@Roll : votre dernier document est très intéressant. Aussi je vous prie de m'excuser d'avoir été trop radical dans mon jugement sur le polygénisme. Hier, en écrivant, je me suis fait la réflexion que le terme d'hérésie n'était pas employé par Pie XII dans Humani Generis, mais le propos de Pie XII me semblait aller clairement dans ce sens (et d'ailleurs, comme l'explique très bien votre document, je ne suis pas le seul à avoir cette interprétation).
En fait, vous avez raison, si je ne vois pas, comme Pie XII ne le voyait pas, comment le polygénisme peut être compatible avec une herméneutique authentique de la foi catholique, cela n'en fait pas de facto une hérésie.
Et même, j'irai plus loin, c'est même l'hypothèse de Xavi qui permettrait de rendre la thèse du polygénisme compatible avec la foi catholique, si toutefois cette thèse s'avère théologiquement acceptable. En effet, d'après la thèse de Xavi, rien n'empêche que des homo sapiens soient issus de souches multiples, permettant un brassage génétique compatible avec la diversité du génome humain, mais que finalement un seul couple d'entre eux ait reçu, à un instant T de l'Histoire, une âme spirituelle le faisant à l'image de Dieu.
Pour autant, j'émets là, comme je l'ai exprimé à Xavi, des réserves, car pour paraphraser Pie XII, je ne vois pas quel sens (herméneutique) cela peut avoir. En gros, en l'état mon intelligence est hermétique à cette hypothèse.
Pour autant, et là je rejoins tout à fait le document que vous nous présentez, l'idée d'une création en évolution me semble tout à fait signifiante et même enrichissante dans ce qu'elle dit du sens de l'histoire et de son rapport à l'économie du Salut, ainsi que l'exprimait le cardinal De Lubac en reprenant certaines thèses de T. de Chardin (voir le texte que j'ai indiqué). Là, en concevant théologiquement, à partir des Ecritures, une thèse de l'histoire du salut, qui se trouve corroborer certaines thèses scientifiques évolutionnistes, nous sommes je crois dans une étude de la Parole de Dieu qui soit véritablement, comme nous l'enseigne l'Eglise, au service de l'intelligence de la foi.
@JPM : je suis désolé que vous en soyiez réduit à vous considérer comme une pauvre victime du vilain diktat de ce forum. Ceci dit, comme je vous l'ai exprimé dès le début : pour chercher ensemble, il nous faut au minimum partager un objectif commun et une méthodologie commune. Du moins des méthodologies explicites. l'Eglise, dans les textes que j'indique, ne nous commande pas quoi penser, mais elle nous rappelle que notre recherche s'inscrit dans une tradition vivante, et qu'elle est au service de l'intelligence de la Foi. Comme vous l'a dit Xavi, étudier des textes anciens comme on décortiquerait des vieux poèmes de Ronsard ne nous intéresse pas. Ce qui nous intéresse c'est d'entrer, en nous nourrissant de la parole de Dieu et en la ruminant, un peu plus, ensemble, dans la communion au Christ. C'est là l'objectif de la théologie catholique.
@Xavi :
Xavi a écrit :ci, je ne comprends pas. Quelle serait cette autre hypothèse ? Comment le corps humain pourrait-il provenir de l’évolution sans passer par des parents (au moins, une « mère ») ?
Si on reprend les hypothèses possibles, pour faire simple :
1/ Un premier être vivant apparait, extrèmement primitif (unicellulaire), puis de générations en générations le génome évolue et le nombre d'espèces se diversifie. L'une d'entre elle dispose d'un génome comme le notre. Puis un jour, un couple met au monde un enfant qui reçoit une âme spirituelle et devient le premier Homme au sens biblique du terme.
2/ Un premier être vivant apparait, extrèmement primitif (unicellulaire), puis de générations en générations le génome évolue et le nombre d'espèces se diversifie. Puis un jour, un premier Homme au sens biblique du terme apparait, biologiquement homo sapiens, mais apparu sans parents, par le même miracle qu'est apparue la première cellule vivante.
