L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

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Message non lu par cracboum » lun. 13 déc. 2010, 19:41

Qu'est-ce que "être capable de Dieu ?
Un animal supérieur ou non est-il capable de Dieu ?
Les hominidés contemporains d'Adam étaient-ils capables de Dieu ?
Les déficients mentaux sont-ils capables de Dieu ?
Autrement dit : Dieu rend t-il capable de "lui" qui il veut, quand il veut ou y-at-il un minimum de conditions naturelles à remplir?
les néandertals enterraient leurs morts avec certains rites , étaient-ils capables de Dieu ?
Et que veut dire capable de Dieu ? Sait-on de quoi on parle?
Croire qu'on sait de quoi on parle est de peu d'intérêt.
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Re: Que pouvait penser Adam ?

Message non lu par LIGO » lun. 13 déc. 2010, 20:47

Oh là là, avec Cracboum et Epsilon, ça part effectivement en "choucroute" !!

Merci en tout cas au Bon Seb de confirmer ici clairement que l'Eglise enseigne (par la voix de Pie XII et de Jean Paul II) aux séminaristes que des "grands singes" sont devenus des hommes, le jour où ils ont reçu une âme.

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Xavi
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L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par Xavi » mer. 15 déc. 2010, 11:04

L’existence controversée de préhumains est plus qu’une hypothèse. Elle est, dans l’enseignement de l’Eglise, et depuis la chaîne causale déjà envisagée par Saint Augustin, une conviction conforme à la foi de l’Eglise.

Accepter que le corps humain peut avoir une histoire avant la création des premiers humains reste une difficulté pour beaucoup de croyants, indépendamment des discussions sur la manière dont cette histoire a pu exister. Evolutions, mutations, accidents, interventions divines directes, sont autant de moyens historiques par lesquels le corps humain a pu passer durant les six longs jours par lesquels la Genèse nous résume l’histoire de toute la création. Il reste certes beaucoup d’incertitudes et de contestations sérieuses possibles dans les recherches scientifiques.

Mais, selon l’enseignement de l’Eglise, nul ne doit croire que Dieu a créé Adam en un instant avec de la matière qui était encore de la poussière ou de la glaise au sens littéral, sans aucune forme animale préexistante. Le fidèle catholique peut considérer que le corps des premiers humains peut provenir d’une lignée biologique qui est passée par un stade cellulaire, un stade de type végétal, un stade de type aquatique, un stade de type animal.

Il en résulte aussi, quelle que soit la difficulté pour beaucoup de l’admettre, qu’Adam, dont corps provient d’une lignée biologique, a eu des parents biologiques. C’est d’ailleurs à propos d’Adam que la Genèse nous dit que l’homme quitte son père et sa mère.

Et s’il a eu un père et une mère, il faut aussi admettre raisonnablement d’autres parents, de possibles frères et sœurs, de très probables cousins. Bref, une espèce préexistante d’hominidés sans laquelle, le corps des premiers humains ne peut provenir d’une lignée biologique.

Rien ne permet cependant de confondre de tels préhumains avec des animaux ou des singes.

L’homme ne descend pas du singe, mais d’une lignée préhumaine spécifique. Le préhumain n’est pas un animal comme tous ceux dont nous pouvons constater l’existence.

N’oublions pas que le corps de l’homme a été créé pour chacun de nous mais aussi, et surtout, pour pouvoir être le corps du Christ, pour permettre l’incarnation de Dieu dans sa création.

Depuis le premier instant du monde, aucun être matériel de la lignée biologique du corps humain, depuis le premier stade cellulaire jusqu’à l’achèvement de ce corps humain lors de la création d’Adam et Eve, n’a été étranger à la constitution du corps humain du Christ, du Fils de Dieu fait homme.

Malgré les similitudes physiques, aucun être de cette lignée biologique qui a traversé des milliards d’années, ne peut être considéré comme un animal qui est un être sans personnalité faite à l’image et à la ressemblance de Dieu, sans capacité de communion personnelle et éternelle avec Dieu.

