L'Église, c'est Jésus Christ
La petite Jeanne d'Arc, inspirée par le Saint Esprit, exprimait tout simplement ses vues de foi, en disant : "Pour moi, Jésus Christ et l'Église, c'est tout un".
En saint Paul : "Vous n'êtes tous qu'un seul dans le Christ" (aux Galates, III, 20)
En saint Jean : "Oui, de sa plénitude, nous avons tous reçu et grâce sur grâce". (I, 16)
Le Concile Vatican II, dans sa Constitution dogmatique de l'Église, a traité de tout ce peuple de Dieu qu'est l'Église de Jésus Christ, qu'elle soit considérée comme l'Église mystique ou comme l'Église hiérarchique ou institutionnelle.
Conséquence :
Ce serait un non sens de penser qu'on pourrait être membre de l'Église mystique et refuser d'être de l'Église Institution. Malheureusement certains catholiques le pensent : "L'Église mystique, oui ! l'Église-Institution, non !"
Pratiquer une telle séparation, ce serait refuser de croire que Jésus Christ a fondé son Église de la terre, sur les Apôtres, avec Pierre en tête, sur les successeurs de Pierre et des Apôtres; qu'il leur a donné mission de garder intacte la Parole de Dieu; qu'il n'a pas tenu sa promesse de l'assister du Saint-Esprit, que sa prophétie ne s'est pas réalisée : "Pierre, tu es Pierre et sur cette pierre, les puissances de l'enfer ne la renverseront pas"; que lui-même n'est pas demeuré avec son Église jusqu'à la fin des temps (Matt XXVIII, 20). Accepter l'Église mystique et refuser l'Église-Institution, ce serait vouloir diviser le Royaume de Dieu et contribuer avec Satan, à le renverser, ce serait une tentative de destruction de l'Église par ses membres mêmes.
Il ne faut jamais perdre de vue que cette Église-Institution, malgré les persécutions presque continuelles dont elle est l'objet, malgré les hérésies et les schismes, malgré les grandes misères morales d'un grand nombre de ses membres, à tous les niveaux de la hiérarchie ... A GARDÉ INTACTE LA PAROLE DE DIEU.
Preuve évidente que le Seigneur Jésus Christ s'en est mêlé, avec toute la puissance de l'Esprit Saint.
C'est là l'oeuvre la plus divine, la plus bienfaisante pour toute l'humanité "Oeuvre irremplaçable". Travailler à bâtir l'Église en nous rappelant que "nous sommes toujours et partout membres du Christ, chacun pour sa part" (saint Paul, I Cor, XII, 27)
Comment ?
En étant toujours meilleurs disciples de Jésus Christ. Paul Bourget disait à ses compatriotes les Français : "Guéris la France en toi". A plus forte raison, pouvons-nous contribuer au règne de Jésus Christ en étant nous-mêmes, meilleurs chrétiens.
Il ne faut pas que Jésus Christ puisse nous demander, comme à saint Paul : "Pourquoi me persécutes-tu ?" Paul persécutait l'Église naissante; il ne pensait même pas de persécuter Jésus de Nazareth qu'il croyait bien mort et pas ressuscité. Mais, sans le savoir, il s'adressait à Jésus en s'attaquant aux chrétiens. Tout en étant attentifs à pratiquer la charité envers le prochain, nous parlons et agissons parfois comme si les représentants de l'Église, le pape, les évêques et les prêtres, n'étaient pas, eux, des membres de Jésus Christ !
Nous devrions constater ce qui nous semble des erreurs ou des fautes de la part des grands responsables, comme un bon père ou une bonne mère constatent les erreurs et les fautes de leurs parents : non comme s'ils étaient des étrangers ou des ennemis; non en accusateurs, mais avec sympathie, avec peine, avec amour, avec un grand désir de les aider.
Surtout, par-dessus tout, obéissons donc aux décisions et aux directives du Magistère de l'Église ! Toute équipe sportive, toute Maison d'affaire, toute entreprise, pour réussir, doit exiger une discipline rigoureuse. Et pour la vie de l'Église de Jésus Christ ?
Par ailleurs, même si nous sommes dans le meilleur esprit chrétien ou catholique possible, il arrive que nous ne pouvons pas accepter certaines déclarations d'évêques, certaines omissions, certains comportements de prêtres. Dans ces situations, comment concilier notre amour pour l'Église, notre obéissance à l'Église avec ce qui se passe autour de nous ? Éviter les moyens qui ne peuvent que diminuer la confiance en l'Église de Jésus Christ et affecter notre adhésion à cette Église.
[...]
Chaque diocèse a formé un Conseil de prêtres et un Conseil de laïcs : les membres de ces Conseils doivent avoir le courage de parler, de faire connaître à l'Évêque leurs opinions et celles de leur milieu. La plupart des paroisses ont un Conseil de pastorale; toutes ont des marguilliers; disons donc à leurs membres que nous n'aimons pas telle initiative en liturgie, telle omission dans l'organisation de la paroisse, au spirituel. Faisons-le en toute confiance, sans esprit de critique et en évitant les bavardages dommageables.
Vivons alors notre foi en nous rappelant qu'en obéissant à l'Église, nous obéissons à Jésus-Christ, même si certains de ses responsables semblent faire erreur. Le Magistère n'est infaillible que lorsqu'il définit et proclame une vérité de foi ou de morale. Au lieu de critiquer l'Église-Institution qui a gardé intacte la Parole de Dieu, au lieu de mettre en relief ses erreurs dans le domaine du temporel, de la politique et de la science, on ferait bien mieux de se convertir à la Parole de Dieu, gardée par l'Église catholique romaine, ses dogmes, sa morale et sa liturgie.
Je termine par une parole d'un historien (
vraiment chrétien et catholique, celui-là) et par une prière qu'on dit à toutes les messes, à la suite du Notre Père.
- Le grand malheur du siècle, c'est de parler et agir comme si Jésus Christ n'avait pas institué son Église pour orienter la marche des peuples. (Daniel Rops)
Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes Apôtres : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Église; pour que ta volonté s'accomplisse, donnes-lui toujours cette paix, et conduis-la vers l'unité parfaite, toi qui règnes pour les siècles des siècles. Amen.
Source : Léo Blais, évêque dans
L'affaire Jésus Christ versus "L'affaire Jésus" de Henri Guillemin, 1984 [ Note : une critique des affirmations du professeur Guiilemin]