La place de la femme dans l'Eglise catholique romaine

« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. » (Mt 5.13-14)
Règles du forum
Forum de discussions entre chrétiens sur les questions ecclésiales
Avatar de l’utilisateur
Fée Violine
Consul
Consul
Messages : 12400
Inscription : mer. 24 sept. 2008, 14:13
Conviction : Catholique ordinaire. Laïque dominicaine
Localisation : France
Contact :

Re: La place de la femme dans l'Eglise catholique romaine

Message non lu par Fée Violine » sam. 28 mars 2015, 19:16

Papounet, Cinci est québécois. C'était vraisemblablement différent en France.

Cinci
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 11765
Inscription : lun. 06 juil. 2009, 21:35
Conviction : catholique perplexe

Re: La place de la femme dans l'Eglise catholique romaine

Message non lu par Cinci » lun. 30 mars 2015, 16:38

Bonjour,

C'est une anecdote que racontait le journaliste-historien au sujet du comportement de certains évêques, pour parler comme d'une structure de pouvoir et à une autre époque. En l'occurence, il s'agissait de ce temps que l'on a pu qualifier d'ère de l'Église triomphante (dans le Canada français de cette époque) sur le plan social principalement.

C'est pas mal sûr que l'on ne retrouvera plus des évêques se comportant de la sorte dans la société québécoise d'aujourd'hui.

En revanche, il ne serait pas impossible que la "chose" puisse se rencontrer encore dans certains pays d'Afrique, par exemple, là où le catholicisme aura le vent dans les voiles, quand l'exercice de la prêtrise ou le statut épiscopal équivaudront à des «postes de prestige», des situations honorifiques qui rassureront les sujets au sujet de l'étendu de leur propre capacité réelle, c'est à dire sur ce pouvoir d'influence qu'ils pourront détenir, celui de pouvoir oui ou non châtier les déviant(e)s, le pouvoir de ruiner la vie des gens en tout impunité. La faiblesse humaine ...

[...]

Papounet, vous ne parlerez probablement pas de la même chose (pas le même contexte), et du reste, l'anecdote rapportée par moi n'a pas non plus pour vocation à être absolutisée, à devoir être prise comme une règle de fonctionnement universelle. Non, parce que le caractère des personnalités en place va jouer aussi.

La seule chose, c'est qu'il y avait bien une insistance sur les prérogatives hiérarchiques, comme une insistance plus lourde hier que de nos jours et soit situation pouvant devenir une arme dans les mains de l'ecclésiastique ne sachant pas trop en user d'une manière prudente.

Avatar de l’utilisateur
axou
Barbarus
Barbarus

Re: La place de la femme dans l'Eglise catholique romaine

Message non lu par axou » lun. 30 mars 2015, 20:56

Bonsoir à tous !

je suis allée au Québec pendant un mois en 2001 (dont une semaine de retraite à Cacouna) et j'ai été frappée de la manière dont les Québécquois parlaient de l'Eglise : tous disaient que l'Eglise avait persécuté les gens jusque dans les années 60, les exhortant à faire beaucoup de petits francophones, se mêlant de leur vie privée. Beaucoup ne voulaient plus entendre parler de l'Eglise ni de religion. Les choses ont vraiment dues être tendues dans le passé.

Bien à vous,
Axou

Avatar de l’utilisateur
Anne
Prætor
Prætor
Messages : 6923
Inscription : jeu. 21 févr. 2008, 1:05
Conviction : Catholique romaine
Localisation : Provincia Quebecensis

Re: La place de la femme dans l'Eglise catholique romaine

Message non lu par Anne » lun. 30 mars 2015, 22:50

Ce qui est intéressant, c'est que ces mêmes petits francophones sont devenus grands et qu'ils ne semblent pas se rendre compte que, n'eut été de l'Église, la majorité d'entres eux ne pourraient probablement pas déblatérer sur son compte aujourd'hui...

Mais c'est une autre histoire ! :siffle:
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…
".
2 Co 4, 8-10

Avatar de l’utilisateur
Christophe67
Barbarus
Barbarus

Re: La place de la femme dans l'Eglise catholique romaine

Message non lu par Christophe67 » mar. 31 mars 2015, 14:49

Bonjour,


Je suis un peu surpris par le discours partisan concernant les femmes dans l'Église, il y a tant de Marthe et Marie.

Il semble qu'on entende par rôle dans l'Église : un accès au sacerdoce.
On est bien dans l'image progressiste et moderne qui veut que l'Église s'adapte aux lois humaines : quelle va être la prochaine étape ? Exiger que la Messe soit dite par un homme et une femme au nom de la parité ? Que dans le sermon chacun(e) ait le même temps de parole ?

