Comment Joseph peut-il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

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PaxetBonum
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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 21 juil. 2022, 14:13

Xavi a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 12:23

Mais, pas par rapport à la loi, puisque, à l'extérieur, nul ne pouvait savoir que Joseph n'était pas le père physique de Jésus et parce que, à l'intérieur de lui-même, compte tenu d'un possible miracle et de la pureté manifeste de sa fiancée, Joseph ne suspectait pas Marie d'avoir commis une quelconque faute.
Bonjour Xavi,

Je pense que tout naturellement Joseph suspectait Marie d'avoir commis l'adultère sinon il n'aurait pas envisagé de la répudier en secret.
Il n'y a pas de naissance miraculeuse avant celle du Christ, il ne peut l'envisager.
Mais ayant une grande affection pour Marie il cherche à la protéger d'une répudiation publique.

Excusez moi, étant un ignoble pécheur en pénitence, mes commentaires sont souvent censurés, toujours décalés et je suis rarement informé de vos réponse.

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Xavi
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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Xavi » jeu. 21 juil. 2022, 18:57

Bonsoir Paxetbonum ;
PaxetBonum a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 14:13
Je pense que tout naturellement Joseph suspectait Marie d'avoir commis l'adultère sinon il n'aurait pas envisagé de la répudier en secret.
Il n'y a pas de naissance miraculeuse avant celle du Christ, il ne peut l'envisager.
Il me semble que cette opinion n’envisage pas suffisamment le contexte dans lequel Joseph a réfléchi à la situation extraordinaire à laquelle il a été confronté.

N’était-il pas plus que vraisemblable que Joseph a été informé du fait que Marie était enceinte par Marie elle-même ou par sa cousine Élisabeth chez qui elle s’est rendue immédiatement après l’annonciation ?

Avec l’annonce de la grossesse de Marie, Joseph a dû être informé en même temps de la visite de l’ange faite à Marie, des paroles échangées qui annonçaient une action de l’Esprit Saint et de la confirmation de l’origine surnaturelle de l’enfant par Élisabeth. Rien n’indique que Joseph en ait douté.

Rien ne permet de penser que Joseph ne croyait pas à la possibilité de miracles. Ses connaissances ne pouvaient en rien l’empêcher de croire à une possibilité conception miraculeuse annoncée par l’ange Gabriel à Marie, même s’il n’avait pas connaissance d’une telle naissance miraculeuse antérieure.

En outre, il ne faut pas oublier que Marie, par son immaculée conception, était préservée du péché originel et que sa pureté autant que sa sainteté devaient être bien connues de Joseph. Elles ont dû préserver Joseph de toute suspicion indigne.

Pourquoi, dans un tel contexte surnaturel et extraordinaire, voulez-vous « tout naturellement » penser que Joseph aurait suspecté Marie « d’avoir commis l’adultère » ?

Je ne peux pas suivre une telle pensée.

La répudiation secrète envisagée par Joseph va elle-même à l’encontre d’une telle pensée.

N’oubliez pas qu’une répudiation est publique par elle-même. Si Marie se retrouvait seule et accouchait sans Joseph avec elle, comment cela aurait-il pu être secret ?

Une répudiation ne pouvait être secrète que si elle concernait la vie intime dans le mariage et que les apparences extérieures restaient celles d’un mariage. Et donc, que Joseph prenait sa femme chez lui. Ce que l’ange lui a indiqué, à cet égard, n’est que la confirmation de ce qu’exigeait le secret envisagé par Joseph.

Mais, comme un époux séparé d’une femme répudiée, « il ne s’unit pas à elle » (Mt 1, 25). Il s’est ainsi séparé dans le secret.

Et, d’ailleurs, le secret a été bien gardé puisque les gens croyaient que Jésus était le fils de Joseph (Lc 3, 24).

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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Altior » jeu. 21 juil. 2022, 22:36

Bonjour, Xavi !
Xavi a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 18:57

N’était-il pas plus que vraisemblable que Joseph a été informé du fait que Marie était enceinte par Marie elle-même ou par sa cousine Élisabeth chez qui elle s’est rendue immédiatement après l’annonciation ?
C'est très probable. C'est comme ça que les choses se passent d'habitude. Mais ça n'a aucune relevance.
Avec l’annonce de la grossesse de Marie, Joseph a dû être informé en même temps de la visite de l’ange faite à Marie, des paroles échangées qui annonçaient une action de l’Esprit Saint et de la confirmation de l’origine surnaturelle de l’enfant par Élisabeth. Rien n’indique que Joseph en ait douté.
Pure spéculation : vous vous basez sur quoi ? Si c'était le cas et si, de plus, il l'aurait cru, alors pourquoi l'ange apparaît-il ultérieurement à Joseph pour lui réléver la même chose, de plus le fait qu'il est temps qu'il épouse sa fiancée ?
Rien ne permet de penser que Joseph ne croyait pas à la possibilité de miracles.
Xavi, moi aussi je crois fortement dans la possibilité des miracles. À plus forte raison du fait que j'ai été sujet à deux miracles. Et pourtant, si ma femme m'avait dit avant que je la connaisse dans le sens biblique du terme qu'elle est enceinte et, de plus, m'avait raconté une histoire de théogamie, permettez-moi de vous dire que j'aurais quelques petits doutes...
En outre, il ne faut pas oublier que Marie, par son immaculée conception, était préservée du péché originel et que sa pureté autant que sa sainteté devaient être bien connues de Joseph.
Je suis d'accord avec vous sur autant sur la pureté que sur la sainteté. Car la pureté, ça se discute en couple et sa sainteté était connue de Joseph puisque, selon la Tradition, ils se sont trouvés au Temple. Quant à l'immaculée conception, sa "sainteté surnaturelle" pour ainsi dire, il ne pouvait pas la connaître, car c'est une révélation ultérieure.

Sans doute Joseph était en tourmente, d'où son sommeil agité. D'un côté, il savait bien que la Sainte Vierge est une fiancée hors-pair, d'un autre elle était enceinte après s'être absentée trois mois. Même si j'admets que Marie lui aurait parlé de la conception miraculeuse et qu'il voulait de tout son coeur la croire, il se posait la question comment cela fut possible. La Sainte Vierge s'était posée la même question. Jusqu'à nos jours, l'Incarnation est un mystère difficile à croire pour la plupart et impossible à être compris pour nous tous.

Alors, selon ce que je pense, pendant cette nuit, avant quoi la nouvelle de la grossesse tomba comme une foudre, Joseph était en cours d'envisager un plan selon lequel il aurait abandonné sa fiancée en assumant ultérieurement la paternité. La Sainte Bible parle d'abandon, pas de répudiation. Comme ça, c'était lui le méchant devant tout le monde. Il aurait pris la faute sur ses épaules, il aurait accepté qu'il soit vu comme le méchant qui séduit et abandonne une jeune fille.