3/ Un premier être vivant apparait, extrèmement primitif (unicellulaire), doté d'une âme spirituelle mais à un stade d'évolution (de l'âme) aussi embryonnaire que l'est sont organisme biologique. Il sera la souche d'une longue évolution qui conduira, par une évolution tant biologique que spirituelle, à un homme pleinement achevé en Christ : corps de gloire + âme en communion à Dieu.
En fait ma troisième option est naze ! Ca voudrait dire que tout le vivant découle du premier Homme et c'est absurde, évidemment (il n'y aurait dans le vivant que des Hommes, mais pas tous au même stade d'évolution -> thèse nécessairement incompatible avec la foi catholique). J'abandonne cette idée stupide.
Il faut bien qu'il y ait des êtres vivants qui précèdent l'homme et qui soient souches des végétaux, des animaux, etc...
Reste quand même une hypothèse 3 bis, qui considérerait tout de même qu'il y a plusieurs souches du vivant, mais que pour l'homme n'a pas de parents animaux (ni végétaux d'ailleurs) : on considèrerait alors que l'évolution ne permet pas de sauter d'un "règne" à l'autre. Ce qui me semble d'ailleurs assez raisonnable. Quoique... La résurrection qui nous attend pourrait s'apparenter à un "saut de règne". Et si un "saut de règne" nous attend, si nous sommes appelés à "renaitre de l'eau et de l'esprit" pourquoi n'aurions nous pas été des animaux qui ont connu aussi une renaissance les faisant passer du règne animal au règne humain.
Reste à savoir comment a pu s'opérer ce passage du règne animal (celui que vous appelez pré-humain, Xavi) au règne humain :
1/ est-ce à l'occasion d'un engendrement : un nouvel être est conçu humain dans le sein d'une mère animale (par la fécondation ou non d'un père animal). J'ironise un petit peu, mais s'autoriser cette hypothèse oblige à autoriser celle d'un nouvel être conçu humain d'un végétal... vous savez, le fameux : les garçons naissent dans les choux, les filles dans les roses.
2/ est-ce au cours de la vie animal d'un individu qu'il devient subitement humain ? peut-être en connaissant une expérience de "mort à la vie animale" pour renaitre à la "vie humaine" (un phénomène analogue à la résurrection qui nous fera mourir à notre vie terrestre pour renaitre dans la vie du royaume)
3/ est-ce à l'occasion d'une génération spontanée ? Paf un nouvel individu humain apparait et est le premier individu vivant non seulement d'une nouvelle espèce biologique, mais aussi d'un règne nouveau, ni animal, ni végétal.
L'hypothèse 3 est évidemment l'hypothèse la plus proche d'une lecture littérale de la Genèse, mais qu'on peut aussi facilement taxer de fondamentaliste. En gros, c'est l'hypothèse qui restera si on a éliminé toutes les autres.
J'aime bien l'hypothèse n°2, qui est comme une préfiguration de notre naissance dans la vie du règne à venir (le jeu de mot sur "règne" est intéressant, hein ?). Je trouve qu'au plan de l'herméneutique, cela a du sens. Cela peut même dire quelque chose du péché originel, ou encore être figuré dans le déluge et le récit de Noé.
Pour l'hypothèse 1, franchement, faire naitre un petit Adam d'une mère animale (aussi humaine qu'elle est l'air) me dérange franchement. Je n'arrive pas bien à expliquer, mais la signification que cela donne à l'engendrement me heurte vraiment. Il y a une réelle différence de nature entre l'homme et l'animal... à moins que par essence, on puisse affirmer métaphysiquement que l'Homme soit : un animal doté d'une âme spirituelle. Dans ce cas, il y aurait une raison herméneutique à le considérer comme né d'une mère animal et d'un... "esprit" (un souffle ?). Ca correspondrait assez bien à la Genèse, finalement... vous allez finir par me convaincre Xavi. Sauf qu'il y a beaucoup de "si" qu'il faudrait creuser dans tout ça.
En tout cas, je précise quand même que je rejette en bloc la conception d'un Homme par un couple d'animal. Là franchement, ça n'a juste aucun sens (au sens de comment cela renseigne notre intelligence sur l'Homme).