De l'enfer et du pardon des péchés

« Assurément, il est grand le mystère de notre religion : c'est le Christ ! » (1Tm 3.16)
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Raistlin
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De l'enfer et du pardon des péchés

Message non lu par Raistlin » mar. 06 mars 2007, 16:52

Bonjour à tous !

Comme le titre du sujet le laisse deviner, je me pose des questions sur l'enfer et la rémission des péchés.

En effet, il me semble que le Christ est mort pour racheter nos péchés passés, présents et futurs. Ce qui revient à dire que, pour celui qui croit en Jésus-Christ et qui croit que ses péchés sont rachetés, aucune faute ne peut plus menacer son âme éternelle.
Comment comprendre la notion de péché mortel pour un chrétien dans ce cas ?
Comment un péché pourrait-il conduire quelqu'un en enfer si cette personne, malgré son péché, croit le plus sincèrement du monde que le sacrifice du Christ la rachète ? Si cette personne sait que, malgré sa faiblesse face au péché, Jésus-Christ est mort et réssuscité pour elle et le pardon de ses fautes ?

En effet, si le Christ ne devait racheter que des saints et des personnes vertueuses, ça n'aurait plus aucun sens, non ?

J'aimerais beaucoup avoir vos points de vue sur la question. Merci !

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Popeye
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Re: De l'enfer et du pardon des péchés

Message non lu par Popeye » jeu. 19 juil. 2007, 19:30

Raistlin a écrit : il me semble que le Christ est mort pour racheter nos péchés passés, présents et futurs. Ce qui revient à dire que, pour celui qui croit en Jésus-Christ et qui croit que ses péchés sont rachetés, aucune faute ne peut plus menacer son âme éternelle.
C'est faux. C'est même hérétique. C'est franchement parpaillot. Et ça mérite l'Enfer ...

Tout d'abord il ne suffit pas d'avoir la foi : la foi sans les oeuvres ne suffit pas au salut. Voyez Mt VII 21 ; Jc II 14-26 ; Ga V 6.

La foi qui est requise, c'est la foi vivante = la foi qui est au principe des oeuvres d'espérance et de charité. Voyez Ga V 6.

Au final, voici, pour achever de vous convaincre :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ta force, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton coeur. » [Lc X 27]. « N’aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité. » . « Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. » « Ce n’est pas en me disant "Seigneur, Seigneur" qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » [Mt VII 21]. « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère, et une soeur, et une mère. » [Mc III 35]. « Ceux qui aiment le Seigneur restent dans sa voie. » [Si II 18]. « Ceux qui aiment vraiment Dieu exulteront éternellement. » [To XIV 7]. « Dieu est Amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. » . « En possession de telles promesses, biens aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, achèvant de nous sanctifier dans la crainte de Dieu. » [II Cor VII 1]. « Soyez saints comme Je Suis Saint. » [Lv XIX 2]. « Sanctifiez-vous et soyez saints. » [Lv XX 7]. « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » [Mt XXVI 41]. « N’aimez ni le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. Car tout ce qui est dans le monde - la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la richesse - vient non pas du Père mais du monde. Or le monde passe avec ses convoitises ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. » . « Ne vous y trompez pas ; on ne se moque pas impunément de Dieu. Car ce qu’on sème, on le récolte : qui sème dans sa chair, récoltera de la chair la corruption ; qui sème dans l’esprit récoltera de l’esprit la vie éternelle. » [Ga VI 7-8]. « Or je dis : laissez-vous mener par l’Esprit et vous ne risquerez pas de satisfaire à la convoitise charnelle. Car la chair convoite contre l’esprit et l’esprit contre la chair ; il y a entre eux antagonisme… Or on sait bien tout ce que produit la chair : fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousies, emportements, disputes… et autres choses semblables - et je vous préviens comme je l’ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes-là n’héritent pas du Royaume de Dieu -. Mais le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi… Ceux qui appartiennent au Christ Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. » [Ga V 16-24]. « Mais eux sont comme des animaux sans raison, voués par nature à être pris et détruits ; blasphémant ce qu’ils ignorent, de la même destruction ils seront détruits eux aussi… Ils estiment délices la volupté du jour, hommes souillés et flétris… Ils sont les yeux pleins d’adultère et insatiables de péché, ils allèchent les âmes mal affermies, ils ont le coeur exercé à la cupidité, êtres maudits ! Après avoir quitté la voie droite, ils se sont égarés… Ce sont des fontaines sans eau et des nuages poussés par un tourbillon ; l’obscurité des ténèbres leur est réservée. Avec des discours gonflés de vide, ils allèchent, par les désirs charnels, ceux qui venaient à peine de fuir les gens qui passent leur vie dans l’égarement. Ils leur promettent la liberté, mais ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption, car on est esclave de ce qui vous domine. » [II P II 12-19]. « En effet, ceux qui vivent selon la chair désirent ce qui est charnel ; ceux qui vivent selon l’esprit ce qui est spirituel. Car le désir de la chair c’est la mort, tandis que le désir de l’esprit, c’est la vie et la paix, puisque le désir de la chair est inimitié contre Dieu : il ne se soumet pas à la loi de Dieu, il ne le peut même pas, et ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu. » [Rm VIII 5-8].

Et c'est pourquoi le sacro-saint Concile de Trente, 6ème session, 13 janvier 1547, Décret sur la justification, affirme clairement ceci :


Chap. 3. Ceux qui sont justifiés par le Christ :

Mais, bien que lui soit " mort pour tous " [II Co V 15], tous cependant ne reçoivent pas le bienfait de sa mort. mais ceux-là seulement auxquels le mérite de sa Passion est communiqué. En effet, de même qu'en toute vérité les hommes ne naîtraient pas injustes s'ils ne naissaient de la descendance issue corporellement d'Adam, puisque, quand ils sont conçus, ils contractent une injustice personnelle par le fait qu'ils descendent corporellement de lui, de même ils ne seraient jamais justifiés s'ils ne renaissaient pas dans le Christ , puisque, grâce à cette renaissance, leur est accordé par le mérite de sa Passion la grâce par laquelle ils deviennent justes. Pour ce bienfait l'Apôtre nous exhorte à toujours "rendre grâce au Père qui nous a rendus dignes d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière et nous a arrachés à la puissance des ténèbres et transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la Rédemption et la rémission des péchés" [Col I 12-14].

Chap. 4. Esquisse d'une description de la justification de l'impie. Son mode dans l'état de grâce :

Ces mots esquissent une description de la justification de l'impie, comme étant un transfert de l'état dans lequel l'homme naît du premier Adam à l'état de grâce et d'adoption des fils de Dieu [Rm VIII 15], par le second Adam, Jésus Christ, notre Sauveur. Après la promulgation de l'Evangile, ce transfert ne peut se faire sans le bain de la régénération ou le désir de celui-ci, selon ce qui est écrit "Nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit Saint" [Jn III 5].