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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Libremax » ven. 22 juil. 2022, 10:09

Altior a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 22:36
Pure spéculation : vous vous basez sur quoi ? Si c'était le cas et si, de plus, il l'aurait cru, alors pourquoi l'ange apparaît-il ultérieurement à Joseph pour lui réléver la même chose, de plus le fait qu'il est temps qu'il épouse sa fiancée ?
Bonjour,
moi je pense que Xavi a raison.
Si nous croyons que Marie était Immaculée, alors cela devait influer ses rapports avec ses proches, et je crois en effet que Joseph n'a pas nécessairement cru Marie coupable d'adultère.
Sinon, Joseph étant "juste", (et on sait que ce terme signifie qu'il observe la Loi) pourquoi aurait-il renoncé à la répudier en public ? A mon avis, c'est simple : c'est parce qu'il la savait innocente.

La Loi est claire à ce sujet. Si une vierge est accusée d'adultère, on peut aller jusqu'à la dénuder en public pour constater le délit.
L'ange ne lui parle pas seulement de l'origine miraculeuse de l'enfant de Marie.
D'abord, il lui dit de ne pas craindre de la prendre sous son toit,
ensuite il situe cette naissance vis à vis de tout un ensemble prophétique : cet enfant vient de Dieu, et il est celui qu'Israël attendait pour le sauver.

Joseph veut "répudier Marie en secret" parce qu'il "craint" de la prendre chez lui. Il la craint, parce qu'il craint Dieu.... Ce dont l'ange vient le délivrer, en lui annonçant la place capitale qu'il prend dans la réalisation des prophéties d'Isaïe.
Jusqu'à nos jours, l'Incarnation est un mystère difficile à croire pour la plupart et impossible à être compris pour nous tous.
C'est un mystère difficile à comprendre ; je ne suis pas sûr qu'il soit si difficile à croire.
Beaucoup de passages de la littérature juive de l'époque, (targoums, apocryphes...) laissent à penser que l'origine divine du messie, du "fils d'homme" de Daniel, était déjà confusément envisagée.

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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Xavi » ven. 22 juil. 2022, 11:12

Bonjour à chacun,

Merci à Altior de venir méditer ce petit sujet et de l’enrichir de ses réflexions.

Merci aussi à Libremax pour ses observations très pertinentes.

Altior a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 22:36
Xavi a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 18:57
N’était-il pas plus que vraisemblable que Joseph a été informé du fait que Marie était enceinte par Marie elle-même ou par sa cousine Élisabeth chez qui elle s’est rendue immédiatement après l’annonciation ?
C'est très probable. C'est comme ça que les choses se passent d'habitude. Mais ça n'a aucune relevance.
Aucune relevance ?

La relevance me semble pourtant manifeste. Si Marie ou Élisabeth ont informé Joseph, elles l’ont aussi informé de toutes les circonstances et, par conséquence, le premier choix pour Joseph c’était de croire ou de douter de ce qui lui était raconté.

Nous qui n’avons rien vu de nos yeux, nous croyons au récit de Marie et d’Élisabeth. Alors, pourquoi voudriez-vous penser qu’un saint homme comme Joseph qui connaissait l’extraordinaire sainteté de sa fiancée n’y aurait pas cru ?

Altior a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 22:36
Avec l’annonce de la grossesse de Marie, Joseph a dû être informé en même temps de la visite de l’ange faite à Marie, des paroles échangées qui annonçaient une action de l’Esprit Saint et de la confirmation de l’origine surnaturelle de l’enfant par Élisabeth. Rien n’indique que Joseph en ait douté.
Pure spéculation : vous vous basez sur quoi ?
Pure spéculation ?

Pouvez-vous imaginer une seule seconde que Marie n’a pas informé Joseph de tous les détails de l’événement inouï qui lui arrivait ? Non, bien sûr.

Quant au fait que « rien » n’indique que Joseph ait douté, ce n’est pas une spéculation mais seulement un constat que, dans le texte, il n’y a aucune mention certaine d’un doute.

Ce doute ne résulte que d’une interprétation du texte qui me semble, elle, incertaine. On sait seulement que Joseph pensait la répudier en secret et qu’il était dans la crainte lorsqu’un ange lui est apparu.

Altior a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 22:36
Si c'était le cas et si, de plus, il l'aurait cru, alors pourquoi l'ange apparaît-il ultérieurement à Joseph pour lui révéler la même chose, de plus le fait qu'il est temps qu'il épouse sa fiancée ?
Le texte le dit lui-même : c’est parce que Joseph « craint » et est troublé, malgré toute la confiance qu’il garde en Marie.

Marie fécondée par l’Esprit Saint, c’est pour lui une consécration définitive de sa fiancée à Dieu qui exclut toute intimité conjugale physique. Il semble plus que normal qu’un homme normalement constitué se soit trouvé dans l’inquiétude quant à savoir comment il allait pouvoir assumer une telle situation au quotidien.

L’apparition de l’ange vient confirmer le caractère surnaturel des événements et l’encourager à ne pas hésiter, ce qu’exigeait la situation concrète.

Lors du retour de ses trois mois chez Élisabeth, la grossesse de Marie allait bientôt devenir visible et publique. Pour assurer le secret et éviter toute diffamation, il était urgent que le mariage devienne public et que Joseph accueille sa fiancée chez lui conformément à l’usage.

Altior a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 22:36
Rien ne permet de penser que Joseph ne croyait pas à la possibilité de miracles.
Xavi, moi aussi je crois fortement dans la possibilité des miracles. À plus forte raison du fait que j'ai été sujet à deux miracles. Et pourtant, si ma femme m'avait dit avant que je la connaisse dans le sens biblique du terme qu'elle est enceinte et, de plus, m'avait raconté une histoire de théogamie, permettez-moi de vous dire que j'aurais quelques petits doutes...
Vous conviendrez que la sainteté de Marie et de Joseph était à un autre niveau et que l’apparition et les paroles de l’ange Gabriel ainsi que la prophétie d’Élisabeth sont incomparables.

Marie a eu des questions en elle, mais elle a cru. Joseph aussi a cru et un ange est venu soutenir sa foi.

Altior a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 22:36
En outre, il ne faut pas oublier que Marie, par son immaculée conception, était préservée du péché originel et que sa pureté autant que sa sainteté devaient être bien connues de Joseph.
Je suis d'accord avec vous sur autant sur la pureté que sur la sainteté. Car la pureté, ça se discute en couple et sa sainteté était connue de Joseph puisque, selon la Tradition, ils se sont trouvés au Temple. Quant à l'immaculée conception, sa "sainteté surnaturelle" pour ainsi dire, il ne pouvait pas la connaître, car c'est une révélation ultérieure.
Cette sainteté qui préservait Marie du péché originel n’était pas abstraite. C’est bien chaque jour, dans sa vie quotidienne concrète comme dans ses pensées, que cette sainteté a dû se manifester.

Seul le dogme précis de l’immaculée conception est une révélation ultérieure, mais la réalité concrète fut vécue par Marie dès sa conception et Joseph en a été le témoin au jour le jour. La sainteté surnaturelle de Marie n’était pas de la théorie pour Joseph, mais une lumière qui l’a éclairé à chaque instant même s’il ne pouvait guère comprendre ce qui se passait.