Pour un croyant, la définition d’un humain est théologique. Elle échappera toujours à la science terrestre. L’humain est fait à l’image de Dieu. Il est capable non seulement de dialoguer avec Dieu et de vivre en communion avec son créateur, mais il a une nature capable d’une incarnation de Dieu lui-même.

Tout ancêtre corporel d’Adam qui a vécu il y a un ou deux milliards d’années portait déjà en lui, de manière essentielle, non seulement les futurs premiers humains, mais le futur corps du Christ. En cela, la différence est essentielle par rapport à toute autre espèce vivante.

Pour un chrétien, il est vain de chercher à définir l’homme sans référence à Dieu puisque c’est son âme immortelle, sa capacité de communion éternelle avec Dieu qui le définit.

Il est tout aussi vain de chercher à distinguer l’homme des autres êtres vivants par des critères exclusivement terrestres, puisqu’il est à l’image de Dieu, qu’il a été créé de manière à permettre à Dieu lui-même de s’incarner dans cette humanité. Il faudrait être capable de définir Dieu lui-même pour pouvoir définir l’humain créé à son image et à sa ressemblance.

Il y a donc des erreurs à ne pas commettre.

Dieu pouvait créer un animal avec une très haute intelligence technique. Cela n’en faisait pas un homme. Aucune capacité cérébrale n’implique nécessairement la création d’une âme immortelle.

Dieu pouvait attribuer à des animaux des capacités d’abstraction ou des capacités artistiques sans devoir nécessairement leur attribuer une capacité de vie éternelle avec lui.

Méfions-nous donc des critères distinctifs terrestres lorsque nous essayons de repérer la création des premiers humains dans le cours de l’histoire.

C’est de manière gratuite, par un acte créateur, que Dieu a pu façonner un corps pour l’humain, pour Son Fils unique, au fil des siècles, puis l’achever physiquement et spirituellement à un moment précis, par la création d’Adam et Eve, des premières âmes immortelles, par un souffle spirituel dans un corps issu de l’histoire.

Il en est ainsi d’Adam. La poussière du sol qui a fait son corps provient d’une longue lignée biologique. Il en est aussi de même pour Eve.

L’enseignement de l’Eglise qui nous permet de croire que le corps d’Adam provient d’une évolution à travers une lignée biologique, avec un père et une mère biologiques préhumains n’ayant pas encore une âme immortelle humaine, ne nous oblige pas de croire que le corps d’Eve aurait été façonné en un instant soudain avec un morceau du corps d’Adam et sans aucune histoire biologique.

Le récit de la Genèse ne le prétend pas. Il est urgent de le constater et d’oser le défendre parce que les arguments sont raisonnables et solides.

Ce qui reste commun à toutes les interprétations, c’est que, dans le récit de la Genèse, Eve y apparaît d’emblée comme adulte. Son humanité est tirée de celle d’Adam.

Faut-il, en admettant que le corps d’Adam provient d’une longue évolution biologique, renoncer à toute compréhension concrète comparable du récit de la Genèse en ce qui concerne le corps de sa femme ?

Quel sens concret et/ou symbolique donner au récit de la côte d’Adam ?

Il faut réfléchir à ce que l’auteur humain de la Genèse, qui a écrit cette parole de Dieu avec ses moyens humains, dans le contexte humain et avec le langage qui étaient les siens, mais sous l’inspiration de l’Esprit Saint, nous dit de cette création de manière largement imagée, mais avec une intuition juste et vraie sur l’essentiel de la réalité historique qu’il nous relate.

L’adame (jusqu’à ce moment, le texte hébreu met un article) va être nommé Adam, sa compagne va être nommée Eve.

Sommes-nous prêts à relire le récit en considérant que d’adame masculin tout comme sa compagne féminine ont l’un comme l’autre un corps issu de l’évolution biologique, un adame fait mâle et femelle dès leur conception terrestre comme le répète la Genèse (Gn 1, 27 et Gn 5, 1 : il créa l’homme et la femme, il « les » appela adam) ?

A notre époque surenvahie par la sexualité et l’attention au corps, mais où le sens vrai de la sexualité et de la valeur de notre corps est tellement difficile est percevoir, il est important d’écouter l’enseignement de la Genèse qui vient nous dire l’essentiel.