Mais c'est bizarre, tout autour de moi quand je parle avec ces dames, qui servent l'Église, aucune ne milite ou ne souhaite accéder au sacerdoce, ne serait-ce qu'au diaconat, au nom d'un militantisme féministe ou progressiste. Et d'ailleurs il y a même des veuves qui deviennent "vierge consacrée" recevant cette consécration par l'évêque lors d'une messe tout ce qu'il y a de plus officielle, et dont nous ne pouvons bénéficier.

Toutes ces dames servent, elles le font très bien, et sans elles nos paroisses pourraient bien être dans un état de liquescence avancé. Nier le rôle des femmes dans l'Église, sous prétexte qu'elles n'ont pas accès au sacerdoce, est tellement rétrograde et injuste que je doute qu'on puisse parler de progressisme.

Le Seigneur a dit : « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc 9,35). Si le royaume des cieux était une salle de concert, j'ai bien peur que peu de messieurs aient accès à la fosse. ;)

D'ailleurs ce soir c'est la Messe Chrismale à la cathédrale, je crains que même avec la présence de tous les prêtres du diocèse nous soyons encore bien minoritaires, nous les hommes.


Cordialement.

Avatar de l’utilisateur
Kerniou
Mater civitatis
Mater civitatis
Messages : 5102
Inscription : mer. 21 oct. 2009, 11:14
Localisation : Bretagne

Re: La place de la femme dans l'Eglise catholique romaine

Message non lu par Kerniou » mar. 31 mars 2015, 18:40

Je retrouve seulement aujourd'hui cette rubrique.
En fait mes réponses étaient destinées à Toto qui a évoqué la demande de pardon faite aux femmes par Jean-Paul II en ajoutant un commentaire disant l'Eglise demandait pardon pour n'importe quoi !.... N'importe quoi n'a pas d'âme et ne peut être enfant de Dieu.
Quant au rappel du statut mineure de la femme dans le mariage, c'était en écho à l'intervention d'Axou.
Il semble, à la lecture des témoignages, que l'Eglise, dans ses décisions et recommandations, soit moins stricte que la compréhension et l'application qui en seraient faites par certains de ses représentants ...
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

Cinci
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 11765
Inscription : lun. 06 juil. 2009, 21:35
Conviction : catholique perplexe

Re: La place de la femme dans l'Eglise catholique romaine

Message non lu par Cinci » mar. 31 mars 2015, 20:00

Axou,

Voici un autre bout de l'article pour aider à nuancer les choses.

«... «au cours de mes entrevues, raconte Claude Gravel, j'ai rencontré des gens extraordinnaires, des êtres humains authentiques. Cette ferveur, dit-il, c'est l'intensité de leur foi; visible dans l'intensité de leur regard. Tous, missionnaires et religieux âgés, m'ont dit qu'ils recommenceraient. Ils m'ont tous dit : «C'est la foi». C'est la foi qui les a incité à s'engager». Il ajoute : «La majorité, la très grande majorité des missionnaires, enseignants et contemplatifs qui ont connu la période pré-Vatican II étaient très engagés dans leur mission». Ces personnes voyaient dans leur vocation un idéal de vie et de dévouement. Comme ce missionnaire d'Afrique, qui baptisait, certes, mais qui aussi construisait des dispensaires, et qui enseignait aux hommes à respecter leurs femmes. Pourquoi? «Par altruisme, tout simplement, et non pour des raisons sociologiques». Il parle encore avec émotion de cette religieuse qui lui a confié les doutes qui l'assaillaient juste avant de devenir professe cloîtrée et qui côtoyait tous les jours des souffrances sans nom. Des éclopés, des brûlés vifs dont la peau se détachait des membres. Avait-elle choisi une vie de morte vivante, comme le lui avait lancé son père, ou soignait-elle Jésus Christ lui-même dans la personne du malade? Ce questionnement la hantait sans repos. Et, un jour, elle reçut le signe qu'elle attendait. Un blessé, qui jusqu'alors ne lui avait consenti aucune parole, lui dit : «Ma soeur, vous auriez bien enseveli Notre Seigneur Jésus Christ.»

[...]

Elles étaient certes portées par l'époque [les vocations], concède l'auteur, mais le contexte n'obligeait personne à s'embrigader. Marie Gérin-Lajoie, l'une des plus grandes féministes du Canada français, venait d'un milieu bourgeois, très religieux, où l'on priait. Mais elle n'y était pas forcée. A l'époque, certains étaient moins religieux que d'autres. Quand on entre dans la vie des personnes, beaucoup de jugements sont relativisés. Il ne faut pas juger l'Histoire avec les yeux d'aujourd'hui.

Un âge d'ignorance?