Altior a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 22:36
Sans doute Joseph était en tourmente, d'où son sommeil agité. D'un côté, il savait bien que la Sainte Vierge est une fiancée hors-pair, d'un autre elle était enceinte après s'être absentée trois mois. Même si j'admets que Marie lui aurait parlé de la conception miraculeuse et qu'il voulait de tout son coeur la croire, il se posait la question comment cela fut possible. La Sainte Vierge s'était posée la même question. Jusqu'à nos jours, l'Incarnation est un mystère difficile à croire pour la plupart et impossible à être compris pour nous tous.
Oui, c’est vrai.

Mais, comme pour Marie lors de l’annonciation, il ne faut pas déduire un manque de foi ou un doute du seul fait de la persistance de questions sans réponse ou de l’incompréhension que tant Marie que Joseph ont ressentie.

Bien au contraire, et c’est une vérité qui reste valable pour chacun de nous aujourd’hui, la foi ne se base pas sur une absence de questions ou sur une compréhension intellectuelle parfaite, mais sur la confiance et l’amour qui permettent de dépasser les limites de ce que le cerveau peut saisir.

La foi c’est un pas qui va au-delà des limites de notre compréhension intellectuelle.

Altior a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 22:36
Alors, selon ce que je pense, pendant cette nuit, avant quoi la nouvelle de la grossesse tomba comme une foudre, Joseph était en cours d'envisager un plan selon lequel il aurait abandonné sa fiancée en assumant ultérieurement la paternité. La Sainte Bible parle d'abandon, pas de répudiation. Comme ça, c'était lui le méchant devant tout le monde. Il aurait pris la faute sur ses épaules, il aurait accepté qu'il soit vu comme le méchant qui séduit et abandonne une jeune fille.
N’est-ce pas ici qu’il faut parler de « pure spéculation » ? Rien ni dans le texte, ni dans la tradition, ne vient suggérer que Joseph aurait eu un plan « selon lequel il aurait abandonné sa fiancée en assumant ultérieurement la paternité » et « aurait accepté qu'il soit vu comme le méchant qui séduit et abandonne une jeune fille ».

Rien dans le texte biblique ne parle d’abandon. Il n’est pas exact d’écrire que « La Sainte Bible parle d'abandon, pas de répudiation ». Comme je l’ai observé dans un message précédent, le mot grec utilisé évoque de manière imprécise une mise à distance et la libération par rapport à un lien. Mais, la notion d’abandon ne me semble pas présente dans le mot grec « apoluo ».

Coco lapin
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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Coco lapin » ven. 22 juil. 2022, 15:47

Bonjour Xavi !

Xavi a écrit :Il n’avait pas nos connaissances scientifiques pointues qui, par un scientisme moderne qui n’existait pas à l’époque, lui aurait donné la conviction que l’adultère était la seule explication possible. Comme tout croyant, Joseph savait que bien des faits sont mystérieux et que les miracles existent.
Pas besoin de connaissances pointues pour savoir que la seule façon de tomber enceinte est de s'accoupler. De plus, il n'y a avait encore jamais eu de miracle de fécondation sans accouplement. Et si Joseph avait cru que Marie était tombée enceinte par l'opération du Saint-Esprit, il n'aurait pas résolu de la répudier.
Xavi a écrit :En choisissant de la « répudier en secret », Joseph a choisi de renoncer à la vie conjugale physique avec Marie, a ainsi assuré sa virginité perpétuelle et l’a libérée de tout ce qui pouvait freiner sa totale consécration à Dieu.
Marie était déjà une vierge totalement consacrée à Dieu. Son mariage avec Joseph ne visait qu'à assurer sa subsistance, les époux devaient garder la chasteté parfaite. D'où le "comment cela sera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ?" (sous-entendu "et je n'en connaîtrai jamais") et non un "cela se fera-t-il avec Joseph que je vais épouser ?"
Xavi a écrit :N’oubliez pas qu’une répudiation est publique par elle-même. Si Marie se retrouvait seule et accouchait sans Joseph avec elle, comment cela aurait-il pu être secret ?
Répudier en secret, c'est comme se marier en secret. Même si c'est fait entre deux témoins, ça finit toujours par se savoir, mais ça n'empêche pas qu'au début c'est fait secrètement.


J'en reviens à la peine de mort. Moïse a ordonné de lapider les personnes prises en flagrant délit d'adultère (voir Jean 8, 5). C'était donc censé être un devoir. Jésus ne le fait pas parce qu'il est Dieu donc il fait ce qu'il veut. Joseph ne le fait pas parce qu'il n'y a pas flagrant délit, même si ça peut lui paraître évident puisqu'il n'a pas couché avec elle. Et il n'a évidemment aucune envie de le faire parce qu'il aime Marie et parce qu'il n'exclut peut-être pas la possibilité d'un miracle. D'où l'idée de la répudier en secret, de crainte de la diffamer (Mt 1, 19) ou de prendre une femme adultère sous son toit comme si de rien n'était et de paraître injuste aux yeux du Seigneur.

Xavi a écrit :Nous qui n’avons rien vu de nos yeux, nous croyons au récit de Marie et d’Élisabeth. Alors, pourquoi voudriez-vous penser qu’un saint homme comme Joseph qui connaissait l’extraordinaire sainteté de sa fiancée n’y aurait pas cru ?

Pouvez-vous imaginer une seule seconde que Marie n’a pas informé Joseph de tous les détails de l’événement inouï qui lui arrivait ? Non, bien sûr.
En effet, cela paraît invraisemblable. À moins que le Seigneur ait imposé le silence à Marie, et que ce malentendu soit une suite de non-dits. Et c'est ce que nous apprend la Sainte Mère de Dieu dans l’Évangile tel qu'il a été révélé à Maria Valtorta :
[...] La virginité que j’avais confiée à Joseph était plus en sécurité qu’un enfant dans les bras de sa mère.
Mais comment lui apprendre que j’allais être mère ? Je cherchais les mots pour le lui annoncer… difficile recherche ! Je ne voulais pas me flatter du don de Dieu, et je ne pouvais en aucune façon justifier ma maternité sans préciser : “Le Seigneur m’a aimée entre toutes les femmes et de moi, sa servante, il a fait son épouse.” Par ailleurs, je me refusais à le tromper en lui dissimulant mon état.
Mais, pendant que je priais, l’Esprit Saint dont j’étais remplie m’avait conseillé : “Tais-toi. Laisse-moi le soin de te justifier auprès de ton époux.” Quand ? Comment ? Je ne l’avais pas demandé. Je m’étais toujours fiée à Dieu comme une fleur se fie à l’eau qui l’abreuve. Jamais l’Éternel ne m’avait laissée sans son aide. Sa main m’avait soutenue, protégée, guidée jusqu’alors. Il allait encore le faire.
[...]
S’il ne m’avait pas dit : “Tais-toi”, j’aurais peut-être osé, face contre terre, annoncer à Joseph : “ L’Esprit est entré en moi et je porte en moi le Germe de Dieu.” Et il m’aurait cru, parce qu’il m’estime et parce que, comme tous ceux qui ne mentent jamais, il ne pouvait croire que les autres mentent. Oui, pour lui épargner la douleur à venir, j’aurais surmonté ma répugnance à m’attribuer une telle louange. Mais j’ai obéi au commandement de Dieu.
À partir de ce moment et des mois durant, j’ai senti la première blessure me faire saigner le cœur. C’était ma première douleur de corédemptrice. Je l’ai supportée et offerte en réparation, et aussi pour vous donner une règle de vie dans des moments analogues de souffrance lorsque vous devez garder le silence sur un événement qui vous montre sous un jour défavorable à ceux qui vous aiment. [...]