Chap. 5. Nécessité pour les adultes d 'une préparation à la justification. Son origine :

Le concile déclare, en outre, que la justification elle-même chez les adultes a son origine dans la grâce prévenante de Dieu par Jésus Christ, c'est-à-dire dans un appel de Dieu par lequel ils sont appelés sans aucun mérite en eux. De la sorte, ceux qui s'étaient détournés de Dieu par leurs péchés, poussés et aidés par la grâce, se disposent à se tourner vers la justification que Dieu leur accorde, en acquiesçant et coopérant librement à cette même grâce. De cette manière, Dieu touchant le coeur de l'homme par l'illumination de l'Esprit Saint, d'une part l'homme lui-même n'est pas totalement sans rien faire, lui qui accueille cette inspiration qu'il lui est possible de rejeter, d'autre part, pourtant, sans la grâce de Dieu, il ne lui est pas possible, par sa propre volonté, d'aller vers la justice en présence de Dieu. Aussi, lorsqu'il est dit dans la sainte Ecriture " Tournez- vous vers moi et moi je me tournerai vers vous" [Za I 3 ], notre liberté nous est rappelée ; lorsque nous répondons "Tourne-nous vers toi, Seigneur, et nous nous convertirons" [Lm V 21], nous reconnaissons que la grâce de Dieu nous prévient.

Chap. 6. Mode de la préparation :

Les hommes sont disposés à la justice elle-même lorsque, poussés et aidés par la grâce divine, concevant en eux la foi qu'ils entendent prêcher [Rm X 17], ils vont librement vers Dieu, croyant qu'est vrai tout ce qui a été divinement révélé et promis et, avant tout que Dieu justifie l'impie "par sa grâce, au moyen de la Rédemption qui est dans le Christ Jésus" [Rm III 24] ; lorsque, aussi, comprenant qu'ils sont pécheurs et passant de la crainte de la justice divine, qui les frappe fort utilement, à la considération de la miséricorde de Dieu, ils s'élèvent à l'espérance, confiants que Dieu, à cause du Christ, leur sera favorable, commencent à l'aimer comme source de toute justice, et, pour cette raison, se dressent contre les péchés, animés par une sorte de haine et de détestation, c'est-à-dire par cette pénitence que l'on doit faire avant le baptême [Ac II 38] ; lorsque, enfin, ils se proposent de recevoir le baptême, de commencer une vie nouvelle et d'observer les commandements divins.

De cette disposition il est écrit : "Celui qui approche de Dieu doit croire qu'il est et qu'il récompense ceux qui le cherchent" [He XI 6], et : "Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis" [Mt IX 2], et "La crainte du Seigneur chasse les péchés" [Si I 27], et : "Faites pénitence et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez le don de l'Esprit Saint " [Ac II 3], et : "Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé [Mt XXVIII 19-20], et : "Préparez vos coeurs pour le Seigneur " .

Chap. 7 La justification de l'impie et ses causes :

Cette disposition ou préparation est suivie par la justification elle-même, qui n'est pas seulement rémission des péchés, mais à la fois sanctification et rénovation de l'homme intérieur par la réception volontaire de la grâce et des dons. Par là, d'injuste l'homme devient juste, d'ennemi ami, en sorte qu'il est "Héritier, en espérance, de la vie éternelle" [Tt III 7].

Les causes de cette justification sont celles-ci : cause finale, la gloire de Dieu et du Christ, et la vie éternelle ; cause efficiente : Dieu qui, dans sa miséricorde, lave et sanctifie gratuitement par le sceau et l'onction [II Co I 21-22] de l'Esprit Saint promis "qui est le gage de notre héritage" [Ep I 13-14] ; cause méritoire : le Fils unique bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ qui, "alors que nous étions ennemis" [Rm V 10], "à cause du grand amour dont il nous a aimés" [Ep II 4], par sa très sainte Passion sur le bois de la croix nous a mérité la justification et a satisfait pour nous à Dieu son Père ; cause instrumentale, le sacrement du baptême, "sacrement de la foi" sans laquelle il n'y a jamais eu de justification pour personne. Enfin l'unique cause formelle est la justice de Dieu, "non pas celle par laquelle il est juste lui-même, mais celle par laquelle elle nous fait justes ", c'est-à-dire celle par laquelle, l'ayant reçue en don de lui, nous sommes "renouvelés par une transformation spirituelle de notre esprit" [Ep IV 23] nous ne sommes pas seulement réputés justes, mais nous sommes dits et nous sommes vraiment justes , recevant chacun en nous la justice, selon la mesure que l'Esprit Saint partage à chacun comme il le veut et selon la disposition et la coopération propres à chacun.

En effet, bien que personne ne puisse être juste que si les mérites de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ lui sont communiqués, c'est cependant ce qui se fait dans la justification de l'impie, alors que, par le mérite de cette très sainte Passion, la charité de Dieu est répandue par l'Esprit Saint dans les coeurs [Rm V 5] de ceux qui sont justifiés et habite en eux. Aussi, avec la rémission des péchés, l'homme reçoit-il dans la justification même par Jésus Christ, en qui il est inséré, tous les dons suivants infus en même temps: la foi, l'espérance et la charité.

Car la foi à laquelle ne se joignent ni l'espérance ni la charité n'unit pas parfaitement au Christ et ne rend pas membre vivant de son corps. Pour cette raison, l'on dit en toute vérité que la foi sans les oeuvres est morte et inutile [Jc II 17-20], et que dans le Christ Jésus ni la circoncision, ni l'incirconcision n'ont de valeur, mais la foi "qui opère par la charité" [Ga V 6, VI 15]. C'est elle que, selon la tradition des apôtres, les catéchumènes demandent à l'Eglise avant le sacrement du baptême, quand ils demandent "la foi qui procure la vie éternelle " que, sans l'espérance et la charité, la foi ne peut procurer. Aussi entendent-ils immédiatement la parole du Christ : "Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements" [Mt XIX 17]. C'est pourquoi lorsqu'ils reçoivent la justice véritable et chrétienne, cette première robe [Lc XV 22] qui leur est donnée par le Christ à la place de celle que, par sa désobéissance, Adam a perdue pour lui et pour nous, il est ordonné aussitôt à ceux qui viennent de renaître de la conserver blanche et sans tache, pour l'apporter devant le tribunal de notre Seigneur Jésus Christ et avoir la vie éternelle.

Chap. 8. Comment comprendre que l'impie est justifié par la foi et gratuitement

Lorsque l'Apôtre dit que l'homme est "justifié par la foi" et gratuitement [Rm III 22-24], il faut comprendre ces mots dans le sens où l'a toujours et unanimement tenu et exprimé l'Eglise catholique, à savoir que si nous sommes dits être justifiés par la foi, c'est parce que "la foi est le commencement du salut de l'homme", le fondement et la racine de toute justification, que sans elle "il est impossible de plaire à Dieu" [He XI 6] et de parvenir à partager le sort de ses enfants [II P I 4] ; et nous sommes dits être justifiés gratuitement parce que rien de ce qui précède la justification, que ce soit la foi ou les oeuvres, ne mérite cette grâce de la justification. En effet " Si c'est une grâce, elle ne vient pas des oeuvres ; autrement (comme le dit le même Apôtre) la grâce n'est plus la grâce " [Rm XI 6].

