Raistlin a écrit :Venons-en à cette traduction. Que signifie consubstantiel ? Il signifie bien, dans la foi chrétienne, que les personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit partagent la même nature divine qui est UNE. Où donc est l’erreur à traduire par « de même nature » ? Certes, je ne suis pas fan de cette traduction car le terme de nature est équivoque et, surtout, pour le fidèle qui n’est pas au courant qu’il n’y a par définition qu’une seule et unique nature divine, cela pourrait laisser penser que le Fils est juste un dieu comme le Père, bref de nature divine mais sans unité de nature.
Donc oui, consubstantiel convient mieux car il rend mieux cette notion d’une unique nature commune. Mais la traduction « de même nature » ne me semble pas pour autant erronée.
Fraternellement,
Puisqu'on peut discuter sérieusement, je reviens là-dessus (je crois avoir déjà dit ça quelque part, mais je ne retrouve plus où)
Ce que vous dites est vrai… si on parle de traduction du latin.
Mais les pères de Nicée se sont exprimés en grec, et le mot qu'ils ont employé est homoousios, qu'il est difficile d'oublier puisque c'est sur ce mot qu'on s'est entretués pendant plus d'un siècle.
ousios est le participe présent du verbe eimi, je suis.
homo est un préfixe qui signifie l'identité (le même que) (C'est pourquoi le mot homophobie que certains ont plein la bouche est particulièrement idiot, soit dit en passant)
le mot signifie donc "qui est de manière identique", "qui a la même manière d'être".
Il est à prendre en lien avec la notion d'ousia dans la philosophie d'Aristote, qui désigne l'être profond.
Il signifie que le Fils est Dieu exactement de la même façon que le Père.
C'est ce que traduit le latin consubstantialis. Mal, en raison d'une déficience, non du traducteur, mais de la langue latine.
Le préfixe homo n'a pas d'équivalent en latin, d'où le recours à cum (syn en grec) qui signifie seulement avec, ce qui est moins fort, et ajoute aussi un élément supplémentaire, l'union des deux, qui n'est pas dans le mot grec (dans le symbole de Nicée, elle est exprimée par la formule du début "en un seul dieu". Si le Père et le Fils sont également dieu est qu'il n'y a qu'un seul dieu, alors ils sont un).
D'autre part, le verbe être, sum, n'a pas de participe présent. On a donc employé substare. Stare signifie se tenir debout. Sub ce qui est en-dessous. L'être est ce qui est en dessous du fait de se tenir debout.
Ousia est ainsi assez souvent traduit par substantia. (Cicéron, lui, avait formé le néologisme essentia (sur l'infinitif esse). Apparemment, les latinistes du IVe siècle étaient plus puristes que lui. Essentia aura beaucoup de succès au Moyen-Âge)
En latin, consubstantalis est un néologisme, de plus imprécis. En français, consubstantiel… n'existe pas. Mais on peut en revanche traduire exactement homo: sur ce point la version française est plus fidèle au texte d'origine que la version latine.
On aurait pu traduire "de même essence" (mais vu le sens courant moderne de ce mot, ç'aurait été mal venu) ou "de même substance'" (guère plus heureux de ce point de vue là). On a préféré utilisé le mot nature, qui peut être considéré comme équivalent. Ce n'est pas moi qui le dit, mais le quatrième concile œcuménique du Latran (1215. Est-ce trop récent pour être "traditionnel" ?), DZ 800
Firmiter credimus et simpliciter confitemur, quod unus solus est verus Deus, aeternus, immensus et incommutabilis, incomprehensibilis omnipotens et ineffabilis, Pater et Filius et Spiritus Sanctus: tres quidem personae, sed una essentia, substantia seu natura simplex omnino
Nous croyons fermement et confessons avec simplicité qu'il y a un seul et unique vrai Dieu, éternel et immense, tout-puissant, immuable, qui ne peut être ni saisi ni dit, Père et Fils et Saint-Esprit, trois personnes, mais une seule essence, substance ou nature absolument simple.
(même chose en DZ 803 804)
Je trouve également
Hanc sanctam et individuam Trinitatem non tres Deos, sed in tribus personis et in una natura sive essentia unum Deum omnipotentem, aeternum, invisibilem et incommutabilem ita credo et confiteor
dans une lettre de Léon IX au patriarche d'Antioche en 1053 (DZ 683)