Tome 1 chapitre 18
[...]Mon Joseph aussi a eu sa Passion. Et elle commença à Jérusalem quand il se rendit compte de mon état, et elle a duré des jours comme pour Jésus et pour moi. Et spirituellement elle ne fut pas moins douloureuse. C'est uniquement par la sainteté de Joseph, mon époux, qu'elle s'est maintenue sous une forme tellement digne et secrète qu'elle est passée peu connue à travers les siècles.
Oh ! Notre première Passion ! Qui peut en dire l'intime et silencieuse intensité ? Qui peut en dire ma douleur en constatant que le Ciel ne m'avait pas encore exaucée en révélant à Joseph le mystère ?
[...]
Qui pourrait dire avec une exacte vérité la douleur de Joseph, ses pensées, le trouble de ses affections ? Comme une petite embarcation prise dans une grande bourrasque, il se trouvait dans un tourbillon d'idées opposées, de réflexions plus pénibles et plus cruelles l'une que l'autre. En apparence, c'était un homme trahi par sa femme. Il voyait crouler en même temps son bon renom et l'estime du monde à cause d'elle, il se voyait déjà montré du doigt et l'objet de la compassion du pays. Il voyait l'amour et l'estime qu'il avait pour moi tomber morts devant l'évidence du fait.

Ici sa sainteté resplendit encore plus que la mienne, et j'en témoigne avec mon amour d'épouse, car je veux que vous l'aimiez, mon Joseph, cet homme sage et prudent, patient et bon, qui n'est pas étranger au mystère de la Rédemption, auquel il a été intimement lié, parce qu'il usa sa douleur et lui-même pour celui-ci, en sauvant le Sauveur au prix de son sacrifice et par sa grande sainteté.
S'il avait été moins saint, il aurait agi humainement en me dénonçant comme adultère pour me faire lapider et faire périr avec moi le fruit de mon péché. S'il avait été moins saint, Dieu ne lui aurait pas donné la lumière pour le guider en une telle épreuve. Mais Joseph était saint. Son esprit, toute pureté, vivait en Dieu. La charité en lui était ardente et forte. Et par sa charité, il vous sauva le Sauveur, tant en ne me dénonçant pas auprès des anciens, qu'en laissant tout par une prompte obéissance pour emmener Jésus en Égypte.

Journées peu nombreuses, mais terribles par leur intensité, celles de la passion de Joseph et de ma passion, de cette première passion dont je dus souffrir. Car je comprenais sa souffrance et ne pouvais la lui enlever aucunement pour rester fidèle à l'ordre de Dieu qui m'avait dit : "Tais-toi !"
Et quand à notre arrivée à Nazareth, je le vis me quitter après un laconique salut, courbé et vieilli, pour ainsi dire, en peu de temps, quand je vis qu'il ne venait pas chez moi le soir comme il en avait l'habitude, je vous le dis, mes fils, mon cœur éploré eut à souffrir une douleur aiguë. Enfermée dans ma maison, seule, dans la maison où tout me rappelait l'Annonciation et l'Incarnation, et où tout me ramenait au cœur le souvenir de Joseph uni à moi dans une virginité sans tache, je dus résister au découragement, aux insinuations de Satan et espérer, espérer, espérer. Et prier, prier, prier. Et pardonner, pardonner, pardonner à Joseph son soupçon, sa révolte de juste indigné. [...]

Tome 1 chapitre 25
Voici en vidéo la lecture du très émouvant chapitre 26 : les explications entre Joseph et Marie après la révélation de l'ange à Joseph.
Joseph demande pardon à Marie | Visions de Maria Valtorta

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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Xavi » ven. 22 juil. 2022, 19:41

Bonsoir Coco Lapin,

Je vous remercie pour votre contribution.

Sauf à me répéter, je ne peux que vous renvoyer à mes messages précédents en ce qui concerne le sens et la portée du mot grec traduit généralement par « répudier ».

Coco lapin a écrit :
ven. 22 juil. 2022, 15:47
Marie était déjà une vierge totalement consacrée à Dieu. Son mariage avec Joseph ne visait qu'à assurer sa subsistance, les époux devaient garder la chasteté parfaite. D'où le "comment cela sera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ?" (sous-entendu "et je n'en connaîtrai jamais") et non un "cela se fera-t-il avec Joseph que je vais épouser ?"
Oui, je pense aussi que c’était ainsi.

Et, il me semble même probable que Marie et Joseph n’avaient pas l’intention de mener une vie commune.

À cet égard, la naissance annoncée rompait l’équilibre de leurs projets. Soit Joseph assumait normalement le rôle public d’époux et de père et ne maintenait la virginité de Marie que dans le secret de leur vie privée, soit Marie se trouvait diffamée si Joseph vivait séparément d’elle au moment de la naissance de l’enfant et n’assumait pas le rôle paternel.

Répudier dans le secret n’avait pas d’autre objet que de maintenir la séparation physique voulue par la Marie en tant que vierge totalement consacrée et de la libérer de tous les devoirs physiques du mariage, tout en assumant tous les engagements publics d’un époux.

Coco lapin a écrit :
ven. 22 juil. 2022, 15:47
Répudier en secret, c'est comme se marier en secret.
Cela ne me semble pas exact. Un mariage peut parfaitement être célébré dans un grand secret. Cela ne concerne que deux adultes qui peuvent se marier dans un endroit bien éloigné de leur lieu de vie et peuvent ensuite aménager leur vie de manière très discrète tant qu’il n’y a pas d’enfant.

Par contre, vivre séparé d’une jeune mère est un fait inévitablement public pour tout l’environnement de cette mère et de son enfant, non seulement au moment de la grossesse et de la naissance, mais tout au long de l’éducation de l’enfant.

Joseph l’a bien compris et en a eu peur. Vivre avec Marie et éduquer avec elle l’enfant Jésus était une nécessité publique nécessaire pour éviter toute diffamation, malgré sa virginité consacrée que ni Marie, ni Joseph n’ont voulu remettre en cause. Il a fallu une intervention d’un ange pour apaiser Joseph et confirmer son choix en lui disant : « Ne crains pas de prendre Marie chez toi ».

Coco lapin a écrit :
ven. 22 juil. 2022, 15:47
Moïse a ordonné de lapider les personnes prises en flagrant délit d'adultère (voir Jean 8, 5). … Joseph ne le fait pas parce qu'il n'y a pas flagrant délit, même si ça peut lui paraître évident puisqu'il n'a pas couché avec elle. … D'où l'idée de la répudier en secret, de crainte de la diffamer (Mt 1, 19) ou de prendre une femme adultère sous son toit comme si de rien n'était et de paraître injuste aux yeux du Seigneur.
Ce qui lui paraît évident, c’est la sainteté et la fiabilité de Marie et il me semble exclu d’attribuer à Saint Joseph l’idée de la considérer comme une femme adultère.