Chap. 9. Contre la vaine confiance des hérétiques

Bien qu'il soit indispensable de croire que les péchés ne sont et n'ont jamais été remis que gratuitement par miséricorde divine à cause du Christ, cependant personne ne doit, en se targuant de la confiance et de la certitude que ses péchés sont remis et en se reposant sur cela, dire que ses péchés sont ou ont été remis, alors que cette confiance vaine et éloignée de toute piété peut exister chez des hérétiques et des schismatiques, bien plus que de notre temps elle existe et est prêchée à grand bruit contre l'Eglise catholique;

Mais il ne faut pas non plus affirmer que tous ceux qui ont été vraiment justifiés doivent être sans aucune hésitation convaincus en eux-mêmes qu'ils ont été justifiés, ni que personne n'est absous de ses péchés et justifié, sauf celui qui croit avec certitude qu'il a été absous et justifié, et que c'est par cette seule foi que se réalise l'absolution et la justification, comme si celui qui ne croit pas cela mettait en doute les promesses de Dieu et l'efficacité de la mort et de la Résurrection du Christ. En effet, de même qu'aucun homme pieux ne doit mettre en doute la miséricorde de Dieu, les mérites du Christ, la vertu et l'efficacité des sacrements, de même quiconque se considère lui-même, ainsi que sa propre faiblesse et ses mauvaises dispositions, peut être rempli d'effroi et de crainte au sujet de sa grâce, puisque personne ne peut savoir, d'une certitude de foi excluant toute erreur, qu'il a obtenu la grâce de Dieu.

Chap. 10. L'accroissement de la grâce reçue :

Ainsi donc, ceux qui ont été justifiés et sont devenus "amis de Dieu " et "membres de sa famille " [Jn XV 15 ; Ep II 19] marchant "de vertu en vertu" [Ps LXXXIII 8] se renouvellent (comme dit l'Apôtre) de jour en jour [II Co IV 16], c'est-à- dire en mortifiant les membres de leur chair [Col III 5] et en les présentant comme des armes à la justice pour la sanctification [Rm VI 13-19], par l'observation des commandements de Dieu et de l'Eglise ; ils croissent dans cette justice reçue par la grâce du Christ, la foi coopérant aux bonnes oeuvres [Jc II 22] et ils sont davantage justifiés, selon ce qui est écrit : "Celui qui est juste, sera encore justifié" [Ap XXII 11] et aussi : "Ne crains pas d'être justifié jusqu'à la mort" [Si XVIII 22] et encore "Vous voyez que l'homme est justifié par les oeuvres et non par la foi seule" [Jc II 24]. Cet accroissement de justice, la sainte Eglise le demande quand elle dit dans la prière : "Seigneur, augmente en nous la foi, l'espérance et la charité."

Chap. 11. L'observation des commandements. Sa nécessité et sa possibilité.

Personne, si justifié soit-il, ne doit penser qu'il est libéré de l'observation des commandements. Personne ne doit user de cette expression téméraire et interdite sous peine d'anathèmes par les Pères, à savoir que pour l'homme justifié les commandements de Dieu sont impossibles à observer. "Car Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais en commandant il t'invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas ", et il t'aide pour que tu le puisses ; ses commandements ne sont pas pesants , son joug est doux et son fardeau léger [Mt XI 30]. En effet, ceux qui sont enfants de Dieu aiment le Christ ; ceux qui l'aiment (comme il en témoigne lui-même) gardent ses paroles [Jn XIV 23] ce qui leur est toujours possible avec l'aide de Dieu.

Bien qu'en cette vie mortelle, aussi saints et justes qu'ils soient, ils tombent parfois au moins dans les péchés légers et quotidiens, qu'on appelle aussi véniels, ils ne cessent pas pour autant d'être justes. En effet l'expression humble et authentique des justes est celle-ci : "Remets-nous nos dettes" [Mt VI 12]. C'est pourquoi les justes eux-mêmes doivent se sentir d'autant plus obligés à marcher dans la voie de la justice que, désormais " libérés du péché, devenus serviteurs de Dieu " [Rm VI 22], vivant "dans la tempérance, la justice et la piété" [Tt II 12], ils peuvent progresser par le Christ Jésus qui leur a ouvert l'accès à cette grâce [Rm V 2]. Car ceux qu'il a justifiés une fois, "Dieu ne les abandonne pas, à moins qu'il ne soit d'abord abandonné par eux".

C'est pourquoi personne ne doit se rassurer dans la foi seule, pensant que par la foi seule il a été constitué héritier et obtiendra l'héritage, même s'il ne souffre pas avec le Christ pour être glorifié avec lui [Rm VIII 17]. Car le Christ lui-même (comme le dit l'Apôtre), "tout Fils de Dieu qu'il fût, a appris par ses souffrances à obéir, et, ayant tout accompli, est devenu cause de salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent" [He V 8-9]. C'est pourquoi l'Apôtre lui-même avertit ceux qui ont été justifiés en ces termes : "Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez de manière à le remporter. Pour moi, donc, c'est ainsi que je cours, non à l'aventure ; c'est ainsi que je combats, non comme en frappant dans le vide. Mais je châtie mon corps et je le réduis en esclavage, de peur qu'après avoir prêché aux autres je ne sois moi-même éliminé" . Et Pierre, le prince des Apôtres "Appliquez-vous à rendre certaine votre vocation et votre élection par vos bonnes oeuvres ; en agissant ainsi vous ne pécherez jamais" [II P I 10].

Il est par là évident qu'ils s'opposent à la doctrine orthodoxe de la religion ceux qui disent que, dans toute bonne action, le juste pèche au moins véniellement ou (ce qui est plus intolérable) mérite les peines éternelles ; de même aussi ceux qui déclarent que les justes pèchent dans toutes leurs actions, si, voulant secouer en eux l'indolence et s'encourager à courir dans le stade, ils considèrent, en même temps que la glorification mise en premier lieu, la récompense éternelle, alors qu'il est écrit : "J'ai disposé mon coeur à la pratique de tes prescriptions à cause de la récompense" [Ps CXVIII 12] , et que l'Apôtre dit de Moïse qu'il "avait les yeux fixés sur la récompense [He XI 26].

Chap. 12. On doit se garder d'une présomption téméraire concernant la prédestination

Personne non plus, aussi longtemps qu'il vit dans la condition mortelle, ne doit présumer du mystère caché de la prédestination divine qu'il déclare avec certitude qu'il est absolument du nombre des prédestinés, comme s'il était vrai qu'une fois justifié ou bien il ne puisse plus pécher ou bien, s'il venait à pécher, il doive se promettre une repentance certaine. Car, à moins d'une révélation spéciale, on ne peut savoir ceux que Dieu s'est choisis.

Chap. 15. Tout péché mortel fait perdre la grâce, mais non la foi.

