Manuscrit théologique

« Assurément, il est grand le mystère de notre religion : c'est le Christ ! » (1Tm 3.16)
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Agnus
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Manuscrit théologique

Message non lu par Agnus » mar. 27 août 2013, 7:30

Bonjour à tous,
Je partage avec vous ce feuillet manuscrit d'un livret théologique découvert dans un grenier. Il aborde les thèmes de la pauvreté et de la chasteté dans l’Église.
Je n'ai pas encore pu le dater, mais la graphie et l'orthographe peuvent faire penser à du XVIIIe siècle, en première impression.
Je ne sais pas non plus si c'est une œuvre originale de son auteur ou une simple copie manuscrite d'un ouvrage prééxistant (d'ailleurs si quelqu'un connait déjà ce texte je lui serait reconnaissant de m'éclairer):

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Dernière modification par Agnus le mar. 27 août 2013, 13:32, modifié 1 fois.

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Phileas Fogg
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Re: Manuscrit théologique

Message non lu par Phileas Fogg » mar. 27 août 2013, 11:20

vous tirez de votre grenier de l'ancien qui est neuf car inconnu.
ΦΧΦΠ

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Agnus
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Re: Manuscrit théologique

Message non lu par Agnus » jeu. 17 oct. 2013, 18:30

Je ne le connaissais pas non plus, mais n'ose encore me prononcer sur son originalité (ou s'il s'agit d'une copie d'un autre écrit).

J'ai retapé le texte en français modernisé pour le rendre plus accessible afin d'avoir d'autres avis, mais aussi tout simplement pour que chacun puisse profiter de son contenu:
Le Premier [point] appréhendé [est] que Dieu, qui est extrêmement Jaloux de ce qu’on lui a donné, et qui ne peut souffrir de rapine en son holocauste, ne nous fasse éprouver les rigueurs de son amour irrité, si nous offensons la pureté de ce vœu. Sur quoi il faut se souvenir de la rigueur avec laquelle St Pierre traita Ananias et Saphira , en l’Église naissante, pour l’infraction du vœu qu’ils avaient fait de pauvreté, comme l’estime quelque père. Certes Dieu, ne prétendant pas moins donner au pauvre volontaire, que soi même, avec le reste de ses incomparables faveurs, [ne] faut-il pas dire qu’il demeure atteint d’un grand crime, et convaincu d’une Ingratitude ; et d’une Infidelité nonpareille, quand il soustrait à Dieu quelque chose de ce qu’il lui a donné.
2) nous confondre si nous voulons avoir ou retenue quelque chose que ce soit, contre la perfection de notre vœu, il [n’y] a personne qui voulut retenir sur son buffet quelques vieux pots de terre cassés parmi une quantité de précieuse vaisselle d’or, et d’argent. Et comme retenons-nous quelques morceaux de terre, et quelques viles commodités avec Dieu, qui est le bien et le trésor inestimable que nous possédons. Il y a eu des philosophes qui ont gaiement tout quitté, pour être plus libre à contempler le ciel, et que ne devons-nous pas quitter pour devenir les maitres, et les seigneurs propriétaires du ciel.
3) Prendre garde que les choses ne sont pas tant mauvaises en soi, comme est la convoitise avec laquelle nous les désirons, ou l’affection avec laquelle nous les retenons. Il n’y a rien qui pèse tant dans la balance du cœur que l’affection, il ne faut qu’une petite commodité avec un amour désordonné pour contre peser a Dieu et emporter l’affection du Souverain bien en la balance de nos cœurs. Ne taxons pas Dieu si bassement, et n’en faisons pas si petite prise, et ne nous rendons pas partisan de Judas, qui n’estima Dieu que trente deniers .
4 ) Nous persuader, qu’il ne suffit pas d’avoir laissé beaucoup pour être vrai pauvres, mais il ne faut rien avoir, et avoir moins que les autres, et être fort retenus a prendre d’autrui même avec congé ce qui nous est offert ou donné, étant vrai que dans l’usage des commodités l’une attire et appète l’autre, et voit-on par expérience que qui a commencé a se laisser gagner, de ne se passer pas d’une commodité, trouve qu’il a besoin d’une autre. L’une est la privation, l’attrait et le commencement d’une autre qui suit et qui charge si fort la balance du cœur qu’en fin il emporte Dieu.
5 Si la croix de l’austérité, et de la pauvreté de la religion nous pèse ; si nous n’en sentons pas l’onction, et les consolations intérieures, pensez qu’on nous peut a bon droit reprocher , ce que dit autre fois l’évêque Zacharie a l’empereur Heracle , qui rapportant au Calvaire sur ses épaules, la croix du Sauveur qu’il avait regagné sur le Persan, couvert de pourpre et tout luisant de pierreries, s’arrêta tout court sans pouvoir avancer un pas, « voit empereur si ce n’est pas la cause, qu’avec cet habit pompeux vous n’imitez du Sauveur », et ainsi nous peut dire « voit si avec tant de commodité et de délicatesses vous n’imitez pas assez la pauvreté du Sauveur ».
Méritation
Du vœu de la chasteté
Religieuse
Je me représenterai d’entrée la compagnie triomphante des vierges de tout sexe que St Jean vit en l’Apocalypse tous vêtus de robes blanches , qu’ils ont lavés et blanchies dans le sang de l’agneau portant sur leur front le beau nom de dieu écrit en rayons de lumière et suivant l’agneau sans tache, plus blanc que la neige partout où il va.
Je demanderai à ce chaste et très pur agneau la grâce de le suivre fidèlement ici-bas par l’imitation de sa parfaite pureté, afin d’avoir un jour le bonheur d’être reçu au ciel en la glorieuse compagnie de ses chastes amants.

