Yves54 a écrit :Désobéir au droit canon conduit au pêché...
Conduit au péché ou bien est un péché. La nuance n'est pas anodine.
Au moins je comprends de votre réponse que nous sommes en accord sur ce qu'est l'obéissance et ses conséquences dans le cas général.
Maintenant il s'agit d'appréhender le cas particulier de cet abbé. Même si n'est pas a priori le sujet de ce fil, comme vous l'avez repris étudions le.
Plusieurs questions doivent donc être posées et répondues :
- le respect de la décision de l'évêque de déplacer un prêtre impose-t-elle à ce prêtre de commettre un péché ?
- la décision de l'évêque est-elle un péché ?
- la décision de l'évêque est-elle contraire au droit canon ?
- enfreindre le droit canon est-il un péché (grave) ?
- dans le cas où l'évêque est dans le péché par cette décision, entraine-t-il le prêtre avec lui dans le péché ?
- le respect de la décision de l'évêque de déplacer un prêtre impose-t-elle à ce prêtre de commettre un péché ?
Il me semble que la réponse est non, ce serait même plutot un exercice de vertu. Il n'y a là ni vol, ni mensonge, ni adultère, ni avarice, ni orgueil, ni jalousie, ni gourmandise, ni colère, ni paresse...
En sens contraire, le prêtre alors doit abandonner les fidèles dont il avait la charge des âmes. ce ci pourrait-il être considéré comme un péché ? A priori non, car cette charge il ne l'a pas reçue de lui même mais de son évêque c'est-à-dire de celui qui lui en relève. Il ne commet donc pas de péché par ce qu'il n'aurait pas accomplit son devoir d'état.
Le prêtre n'a pas de circonstance particulière pour refuser l'obéissance dans ce cas.
- la décision de l'évêque est-elle un péché ?
Difficile voir impossible de trancher. L'acte en lui-même ne constitue pas un péché. En effet sinon, la quasi totalité de nos évêques serait dans le péché car chaque année ils procèdent à des mutations dans leur diocèse.
En fait tout dépend de la motivation de l'évêque. Par exemple si c'est la jalousie qui motive sa décision, l'acte est alors un péché pour l'évêque. en revanche sur ce point, nous ne pouvons juger, car d'abord Dieu est seul juge, et ensuite nous ne sommes pas au fort interne de cet homme. Nous ne pouvons donc pas connaitre les motivation profonde de cet homme a priori, sauf si celui-ci les publie.
- la décision de l'évêque est-elle contraire au droit canon ?
La réponse n'est pas non plus évidente.
Je ne suis pas canoniste. Il faudrait donc demander aux spécialistes. les tribunaux ecclésiastiques sont là pour ça. Et c'est eux, qui en définitive, si ils sont saisis pour tranché la question. Cependant les passage du droit canon que vous avez présenté dans l'autre fil parle de bénéfice ecclésiastique. Or il y a longtemps que les paroisses en France ne sont plus des bénéfices (situation dans l'Eglise dont on tir un bénéfice, c'est-à-dire un revenu), mais des charges. Au sens propre le bénéfice du prêtre n'est pas lié à sa fonction mais à son rattachement au diocèse : c'est le diocèse qui paie les prêtres et non les paroisses. Tant que l'évêque ne lui a pas coupé les vivre, je ne pense pas que l'article du droit canon que vous avez cité s'applique.
Par ailleurs d'autres on relevé que la manoeuvre de l'évêque (dissolution du groupe de paroisse), était vraisemblablement respectueuse du droit canon et de sa lettre. (il ne faut pas oublier que le droit canon est un droit romain ou la lettre prime sur l'usage au contraire du droit coutumier, comme le droit anglo-saxon).
Je serai donc tenté de répondre plutot non à cette question. Mais ce n'est pas à moi qu'il appartient de tranché mais aux tribunaux ecclésiastique.
- enfreindre le droit canon est-il un péché (grave) ?
Enfreindre le droit canon en connaissance de cause est un péché grave, car il est un acte désobéissance. En revanche l'enfreindre par ignorance n'en est pas un (pour que le péché soit grave, il est nécessaire que la matière soit grave - c'est le cas - et qu'il soit commis en conscience, ce qui n'est pas le cas d'une infraction par ignorance; cela nous oblige cependant s'enquérir du droit lorsqu'il y a lieu).
- dans le cas où l'évêque est dans le péché par cette décision, entraine-t-il le prêtre avec lui dans le péché ?
Si le prêtre devient complice du péché de l'évêque, alors oui cela entraine le prêtre dans le péché. Mais dans tous les autres cas, tant que l'acte demandé n'est pas pécamineux, même si il est demandé par péché, celui-ci ne fait pas tomber celui qui réalise l'acte dans le péché.
En revanche le refus de l'obéissance est lui un péché, qui peut-être accompagné par un péché d'orgueil, celui-ci motivant la désobéissance.
En conclusion :
Dans le cas de Thiberville, des éléments que je peux connaitre, le prêtre ne peut pas opposer d'objection à son obéissance. Cependant il parait évident que l'évêque n'a pas conduit cette affaire avec douceur. Nous ne pouvons cependant pas juger de son péché.
Il est possible de plus que la réaction du prêtre soit suscitée par l'orgueil (qui est un péché), cependant il ne nous appartient pas d'en juger.