Contre les esprits rusés de certains hommes qui, "par de doux discours et des bénédictions, séduisent les coeurs simples" [Rm XVI 18], il faut affirmer que la grâce de la justification, qui a été reçue, se perd non seulement par l'infidélité, par laquelle se perd aussi la foi elle-même, mais aussi par n'importe quel péché mortel, bien qu'alors ne se perde pas la foi. On défend ainsi la doctrine de la Loi divine qui exclut du Royaume de Dieu non seulement les infidèles, mais aussi les fidèles fornicateurs, adultères, efféminés, sodomites, voleurs, avares, ivrognes, médisants, rapaces [ICo VI 9-10] et tous les autres qui commettent des péchés mortels dont, avec l'aide de la grâce divine, ils peuvent s'abstenir et à cause desquels ils sont séparés de la grâce du Christ.

Chap. 16. Le fruit de la justification : le mérite, les bonnes oeuvres. Sa nature :

C'est donc dans cette perspective qu'il faut proposer aux hommes justifiés, qu'ils aient sans cesse gardé la grâce reçue ou qu'ils l'aient recouvrée après l'avoir perdue, les mots de l'Apôtre : "Soyez riches de toute oeuvre bonne, sachant que votre labeur n'est pas vain dans le Seigneur" [i Co XV 58] car "Dieu n'est pas injuste au point d'oublier ce que vous avez fait et la charité dont vous avez fait preuve en son nom" [He VI 10], et : "Ne perdez pas votre confiance ; elle aura une grande récompense" He 10,35 . Et c'est pourquoi, à ceux qui agissent bien "jusqu'à la fin" [Mt X 22 ; XXIV 13] et qui espèrent en Dieu, il faut proposer la vie éternelle à la fois comme la grâce miséricordieusement promise par le Christ Jésus aux fils de Dieu et "comme la récompense" que Dieu, selon la promesse qu'il a faite lui-même, accordera à leurs oeuvres bonnes et à leurs mérites. Telle est, en effet, "la couronne de justice" dont l'Apôtre disait qu'elle lui était "réservée après son combat et sa course et lui serait donnée par le juste juge, non seulement à lui, mais aussi à tous ceux qui attendent avec amour son avènement" [II Tm IV 7-8].

Le Christ Jésus lui-même communique constamment sa force à ceux qui ont été justifiés, comme la tête aux membres [Ep IV 15], comme le cep aux sarments [Jn XV 5] force qui toujours précède, accompagne et suit leurs bonnes oeuvres et sans laquelle celles-ci ne pourraient en aucune manière être agréables à Dieu et méritoires. Aussi faut-il croire qu'il ne manque rien d'autre aux justifiés eux-mêmes pour qu'ils soient estimés avoir pleinement satisfait à la Loi de Dieu, dans les conditions de cette vie, par ces oeuvres qui ont été faites en Dieu [JnIII 21], et avoir vraiment mérité d'obtenir, en son temps, la vie éternelle, si toutefois ils meurent dans la grâce [Ap XIV 13]. Le Christ notre Sauveur ne dit-il pas : "Si quelqu'un boit de l'eau que je lui donnerai, il n'aura jamais soif ; elle deviendra en lui une source d'eau jaillissant pour la vie éternelle " [Jn IV 14] ?

Ainsi notre justice personnelle n'est pas établie comme venant personnellement de nous [II Co III 5] et la justice de Dieu n'est ni méconnue ni rejetée [Rm X 3]. En effet cette justice est dite nôtre, parce que nous sommes justifiés par cette justice qui habite en nous ; et cette même justice est celle de Dieu, parce qu'elle est répandue en nous par Dieu et par les mérites du Christ.

Il ne faut pas omettre ceci : la sainte Ecriture attribue, certes, une telle valeur aux bonnes oeuvres que le Christ promet que même celui qui donne à l'un de ses plus petits un verre d'eau fraîche ne perdra pas sa récompense [Mt X 42 ; Mc IX 40] ; et l'Apôtre atteste que notre "légère tribulation d'un instant nous prépare au-delà de toute mesure un poids éternel de gloire dans les cieux" [II Co IV 17]. Cependant, loin de nous de penser que le chrétien se confie ou se glorifie en lui-même et non pas dans le Seigneur [I Co I 31 ; II Co X 17] dont la bonté envers les hommes est si grande qu'il veut que ses dons soient leurs mérites.

Et parce que " nous péchons tous en bien des choses [Jc III 2], chacun doit avoir devant les yeux non seulement la miséricorde et la bonté, mais aussi la sévérité et le jugement, et l'on ne doit pas se juger soi-même, même si on n'est conscient d'aucune faute. Car toute la vie des hommes doit être examinée et jugée non pas par un jugement d'homme, mais par celui de Dieu "qui éclairera les secrets des ténèbres et rendra manifestes les secrets des coeurs ; et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient " [I Co IV 4 s.], lui qui, comme il est écrit, "rendra à chacun selon ses oeuvres" [Rm II 6].

Canons sur la justification :

can. 9. Si quelqu'un dit que l'impie est justifié par la seule foi, entendant par là que rien d'autre n'est requis pour coopérer à l'obtention de la grâce, et qu'il ne lui est en aucune manière nécessaire de se préparer et disposer par un mouvement de sa volonté : qu'il soit anathème.

can. 10. Si quelqu'un dit que les hommes sont justifiés sans la justice du Christ, par laquelle il a mérité pour nous, ou qu'ils sont formellement justes par cette justice : qu'il soit anathème.

can. 11. Si quelqu'un dit que les hommes sont justifiés ou bien par la seule imputation de la justice du Christ, ou bien par la seule rémission des péchés, à l'exclusion de la grâce et de la charité qui est répandue dans leurs coeurs par l'Esprit Saint [Rm V 5] et habite en eux, ou encore que la grâce par laquelle nous sommes justifiés est seulement la faveur de Dieu : qu'il soit anathème.

can. 12. Si quelqu'un dit que la foi qui justifie n'est rien d'autre que la confiance en la miséricorde divine, qui remet les péchés à cause du Christ, ou que c'est par cette seule confiance que nous sommes justifiés : qu'il soit anathème.

13. Si quelqu'un dit qu'il est indispensable à tout homme, pour obtenir la rémission des péchés, de croire avec certitude et sans aucune hésitation venant de sa faiblesse personnelle ou de son manque de disposition que ses péchés lui sont remis : qu'il soit anathème.

14. Si quelqu'un dit que l'homme est absous de ses péchés et justifié parce qu'il croit avec une certitude qu'il est absous et justifié, ou que n'est vraiment justifié que celui qui croit qu'il est justifié, et que cette seule foi réalise l'absolution et la justification : qu'il soit anathème.


A toutes fins utiles, laisser moi vous préciser que l'anathème est la plus terrible des peines vindicatives que l'Eglise, en vertu de son pouvoir des clés (lier et délier), peut prononcer : C'est une sentence de condamnation à la mort éternelle ...


Raistlin a écrit :
Comment comprendre la notion de péché mortel pour un chrétien dans ce cas ? Comment un péché pourrait-il conduire quelqu'un en enfer si cette personne, malgré son péché, croit le plus sincèrement du monde que le sacrifice du Christ la rachète ? Si cette personne sait que, malgré sa faiblesse face au péché, Jésus-Christ est mort et réssuscité pour elle et le pardon de ses fautes ? En effet, si le Christ ne devait racheter que des saints et des personnes vertueuses, ça n'aurait plus aucun sens, non ? J'aimerais beaucoup avoir vos points de vue sur la question. Merci !