Au Premier point je considérerai, comme le vœu de la chasteté pour parvenir à sa juste perfection embrasse trois sortes de pureté celle du corps celle du cœur, et celle de l’espoir. La pureté du corps [par l’] abstinence. Et un retranchement parfait de toutes sortes de délices sensuelles et de voluptés molles non seulement de celles qui appartiennent au sens de l’attouchement, qui est le plus diffus, et où se retranche le principal, le plus déclaré et le plus dangereux ennemi de la chasteté, mais encore de celles qui flattent les autres sentiments du corps, par leurs douceurs empoisonnées et allument de sales désirs dans la chair, et non contentes de s’abstenir des choses douces et de dénier aux sens les plaisirs qu’ils appètent, même souvent. Licite pour tenir la chasteté en plus grande sureté, elle afflige encore la chair de duretés, la traite tant comme ennemie domestique et la matant pour la tenir souple et obéissante a l’esprit, ce qui a fait appeler la chasteté une vertu terrible, qui la fait comparer à l’époux ; a l’écorce âpres de la grenade et qui a fait dire à St Hierosme que la chasteté bien gardée a son martyre, non pas si cruel que celui du sang, mais souvent plus Long et quelquefois aussi plus pénible. La pureté du cœur dit une certaine candeur innocente aux amitiés qui règlent les affections du cœur qui se répandent facilement aux personnes bien faites, ou pour qui l’on a quelques inclinations naturelles. Et L’amour chaste, ou la sainte Jalousie du pur amour que St Paul appelle charité ou amour du cœur pur, qui ne souffre point avec Dieu de compagnon dans le cœur, ni d’amour étrangère qui ne soit selon Dieu et en Dieu.
La pureté de l’esprit qui est comme la quintessence de la chasteté ; dit une grande pureté de pensées de sorte que les pensées, et les représentations impures, voire les moindres, qui serraient capables de ternir la blancheur de l’âme, ni puissent avoir de prise, non seulement en veillant, mais aussi en dormant si faire se peut, tout ainsi, dit aussi que les moucherons ne peuvent se tenir sur les plus fines glaces de Venise , pour être si parfaitement polies qu’elles ne peuvent donner d’accroche a leurs jambes : de même, il ne faut pas que les moucherons d’impureté s’attachent a cette pure glace d’une âme chaste, et consacrée a Dieu.

