ou apotres.
mais ça ne semble pas être le cas.
Peut être qu'il y en a d'autres.
Autant pour les épitres de paul ça me dérange pas trop, autant pour un évangile, je trouve ça curieux.

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Re: Evangiles de luc

Message non lu par gerardh » mar. 05 nov. 2013, 23:27

________

Bonjour,

Dans le premier chapitre de son évangile, Luc, disciple de Paul, explique bien ses motivations et les circonstances qui ont présidé à sa rédaction.


___________

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Re: Evangiles de luc

Message non lu par Pneumatis » jeu. 07 nov. 2013, 1:49

Bonsoir,

Aujourd'hui, la thèse dominante dans l'exégèse est que l'auteur des deux livres attribués à Luc, serait en fait un disciple de la 3ème génération issu du paganisme. Il faut comprendre qu'on ne parle pas là de Lukas, médecin disciple de Paul, qui pourrait n'être qu'un prête-nom à l'auteur de l'évangile et des Actes (comme pour certaines lettres "de Paul").

La genèse de cette théorie, pour faire court, vient de ce que l'évangile de Luc semble s'adresser particulièrement aux païens, et a pour thématique centrale l'accomplissement des promesses pour toutes les nations, tel qu'annoncées par les prophètes. Ensuite, il y a la méthodologie, qui fait que le texte adopte certains styles de traités historiques et scientifiques de cette époque, particulièrement dans le monde grec. Ensuite, il se trouve que les deux livres de Luc comportent certaines imprécisions ou "erreurs" historiques et géographiques, ce qui permettrait de conclure qu'il vivait à une certaine distance temporelle et même géographique des événements dont il parle.

Le problème, c'est que depuis, la science exégétique avance... mais ce qu'on considère comme acquis, on ne le remet plus en question.

Ainsi, les exégètes mesurent de plus en plus l'intime connaissance, par l'auteur lucanien, de la LXX, ainsi que des styles de composition biblique (l'évangile de Luc fourmille d'inclusions et de parallélismes que la critique textuelle n'a découvert que depuis peu). On commence à se rendre compte qu'il réemploie aussi des éléments de la tradition synagogale... alors pour expliquer ça sans remettre en question les conclusions passées, on vous expliquera que c'est toujours un disciple de la troisième génération venu du paganisme, mais que c'était sans doute un prosélyte (sympathisant de la synagogue, mais non juif) et qui a été formé jusqu'à un certain degré dans une école rabbinique accueillant des prosélytes. Bref, on rattrape le coup en collant rustines sur rustines à la théorie de base.

Mais elles sont peu nombreuses, et surtout dénigrées, les voix de quelques exégètes qui vous disent que tout ça c'est du flan :
- que Paul aussi s'est focalisé sur l'évangélisation des nations et que ce n'est pas incompatible avec le fait d'être un pur pharisien de l'école de Gamaliel
- que si l'auteur des Actes était de la troisième génération, il faut expliquer pourquoi il n'a pas ajouté à son histoire l'extraordinaire témoignage du martyr de Pierre et de celui de Paul (comme le dit un excellent bibliste de mes amis, la seule explication rationnelle à ce que les Actes ne parlent pas de la mort de Pierre et de Paul, c'est qu'elles n'étaient pas encore arrivées au moment de la composition du récit)
- que si on se penche sérieusement sur l'analyse sémiotique de l'oeuvre lucanienne, comme l'a fait par exemple le Père René Laurentin, on comprend que les "imprécisions" et "erreurs" historico-géographiques de l'auteur sont des usages au service du style et du sens théologique du récit : l'auteur ne fait pas de l'histoire (au sens scientifique), comme on l'a trop longtemps cru, il compose un midrash à partir d'un événement historique, parce que c'est la façon d'enseigner et de faire de la théologie.
- qu'accessoirement, la Tradition, dès Irénée de Lyon, ne doutait pas que le compagnon de Paul fut bien l'auteur de l'évangile qu'on lui attribue et du livre des Actes qui lui succède.

Bref, je crois qu'on en reviendra de la théorie du Luc prosélyte, disciple de la troisième génération. Et je crois aussi qu'en attendant, on continue d'enseigner des bêtises.
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Re: Evangile de luc

Message non lu par Raistlin » jeu. 07 nov. 2013, 11:28

Saint Luc le dit pourtant dans le prologue de son évangile : Comme plusieurs ont entrepris de composer une relation des choses accomplies parmi nous, conformément à ce que nous ont transmis ceux qui ont été dès le commencement témoins oculaires et ministres de la parole, il m'a paru bon à moi aussi, qui de longue date ai tout suivi avec soin, d'en écrire pour toi le récit suivi, noble Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. (Luc 1, 1-4)

La tradition nous dit que saint Luc fut un disciple de saint Paul. Il connût les apôtres, probablement la sainte Vierge, et collecta le récits des évènements auprès de témoins occulaires (dont probablement la sainte Vierge elle-même, d'où sa connaissance des récits de l'enfance de Jésus et de la vie de Marie).