La création sexuée de l’humanité a toute son importance. L’union d’un homme et d’une femme est appelée à être image de l’union du Christ et de l’Eglise. Cette union fait partie de l’image et de la ressemblance de Dieu inscrite en eux, elle reflète, notamment, la communion des trois personnes de la Trinité. L’amour des époux, exprimée corporellement par leur union sexuelle, nous révèle quelque chose d’essentiel sur la vie.

Chacun de nous provient d’une rencontre sexuelle de ses père et mère.

Le récit de la création d’Adam et Eve nous révèle l’essentiel de la réalité sexuelle.

Le Christ a fondé toute la morale sexuelle et la fidélité conjugale sur l’éblouissement amoureux d’Adam en présence d’Eve. Chair de ma chair. Os de mes os. Il s’attache à elle. Il quitte père et mère. Et Jésus ajoute : que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a unit.

Une côte saillante qui sort de l’homme, qui est prise de telle sorte qu’ensuite la chair se referme, pour se conclure par un éblouissement amoureux, franchement…

Faut-il vraiment croire que l’auteur de la Genèse pensait à une opération chirurgicale ?

A l’heure où la science a découvert que notre patrimoine génétique a une importante origine virale, où la sexualité peut transmettre des agents viraux et mutagènes, ne peut-on imaginer une ultime mutation physique expliquant la torpeur d’Adam, achevant le corps humain et transmise à Eve par leur union. Car c’est par ce qui a été tiré d’Adam que la première femme humaine a été créée.

Ne peut-on imaginer que l’esprit d’Adam ne s’est ouvert pleinement que lorsque l’amour de l’autre, de sa femme, a rempli son cœur, comme la pénétration de l’oxygène ouvre les poumons d’un enfant nouveau-né ? que c’est à ce même moment que Eve, chair de sa chair, os de ses os, a vécu la même ouverture spirituelle, en tout semblable, que son corps et son esprit ont été façonnés pour faire émerger pleinement son humanité de femme ?

La question est difficile. Si le corps biologique d’Adam et Eve provient d’une longue évolution, faut-il considérer nécessairement que la création de l’humanité s’est achevée au moment de la conception du corps d’Adam indépendamment de Eve ?

Dotés d’un corps, dotés d’une âme, ne devaient-ils pas encore être connectés à Dieu, pénétrer dans sa communion d’amour pour devenir pleinement à l’image et à la ressemblance de Dieu, par leur découverte et leur amour mutuel ? Leur création n’a-t-elle pas été achevée lorsqu’ils ont réalisé ensemble l’image future du Christ et de l’Eglise ?

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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par Raistlin » mer. 15 déc. 2010, 16:30

Xavi a écrit :L’existence controversée de préhumains est plus qu’une hypothèse.
Pourtant, il est de foi catholique de dire qu'Adam et Eve furent les premiers humains, au sens chrétien du terme.

Peut-être confondez-vous humains et hominidés ? Ou alors peut-être que vous marquez une distinction entre ce que vous appelez "préhumain" et "humain" ? :incertain:

Xavi a écrit :Mais, selon l’enseignement de l’Eglise, nul ne doit croire que Dieu a créé Adam en un instant avec de la matière qui était encore de la poussière ou de la glaise au sens littéral, sans aucune forme animale préexistante.
Petite précaution : je ne crois pas que Dieu a créé l'être humain "ex nihilo". Cependant, pourriez-vous citer dans l'enseignement de l'Église ce qui interdit au fidèle de le croire ?

Le fait est que, scientifiquement parlant, nul ne peut dire de façon certaine comment est apparu l'Homme. On peut faire des hypothèses mais pas trancher, et ce pour une simple et excellente raison : aucun témoin n'était là ! Je vois donc mal comment l'Église pourrait, elle, se prononcer et, de fait, je n'ai lu AUCUN texte de l'Église interdisant aux fidèles de croire en la création immédiate de l'Homme. L'Église a certes reconnu officiellement qu'il était tout à fait possible d'admettre la théorie de l'évolution pour expliquer l'apparition du corps de l'Homme, et que ce n'était pas contraire à la foi catholique, mais elle n'a pas donné d'enseignement dogmatique sur le sujet.