L’examen suivra ce point & la confusion de nous voir si éloignée de la perfection de cette pureté.

Au 2[nd] Point je considérerai quelques motifs.
Le I Les vrais chastes sont reçus par-dessus tous en l’amitié en la familiarité, et en la confidence privée de Dieu, qui est dit se repaitre entre les Lys , qui se repose dans le cœur chaste, comme sur une couche fleurie, qui se plait de converser avec les âmes pures, comme avec celles qui lui sont les plus semblables, n’y ayant rien qui approche plus près de Dieu qu’une âme pure, comme il ni a couleur qui approche plus de la lumière, que la blanche.
2) Le fils de Dieu, que le prophète Joël appelle l’homme vierge, se rend l’époux des âmes chastes par le contrat d’amour qu’il passe avec elles, et par la donation mutuelle qu’ils se font de corps et de cœurs, l’épouse disant a l’époux « mon bien-aimé est a moi, et moi et l’époux ». L’assurant qu’il la tient a lui comme il est tout à elle.
3) Le St Esprit qui habite dans toutes âmes justes, réside spécialement dans les corps, et les cœurs chastes, comme dans un temple qui lui est consacré et duquel dit Tertullien, la sacristine, et la prêtresse, est la pureté, qui ni laisse rien entrer de sale ni de profane et qui sacrifie tous les Jours en victimes, les passions animales, et les plaisirs des sens.
4) Dieu qui ne se laisse point vaincre en libéralités pour les plaisirs du corps auxquels les chastes renonçant leur communique largement les souveraines délices de l’esprit, suivant la parole qu’il en donne de récompenser de cette vie les contentements que l’âme quitte pour son amour, la faisant entrer en la communauté des Joies que personne ne peut connaitre qu’en les éprouvant.
5) Les chastes se tiennent comme assurés de suivre en la vie bienheureuse de l’agneau, quelque part qu’ils aillent et où est-ce, dit St Augustin, que va cet agneau béni, où personne n’ose et ne peut le suivre que les vierges, ce ne sont pas des près verdoyants et des campagnes fleuries, où il les mène s’ébattre, ce sont des grandes joies et des joies faites pour eux où il les appelle en sa compagnie Joies Spéciales qu’ils ont de Lui, en Lui, par Lui et pour Lui, auxquelles ceux-là mêmes qui sont a Lui, et ne sont pas vierges, n’auront point part.
De tous ces motifs j’allumerai un saint feu de désirs de me rendre digne de tant de faveurs par la parfaite observance de mon vœu : m’encourageant comme un autre Joseph à résister fortement a tous les appas de volupté qui me voudraient solliciter a l’enfreindre.