Vous venez de recevoir l'enseignement scripturaire et ecclésial relatif à ces question, ce qui sera toujors mieux que l'opinion de tartempion ou de cornichonne.

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Christophe
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Re: De l'enfer et du pardon des péchés

Message non lu par Christophe » jeu. 19 juil. 2007, 20:00

Popeye, merci pour votre exposé.

Veillez néanmoins à garder un ton aimable et fraternelle à l'égard de vos concitoyens...
Je pense qu'il est inutile de vous rappeler notre règlement : à force rappels vous devez le connaitre par coeur !
Il est dommage de gâcher quelque peu la réception de vos messages, souvent fort érudits et pertinents, par la rudesse qui en dégage...

NB : Il existe désormais une fonction de modération a priori sur ce forum. A bon entendeur...

En union de prières
Christophe
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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Popeye
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Re: De l'enfer et du pardon des péchés

Message non lu par Popeye » jeu. 19 juil. 2007, 22:13

Veillez néanmoins à garder un ton aimable et fraternelle à l'égard de vos concitoyens...
:?: Ah bon ? Qui aurais-je rudoyé cette fois ???

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Christophe
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Re: De l'enfer et du pardon des péchés

Message non lu par Christophe » jeu. 19 juil. 2007, 22:19

popeye a écrit : :?: Ah bon ? Qui aurais-je rudoyé cette fois ???
popeye, s'adressant à Raistlin, a écrit :C'est faux. C'est même hérétique. C'est franchement parpaillot. Et ça mérite l'Enfer ...
:siffle:

Pour aller droit au but : Popeye, vous n'êtes pas qualifié pour instruire des procès en hérésie... dont acte.
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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Popeye
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Re: De l'enfer et du pardon des péchés

Message non lu par Popeye » jeu. 19 juil. 2007, 22:56

Bonsoir.

1. Je n'ai fait qu'affirmer de manière claire et nette, à un coréligionnaire et pour son instruction, par sollicitude pour lui et par amour de Dieu révélant et de l'Eglise enseignant, que la doctrine de la justification forinsèque qui est sous-tendue par son post est protestante, jugée hérétique par l'Eglise, et anathématisée.

2. C'est le devoir d'un catholique instruit d'ouvrir les yeux de ses frères et de leur monter où réside leur erreur, ce qui fut fait à l'aide de nombreuses citations scripturaires et des ensignements du Concile de Trente. Ce devoir est d'autant plus impérieux qu'un avis doctrinal était sollicité, et que le sollicitant professe une doctrine qui n'est pas catholique.

3. C'est encore le devoir et l'attitude normale pour un catholique d'haïr le mensonge (et donc l'hérésie) autant que le péché : Dieu nous appelle à la vérité autant qu'à la sainteté ; la vérité ne se trafique pas.

4. Aucun procès ne fut instruit.


Cordialement ...

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Re: De l'enfer et du pardon des péchés

Message non lu par Christophe » ven. 20 juil. 2007, 7:45

popeye a écrit :Bonsoir.

[...]

Cordialement ...
Vous voyez, ça commence à rentrer. :p

Amitiés
Christophe
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Re: De l'enfer et du pardon des péchés

Message non lu par Raistlin » ven. 20 juil. 2007, 9:08

C'est faux. C'est même hérétique. C'est franchement parpaillot. Et ça mérite l'Enfer ...
Cher Popeye, je pense que vous avez oublié les consignes de notre Seigneur Jésus-Christ sur l'importance de ne pas juger ses frêres. Je ne vous rappelerai pas le passage en question - je suis sûr que vous le connaissez - mais faites tout de même attenton : seul Dieu est juge, ne prenez donc pas sa place en disant que quelqu'un mérite l'Enfer...

Ceci étant dit, j'aimerais revenir à notre sujet. Vous dites que la foi sans les actes n'est rien. Sauf que plusieurs passages du Nouveau Testament insistent sur la nullité des actes par rapport à la foi, sur le fait que nous pourrons jamais être des justes par nos actes, etc...
Je ne dis pas qu'il faut se comporter comme un cochon (et en cela, mon premier message était peut-être ambigu), puisqu'il est bien évident qu'une foi sincère et un amour vrai de Dieu et de son prochain induisent forcément le comportement responsable qui va avec. Mais on peut aimer Dieu et ne pas pouvoir obéir à un des commandements de la Bible, en raison de la faiblesse humaine ou de contradictions qui sont le lot de l'être humain.

Mais prenons un exemple pour illustrer mon interrogation... Imaginons le cas d'un chrétien ayant une foi authentique mais qui vit en concubinage avec une femme. Ils s'aiment, ils sont fidèles, etc... mais ne peuvent se marier pour X raisons (on dira surtout que la femme non croyante ne veut pas) et l'homme ne veut quitter sa conjointe, non parce qu'il ne peut y renoncer, mais parce qu'il refuse de la faire souffrir, pour des convictions qu'il est le seul à avoir. Ils pratiquent donc ce que l'Eglise appelle la fornication, péché grave il me semble au même titre que les actes homosexuels, la prostitution, le viol, et tout le toutim. Bien sûr le chrétien en question est désolé envers Dieu et lui demande pardon dans ses prières mais il ne peut se résoudre à blesser une femme qui lui fait confiance et qui lui a donné son amour. Cet homme est-il condamné à l'Enfer ? Dieu, dans son amour, condamnerait-il son enfant simplement parce qu'il n'a pas obéi à la lettre alors que l'essentiel est là : il aime sa conjointe plus que sa propre vie, au risque même de mettre son âme en danger ?

On me reprochera de prendre un cas particulier, mais je suis convaincu que c'est dans les cas particuliers que l'amour de Dieu est le plus perceptible.

En Christ,
« Dieu fournit le vent. A l'homme de hisser la voile. » (Saint Augustin)

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Re: De l'enfer et du pardon des péchés

Message non lu par Popeye » ven. 20 juil. 2007, 12:17

Cher Popeye, je pense que vous avez oublié les consignes de notre Seigneur Jésus-Christ sur l'importance de ne pas juger ses frêres. Je ne vous rappelerai pas le passage en question - je suis sûr que vous le connaissez - mais faites tout de même attenton : seul Dieu est juge, ne prenez donc pas sa place en disant que quelqu'un mérite l'Enfer...
Bonjour Raistlin.

Vous n'y êtes absolument pas.

1. La doctrine que vous avez professé, cher et aimé coréligionaire, est si absolument contraire à l'Ecriture Sainte, qu'elle viole une vérité de foi divine. Elle fut, pour le scandale des fidèles, professé par l'hérésiarque Luther. La Sainte Eglise a réagit à cet enseignement corrompu, fruit du père du mensonge, dans les enseignements magistraux du Concile de Trente. En résumé, la doctrine que vous professez est une doctrine acatholique, protestante, qui viole l'Ecriture (donc fait de Dieu un menteur...) et qui fut condamnée solennellement par le Magistère comme l'attestent les canons doctrinaux portant anathème qui font suite aux chapitres doctrinaux qui explicitent la foi.

