il est né dans l'étable, et ensuite sa mère l'a posé dans la crèche. (...) La sainte Vierge aurait dû être drôlement sportive (et un peu maso) pour grimper dans la mangeoire et y accoucher !
Merci de la précision, c'est le genre de choses qu'on oublie, d'autant plus qu'aujourd'hui le mot crèche a un tout autre sens, celui de l'endroit où on garde les bébés en sécurité pendant que maman travaille. On assiste donc à un véritable glissement de sens, même si le sens premier perdure (au moins chez les éleveurs, mais il est déjà perdu dans le public en général).
D'ailleurs, on ne nous dit pas que les mages aient donné une fortune à la Sainte Famille. Peut-être juste une pièce ou un petit objet symbolique.
Possible... comme possible qu'il en ait été tout autrement. Les rois mages étaient de puissants personnages, car ils ont été reçus, écoutés et flattés par Hérode dès leur arrivée à Jérusalem, sans délais; Rois ou sages, savants, je laisse l'analyse à plus calé que moi, mais riches, puissants, connus et reconnus tels par Hérode, sans l'ombre d'un doute.
Dans l'hypothèse où Hérode ne les connaissait pas personnellement avant leur arrivée à Jérusalem, qu'est-ce qui aurait pu induire chez Hérode qu'il fallait les recevoir "royalement", comme il l'a fait? : Le niveau de vie affiché des caravanes, des cavaliers autour des caravanes (leur nombre et leur mise), et le niveau de vie affiché sur les vêtements des Rois Mages, comme les diamants, émeraudes et rubis qui recouvrent littéralement les costumes d'apparats des maharadjahs encore de nos jours les jours de noces et de fêtes, les jours d'apparence au peuple. Et à défaut de pierres précieuses trop risquées à porter hors d'un palais, la soie de leurs tenues, et tous les beaux tissus ou tissages particuliers de l'époque ( époque qui était friande de "grecque" chez les Romains par exemple, ce tissage particulier d'un motif particulier qui ressemble parfois à la lettre S et qui signait indubitablement un rang social, ou la pourpre, dont ils teignaient leurs vêtements; pour les orientaux et les Africains, je ne sais pas quel serait l'équivalent, mais il devait bien y en avoir un).
C'est dire à quel point les caravanes d'antan étaient de véritables forteresses ambulantes, et combien les voir passer a pu frapper l'esprit des gens du peuple, ce devait être un spectacle inoubliable.
Bref, avant d'atteindre Jésus, ils ont interpellé Hérode et ce dernier s'est empressé de les recevoir, en bon homme du monde qui ouvre sa porte à ses semblables parce qu'ils les reconnait tels.
A coté de cela, ces Rois Mages sont venus honorer le "roi des rois", le prince de l'univers, ou je ne sais quel titre ils ont bien pu donner à Jésus. Toujours est-il qu'en suivant l'étoile, ils étaient persuadés d'aller honorer quelqu'un qui méritait leur honorabilité, leur respect, quelqu'un à qui ils se sont soumis avant même de le voir, car ils ont voyagé longtemps et de loin pour venir le voir et l'honorer. Quand un roi honore un personnage encore plus haut placé que lui, surtout à l'époque vu les moeurs où on n'avait pas intérêt à décevoir un personnage puissant lors d'un hommage, on avait tout intérêt à mettre le paquet, en qualité et en quantité. L'encens, la myrrhe, l'or sont cadeaux de rois, choses de riches pour les riches, et on ne badine pas avec l'alliance, et l'alliance, elle passe par des cadeaux à hauteur de ce qu'on attend d'elle. On n'était pas à l'époque de Trump.
Offrant à Jésus des choses rares, précieuses, chères et cadeaux de rois pour les rois, je pense pour ma part qu'ils n'y sont pas allés de main morte, mais que les cadeaux ont été conséquents.
Par contre, je suis d'accord avec Paxet, je ne vois pas Marie et Joseph s'attacher à des choses pareilles et ne pas les partager rapidement pour les plus pauvres, qui à une époque où le travail pouvait rendre invalide et changer drastiquement la situation d'un père de famille, devait compter nombres de pauvres gens, (quand on pense aussi au nombre que Jésus a guéris ou lui-même fait l'aumône).
Et à faire l'aumône à Jérusalem ou en Egypte après le voyage, même les plus grandes richesses ont dû fondre rapidement.