Cordialement,
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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par Antoine Marie » mer. 15 déc. 2010, 18:04

Raistlin a écrit :Le fait est que, scientifiquement parlant, nul ne peut dire de façon certaine comment est apparu l'Homme. On peut faire des hypothèses mais pas trancher, et ce pour une simple et excellente raison : aucun témoin n'était là ! Je vois donc mal comment l'Église pourrait, elle, se prononcer et, de fait, je n'ai lu AUCUN texte de l'Église interdisant aux fidèles de croire en la création immédiate de l'Homme. L'Église a certes reconnu officiellement qu'il était tout à fait possible d'admettre la théorie de l'évolution pour expliquer l'apparition du corps de l'Homme, et que ce n'était pas contraire à la foi catholique, mais elle n'a pas donné d'enseignement dogmatique sur le sujet.
Tout à fait d'accord.
Nous ne pouvons pas savoir à quel point ce que dit la Bible du commencement est vrai ou faux.
Ce qui est sûr, c'est que la Bible n'est pas un manuel scientifique au sens moderne du terme.
Fraternellement
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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par Xavi » mer. 15 déc. 2010, 18:18

Bonsoir Raistlin,

Merci d’aborder une fois encore avec courage ce sujet déjà tellement discuté dans ce forum.
Raistlin a écrit : Peut-être confondez-vous humains et hominidés ? Ou alors peut-être que vous marquez une distinction entre ce que vous appelez "préhumain" et "humain" ?
Dans ma réflexion, il y a, en effet, une distinction entre les hominidés qui peuvent se définir de manière uniquement scientifique et les humains au sens chrétien dont un critère distinctif essentiel échappe à la science, celui d’avoir une capacité de communion et de vie avec Dieu, une âme immortelle. Nous croyons qu'Adam et Eve furent les premiers humains, au sens chrétien du terme. Dans le cours de l’histoire et de l’évolution, il ne s’agit pas nécessairement des premiers hominidés au sens scientifique.
Raistlin a écrit : Petite précaution : je ne crois pas que Dieu a créé l'être humain "ex nihilo". Cependant, pourriez-vous citer dans l'enseignement de l'Église ce qui interdit au fidèle de le croire ?
Non, bien sûr. Il est certain que l’enseignement de l’Eglise n’interdit pas aux fidèles de croire que le premier humain a été tiré directement et immédiatement de la glaise, mais nul ne doit le croire. On peut y croire, mais on ne doit pas y croire.

Comme vous l’écrivez très justement, on ne peut faire que des hypothèses, mais on ne peut pas trancher. Il faut attendre le jugement de l’Eglise.

Mais, le Saint Père Benoît XVI a insisté sur l’importance de réfléchir à la théologie de la création à notre époque. Cette urgence me semble grande dans le temps présent.

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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par cracboum » mer. 15 déc. 2010, 20:08

Xavi, comme d'habitude vos explications sont passionnantes, il y a cependant un point que j'aimerais vous voir préciser : Dieu a donc créer le premier couple humain par pur grâce puisque, vous le dites plus haut, ce n'est pas l'évolution des pré-humains qui est déterminante. Par ailleurs vous suggérez que l'achèvement de cette création se serait produit lors de l'acte sexuel unissant Adam et Eve. De là trois questions :
-Si l'évolution intellectuelle et artistique n'est pas déterminante, en quoi une mutation biologique le serait ?
-Comment la mutation peut-elle se transmettre de Adam à Eve par un acte sexuel, est-ce biologiquement possible?
-Si rien ne distingue biologiquement Adam et Eve de leur parenté fondamentalement, la grâce de Dieu est totalement arbitraire? Sinon, quelle serait la nature de cette mutation ?
Merci et pardon si mes questions vous paraissent naïves.
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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par roll » mer. 15 déc. 2010, 20:10

@le bon Seb:

Mais ça ne dit pas où se trouve «l’imparfait et le caduc», expression utilisée par cette même constitution dogmatique à propos de l'Ancien Testament. Ce n'est donc pas si simple.
Toi, tu crois qu'il y a un seul Dieu? Tu fais bien. Les démons le croient aussi, et ils tremblent.
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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par cracboum » mer. 15 déc. 2010, 20:14

le bon Seb a écrit :Bonjour antoinemarie,
antoinemarie a écrit : Nous ne pouvons pas savoir à quel point ce que dit la Bible du commencement est vrai ou faux.
il y a un moyen de savoir ce qui est vrai ou faux dans la Bible, et ce moyen nous est rappelé par la constitution dogmatique Dei Verbum du concile Vatican II :
DV 11 a écrit :Dès lors, puisque toutes les assertions des auteurs inspirés ou hagiographes doivent être tenues pour assertions de l’Esprit Saint, il faut déclarer que les livres de l’Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée dans les Lettres sacrées pour notre salut.
Ce qui ne fait pas avancer le sujet d'un iota, à moins d'être un fondamentaliste forcené et de s'enfermer dans des absurdités.
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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par Xavi » mer. 15 déc. 2010, 20:46

cracboum a écrit : -Si l'évolution intellectuelle et artistique n'est pas déterminante, en quoi une mutation biologique le serait ?
-Comment la mutation peut-elle se transmettre de Adam à Eve par un acte sexuel, est-ce biologiquement possible?
-Si rien ne distingue biologiquement Adam et Eve de leur parenté fondamentalement, la grâce de Dieu est totalement arbitraire? Sinon, quelle serait la nature de cette mutation ?
Merci et pardon si mes questions vous paraissent naïves.
Merci Cracboum pour ces très bonnes questions qui ne me paraissent pas naïves.

A priori, rien ne permet d’affirmer qu’une ultime mutation biologique serait déterminante, mais vous relevez vous-mêmes qu’on ne comprendrait guère que la grâce d’une âme immortelle ne soit pas donnée à des êtres proches qui seraient totalement semblables corporellement aux premiers humains.

L’âme est la forme du corps. Il semble donc que l’achèvement du corps humain ne puisse pas être séparé de sa vie humaine spirituelle, de la création d’une première âme immortelle.

La question d’une transmission par voie sexuelle est bien connue à notre époque du SIDA. Il semble bien qu’un virus puisse avoir un effet mutagène. Le sujet a déjà été évoqué dans ce forum (cf. moteur de recherche) dans le fil Adam et Eve : quelle réalité concrète (sous-forum : Ecriture Sainte). Vous trouverez beaucoup sur Internet à propos du « Bornavirus ».

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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par cracboum » mer. 15 déc. 2010, 21:43

Xavi, je suis de ceux qui ont beaucoup de mal à se représenter une population de pré-humains trés évolués, niveau intellectuel et artistique, sentiments, souffrance physique, affective et morale, mais aussi préoccupations "spirituelles" : rituels funéraires et animistes, et voilà que plic ploc la grâce + une petite mutation tombe comme un couperet au sein de ce beau monde : d'un côté deux êtres bombardés surnaturels, préternaturels, éternels, image et ressemblance de Dieu, avenir radieux autant qu'inimaginable, et tous les autres des animaux se reproduisant avant de servir d'engais. Vraiment, c'est dur.
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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par archi » mer. 15 déc. 2010, 22:33

C'est très intéressant toutes ces spéculations, et je ne veux pas blâmer ceux qui s'y livrent, mais je pense vraiment qu'elles n'ont aucun sens. L'Ecriture nous enseigne que lors de la Chute, Dieu posta "les chérubins et la flamme du glaive fulgurant" devant le Jardin d'Eden (cf Gn 3, 23): celui-ci nous est bel et bien inaccessible. Dès lors, pourquoi essayer à tout prix de faire concorder le récit de la Genèse et des découvertes archéologiques qui ne peuvent nous révéler qu'un passé consécutif à la Chute?

Tout au plus pouvons-nous spéculer sur la façon dont cet épisode singulier - la Chute - et ses conséquences se sont manifesté dans les Temps tels que nous les connaissons. Sinon, nous ne disposons pour les temps anté-diluviens que de ce que nous en dit la Genèse. Et peut-être de ce que d'autres traditions rapportent, de façon plus ou moins déformée et exploitable, sur l'Age d'Or, si tant est que nous arrivions à en tirer quelque chose...