Au 3[ème] point Je tacherai de recueillir quelques fruits et quelques avis.
Le I est qu’encore que toutes les vertus combattent, la chasteté néanmoins entre toutes est la plus guerrière et a toujours les mains blanches dans les combats. La condition avec laquelle Dieu reçoit l’âme chaste a l’honneur de ses épousailles, est celle que Saül exigea de David, c’est a savoir de Lui apporter les prépuces, et les têtes coupées de ses ennemis : c’est le plus riche douaire, et le plus bel ornement de son épouse, c’est le plus agréable vermillon qui colore son visage que le sang de ses passions animales, et de ces appétits massacrés. Et pour parler nettement, il n’y a point de chasteté sans mortification continuelle, qui est l’épée de la chaste Judith, avec laquelle elle tranche tous les appétits et les plaisirs dissolus, et tous les objets qui Lui donnent du scandale quand bien [-même] ils lui serraient chers comme les yeux et la main.
2) La chasteté de plus est l’un de ces braves soldats qui gardent le lit de Salomon l’épée au côté, à cause des peurs de la nuit : c'est-à-dire que cette courageuse guerrière veille tellement a la garde du cœur, et de la couche pudique du St époux, que non seulement elle en éloigne les ennemis publics qui sont tous les objets voluptueux qui attaquent ouvertement les sens, mais aussi les cachés et les secrets qui se masquent la nuit de peur d’être reconnus, et sous le manteau d’un amour Spirituel passent souvent dans l’abus, et le désordre d’un amour charnel.
3) L’âme chaste désireuse de conserver la perle précieuse de sa pureté, quelque brave et résolue quelle puisse être, ne doit jamais braver le péril, ni tenter la tentation, il ne faut jamais sous une légère persuasion de gagner la victoire, se livrer témérairement au danger de la perdre,[alors] qu’on est assuré d’emporter en fuyant principalement en matière de volupté, aux périls de laquelle l’homme est ouvert et exposé de toutes parts ; étant comme tout composé de naphte, et de souffre pour s’enflammer à la moindre étincelle qui tombe dans ses sens, [les occasions] de chutes arrivent en entretenant l’occasion dont même ont fuit et appréhende l’effet.
4) Il y a d’autres occasions plus éloignées, tant intérieures qu’extérieures, dont la personne chaste se doit soigneusement retirer : comme sont l’orgueil caché, le mépris et les jugements licencieux des autres, que Dieu châtie, disent les saints, de la rébellion de la chair, l’impatience, la colère, l’oisiveté et tout ce qui peut ouvrir la porte a la sensualité.
5) Finalement il faut apprendre ce que le fils de Dieu nous voulu enseigner en la parabole des vierges folles, que la chasteté est inutile pour le Salut si elle n’est accompagnée de charité et des autres bonnes œuvres, que la chasteté ne marche point seule sans quelques autres vertus qui la gardent et la conserve, et c’est merveille dit St Grégoire de Néo-Césarée que la pureté de la Ste Vierge étant hors de tout péril d’être endommagée, dieu ayant mis autour d’elle un corps de garde qui la mettait en assurance. Néanmoins elle apporta une si grande diligence à la garder que jamais dit-il, personne ne porta une lampe allumée au travers du vent avec plus de circonspections, à cet effet elle Lui laissa pour escorte, l’amour de la retraite, la fuite de toute sorte de hantises non […].

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Re: Manuscrit théologique

Message non lu par Agnus » ven. 18 oct. 2013, 18:18

Je référence les inspirations du texte mais j'ai des lacunes...

On peut lire "Le fils de Dieu, que le prophète Joël appelle l’homme vierge", hélas pour l'instant je n'ai pas trouvé à quel endroit le prophète Joël utilise cette expression pour désigner le Messie. Vous connaissez ?

De même il est écrit "Les chastes se tiennent comme assurés de suivre en la vie bienheureuse de l’agneau, quelque part qu’ils aillent et où est-ce, dit St Augustin , que va cet agneau béni": c'est dans la Cité de Dieu que Saint Augustin parle de cela ?

D'avance merci pour ceux qui se pencheront sur ces questions.

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Re: Manuscrit théologique

Message non lu par gerardh » sam. 19 oct. 2013, 10:24

_______

Bonjour Agnus,

Bel effort de votre part !


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Re: Manuscrit théologique

Message non lu par Agnus » mar. 22 oct. 2013, 7:55

Bonjour,

Merci à vous.
Je suis en train de référencer toutes les allusions et inspirations de ce texte que je pense du début XVIIIe.

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Re: Manuscrit théologique

Message non lu par Agnus » mar. 29 oct. 2013, 14:56

L'analyse paléo-graphique semble confirmer une datation fin XVIIe / début XIIIe.

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