Ce livre désastreux qui n’aurait jamais autant nui au temps du st Office, a paru en plein delumisme (péché et peur, 1977), donc en pleine période de cuculisation 68 arde, Bellet étant de la génération défroquée, toujours sans froc sur ses photos, pas un hasard.
Il prend le contrepied exact de doctrines très profondes et importantes au sujet de la purification et de la souffrance.
Voici un bref compte rendu :
Le Dieu perversPublié pour la première fois en 1979, cet ouvrage a été pensé par l'auteur pour répondre aux « paroles terribles, venant de gens croyants, pieux, dévoués et qui donnaient du christianisme et du Christ même une image insoutenable de cruauté et de mensonge ». Depuis, l'expression « le Dieu pervers » est passée dans le langage courant. Elle désigne une maladie redoutable du christianisme : le « Dieu amour » est-il en fait un Dieu qui aime la souffrance et se plaît à pervertir les relations qu'il a avec l'homme ? Non seulement cruel, mais menteur ! Source de ravages extrêmes parmi les chrétiens, cette dérive est sans doute une des origines principales du rejet de la foi par beaucoup. Le surmonter suppose une révision déchirante, une écoute neuve et radicale de l'Évangile. Alors apparaît que le processus de cette perversion n'est pas une exclusivité chrétienne. Il hante la politique et la pensée ; il est, au plus profond, le malheur de notre société
La racine la plus profonde de l’incompréhension gravissime est freudienne. En effet la place de la souffrance est problématique dans ce cadre, pcq Freud était scientiste-positiviste, et comme cela arrive souvent en cette trajectoire philosophique, la théorie morale sur le bien sera utilitariste (Mill, e.g., le bien est le maximum de joie – happiness- pour le maximum de gens, et le minimum de souffrance), une sorte d’hédonisme social (on voit le lien avec le consumérisme). La morale de Freud, dans ses lettres privées, semble aller en ce sens, sans élaboration, sa formation en philo étant lacunaire. Le lien entre scientisme empirique et hédonisme vient naturellement du fait que plaisirs et peines sont empiriques, constatables, expérimentables.
Freud dit que la libido, l’énergie psychique qui obéit dans un premier temps , infantiles, aux plaisirs immédiats, devra peut à peu, vers la maturité, s’ajuster au réel en renoncant au principe du plaisir pour le principe de la réalité, sous peine de perdre le contrôle de soi. Mais l’idée est celle de plaisir limité, équililbré, et différé. Pas ou peu de rôle positif pour la peine et la souffrance.
Or ceci entre en collision grave avec les doctrines plus profondes d’Aristote et St Thomas, des moralistes, pas des psys. Les plaisirs et les peines ne sont pas des fins, mais des accompagnateurs des fins, et des appas pour ces fins. La volonté et l’appétit sensible se plaisent quand ils atteignent leur fin subjective. Mais chez le vicieux la fin subjective est déréglée, il prend pour bien ce qui est mal et donc a plaisir à mal faire et peine à bien faire. De même le vertueux qui pratique la vertu avec peine n’est pas vertueux car sa volonté n’y est pas pleinement engagée. Le tempérant qui s’abstient de plaisirs désordonnés avec peine et chagrin n’est pas tempérant, mais seulement continent, en cheminement vers la vertu, dit Aristote (Ethique à Nicomaque)
Donc comme la douleur est bonne pour fuir ce qui blesse le corps, la souffrance est bonne quand elle favorise l’éloignement du mal, elle correspond au plaisir dans le bien. Le vertueux souffre de mal agir. Cette souffrance est un bien. Donc exit l’utilitarisme. Le plaisir et la peine socialisés ne sont pas les fondement du bien et du mal, puisque le vicieux a plaisir authentique au mal (Hitler se plait à la Shoah, l’avaricieux dans l’argent etc)
Ce qui nous mène à l’expiation-purification :
Voir le fil Pourquoi le dogme dit que la souffrance purifie