Coco lapin a écrit :
ven. 22 juil. 2022, 15:47
Xavi a écrit :Nous qui n’avons rien vu de nos yeux, nous croyons au récit de Marie et d’Élisabeth. Alors, pourquoi voudriez-vous penser qu’un saint homme comme Joseph qui connaissait l’extraordinaire sainteté de sa fiancée n’y aurait pas cru ?
Pouvez-vous imaginer une seule seconde que Marie n’a pas informé Joseph de tous les détails de l’événement inouï qui lui arrivait ? Non, bien sûr.
En effet, cela paraît invraisemblable. À moins que le Seigneur ait imposé le silence à Marie, et que ce malentendu soit une suite de non-dits. Et c'est ce que nous apprend la Sainte Mère de Dieu dans l’Évangile tel qu'il a été révélé à Maria Valtorta
N’oubliez pas que les écrits de Maria Valtorta sont considérés par l’Église comme de la poésie et que c’est son regard personnel qu’elle exprime avec certes toute la foi chrétienne qui est la sienne, mais ce n’est pas l’Évangile.

Quoi qu’il en soit, les écrits de Maria Valtorta que vous citez n’attribuent pas à Joseph un quelconque doute sur la sainteté de Marie.

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Kerygme
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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Kerygme » sam. 23 juil. 2022, 3:50

Coco lapin a écrit :
ven. 22 juil. 2022, 15:47
Marie était déjà une vierge totalement consacrée à Dieu. Son mariage avec Joseph ne visait qu'à assurer sa subsistance, les époux devaient garder la chasteté parfaite."
Bonjour Coco Lapin,

Je suis désolé, je n'ai pas lu tout le sujet je vais donc m'abstenir de me prononcer mais en faisant une lecture rapide je suis tombé sur cet extrait. Je l'ai trouvé assez réducteur car il minimise le rôle de Joseph dans la Sainte Famille.


Tout d'abord le rôle de Joseph est de permettre à Jésus de naître de l’arbre de Jessé dans la lignée de David («fils de David») comme doit l'être le Messie prophétisé et attendu. C'est par lui que s’accomplissent ces promesses.

Joseph ne répudie pas Marie alors que la loi Mosaïque lui en donnait le droit, il reste chaste pour ne pas profaner le Tabernacle vivant qu'elle était et qu'elle restera, il donne un statut et une légitimité sociale, tribale, juridique et donc héréditaire à la Famille ... il est parfaitement ajusté à la Volonté de Dieu et c'est pourquoi il est appelé "juste". La Bible n'a pas la même acception que nous pour ce mot, que nous recevons plutôt au sens de justice sociale, car il est l'équivalent de la sainteté.

Joseph tient bien un rôle de chef de famille en prenant les décisions pour elle, par exemple le départ en Égypte puis le retour, l'installation à Nazareth etc.

Il doit aussi remplir les prérogatives et obligations d'un père juif. Un enfant grandissait quasiment sur les genoux de sa mère jusqu'à ses 7 ans et après l'éducation incombait au père : éducation humaine, spirituelle et professionnelle.

Tous les «registres» des filiations étaient déposés et conservés au Temple, sans ces preuves des ascendances il y a fort à parier que Jésus (homme-enfant de 12 ans) n'aurait pu se trouver parmi les docteurs de la loi pendant les 3 jours où on le chercha. Car le Temple de Jérusalem était "cloisonné" : la première partie acceptait les païens, la seconde que les juifs hommes et femmes, la troisième que les hommes juifs (+12 ans), etc jusqu'au Saint des Saints.

Les Évangélistes ont fait de Joseph "le grand silencieux", mais c'est aussi par le silence que nous entrons plus encore dans la contemplation du Mystère de Dieu; à l'exemple des anachorètes ou d'un monachisme ayant fait vœu de silence.
L'art pictural a fait de lui une représentation triste et en retrait pour signifier qu'il n'était «que», mais ces dernières décennies ont fait redécouvrir la profondeur de son état de vie : un homme qui s'est effacé et a renoncé à sa propre procréation pour réaliser le projet de Dieu, et qui fut certainement comblé dans sa vie de foi et de fidélité.

L'Église cite saint Joseph en bonne place dans la prière eucharistique n°1 - juste après Marie et Jésus et avant les Apôtres - signifiant ainsi que sa participation au Mystère du Salut est fondamentale.

Et pour conclure, si je me réfère à la veuve de Sarepta (1er livre des Rois) ou à la multiplication des pains dans les Évangiles, je ne crois pas que l'aspect purement matériel d'assurer une subsistance fut une nécessité absolue, mais simplement la réalité d'une famille humaine pour un Dieu qui s'est fait aussi vrai homme.

Saint Joseph mérite d'être (re)découvert, à Noel par exemple en méditant chaque jour sur un des personnages de la crèche. Il me plait de me questionner si Joseph ne fut pas le premier a être appelé tendrement «abba», et si ce n'est pas l'expression de ce doux sentiment filial qui s'exprime à nouveau vers son Père au moment de l'épreuve ?

J'ai été bien trop long, désolé.
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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Fée Violine » sam. 23 juil. 2022, 11:10

Oh non, ce n'est pas trop long. J'aime bien tout ce que vous dites sur st Joseph :coeur:

Coco lapin
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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Coco lapin » sam. 23 juil. 2022, 11:41

Xavi a écrit :Répudier dans le secret n’avait pas d’autre objet que de maintenir la séparation physique voulue par la Marie en tant que vierge totalement consacrée et de la libérer de tous les devoirs physiques du mariage, tout en assumant tous les engagements publics d’un époux.
Autrement dit, la résolution de répudier Marie en secret ne changerait rien au plan initial, si ce n'est qu'il ne l'épouserait pas (car ils étaient seulement fiancés). Mais alors ils ne pourraient pas légalement habiter ensemble et le secret serait connu. Ou alors Joseph épouserait Marie comme prévu, mais la répudiation n'en serait pas une puisque la distanciation physique était ce qui était initialement prévu. La vision que vous avez de la répudiation tout à fait secrète résulte en une non-répudiation. Peu importe la racine du mot, "répudiation" est la traduction qui correspond, et la définition en est simple : il s'agit de renvoyer sa femme.
Xavi a écrit :Par contre, vivre séparé d’une jeune mère est un fait inévitablement public pour tout l’environnement de cette mère et de son enfant, non seulement au moment de la grossesse et de la naissance, mais tout au long de l’éducation de l’enfant.