Peu importe que saint Luc ait connu vécu avec Jésus. L'Église, sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, a reconnu dans son Évangile un récit fidèle à la vérité. Et nous croyons que saint Luc fut inspiré lui-même par l'Esprit pour rédiger son Évangile.

Cordialement,
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Re: Evangile de luc

Message non lu par Pneumatis » jeu. 07 nov. 2013, 18:37

Bonjour Raistlin,
Raistlin a écrit :Saint Luc le dit pourtant dans le prologue de son évangile
Oui mais, pour me faire l'avocat du Diable (enfin des exégètes suscités), l'auteur de l'évangile ne dit pas son nom, et ne dit pas qu'il était disciple de Paul. L'auteur des Actes emploie bien un "nous" à un moment donné, mais ça n'a manifestement pas convaincu les exégètes en question.
Raistlin a écrit :Peu importe que saint Luc ait connu vécu avec Jésus. L'Église, sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, a reconnu dans son Évangile un récit fidèle à la vérité.
Oui, mais l'enjeu n'est pas que celui de savoir si l'évangile dit ou non la vérité, nous n'en sommes plus là. L'enjeu est de comprendre correctement, d'avoir une lecture attentive du texte, de savoir qui parle à qui et pourquoi, quel est le projet littéraire de l'auteur, d'où parle-t-il et pour qui. Autant de choses auxquelles s'attache l'exégèse pour essayer de mieux comprendre le texte, en le replaçant notamment dans son contexte de composition.
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Re: Evangile de luc

Message non lu par gerardh » jeu. 07 nov. 2013, 19:09

________

Bonjour

L'Evangile de Luc s'attache à décrire Jésus comme le Fils de l'homme.



___________

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Re: Evangile de luc

Message non lu par seba15 » jeu. 07 nov. 2013, 21:57

Le fils de l'homme ? :s
C'est le fils de dieu non ? pourquoi employé ce terme "homme" ?

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Re: Evangile de luc

Message non lu par gerardh » jeu. 07 nov. 2013, 23:41

_________

Seba,

Jésus est le fils de l'homme de par sa naissance ; il aimait à s'appeler comme cela?

Mathieu le décrit comme Messie : Marc comme serviteur et prophète ; Jean comme Fils de Dieu.


___________

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Re: Evangile de luc

Message non lu par Cinci » ven. 08 nov. 2013, 2:05

seba15,
C'est le fils de dieu non ? pourquoi employé ce terme "homme" ?
Pour la raison qu'il s'agit d'un renvoi littéraire que va opérer Jésus lui-même, en référence au livre de Daniel.



  • Je regardais lorsque des trônes
    furent installés
    et un Vieillard chargé de jours s'assit.
    Son vêtement était blanc comme neige
    et la chevelure de sa tête
    comme de la laine nettoyée.
    Son trône : des flammes de feu;
    ses auréoles : du feu ardent.
    Un fleuve de feu coulait
    et il sortait devant lui.

    Mille milliers le servaient
    et dix mille myriades se tenaient
    devant lui.

    Le tribunal siégea
    et des livres furent ouverts
[/size]


L'installation des trônes pour le tribunal suppose que le Vieillard (littéralement : «L'ancien des jours») aura des assesseurs, pour prononcer le jugement. Celui-ci abattra les Bêtes qui représentent les Puissances humaines. La quatrième sera livrée au feu; les autres, privées de leur souveraineté, seront gardées en vie jusqu'à la date du jugement final. La composition de la scène s'inspire de l'iconographie orientale où le souverain des dieux (ici : le Dieu unique) siège sur un trône. Les cheveux blancs du Vieillard insinuent son éternité. La couleur blanche du vêtement est liée à tout ce qui relève du domaine céleste. L'Apocalypse reportera ces traits sur le Christ en gloire (Apoc 1,13-14).

Au-dessus du trône de feu, impossible à approcher pour les humains, cette blancheur se découpe sur des cercles de feu concentriques qui font autant d'auréoles. Dans l'iconographie chrétienne, ce trait sera reporté sur le Christ en gloire : sa tête est nimbée et son corps entier, entouré d'une «mandorle» faite de cercles ou d'ellipses qui se dégradent progressivement. Ici les traductions font une erreur, quand elles parlent de «roues en feu ardent» : il ne s'agit pas d'un trône à roulette. La scène avec sa description du trône s'inspire apparemment d'un tableau brossé dans le livre d'Hénoch au chapitre 14 (Voir Daniel VII, 9-10 et le livre d'Hénoch, dans Semitica 28, 1978 pp. 59-83).

[...]

On verra que le trône de Celui qui préside a, tout autour, un cercle de couleur brillante, un halo, quelque chose comme un arc-en-ciel (iris) dont la couleur est vert émeraude (Apoc 4,4). Pour la sénce du tribunal, on ouvre les livres. C'est que là-haut, toutes les actions des hommes sont inscrites (Is 65,6; cf Apoc 20,12). On tient surtout le registre des hommes destinés au monde à venir [...].

