Publié : lun. 23 avr. 2007, 17:27
"Les formes sous leur aspect matériel"? Qu'est-ce que les formes ont de matériel vraiment? Voyons. Ce qui se passe, ce qu'on sait expérimentalement, c'est qu'on a un être de même nature avant et après l'accouchement, avant et après le 3e mois, etc. À nul moment on ne peut dire: c'est une nouvelle entité, ce n'est plus le même. Il y a continuité. Maintenant si votre conception de la forme en fait quelque chose d'indépendant de toutes les déterminations de l'être que nous avons sous les yeux, si l'homme tient sa nature de ce qui n'a rien à voir avec sa nature, alors je trouve votre conception absurde et contraire à l'expérience.Miles Christi a écrit :Mais il peut y avoir discontinuité au niveau des déterminations supérieures des formes et continuité au niveau des déterminations inférieures, c'est à dire au niveau matériel. Saint Thomas ne dit pas qu'il y a un point de rupture dans le processus de transformation physique de l'embryon, les formes sous leur aspect matériel se succèdant de façon continue, mais qu'il y a un point de rupture métaphysique, donc non observable, à savoir une forme rationnelle (l'âme humaine), une forme dont la détermination supérieure est la rationalité, s'inscrivant physiquement dans la continuité, mais ajoutant à l'embryon sa détermination supérieure, donc faisant de celui-ci un être rationnel, un être humain. Il est bon de rappeler que la rationalité en tant que telle est une perfection totalement immatérielle, qu'elle abstrait à partir des informations sensibles des notions universelles.
Elle fait quand même partie de l'ordre naturel, par conséquent je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas dire avec certitude d'un homme qu'il a l'âme humaine, c'est un sujet sensible dans l'ordre naturel, rentrant en plein dans le domaine de ce que notre intelligence peut saisir. Et pour cette intelligence, il est évident qu'un embryon de une semaine, si c'est vraiment un homme, a forcément l'âme humaine. Qu'il soit vraiment un homme, c'est scientifiquement certain. Donc c'est scientifiquement certain qu'il a l'âme humaine.Miles Christi a écrit :Je mettrais un bémol: si la question de l'instant exact de l'infusion de l'âme dans le corps est stérile, en revanche il importe de souligner que l'âme humaine ne peut informer le corps que par cette opération spéciale, opération divine, qu'est l'infusion. Toutes les autres formes inférieures à l'âme humaine: formes minérales, végétales et animales, sont en quelque sorte immanentes au monde sensible, elles en sont les principes. Mais l'âme humaine est un principe d'ordre supérieur qui transcende le monde sensible: elle est substance spirituelle créée par Dieu, substance appartenant à cet univers invisible peuplé des créatures angéliques, elle ne peut donc devenir le principe actuel d'un corps que sous l'effet d'une motion divine.
Il me semble que l'âme humaine est de soi corruptible et c'est par la vie de la grâce qu'elle est élevée à l'incorruptibilité... Donc de ces deux philosophes grecs qui ne connaissaient rien à l'ordre surnaturel, la position la plus logique était de supposer l'âme corruptible.Miles Christi a écrit :A ce sujet Platon s'est montré très supérieur à Aristote, car il a compris que l'âme était incorruptible et que sa perfection ultime résidait dans la connaissance surnaturelle, alors que la corruptibilité de l'âme chez Aristote réduit la connaissance, la connaissance de Dieu y compris, à un simple passe-temps bon pour les philosphes, ce que d'ailleurs la plupart de nos contemporains s'imaginent stupidement, il faut dire qu'ils ont été conditionnés pour cela, et ce sans même la lecture d'Aristote...