Joseph l’a bien compris et en a eu peur. Vivre avec Marie et éduquer avec elle l’enfant Jésus était une nécessité publique nécessaire pour éviter toute diffamation, malgré sa virginité consacrée que ni Marie, ni Joseph n’ont voulu remettre en cause. Il a fallu une intervention d’un ange pour apaiser Joseph et confirmer son choix en lui disant : « Ne crains pas de prendre Marie chez toi ».
Joseph pouvait la répudier sans nécessairement la diffamer, c'est-à-dire l'accuser publiquement. Il lui suffisait d'écrire une lettre de séparation, et il n'était pas obligatoire de spécifier la cause. Le fait que Marie se retrouve plus tard avec un enfant ne serait pas de la responsabilité de Joseph, il n'y aurait aucune diffamation : ce sont les faits qui accuseraient Marie d'eux-mêmes.
Xavi a écrit :Ce qui lui paraît évident, c’est la sainteté et la fiabilité de Marie et il me semble exclu d’attribuer à Saint Joseph l’idée de la considérer comme une femme adultère.
Je pense que vous faites fausse route. Si l'ange dit à Joseph "ne crains pas... car ce qui est conçu en elle est de l'Esprit Saint", c'est que Joseph ne le savait pas. Et ensuite il est écrit "Joseph fit ce que l'ange du Seigneur lui avait commandé" et non "Joseph, rassuré, fit ce qu'il avait prévu : prendre chez lui son épouse".
Xavi a écrit :N’oubliez pas que les écrits de Maria Valtorta sont considérés par l’Église comme de la poésie et que c’est son regard personnel qu’elle exprime avec certes toute la foi chrétienne qui est la sienne, mais ce n’est pas l’Évangile.
L'Eglise s'abstient simplement de se prononcer sur le caractère surnaturel ou non de l'œuvre de Maria Valtorta, comme pour la plupart des révélations privées. Cela n'empêche en rien de se faire sa propre opinion. Et vu que Maria Valtorta prétend écrire des passages sous la dictée de Notre Seigneur, soit elle est de Dieu, soit du démon, mais il est absolument inenvisageable de penser qu'il s'agit là de simple poésie.
Xavi a écrit :Quoi qu’il en soit, les écrits de Maria Valtorta que vous citez n’attribuent pas à Joseph un quelconque doute sur la sainteté de Marie.
Vous avez sans doute survolé le texte un peu trop vite.
Il voyait l'amour et l'estime qu'il avait pour moi tomber morts devant l'évidence du fait.
S'il avait été moins saint, il aurait agi humainement en me dénonçant comme adultère pour me faire lapider et faire périr avec moi le fruit de mon péché.
Et pardonner, pardonner, pardonner à Joseph son soupçon, sa révolte de juste indigné.
Je t'ai accusée en mon cœur. Je t'ai accusée sans justice puisque je ne t'avais pas demandé de me dire la vérité.


@ Kerygme

Bonjour,

Bien entendu, je parlais du rôle de Joseph du point de vue humain, et non du point de vue surnaturel dans le plan de Dieu. Loin de moi l'idée de dénigrer saint Joseph. Il était évidemment choisi (je parle toujours du point de vue humain, au moment où nul ne connaissait la future maternité divine de Marie) parce que c'était un juste, et qu'il serait le gardien idéal de la pureté et de la virginité de Marie. A une femme extrêmement vertueuse, il fallait un mari extrêmement vertueux.

Merci, en tout cas, pour ce bel éloge de Saint Joseph. Qu'il vous bénisse !

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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Leonhard » sam. 23 juil. 2022, 15:03

Xavi a écrit :
jeu. 21 juil. 2022, 18:57
N’était-il pas plus que vraisemblable que Joseph a été informé du fait que Marie était enceinte par Marie elle-même ou par sa cousine Élisabeth chez qui elle s’est rendue immédiatement après l’annonciation ?

Avec l’annonce de la grossesse de Marie, Joseph a dû être informé en même temps de la visite de l’ange faite à Marie, des paroles échangées qui annonçaient une action de l’Esprit Saint et de la confirmation de l’origine surnaturelle de l’enfant par Élisabeth. Rien n’indique que Joseph en ait douté.
Bonjour,

Selon l'Écriture sainte, Joseph semblait ignorer que Marie conçut du Saint-Esprit. Rien ne laisse supposer que «Joseph a dû être informé en même temps de la visite de l’ange faite à Marie, des paroles échangées qui annonçaient une action de l’Esprit Saint et de la confirmation de l’origine surnaturelle de l’enfant par Élisabeth».

Marie conçut du Saint-Esprit avant d'habiter avec Joseph, et plus tard Joseph résolut de répudier Marie secrètement avant qu'il eût conduit Marie chez lui.

L'Écriture sainte ne renseigne pas au sujet des relations qui auraient pu exister entre Marie et Joseph avant que Marie habita chez Joseph. Nous ne savons pas s'ils se connaissaient, ou s'ils avaient eu l'occasion de se parler.

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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Xavi » sam. 23 juil. 2022, 15:26

Bonjour à chacun,

Un grand merci à Kerygme pour son excellente contribution qui apporte à la réflexion des nuances justes et pertinentes.

Merci encore à Léonhard pour ses réflexions qui rejoignent celles de Coco Lapin que je remercie aussi d’apporter diverses précisions.

Cher Coco Lapin, il me semble que vous avez bien compris le sens particulier que je pense pouvoir donner à la répudiation « secrète » envisagée par Joseph. Cela ne vous convainc pas, mais je ne vois pas ce que je pourrais ajouter utilement à cet égard.

Coco lapin a écrit :
sam. 23 juil. 2022, 11:41
Joseph pouvait la répudier sans nécessairement la diffamer, c'est-à-dire l'accuser publiquement. Il lui suffisait d'écrire une lettre de séparation, et il n'était pas obligatoire de spécifier la cause. Le fait que Marie se retrouve plus tard avec un enfant ne serait pas de la responsabilité de Joseph, il n'y aurait aucune diffamation : ce sont les faits qui accuseraient Marie d'eux-mêmes.
Comme vous l’écrivez vous-même, les faits « accuseraient Marie d'eux-mêmes » et Marie serait donc bien diffamée ce que Joseph voulait éviter. Seule la réputation de Joseph aurait été préservée, mais le but de Joseph était clairement d’éviter la diffamation de Marie. À aucun moment, Joseph ne se préoccupe de sa propre réputation.

Donc, il ne me semble pas vrai d’affirmer que « Joseph pouvait la répudier sans nécessairement la diffamer » car la répudier (dans les apparences publiques et dans le sens d’une séparation visible) impliquait nécessairement une diffamation de la Sainte Vierge qui serait apparue comme une fille-mère avec un enfant non reconnu par son fiancé.

Saint Joseph n’a jamais voulu, ni envisagé cela.

Coco lapin a écrit :
sam. 23 juil. 2022, 11:41
Xavi a écrit :Ce qui lui paraît évident, c’est la sainteté et la fiabilité de Marie et il me semble exclu d’attribuer à Saint Joseph l’idée de la considérer comme une femme adultère.
Je pense que vous faites fausse route. Si l'ange dit à Joseph "ne crains pas... car ce qui est conçu en elle est de l'Esprit Saint", c'est que Joseph ne le savait pas.
Dans la traduction officielle en français, ce n’est pas le mot « car » qui indique un lien de causalité mais le mot « puisque » qui indique seulement une explication.

On ne peut donc en déduire que Joseph ne savait pas.

Coco lapin a écrit :
sam. 23 juil. 2022, 11:41
Et ensuite il est écrit "Joseph fit ce que l'ange du Seigneur lui avait commandé" et non "Joseph, rassuré, fit ce qu'il avait prévu : prendre chez lui son épouse".
Oui, c’est bien exact.

Joseph en a seulement eu l’idée, mais il ne s’est pas fié à ses propres pensées. C’est seulement parce que l’ange lui a prescrit de la faire, et non parce qu’il l’avait prévu, qu’il a cessé de craindre et a pris son épouse chez lui.

