Trinité :
Jésus ayant toujours fait passer un message d'amour ,il y a un paradoxe avec ce texte de St Luc !
je ne vois pas comment jésus pourrait dire cela ,même dans le cadre d'une parabole!
C'est incompréhensible pour moi!
C'est vrai que le "produit fini" n'est pas facile à assimiler.
Si on se contente de lire quelques lignes au hasard, l'impression première qui se dégage serait celle où Jésus paraîtrait approuver la méthode forte de l'homme de haute naissance qui sait faire périr misérablement tous ceux qui n'auront pas voulu qu'il règne sur eux.
Et ça nous vaudra des sermons sur le Dieu terrible ("La vengeance est douce au coeur de l'indien") qui n'attend que le bon moment pour attraper le pécheur par le licoul et lui faire passer un sale quart d'heure!
- Aïe!
On aura beau "spiritualiser" la chose et éviter le premier degré bête : il n'en resterait pas moins que l'on évoquerait un Dieu vengeur et dont la justice consisterait à supplicier le délinquant, le tuer, le retrancher d'une façon draconienne du petit troupeau.
Il sera difficile ensuite de concilier la présentation d'un tel Dieu justicier avec la figure de celui qui pardonne soixante-dix-sept fois sept fois. C'est un problème réel si l'on veut à toute force que le même Dieu porte les deux chapeaux, s'il faut penser que le vrai Dieu qui se révèle au final possède un psychisme digne d'Hérode le Grand ou l'un de ses fils; de n'importe quel despote oriental voire.
Ce que je pense
La parabole de Luc s'insère dans un grand ensemble où se mêle à la fois l'esprit du monde, une sorte de justice distributive naturelle, une sorte de loi de nature, une sorte d'ordre immanent.
Il sera question tantôt d'un juge inique faisant quand même droit aux supplications d'une femme importune, d'un mauvais pharisien qui s'élève à ses propres yeux, des disciples qui cherchent à tort à rabrouer les enfants, du détenteur d'une mine qui aura porté un jugement contre le personnage de haute naissance (de qui il tient sa mine quand même) et qui se sera refusé de faire fructifier l'avoir de ce grand personnage, ensuite des mauvais vignerons qui veulent s'emparer de la vigne après avoir tué le fils de celui à qui appartient le vignoble, etc.
La morale de l'histoire est qu'il y a des conséquences à tout, et des conséquences assez désagréables pour ceux qui agissent mal, pour ceux qui cherchent à s'élever au dépend d'autrui. Il n'est dit nulle part que ce serait Dieu lui-même qui se charge d'appliquer des sanctions, de faire périr ceux-là ou de massacrer les vignerons homicides.
Dieu est garant d'un ordre du monde dans lequel tous -, et même les plus méchants des hommes, - ont un "certain" sens de la justice. Pas nécessairement "la" justice de Dieu" mais l'idée d'une justice quand même.
Le personnage de haute naissance et qui fait face à des rebelles (des gens qui ne veulent pas qu'il règne sur eux) ne conçoit pas que les rebelles ne soient pas châtiés. Ceux qui cherchent à s'élever contre la justice risquent de le payer cher. Par leur propre faute, par leur imprudence.
Et alors le fin mot
Il n'est pas dit que Dieu approuve ceci et cela, la méthode forte plutôt que la méthode douce, ni que Jésus doit se délecter à l'idée de voir un puissant faire justice de pécheurs en les massacrant. Non, mais que l'imprudent qui évolue à contresens de la justice risque de se prendre une branlée, une solide correction et peut-être même y perdre la vie. Le problème n'est pas tant de perdre la vie en soi-même, pour Jésus, comme le fait de la perdre en se trouvant plongé soi-même dans l'injustice. C'est cela qui est grave. Le comportement justicier du personnage de haute naissance pourrait être assimilé ici au phénomène naturel de la tour de Siloé qui s'effondre sur des passants au hasard. Le problème c'est de "se prendre la tour sur la tête alors que l'on ne s'y trouverait pas préparé", imprudent, n'étant pas du tout en état de grâce, coupable devant les hommes et devant Dieu, etc.
Il ressort que le monde tient à "une" justice, même les pires bandits. Si le monde réclame "une" justice, il va de soi que Dieu lui-même fera prévaloir
sa justice sur l'injustice en bout de course. Il faut juste faire attention de ne pas assimiler la "justice" du roi Hérode à la justice de Dieu! Il ne faut pas non plus assimiler la "justice" des bagnards qui tabassent à mort un pédophile dans le bloc D avec la justice de Dieu-le-Père!