L'amour de la sainte pauvreté de Jésus est proverbial, aussi je ne vois pas Marie et Joseph thésauriser et garder pour eux pendant des années de telles choses, cela aurait été contraire à leur éminente sainteté qui pour atteindre de tels sommets se devait de tout remettre dans les mains de la Providence Paternelle du Ciel, même pour leurs lendemains, leurs récoltes, leurs travaux, leur gagne-pain. Joseph travaillait, et Marie, selon la tradition, tissait. Ils vivaient du travail de leurs mains.
Les cadeaux des Rois Mages leur ont permis de passer un cap, celui de l'exil. Après, il n'était nul besoin d'avoir en excès, car sinon cela aurait été refuser à Dieu de jouer un rôle dans leur vie et la vie de Son Fils; je ne pense pas que cela aient pu effleurer Marie et Joseph une seule seconde.
Mais tout ça ce n'est que du factuel.
Ce qui est beaucoup plus intéressant à comprendre dans cet épisode des cadeaux royaux pour un bébé, c'est le symbole de l'encens, la myrrhe, l'or. Recevoir ces choses a été le premier acte public de la vie de Jésus, et à mon sens, ils sont à relier au mystère de la Croix, exactement comme le miracle de Cana.
Dans le miracle de Cana, Jésus inaugure sa vie publique et missionnaire en changeant l'eau en vin, tout un symbole d'invitation pour tous ceux qui vont le suivre désormais et devenir les chrétiens que nous sommes; Jésus nous invite à changer l'eau de nos vies, insipide, en vin, exquis, breuvage suprême de cette époque, pour faire de nous des disciples dignes du Royaume et du Maître. Lui le premier, il change sa vie personnelle de charpentier promis à de beaux moments en une vie donnée à Dieu , son Père, une vie qui se change en vin, parfois âpre, parfois exquis.
De la même façon, son dernier acte public en tant que prêtre est de changer l'eau en sang, lors de l'institution de l'eucharistie; il boucle ainsi un cycle, celui du vin, pour initier une nouvelle ère, celle du Précieux Sang. C'est tout un symbole qui se déroule là.
Tout ça, c'est mon curé qui le dit, vous vous doutez bien que ce n'est pas Zélie, (pauvrette, elle a trop chaud!) .
Je pense, vu sous cet éclairage eau-vin-sang, que pour l'encens, l'or et la myrrhe, on peut rejoindre le même type de cycle ; Jésus a tellement méprisé les richesses matérielles qu'il va mourir pour moins que de l'or, juste quelques pièces d'argent, en déchéance complète de son statut initial de roi, après une vie où l'or n'a jamais eu la moindre place. Mais l'or est aussi symbole de pureté et de lumière, de richesse infinie et de vénérabilité.
La myrrhe est la résine de l'onction religieuse, celle qui est à la base du Saint-Chrême, mais aussi à la base de l'huile de l'onction sainte des Juifs. C'est elle qui donne son sens au mot "messie", le oint de Dieu. Et Jésus ne sera jamais autant le "oint de Dieu" que lors de son sacrifice, accepté et voulu, où Dieu ne peut agréer que Lui, Jésus, comme expiateur de tous les péchés de l'humanité. Mais la myrrhe est aussi amère comme ce n'est pas permis, et va l'accompagner jusque sur la Croix, sous l'apparence du vinaigre au fiel, très amers, mais que sa soif lui fera demander, pauvre Jésus crucifié qui souffre au-delà de notre compréhension, mais aussi sous la forme de l'amertume de la trahison de Judas et de Pierre, de la fuite de ses amis sauf Saint Jean, de la douleur qui étreint Marie, sa Douce Maman, de la foule qui les conspue.
L'encens est celui de son propre sacrifice, (et lui aussi composant sacré d'huiles sacrées), seul encens d'une pureté totale qui est jugé digne de monter jusqu'au trône du Père dans les Cieux. Seul l'encens est capable, sous sa forme gazeuse, quand il est consumé par le feu, de s'élever toujours plus haut sans rien perdre de la puissance de son odeur, cela aussi est symbolique.
Donc pour moi, l'or, l'encens et la myrrhe, donné le même jour, peuvent être pris pour le symbole de ce qui lui sera donné aussi le jour de Sa Crucifixion. Ils en sont les signes avant-coureurs, le genre de signes que Marie a dû profondément méditer dans Son Coeur, elle qui n'ignorait rien et qui méditait le moindre acte de la vie de Son Fils tant Aimé.
A noter qu'à l'époque, l'encens et la myrrhe étaient les composants de parfums les plus recherchés, encore plus que les roses, et étaient réservés à l'élite princière de cette époque au vu de leur prix. Ils avaient aussi des propriétés antiseptiques et étaient utilisés dans les embaumements. Et l'or est un métal inoxydable. Tous des symboles.