Je ne vous ai pas oublié.
Vous m'objectiez :
Non pas ! Je ne conseillerais à personne de mentir. Quant à la démission, mais il s'agirait de voir de quoi il s'agit exactement. Taire des vérités de manière absolue ne peut pas non plus être une solution viable à plus ou moins long terme. Oui, le silence dans certains cas précis et en raison de la vertu de prudence : passe toujours ! Mais attendez ...Prodigal :
Ceci dit, si votre curé a des doutes, que voulez-vous qu'il fasse? Qu'il vous mente? Ou bien qu'il démissionne en s'estimant indigne de sa charge? Le mieux est sans doute pour lui de se taire.
Je m'exprimais ici de façon rhétorique et radicale. Genre : allons au fond des choses. Autrement, ce n'est pas moi qui ficherait quelqu'un dehors de l'Église dans la réalité (quand bien même j'en aurais le pouvoir !), dehors comme au moindre signe de difficulté, chassant celui-là qui pourrait se sentir dans la confusion, à ne plus trop savoir quoi penser dans un moment ou un autre. Non, parce que ceci peut également faire partie du combat spirituel. Quand on parle de l'esprit du mal, du Tentateur, son jeu consiste justement à vouloir plonger les esprits dans l'oubli relatif, le non savoir, l'incompréhension même par rapport à ce qui aurait pu être déjà su, etc. C'est aussi pourquoi le danger de perdre la foi est réel.
Oui, éprouver des difficultés à un moment donné dans sa vie de foi, même pour des prêtres, est chose normale et auquel chacun peut s'attendre. C'est la raison pourquoi l'on demande aux fidèles de prier pour les prêtres. Puis je sais très bien que la validité des sacrements ne dépendent pas du degré de sainteté personnel du ministre.Comme vous le savez, le sacrement n'est pas rendu invalide du fait des doutes de celui qui l'administre, pourvu qu'il ait l'intention de faire ce que fait l'Eglise, c'est-à-dire pourvu qu'il n'ait pas d'intention parodique. Donc, je crois qu'on peut dire que le doute fait partie des épreuves ordinaires que vivent les prêtres. Est-ce faire semblant de croire que de continuer à dire sa messe quand on a l'impression qu'on n'y croit plus? Je ne pense pas, je dirai plutôt que c'est une manière d'essayer de ne pas faillir dans sa mission
Comme disait le feu cardinal Newman "Mille difficultés ne font pas un doute".
Je vais recourir encore au père Descouvemont dans son Guide des difficultés de la foi catholique qui est si bien nommé.
Il écrivait :
Le père Descouvemont,, p. 80
"Ne confondons pas les questions qui viennent parfois troubler l'esprit du croyant au sujet d'un article de sa foi et le doute proprement dit, lequel suppose que l'esprit hésite entre deux voies possibles : l'affirmation et la négation. Celui qui doute oscille entre la foi et l'incroyance : c'est un agnostique. Celui qui croit n'hésite pas : très humblement, avec la grâce de Dieu et sur sa Parole, il affirme : "Je crois", c'est à dire : "Je suis sûr".
Amen !
Le père ajoutait :
"Pour paraître plus crédibles, plus ouverts aux interrogations de leurs frères incroyants ou mal-croyants, certains chrétiens ont tendance à dire aujourd'hui que toute foi authentique comporte une part de doute.
A la bonne heure ! peuvent dire les incroyants à la lecture de pareilles déclarations, voilà enfin des chrétiens qui nous ressemblent ! Comme nous, ils connaissent le doute !
On est même aller jusqu'à écrire que, dans leur "nuit", les grands mystiques en étaient venus à douter de l'existence de Dieu et de l'au-delà. Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus n'avait-elle peu eu l'esprit envahi, durant les dix-huit derniers mois de sa vie, par toutes les objections des matérialistes de son temps contre l'existence du ciel ? "Si vous saviez, confie-t-elle un soir à Mère Agnès, sa soeur, quelles affreuses pensées m'obsèdent ! Priez pour moi afin que je n'écoute pas le démon qui veut me persuader tant de mensonges."
[...]
La vérité historique oblige pourtant à dire que Thérèse n'a jamais douté de l'existence du ciel. Loin de douter, elle multiplie les actes de foi : "Je crois avoir fait plus d'actes de foi depuis un an que pendant toute ma vie, écrit-elle dans son dernier manuscrit. A chaque occasion nouvelle de combat, lorsque mon ennemi vient me provoquer, je me conduis en brave; sachant que c'est une lâcheté de se battre en duel, je tourne le dos à mon adversaire sans daigner le regarder en face; mais je cours vers mon Jésus, je lui dis être prête à verser jusqu'à la dernière goutte de mon sang pour confesser qu'il y a un Ciel."
Autrement dit, Thérèse ne cherche pas à réfuter les arguments des athées que lui présente l'Adversaire; elle se contente de redire à Jésus qu'elle croit à la résurrection des morts sur Sa Parole, à cause de Sa Promesse. C'est ce qu'elle lui dit par exemple dans une prière toute remplie de la pensée de Jeanne d'Arc et, composée en pleine nuit de la foi :
Ô mon Jésus, je bataillerai pour votre amour jusqu'au soir de ma vie. Puisque vous n,avez pas voulu goûter de repos sur la terre, je veux suivre votre exemple et j'espère ainsi que cette promesse sortie de vos lèvres divines se réalisera pour moi : Si quelqu'un me suit, en quelque lieu que je sois, il y sera aussi, et mon Père l'élèvera en honneur".
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Je reprend ici :
C'est ce que je voulais dire plus haut, soit qu'une personne me disant à moi " Je ne sais vraiment pas si Jésus a existé ou non. Je ne peux pas dire, je ne peux pas me prononcer. Comment ferais-je pour le savoir ?" alors c'est une personne qui ne peut pas, en toute bonne justice, se présenter comme un chrétien, un croyant. Celui qui doute se trouve à un carrefour, et ne peut absolument pas déterminer quel chemin serait le bon. Le chemin B se présenterait à lui comme étant aussi valable que le chemin A.
Par contre, un croyant peut avoir un foi faible (manquer d'expérience, manquer d'assurance), n'avoir qu'un soupçon de début de foi, et être ensuite tiraillé à raison de cette influence dans l'invisible des esprits mauvais. Un prêtre peut avoir une foi faible. Qu'est-ce qu'il doit faire ? Il doit combattre, lutter, rechercher Dieu davantage, demander du secours à ses frères dans la foi comme à tous ceux qui ne demanderaient pas mieux que de l'aider cf. les saints du ciel, les saints anges.
Pour illustrer cela avec un exemple trivial et cinématographique mais bien parlant : Dans le célèbre film L'Exorciste réalisé à parti du roman de William Peter Blatty, on trouve le père Lancaster Merrin qui est véritablement un homme de foi, c'est à dire dont la foi est éprouvée, solide, qui connaît et qui SAIT à raison d'expériences qu'il aura pu vivre. Son jeune collègue dans le ministère, le père Karras, est également un homme chez qui la foi n'est pas absente, mais qui est une foi faible. La foi de ce dernier est faible parce qu'il lui manque encore de l'expérience vécue. Il est donc plus perméable aux influences pernicieuses qui auraient toujours la capacité de le dépister, de le conduire dans des petits chemins écartés en pleine ténèbres