Coco lapin a écrit :
sam. 23 juil. 2022, 11:41
Xavi a écrit :N’oubliez pas que les écrits de Maria Valtorta sont considérés par l’Église comme de la poésie et que c’est son regard personnel qu’elle exprime avec certes toute la foi chrétienne qui est la sienne, mais ce n’est pas l’Évangile.
L'Eglise s'abstient simplement de se prononcer sur le caractère surnaturel ou non de l'œuvre de Maria Valtorta, comme pour la plupart des révélations privées. Cela n'empêche en rien de se faire sa propre opinion. Et vu que Maria Valtorta prétend écrire des passages sous la dictée de Notre Seigneur, soit elle est de Dieu, soit du démon, mais il est absolument inenvisageable de penser qu'il s'agit là de simple poésie.
Parler de poésie ou de littérature n’exclut rien. Mais, comme pour tout acte humain, il me semble trop réducteur de penser que lorsqu’un voyant s’exprime en attribuant des paroles au Seigneur, il serait soit de Dieu, soit du démon, soit vrai, soit mensonger. Non, un voyant peut parfois être simplement de bonne foi et se tromper en attribuant au Seigneur un miroir de ses propres pensées.

Je vous rappelle que, selon l’avis émis en 1992 sur les écrits de Maria Valtorta, par la Conférence épiscopale italienne « les "visions" et "dictées" qu'ils relatent ne peuvent pas être considérées comme d'origine surnaturelle, mais doivent être considérées simplement comme les formes littéraires dont s'est servi l'auteure pour raconter, à sa manière, la vie de Jésus. ».

Coco lapin a écrit :
sam. 23 juil. 2022, 11:41
Xavi a écrit :Quoi qu’il en soit, les écrits de Maria Valtorta que vous citez n’attribuent pas à Joseph un quelconque doute sur la sainteté de Marie.
Vous avez sans doute survolé le texte un peu trop vite.
Il voyait l'amour et l'estime qu'il avait pour moi tomber morts devant l'évidence du fait.
Et pardonner, pardonner, pardonner à Joseph son soupçon, sa révolte de juste indigné.
Je t'ai accusée en mon cœur. Je t'ai accusée sans justice puisque je ne t'avais pas demandé de me dire la vérité.
Vous avez raison, et je n’avais en effet pas vu ces extraits qui confirment votre opinion contraire à la mienne.

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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Coco lapin » sam. 23 juil. 2022, 17:55

Kerygme a écrit :Joseph ne répudie pas Marie alors que la loi Mosaïque lui en donnait le droit (...)
J'ai oublié de rebondir là-dessus. Etait-ce seulement un droit, ou un devoir ?
Quand les pharisiens présentent la femme adultère à Jésus, ils semblent penser que la lapidation dans ce cas est un devoir, et c'est à ce sujet qu'ils espèrent piéger Jésus. Pourquoi Jésus ne leur a alors pas dit qu'il s'agissait uniquement d'un droit et qu'ils avaient la possibilité de gracier la coupable ?

Xavi a écrit :Cher Coco Lapin, il me semble que vous avez bien compris le sens particulier que je pense pouvoir donner à la répudiation « secrète » envisagée par Joseph. Cela ne vous convainc pas, mais je ne vois pas ce que je pourrais ajouter utilement à cet égard.
En effet, cela ne me convainc pas parce qu'au sens où vous entendez cette répudiation secrète, ce n'est tout simplement plus une répudiation au sens où je l'entends.
Xavi a écrit :Comme vous l’écrivez vous-même, les faits « accuseraient Marie d'eux-mêmes » et Marie serait donc bien diffamée ce que Joseph voulait éviter.
Si je laisse un voleur assumer les conséquences de ses actes, je ne le diffame en rien, ma responsabilité n'est pas engagée.
Xavi a écrit :Donc, il ne me semble pas vrai d’affirmer que « Joseph pouvait la répudier sans nécessairement la diffamer » car la répudier (dans les apparences publiques et dans le sens d’une séparation visible) impliquait nécessairement une diffamation de la Sainte Vierge qui serait apparue comme une fille-mère avec un enfant non reconnu par son fiancé.
Une séparation suivie d'un dévoilement naturel de sa maternité au grand jour n'aurait pas été nécessairement une diffamation si ce n'est pas Joseph qui l'accusait publiquement. Ce serait son enfant qui l'accuserait, en quelque sorte, et non Joseph.
Xavi a écrit :Dans la traduction officielle en français, ce n’est pas le mot « car » qui indique un lien de causalité mais le mot « puisque » qui indique seulement une explication.

On ne peut donc en déduire que Joseph ne savait pas.
Dans la majorité des traductions françaises, je retrouve bien le mot "car".
Xavi a écrit :Joseph en a seulement eu l’idée, mais il ne s’est pas fié à ses propres pensées. C’est seulement parce que l’ange lui a prescrit de la faire, et non parce qu’il l’avait prévu, qu’il a cessé de craindre et a pris son épouse chez lui.
Votre interprétation me paraît tirée par les cheveux. Le texte de l'évangile dit que Joseph avait résolu de la répudier secrètement, point. Il n'y a pas de "Joseph avait résolu de la prendre chez lui, tout en la répudiant secrètement".
Xavi a écrit :Parler de poésie ou de littérature n’exclut rien. Mais, comme pour tout acte humain, il me semble trop réducteur de penser que lorsqu’un voyant s’exprime en attribuant des paroles au Seigneur, il serait soit de Dieu, soit du démon, soit vrai, soit mensonger. Non, un voyant peut parfois être simplement de bonne foi et se tromper en attribuant au Seigneur un miroir de ses propres pensées.
Oh mais il ne s'agit pas d'un simple "j'ai l'impression que c'est le Seigneur qui me dit telle ou telle chose en pensées". Elle prétend vraiment écrire certains textes "sous la dictée" de Jésus. Si elle se trompe de bonne foi, on appelle ça... de la schizophrénie.
Xavi a écrit :Je vous rappelle que, selon l’avis émis en 1992 sur les écrits de Maria Valtorta, par la Conférence épiscopale italienne « les "visions" et "dictées" qu'ils relatent ne peuvent pas être considérées comme d'origine surnaturelle, mais doivent être considérées simplement comme les formes littéraires dont s'est servi l'auteure pour raconter, à sa manière, la vie de Jésus. ».
« À la lettre de Mgr Tettamanzi du 6 mai 1992, qui autorisait la lecture de l’œuvre, mais demandait « pour le bien des lecteurs et dans l’esprit d’un authentique service de la foi de l’Église, de déclarer clairement dès les premières pages que les “visions” et les “dictées” reproduites ne peuvent pas être considérées d’origine surnaturelle, mais comme de simples formes littéraires que l’auteur a utilisé pour raconter, à sa façon, la vie de Jésus », l’éditeur Emilio Pisani, et actuel président de la Fondation héritière de Maria Valtorta, répondit ne pas avoir l’autorité de déclarer de lui-même que les “visions” et les “dictées” pouvaient, ou non, être retenues d’origine surnaturelle. Mais il se dit prêt à imprimer sur tous les volumes une telle déclaration si elle était établie de manière officielle par l’autorité ecclésiastique compétente. Cette demande resta sans réponse. »
Source :
https://mariavaltorta.com/fr/communique ... s-fideles/

Il semble donc que cet avis n'ait pas de valeur mais laisse au contraire toute latitude aux lecteurs pour se faire leur propre opinion.