2. L'erreur dans la foi (négation d'une vérité de fide ut tenenda) ou l'hérésie (négation d'une vérité de fide ut credenda) sont des péchés qui, pour autant qu'ils soient FORMELLEMENT constitués, méritent l'Enfer. La distinction entre péché matériel et péché formel tient en ceci qu'il ne suffit pas de commettre matériellement l'acte fautif (professer l'hérésie ou l'erreur dans la foi) pour que cet acte soit imputable à faute. Il y faut encore l'advertance suffisante de la raison et de la volonté. Quant à l'advertance de la raison, elle consiste soit à connaitre que la doctrine qu'on professe s'oppose à la foi, soit l'ignorer d'une ignorance coupable. L'ignorance est vincible lorsque que le sujet peut la faire disparaitre par une diligence ordinaire à s'instruire. Elle est indirectement voulue quant elle procède d'une négligence à s'instruire. Indirecte et vincible, elle est fautive et implique l'advertance de la raison à l'acte commis avec ignorance fautive.

3. Vous avez exposé vous-même que vous venez de revenir à la foi. Vous avez encore, sur un point de doctrine, posé une question doctrinale dans le désir de vous instruire. Ce désir d'instruction fait apparaitre que votre ignorance n'était pas fautive. Et c'est pourquoi je me suis abstenu de porter contre vous la moindre accusation de quoi que ce soit. M'avez-vous vu m'interroger pour savoir si vous professiez matériellement ou formellement l'erreur dans la foi ou l'hérésie ? Nullement ! M'avez vous vu vous dire que vous étiez hérétique ? Nullement ! Je n'ai fait que vous instruire sur le caractère hérétique de la doctrine que vous avez exposé.

4. Quant au passage de l'Evangile où il est écrit "ne juge pas de peur d'être jugé", je doute profondément qu'il signifie ce que vous pensez qu'il signifie. Car d'une, en ayant institué l'Eglise en lui confiant le pouvoir de lier autant que celui de délier, Jésus a pleinement reconnu qu'une socièté doit être doté d'instances capables de juger pour rendre la justice. Jésus n'a interdit ni les tribunaux humains ni les tribunaux ecclésiastiques. De deux, si infliger des peines n'appartient qu'à l'autorité légitime, les particuliers peuvent juger d'une doctrine (il suffit qu'il soit suffisament instruits des choses de la foi. c'est le principe même des notes théologiques portées par les théologiens. en effet, si telle doctrine est un dogme, alors nécessairement sa contradictoire est une hérésie) ou d'un comportement (pour autant qu'ils connaissent tant les faits d'espèce que les règles régissant la théologie morale). Pour ces raisons, m'est avis que ce que Jésus nous demande, c'est de conserver une certaine attitude intérieure quand nous jugeons : nous rappeler de nos propres péchés en un esprit d'humilité, de contrition, de pénitence.

5. Je ne cherche nullement à usurper la place de Dieu. Je n'ai pas dit que vous méritiez l'Enfer, mais que la doctrine que vous professiez mérite l'Enfer. Elle le mérite à qui la professe avec advertance suffisante de la raison et de la volonté. Je n'ai nullement dit que la doctrine que vous professiez vous était formellement imputable à faute. Si ultérieurement, une fois les dernières précisions données pour que vous ne puissiez plus de bonne foi ignorer la doctrine de foi, devait apparaitre que vous professez encore une si méchante doctrine, alors là rien ne m'interdirait de dire que vous méritez l'Enfer à raison de ce péché formel d'infidélité. Et ce sera toujours charité pour vous (du style "réveillez-vous malheureux, vous courrez à votre perte") et pour le prochain (pour que ceux qui vous lisent ne soient pas contaminés). Enfin, à l'attention de Christophe, même en cette dernière hypothèse je n'instruirais aucun procès. Car les mots ont un sens. Instruire un procès d'hérésie n'appartient qu'à l'autorité compétente, nullmement à un théologien particulier, parce qu'instruire un procès vise, si est établi la culpabilité du fauteur, soit à déclarer la peine médicinale d'excommunication, soit à déclarer ou à infliger la peine vindicative d'anathème (mise à mort éternelle), soit à prononcer la mise à mort temporelle pour remettre ensuite le coupable au bras séculier. Sans mandat pontifical, je ne voit pas comment je pourrais instruire un procès. Merci donc de cesser vos aneries, cher et bien aimé Christophe. :)

***
Ceci étant dit, j'aimerais revenir à notre sujet. Vous dites que la foi sans les actes n'est rien. Sauf que plusieurs passages du Nouveau Testament insistent sur la nullité des actes par rapport à la foi, sur le fait que nous pourrons jamais être des justes par nos actes, etc...
Cher Raistlin.

1. Remarquez d'abord qu'à suivre votre raisonnement l'Ecriture Sainte serait en contradiction avec elle même, Dieu révélant se contredisant dans les enseignements inspirés qu'il suscite. Ce qui aboutit à insulter Dieu (qui, pauvre bougre, s'emmèle les pinceaux) et à ruiner l'autorité de l'Ecriture (truffée de contradictions). Partant, pas d'autre solution que de concilier les textes qui, de prime abord, jurent entre eux :

2. Quant à la foi, remarquez qu'on peut l'envisager en elle même ou jointe à l'espérance et à la charité. D'elle même la foi se distingue tant de l'espérance que de la charité. Mais il arrive souvent qu'on envisage la foi dans son rapport à (l'espérance et à) la charité, pour désigner sous le vocable de "foi vive" une foi qui s'épanouit en espérance et charité, "foi morte" une foi à laquelle ne s'adjoint pas la charité.

3. Dans le rapport de la foi et des oeuvres, les oeuvres n'ont de valeur que posées en état de grâce, état qui inclut la foi, l'espérance, la charité. Les oeuvres ne sont surnaturellement méritoire du Ciel qu'accomplies sous l'effet de la charité. Les oeuvres qui ne sont pas accomplies sous l'effet de la charité ne peuvent aucunement mériter le Ciel, ce alors même qu'elles ne sont pas des péchés. Les oeuvres qui constituent des péchés mortels font perdre la charité et la grâce et méritent damnation sempiternelle. C'est cet aspect méritoire du Ciel et de l'Enfer de nos oeuvres qui fut souligné dans les citations scripturaires de mon premier post : aimer Dieu c'est faire sa volonté [« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ta force, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton coeur. » [Lc X 27]. « Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. » « Ce n’est pas en me disant "Seigneur, Seigneur" qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » [Mt VII 21]. Et la suite des citations ...] : la charité implique les bonnes oeuvres : « N’aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité. » .

4. Les passages qui disent que nous ne sommes pas justifiés par nos oeuvres ne signifient pas que les oeuvres ne valent rien, mais qu'elles ne valent que pour autant qu'elles sont posées en état de grâce. Or ce n'est pas nos oeuvres qui nous méritent d'être justifiés = d'être lavé de la tache du péché originel et de recevoir la grâce sanctifiante et les vertus infuses. Avant d'être justifié, l'homme est en état de péché mortel. Si en cet état toutes ses oeuvres ne sont pas des péchés, reste que même les bonnes oeuvres qu'on peut poser alors qu'on est en état de péché mortel ne peuvent nous mériter la justification. C'est de ce point de vue que S. Paul dit que les oeuvres ne sont rien. Et s'il donne le primat à la foi, c'est que, comme l'enseigne le Concile de Trente, "la foi est la racine de la justification".