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par roll » mer. 15 déc. 2010, 23:22

archi a écrit :Dès lors, pourquoi essayer à tout prix de faire concorder le récit de la Genèse et des découvertes archéologiques qui ne peuvent nous révéler qu'un passé consécutif à la Chute?
Parce que la vérité ne se contredit pas, tout simplement.

Je voudrai d'ailleurs vous soumettre ce texte: http://cvablog.com/creationetevolution/ ... le-unique/ qui pose un problème trop souvent éludé ou mal élucidé.
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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par philémon.siclone » mer. 15 déc. 2010, 23:22

Raistlin a écrit :On peut faire des hypothèses mais pas trancher, et ce pour une simple et excellente raison : aucun témoin n'était là !
Bah... si ! Il y avait les protagonistes eux-mêmes : Adam et Eve, qui ont pu transmettre tout ce qu'ils savaient à leur descendance, de Seth à Noé, puis de Noé à Abraham, et d'Abraham à Moïse, lequel a écrit tout le Pentateuque, d'après la Tradition qui lui en attribue la paternité. Il est évident que la transmission orale a joué un grand rôle dans la composition du récit de la Genèse, que nous connaissons. Et avec des patriarches qui vivent plusieurs siècles, voire 969 ans pour certains..., ça aide pas mal à l'entretien de la mémoire !

Mais je rejoins, une fois de plus sur ce thème, l'opinion d'Archi. Ce débat est plus masturbatoire qu'autre chose... Laissons les archéologues et paléontologues faire leurs découvertes passionnantes. C'est très enrichissant pour connaître l'itinéraire de la vie humaine sur terre. Et cela ne change en rien les articles de notre Foi. Les deux domaines, le scientifique, le spirituel, ne sauraient s'influencer ni se gêner l'un l'autre.

Le jour où l'on découvrira d'autres êtres humains sur des exoplanètes, certains risquent d'être très embêtés dans leurs théories... Alors, ne dépensons pas trop de sueur à construire des châteaux de cartes qui ne servent à rien, et qui promettent de s'effondrer assez facilement au moindre prochain vent léger...
Anima nostra sicut passer erepta est de laqueo venantium
Laqueus contritus est, et nos liberati sumus

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Re: L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse

Message non lu par Pneumatis » jeu. 16 déc. 2010, 1:27

Bonsoir Xavi,

Quelle persévérance que la votre ! Vous avez vraiment toute mon admiration pour la rigueur de votre quête.

Vous dites des choses très importantes dans votre premier exposé, et qui m'amène d'ailleurs à vous proposer quelques nuances, voire à pointer quelques subtiles contradictions.

Comme vous le savez, je suis un fervent partisan d'une "histoire signifiante". L'histoire de l'humanité a, j'en suis convaincu, un sens qui "dit" quelque chose de la nature humaine (au sens intégral), de son origine, son évolution et sa destinée.

Ce que vous dites de très important pour moi, c'est quand vous insistez sur le fait que le corps de l'homme a été, in fine, créé pour accueillir l'incarnation. En ce temps de l'Avent, votre propos a fait "bling" chez moi.

Du coup, puisque vous réfutez, à raison je pense, la création d'un "corps humain" instantané, je me permets de vous demander pourquoi vous plongez dans le "piège" de penser la création d'une "humanité" (à l'image de Dieu, et à sa ressemblance) instantanée. Non seulement vous rompez ainsi l'analogie entre l'évolution corporelle de l'humanité et son évolution spirituelle, mais en plus, comme je vous l'ai déjà dit, vous succombez au biais d'une lecture chronologique de la Genèse.

Je vous ai déjà parlé d'une lecture possible, et même recommandée, de la révélation : par explicitation. Une tradition juive dit que toute la Torah est contenue dans le premier livre, tout le premier livre dans le premier chapitre, tout le premier chapitre dans le premier verset, et tout le premier verset dans la première lettre. Dieu s'exprime totalement en un seul "instant", en un seul Verbe. Immuable, non composé, la parole de Dieu est indivisible. Aussi, chaque progression dans le texte est moins un "ajout" qu'une "explicitation", comme les couches d'un oignon. Il me semble, mais il faudrait que je le retrouve, que Saint Augustin en parle aussi en ces termes.