Suite de la vision céleste (Daniel 7,13-14)

Après l'énoncé et le résultat de la sentence portée contre les Bêtes (les empires humains), une nouvelle vision symbolique vient clore le songe :


  • Je regardais dans les visions de la nuit,
    et voici, avec les nuées du ciel,
    comme un fils d'homme qui arrivait.
    Il parvint jusqu'au Vieillard chargé de jours,
    et on le fit approcher devant lui.

    Et il lui fut donné souveraineté, gloire et
    royauté :
    tous les peuples, nations et langues le
    serviront.

    Sa souveraineté est une souveraineté éternelle
    qui ne passera pas,
    et sa royauté, une royauté
    qui ne sera jamais détruite.



Fils d'Homme

Dans le chapitre 7 de Daniel, le songe du voyant présente une série de symboles de sens opposés. Après les quatre Bêtes qui représentent les empires humains, apparaît quelqu'un qui est comme un fils d'homme (sans article) : il vient «sur les nuées du ciel» et il est intronisé devant le Vieillard. L'explication du songe donnée au voyant ne dit pas qui est ce fils d'homme, mais ce que représente son intronisation : c'est que la grandeur de tous les royaumes est donnée au peuple des Saints du Très-Haut. Il ne s'agit pas d'une identification du Fils d'homme, mais d'une interprétation de ce qui lui arrive.

[...]

... dans la réponse de Jésus à Caïphe : Jésus interrogé au sujet de sa filiation divine, répond en entremêlant des expressions du Psaume 110,1 et de Daniel 7,13. En cet endroit, Jésus exprime l'espérance de sa glorification future. Après sa résurrection, toutes les paroles où il parlait de lui-même en utilisant l'expression «Fils de l'homme» seront relues dans la perspective de cette glorification, en particulier :

-celles qui parlent du pouvoir du Fils de l'homme (Mc2,10 = Mtt 9,6; cf Mc 2,28 avec le mot Kyrios, Seigneur).

-celles qui comportent l'annonce de la Passion et de la résurrection (Mc 8,31; 10,33 et par.) et du don de la vie en rançon pour une multitude (Mc 10,45; Mt 20,28)

Chez Jean, cette relecture qui vise le Christ en gloire est constante (13 fois) : les expressions «le Fils», «le Fils de Dieu», «le Fils de l'homme», alternent avec une même portée théologique.

Source : Pierre Grelot (présentation), Le livre de Daniel, Cahiers Évangile, 79, Les Éditions du Cerf, pp. 36-38

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Re: Evangile de luc

Message non lu par Cinci » ven. 08 nov. 2013, 3:58

J'ai appris que l'évangile de luc, n'était pas écrites d'une personne qui a vécu avec Jésus.
C'est possible.

Je me dis comment c'est possible ? pour raconter l'histoire du christ, le mieux c'est d'avoir vécu avec lui non ?
C'est ce qui est arrivé aussi. Tout ce que l'on peut raconter au sujet de Jésus provient du témoignage de ceux qui auront vécus avec lui.
Je croyais que les évangiles étaient écrit par des gens qui avaient vécu avec Jesus, disciples ou apotres. mais ça ne semble pas être le cas.
Il n'est pas obligatoire que la rédaction des textes ait été matériellement réalisée par un apôtre lui-même.

Pour une obtenir une biographie fiable de Napoléon, il n'est pas obligatoire non plus qu'elle ait été écrite par sa soeur, son oncle, son frère ou l'un de ses généraux de la campagne d'Italie.

Autant pour les épitres de paul ça me dérange pas trop, autant pour un évangile, je trouve ça curieux.
C'est que nos Évangiles sont tout simplement le produit des enseignements de l'Église primitive au sujet de Jésus. C'est un travail collectif. La fiabilité procède du témoigne de l'Église au grand complet à l'égard de ces textes.

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Re: Evangile de luc

Message non lu par Libremax » mer. 20 nov. 2013, 15:26

Ce qu'on sait surtout de Luc, c'est que ce n'était pas un apôtre, et qu'il a voyagé avec Paul pour l'assister.
Il dit lui-même s'être enquis des faits de la vie de Jésus auprès des témoins directs, et qui sont devenus prédicateurs.
Cela dit, il parle des "évènements accomplis parmi nous".
Il a donc, peut-être ? été témoin de quelques évènements en Palestine ?

Par ailleurs : Jésus ne forme pas que les Douze apôtres. Il en forme aussi soixante dix autres, dont Luc est d'ailleurs le seul à parler dans son évangile.
Si je ne me trompe, il est des traditions qui disent qu'il faisait partie de cette seconde "génération" de disciples.

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Re: Exégèse de Luc XIX.27

Message non lu par Paul Wang Namou » mar. 08 sept. 2015, 20:34

Oui, Jésus parle bien de lui, du Jugement dernier et du sort qui sera de tous ceux qui n'ont pas fait grandir leur foi et cela aux derniers jours, pas avant. A son retour, il ordonnera à ses serviteurs qui sont investis de l'autorité suprême de tuer les méchants, ceux qui avaient refuser sa prémière investiture.
C'est la condition sine qua non pour être sauvé: "Car Il y aura des pleurs et des grincements de dents. Celui qui a des oreilles pour entendre, entende".

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