5. Tout ceci est admirablement exposé dans les chapitres doctrinaux du Concile de Trente sur la Justification :

Concile Oecuménique de Trente a écrit :

Chap. 4. Esquisse d'une description de la justification de l'impie. Son mode dans l'état de grâce :

Ces mots esquissent une description de la justification de l'impie, comme étant un transfert de l'état dans lequel l'homme naît du premier Adam à l'état de grâce et d'adoption des fils de Dieu [Rm VIII 15], par le second Adam, Jésus Christ, notre Sauveur. Après la promulgation de l'Evangile, ce transfert ne peut se faire sans le bain de la régénération ou le désir de celui-ci, selon ce qui est écrit "Nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit Saint" [Jn III 5].

Chap. 5. Nécessité pour les adultes d 'une préparation à la justification. Son origine :

Le concile déclare, en outre, que la justification elle-même chez les adultes a son origine dans la grâce prévenante de Dieu par Jésus Christ, c'est-à-dire dans un appel de Dieu par lequel ils sont appelés sans aucun mérite en eux. De la sorte, ceux qui s'étaient détournés de Dieu par leurs péchés, poussés et aidés par la grâce, se disposent à se tourner vers la justification que Dieu leur accorde, en acquiesçant et coopérant librement à cette même grâce. De cette manière, Dieu touchant le coeur de l'homme par l'illumination de l'Esprit Saint, [b]d'une part l'homme lui-même n'est pas totalement sans rien faire, lui qui accueille cette inspiration qu'il lui est possible de rejeter, d'autre part, pourtant, sans la grâce de Dieu, il ne lui est pas possible, par sa propre volonté, d'aller vers la justice en présence de Dieu.[/b] Aussi, lorsqu'il est dit dans la sainte Ecriture " Tournez- vous vers moi et moi je me tournerai vers vous" [Za I 3 ], notre liberté nous est rappelée ; lorsque nous répondons "Tourne-nous vers toi, Seigneur, et nous nous convertirons" [Lm V 21], nous reconnaissons que la grâce de Dieu nous prévient.

Chap. 6. Mode de la préparation :

Les hommes sont disposés à la justice elle-même lorsque, poussés et aidés par la grâce divine, concevant en eux la foi qu'ils entendent prêcher [Rm X 17], ils vont librement vers Dieu, croyant qu'est vrai tout ce qui a été divinement révélé et promis et, avant tout que Dieu justifie l'impie "par sa grâce, au moyen de la Rédemption qui est dans le Christ Jésus" [Rm III 24] ; lorsque, aussi, comprenant qu'ils sont pécheurs et passant de la crainte de la justice divine, qui les frappe fort utilement, à la considération de la miséricorde de Dieu, ils s'élèvent à l'espérance, confiants que Dieu, à cause du Christ, leur sera favorable, commencent à l'aimer comme source de toute justice, et, pour cette raison, se dressent contre les péchés, animés par une sorte de haine et de détestation, c'est-à-dire par cette pénitence que l'on doit faire avant le baptême [Ac II 38] ; lorsque, enfin, ils se proposent de recevoir le baptême, de commencer une vie nouvelle et d'observer les commandements divins.

De cette disposition il est écrit : "Celui qui approche de Dieu doit croire qu'il est et qu'il récompense ceux qui le cherchent" [He XI 6], et : "Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis" [Mt IX 2], et "La crainte du Seigneur chasse les péchés" [Si I 27], et : "Faites pénitence et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez le don de l'Esprit Saint " [Ac II 3], et : "Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé [Mt XXVIII 19-20], et : "Préparez vos coeurs pour le Seigneur " .

Chap. 7 La justification de l'impie et ses causes :

Cette disposition ou préparation est suivie par la justification elle-même, qui n'est pas seulement rémission des péchés, mais à la fois sanctification et rénovation de l'homme intérieur par la réception volontaire de la grâce et des dons. Par là, d'injuste l'homme devient juste, d'ennemi ami, en sorte qu'il est "Héritier, en espérance, de la vie éternelle" [Tt III 7].

Les causes de cette justification sont celles-ci : cause finale, la gloire de Dieu et du Christ, et la vie éternelle ; cause efficiente : Dieu qui, dans sa miséricorde, lave et sanctifie gratuitement par le sceau et l'onction [II Co I 21-22] de l'Esprit Saint promis "qui est le gage de notre héritage" [Ep I 13-14] ; cause méritoire : le Fils unique bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ qui, "alors que nous étions ennemis" [Rm V 10], "à cause du grand amour dont il nous a aimés" [Ep II 4], par sa très sainte Passion sur le bois de la croix nous a mérité la justification et a satisfait pour nous à Dieu son Père ; cause instrumentale, le sacrement du baptême, "sacrement de la foi" sans laquelle il n'y a jamais eu de justification pour personne. Enfin l'unique cause formelle est la justice de Dieu, "non pas celle par laquelle il est juste lui-même, mais celle par laquelle elle nous fait justes ", c'est-à-dire celle par laquelle, l'ayant reçue en don de lui, nous sommes "renouvelés par une transformation spirituelle de notre esprit" [Ep IV 23] nous ne sommes pas seulement réputés justes, mais nous sommes dits et nous sommes vraiment justes , recevant chacun en nous la justice, selon la mesure que l'Esprit Saint partage à chacun comme il le veut et selon la disposition et la coopération propres à chacun.

En effet, bien que personne ne puisse être juste que si les mérites de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ lui sont communiqués, c'est cependant ce qui se fait dans la justification de l'impie, alors que, par le mérite de cette très sainte Passion, la charité de Dieu est répandue par l'Esprit Saint dans les coeurs [Rm V 5] de ceux qui sont justifiés et habite en eux. Aussi, avec la rémission des péchés, l'homme reçoit-il dans la justification même par Jésus Christ, en qui il est inséré, tous les dons suivants infus en même temps: la foi, l'espérance et la charité.

Car la foi à laquelle ne se joignent ni l'espérance ni la charité n'unit pas parfaitement au Christ et ne rend pas membre vivant de son corps. Pour cette raison, l'on dit en toute vérité que la foi sans les oeuvres est morte et inutile [Jc II 17-20], et que dans le Christ Jésus ni la circoncision, ni l'incirconcision n'ont de valeur, mais la foi "qui opère par la charité" [Ga V 6, VI 15]. C'est elle que, selon la tradition des apôtres, les catéchumènes demandent à l'Eglise avant le sacrement du baptême, quand ils demandent "la foi qui procure la vie éternelle " que, sans l'espérance et la charité, la foi ne peut procurer. Aussi entendent-ils immédiatement la parole du Christ : "Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements" [Mt XIX 17]. C'est pourquoi lorsqu'ils reçoivent la justice véritable et chrétienne, cette première robe [Lc XV 22] qui leur est donnée par le Christ à la place de celle que, par sa désobéissance, Adam a perdue pour lui et pour nous, il est ordonné aussitôt à ceux qui viennent de renaître de la conserver blanche et sans tache, pour l'apporter devant le tribunal de notre Seigneur Jésus Christ et avoir la vie éternelle.