Bref, ce qui m'intéresse donc dans la correspondance entre l'histoire de l'humanité et le récit biblique, c'est leur commune capacité à nous dire quelque chose de l'humanité. La différence majeure entre les deux étant que la révélation "biblique" est parfaitement achevée en Jésus, tandis que la révélation par "l'histoire" ne sera achevée que lorsque l'Homme sera capable d'embrasser d'un seul regard son histoire de sa création à la parousie du Christ.

Je m'égare, désolé. Je reviens à ce que j'étais parti à dire. Dans votre hypothèse, vous prenez un "hominidé" au sens scientifique du terme, et soudain : paf, Dieu lui insuffle une âme immortelle, le voilà homme dans toute sa dignité, sa ressemblance à Dieu, etc... l'histoire peut être marquée, à une date précise, de cet événement capital.

Ne peut-on considérer, sur un mode qui me dépasse encore un peu et auquel il faudrait que je réfléchisse, penser que cette âme humaine suive la même évolution que celle que vous prêtez au corps. Je crois que c'est le cardinal De Lubac qui va un peu dans ce sens. Vous l'avez suggéré vous-même : l'accomplissement de la création de l'homme, c'est le Christ. C'est dans le Christ que l'Homme est pleinement achevé. C'est dans la résurrection qu'il est parfaitement créé. C'est donc bel et bien que, à l'image d'un corps biologique évoluant au fil des ères, l'âme humaine (forme du corps) connait elle aussi une forme d'évolution. Évolution achevée en Jésus Christ.

Finalement, cet "instant" de l'histoire que vous tentez de décrire, et qui ferait qu'un "hominidé" deviendrait tout à coup un homme, ne serait-ce pas tout simplement la résurrection du Christ. A ceci prêt que ce ne serait pas "tout d'un coup", mais l'aboutissement d'une lente évolution depuis la création du premier homme, à un stade embryonnaire autant de sa corporéité que de son humanité. Point central de l'histoire, en tout cas tel que nous l'enseigne la Tradition, la résurrection du Christ est en effet présentée comme le commencement et la fin de toute l'histoire. L'histoire qui précède la résurrection du Christ ne serait-elle donc pas cette lente évolution de l'Homme corps + âme ?

Vous me direz alors qu'Adam n'aurait pas été pleinement homme ? L'Adam de la Genèse, en tant que principe, si. Puisque le récit biblique n'est pas chronologique. L'Adam de la Genèse est bien la création de Dieu, il est donc bien l'Homme. Mais la Genèse dit là ce qu'est la création de l'Homme en ultra-résumé. Puis au fil des récits, elle explicite un peu plus la création de l'Homme, jusqu'à la dire totalement et clairement dans le Christ.

Tout comme la révélation est déjà toute incluse dans le premier chapitre, mais n'est pleinement accomplie qu'en Jésus, la création de l'Homme fait d'Adam un Homme à part entière en dignité, mais totalement qui ne sera accompli/achevé qu'en Jésus. Le premier "Homme", en revanche, qui, suivant les mécanismes de l'évolution qu'on peut supposer, a probablement été même bien plus primitif qu'un hominidé (peut-être d'abord un être unicellulaire, pourquoi pas), n'avait pas moins la dignité d'être humain (de même que l'embryon n'a pas moins la dignité d'être humain que l'adulte), mais ce premier homme montrait un stade de l'humanité à son commencement, tout comme sa descendance et son évolution montrent ensuite le lent processus de création de l'Homme achevé dans le Christ.

Ainsi il n'y aurait pas d'événement historique qui fait d'un hominidé un Adam : le seul et unique événement historique qui dit tout de l'Homme étant alors la résurrection du Christ, qui achève parfaitement la création. Non, pas le seul événement historique, car comme le précise le bon Seb, il en faudrait peut-être au moins un autre : le péché originel. Maintenant, le péché originel est-il un événement temporel ou pas, cela reste une question légitime. Tout comme le déluge est-il un événement temporel ou pas ?
Site : http://www.pneumatis.net/
Auteur : Notre Père, cet inconnu, éd. Grégoriennes, 2013

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