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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Altior » dim. 24 juil. 2022, 0:02

Cher Xavi,

Voyons un peu ce que disent les Saints et les Pères de l'Église sur ce sujet. Ainsi :
-S. Aug. (serm. sur la Nativ).
Joseph voyant la grossesse de Marie, est profondément troublé de voir dans cet état celle qu'il avait reçue comme épouse au sortir du temple et avec laquelle il n'avait eu aucune relation. Ces pensées l'agitent tour à tour et se confondent dans son esprit. Que ferai-je? Dois-je faire connaître son crime ou me taire? Si je dévoile sa faute, je proteste contre l'adultère, mais je m'expose au reproche de cruauté, car je sais que d'après la loi de Moïse elle doit être lapidée. Si je garde le silence, je me rends complice du mal, et je fais alliance avec les adultères. Puisque donc c'est un mal de se taire et un plus grand mal encore de pactiser avec l'adultère, je me séparerai d'elle.

Donc, Saint Augustin comprend que Joseph pensait effectivement qu'il s'agit d'un adultère ou, du moins, n'écartait pas cette hypothèse.

-S. Amb. (sur S. Luc, liv. 2, chap. 1).
Saint Matthieu nous a enseigné admirablement ce que doit faire un homme juste qui a découvert la honte ou le déshonneur de son épouse, s'il veut à la fois ne pas tremper ses mains dans son sang, et ne pas se souiller au contact d'une adultère. Aussi a-t-il soin de nous dire : «Comme il était juste». Joseph en effet conserve dans toutes les circonstances la grâce et le caractère d'un juste, et son témoignage n'en est que plus cer tain; car la langue du juste tient le langage de la justice,

Cela dit, selon Saint Ambroise, Joseph, mis devant une « évidence » aurait découvert la honte ou le déshonneur de son épouse et pensait que la retenir avec lui c'était se souiller au contact d'une adultère.

Pareillement,
-S. Chrys. (hom. 4 sur S. Matth).
Le mot juste, dans la pensée de l'Évangéliste, veut dire qui réunit toutes les vertus Il y a une justice spéciale, opposée au vice de l'avarice. La justice est aussi une vertu universelle, et c'est dans ce dernier sens que l'Écriture emploie le plus souvent le mot de justice. Joseph étant donc juste, c'est-à-dire plein de douceur et de bonté, voulut la renvoyer en secret, elle qui d'après la loi devait être non seulement traduite ignominieusement, mais condamnée au dernier supplice. Mais Joseph, dont la vie était supérieure à la loi, sauva Marie de ce double danger.

Donc, selon ce saint patriarche et théologien, Joseph savait que d'après la loi la Sainte Vierge aurait dû être condamnée.

Et non, cela n'aurait pas été une condamnation par erreur, car plus loin Saint Jean Chrysostome dit :
La douceur de Joseph n'est pas moins admirable; il ne confie à personne le soupçon qui l'agite, pas même à celle qui en était l'objet, il garde tout en lui-même.

Donc, Joseph était agité par le soupçon.

Encore plus clairement Saint Augustin parle ici :
S. Aug. (Serm. 6 sur les par. du Seig)
Aussi voyez le juste Joseph: malgré l'énormité du crime dont il soupçonnait son épouse, sa bonté lui inspire les ménagements les plus grands. Il était tourmenté par un soupçon d'adultère qui approchait de la certitude,

Donc, selon Saint Augustin, Joseph soupçonnait son épouse. Son soupçon approchait de la certitude.

Néanmoins, il paraît que nous trouvons une opinion contraire chez Origène :
Mais si Joseph n'avait aucun soupçon sur son épouse, en quoi se montrait-il juste en renvoyant celle dont la vertu n'avait souffert aucune atteinte? Il voulait la renvoyer, parce qu'il s'estimait indigne d'approcher de ce grand mystère qui s'était opéré en elle.

Donc, il se peut que cet écrivain de l'Église pense que Joseph n'aurait eu aucun soupçon.

(Source : Catena aurea, ici.)

Au total, permettez à Coco Lapin, Leonhard, Pax et Bonum, tout comme à votre humble serviteur de souscrire aux opinions des saints et docteurs de notre Église.

Parce que je suis un vieux de ce forum et connaissant un peu, par le biais de leurs messages, les positions de Gaudens, Kerygme, Fée Violine et de vous même, je me pose la question si cette différence d'opinions concernant ce sujet n'est pas encore un signe d'une fracture paradigmatique entre traditionalistes et ...(mettez ici ce que vous préférez, Fée Violine !). Car il me semble que votre interprétation est psychologisante, vous aimeriez que les choses se soient passées dans un sens (comment dire ? glamoureux ?) et vous devenez persuadée qu'elles se sont passées ainsi. Une sorte de wishful thinking. Je vois un rapport entre des idées anti-traditionnelles de type "Dieu ne punit pas" et des idées comme celle-ci "Joseph n'a pas eu de soupçons".

Dans la paix du Christ,
A.

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Re: Comment Joseph peut il être "juste" alors qu'il refuse d'appliquer la loi de Dieu ?

Message non lu par Kerygme » dim. 24 juil. 2022, 12:53

Bonjour Altior,

Sauf que votre réflexion et les références que vous utilisez, je les trouve anachroniques. Car elles parlent d'un Joseph qui n'a pas encore eu de révélation par un divin songe. Donc d'un Joseph qui s'interroge légitimement par rapport à un adultère, et qui est donc dans l'étape précédente à ce qui est la réalité : ce n'est pas un adultère donc Joseph est dans la "justesse".
Car le silence biblique de Joseph ne fut pas une complicité au mal - comme en parle St Augustin avant le songe divin - mais une écoute de Dieu qui Lui seul en a la connaissance.

Joseph aurait pu terminer sa réflexion comme vous le faites, par un jugement et donc celui de Marie. Et en cela la loi Mosaïque lui aurait donné raison aux yeux des hommes, mais si cela était conforme à leur loi aurait ce été juste pour autant ?

Le silence de Joseph est comme un combat spirituel, par l'oraison il s'est mis à l'écoute de Dieu et a été dissuadé de même répudier Marie alors que par la loi il aurait pu croire être justifié; et ne l'aurait pas été.
La "justesse" qu'il n'aurait pas trouvée dans la référence légaliste, il l'a trouvé dans la relation et l'écoute de Dieu. Tout comme le pharisien qui se pense justifié et pose «le signe d'une fracture paradigmatique» par son jugement sur le publicain. Alors que ce dernier, conscient de son état laisse la Miséricorde agissante et repart justifié.

Car si la loi fixe un cadre, c'est dans l'oraison et donc dans l'écoute que Dieu se laisse découvrir. Ce n'est probablement pas pour rien que saint Joseph fut choisit pour être fiancé à la Vierge Marie, si cela avait été un docteur de la loi je parierai que cette discussion ne se déroulerait même pas.
« N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. » (1Jean 3,18)

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