Chap. 8. Comment comprendre que l'impie est justifié par la foi et gratuitement

Lorsque l'Apôtre dit que l'homme est "justifié par la foi" et gratuitement [Rm III 22-24], il faut comprendre ces mots dans le sens où l'a toujours et unanimement tenu et exprimé l'Eglise catholique, à savoir que si nous sommes dits être justifiés par la foi, c'est parce que "la foi est le commencement du salut de l'homme", le fondement et la racine de toute justification, que sans elle "il est impossible de plaire à Dieu" [He XI 6] et de parvenir à partager le sort de ses enfants [II P I 4] ; et nous sommes dits être justifiés gratuitement parce que rien de ce qui précède la justification, que ce soit la foi ou les oeuvres, ne mérite cette grâce de la justification. En effet " Si c'est une grâce, elle ne vient pas des oeuvres ; autrement (comme le dit le même Apôtre) la grâce n'est plus la grâce" [Rm XI 6].



***



Raistlin a écrit :Je ne dis pas qu'il faut se comporter comme un cochon (et en cela, mon premier message était peut-être ambigu), puisqu'il est bien évident qu'une foi sincère et un amour vrai de Dieu et de son prochain induisent forcément le comportement responsable qui va avec. Mais on peut aimer Dieu et ne pas pouvoir obéir à un des commandements de la Bible, en raison de la faiblesse humaine ou de contradictions qui sont le lot de l'être humain.


Concile de Trente, suite, a écrit :
Chap. 11. L'observation des commandements. Sa nécessité et sa possibilité.

Personne, si justifié soit-il, ne doit penser qu'il est libéré de l'observation des commandements.Personne ne doit user de cette expression téméraire et interdite sous peine d'anathème par les Pères, à savoir que pour l'homme justifié les commandements de Dieu sont impossibles à observer. "Car Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais en commandant il t'invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas", et il t'aide pour que tu le puisses ; ses commandements ne sont pas pesants , son joug est doux et son fardeau léger [Mt XI 30] En effet, ceux qui sont enfants de Dieu aiment le Christ ; ceux qui l'aiment (comme il en témoigne lui-même) gardent ses paroles [Jn XIV 23] ce qui leur est toujours possible avec l'aide de Dieu.

Bien qu'en cette vie mortelle, aussi saints et justes qu'ils soient, ils tombent parfois au moins dans les péchés légers et quotidiens, qu'on appelle aussi véniels, ils ne cessent pas pour autant d'être justes. En effet l'expression humble et authentique des justes est celle-ci : "Remets-nous nos dettes" [Mt VI 12]. C'est pourquoi les justes eux-mêmes doivent se sentir d'autant plus obligés à marcher dans la voie de la justice que, désormais " libérés du péché, devenus serviteurs de Dieu " [Rm VI 22], vivant "dans la tempérance, la justice et la piété " [Tt II 12], ils peuvent progresser par le Christ Jésus qui leur a ouvert l'accès à cette grâce [Rm V 2]. Car ceux qu'il a justifiés une fois, "Dieu ne les abandonne pas, à moins qu'il ne soit d'abord abandonné par eux".

C'est pourquoi personne ne doit se rassurer dans la foi seule, pensant que par la foi seule il a été constitué héritier et obtiendra l'héritage, même s'il ne souffre pas avec le Christ pour être glorifié avec lui [Rm VIII 17]. Car le Christ lui-même (comme le dit l'Apôtre), "tout Fils de Dieu qu'il fût, a appris par ses souffrances à obéir, et, ayant tout accompli, est devenu cause de salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent" [He V 8-9]. C'est pourquoi l'Apôtre lui-même avertit ceux qui ont été justifiés en ces termes : "Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez de manière à le remporter. Pour moi, donc, c'est ainsi que je cours, non à l'aventure ; c'est ainsi que je combats, non comme en frappant dans le vide. Mais je châtie mon corps et je le réduis en esclavage, de peur qu'après avoir prêché aux autres je ne sois moi-même éliminé" . Et Pierre, le prince des Apôtres "Appliquez-vous à rendre certaine votre vocation et votre élection par vos bonnes oeuvres ; en agissant ainsi vous ne pécherez jamais" [II P I 10].

Il est par là évident qu'ils s'opposent à la doctrine orthodoxe de la religion ceux qui disent que, dans toute bonne action, le juste pèche au moins véniellement ou (ce qui est plus intolérable) mérite les peines éternelles ; de même aussi ceux qui déclarent que les justes pèchent dans toutes leurs actions, si, voulant secouer en eux l'indolence et s'encourager à courir dans le stade, ils considèrent, en même temps que la glorification mise en premier lieu, la récompense éternelle, alors qu'il est écrit : "J'ai disposé mon coeur à la pratique de tes prescriptions à cause de la récompense" [Ps CXVIII 112] , et que l'Apôtre dit de Moïse qu'il "avait les yeux fixés sur la récompense [He XI 26].



***



Raistlin a écrit :Mais prenons un exemple pour illustrer mon interrogation... Imaginons le cas d'un chrétien ayant une foi authentique mais qui vit en concubinage avec une femme. Ils s'aiment, ils sont fidèles, etc... mais ne peuvent se marier pour X raisons (on dira surtout que la femme non croyante ne veut pas) et l'homme ne veut quitter sa conjointe, non parce qu'il ne peut y renoncer, mais parce qu'il refuse de la faire souffrir, pour des convictions qu'il est le seul à avoir. Ils pratiquent donc ce que l'Eglise appelle la fornication, péché grave il me semble au même titre que les actes homosexuels, la prostitution, le viol, et tout le toutim. Bien sûr le chrétien en question est désolé envers Dieu et lui demande pardon dans ses prières mais il ne peut se résoudre à blesser une femme qui lui fait confiance et qui lui a donné son amour. Cet homme est-il condamné à l'Enfer ? Dieu, dans son amour, condamnerait-il son enfant simplement parce qu'il n'a pas obéi à la lettre alors que l'essentiel est là : il aime sa conjointe plus que sa propre vie, au risque même de mettre son âme en danger ?


Le concubinaire - qui lui a demandé de se mettre en un tel état de péché ? - qui, retrouvant la foi, se trouve dans une situation moralement impossible, doit choisir : Dieu ou sa concubine.

Va-t-il, parce que c'est un faible
(péché de faiblesse), incapable de trancher le ver de sa sentimentalité, refuser d'agir avec droiture ? Qu'il écoute donc ce que le Seigneur a à lui dire : « Jésus lui dit : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit". Voilà le premier et le plus grand des commandements. » [Mt XXII 37]. « "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit". » [Lc X 27]. « Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses soeurs, et jusqu'à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Quiconque ne porte pas sa croix et ne vient pas derrière moi ne peut être mon disciple. » [Lc XIV 26-27]

Je prierais pour vous.

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