On noircit indûment notre passé, croit l'historien, quand on accuse l'Église et les communautés religieuses d'avoir voulu garder le peuple dans l'ignorance. «D'ailleurs ne serait-il pas contradictoire qu'autant de personnes consacrent leur vie à l'enseignement, pour un si piètre salaire, afin que le peuple en sache le moins? Toutes ces personnes étaient au service des autres. Dans mes recherches, j'ai constaté du conservatisme, de l'ultramontanisme, chez les évêques surtout, mais pas de «grande noirceur». A l'intérieur des communautés, j'ai vu de l'engagement social, et le motif de cet engagement était de faire progresser les choses.»

Les Jésuites et les Dominicains ont, selon lui, été longtemps à l'avant-garde. «Et les religieuses, celles de la Congrégation de Notre-Dame en particulier, ont admirablement fait progresser l'éducation chez les jeunes filles. J'ai découvert également que des communautés religieuses de frères venus de France à la fin du XIXe siècle se sont battus pendant des décennies, pour que les fils d'ouvrier puissent poursuivre leurs études à l'université, sans passer par le cours classique auquel ils n'avaient pas accès.» Par ailleurs, il prépare une biographie sur la fondatrice du premier collège classique féminin au Québec , Mère Sainte-Anne-Marie, de la Congrégation de Notre-Dame. Un personnage plus grand que nature. «C'était une très grande pédagogue. Une féministe, unie avec les autres féministes de son temps, comme Marie Gérin-Lajoie. L'Archevêque de Montréal l'appelait sa "dompteuse de lions".»

L'ouvrage de Claude Gravel raconte l'histoire d'autres personnages absolument exceptionnels. C'est le cas notamment de Mother Joseph, soeur de la Providence, malheureusement trop peu connue ici. Envoyée en mission dans l'Ouest des États-Unis, «elle y construisit ou dirigeait la construction d'une trentaine d'hôpitaux, d'orphelinats, d'hospices pour vieillards, d'hospices pour malades mentaux, d'écoles pour enfants pauvres, dans un vaste territoire qui englobe les États de Washington, de l'Oregon, de l'Idaho et du Montana», peut-on lire dans La vie des communautés religieuses. Dans l'État de Washington, le 16 avril est d'ailleurs devenu le «Mother Joseph's Day», en 1999.

[ La soeur Joseph (une fille originaire du Québec) est pratiquement le seul personnage étranger aux États-Unis à avoir jamais pu être élevé au rang de «père de la nation». Il faut le faire! ]

Aussi il n'est pas surprenant qu'en 1960, 105 hôpitaux avaient été bâtis et étaient dirigés par des religieuses canadiennes-françaises du Québec ainsi que 33 hôpitaux hors Québec. «Toute l'expertise, la connaissance dans les soins, accumulées au cours des siècles, venaient de ces femmes-là.»

[...]

Claude Gravel en profite pour souligner l'éducation qu'il a lui-même reçue des Clercs de Saint-Viateur à Joliette. «Ils m'ont fait découvrir Mozart. Ils m'ont fait découvrir les peintres Borduas et Riopelle. Ce n'est pas vrai qu'on ne nous enseignait rien, qu'on nous enseignait seulement la religion. [...] L'historien rappelle aussi que les Frères, dans la grande majorité, ont été absolument impeccables dans leur relation avec la jeunesse. Il s'agit d'un cas bien documenté, insiste-t-il.»

__

En rouge, les mots sont les miens. Tout le reste relève de l'article déjà mentionné plus haut.

Avatar de l’utilisateur
axou
Barbarus
Barbarus

Re: La place de la femme dans l'Eglise catholique romaine

Message non lu par axou » mar. 31 mars 2015, 20:41

Bonsoir à tous !
Christophe67 a écrit : Mais c'est bizarre, tout autour de moi quand je parle avec ces dames, qui servent l'Église, aucune ne milite ou ne souhaite accéder au sacerdoce, ne serait ce qu'au diaconat, au nom d'un militantisme féministe ou progressiste.
Je ne connais moi non plus aucune femme qui désire devenir prêtre. Personne d'ailleurs ne l'évoque sur ce post : la question est l'accès des femmes aux lieux de pouvoir dans l'Eglise (en tant que laiques et religieuses) et leur participation aux décisions importantes (au Vatican et à l'Evéché) et l'accès à la parole publique (prêches par les laics...). Là, nous avons une grande marge de progrès devant nous !

Cinci a écrit : «... «au cours de mes entrevues, raconte Claude Gravel, j'ai rencontré des gens extraordinnaires, des êtres humains authentiques. Cette ferveur, dit-il, c'est l'intensité de leur foi; visible dans l'intensité de leur regard. Tous, missionnaires et religieux âgés, m'ont dit qu'ils recommenceraient. Ils m'ont tous dit : «C'est la foi». C'est la foi qui les a incité à s'engager». Il ajoute : «La majorité, la très grande majorité des missionnaires, enseignants et contemplatifs qui ont connu la période pré-Vatican II étaient très engagés dans leur mission».
Merci de nous faire connaître l'admirable engagement de ces missionnaires !

Axou

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 48 invités