La petite Église / Le pape et la Tradition

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Olivier1
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La petite Église / Le pape et la Tradition

Message non lu par Olivier1 » dim. 05 sept. 2010, 16:00

Bonjour, je voulais avoir votre avis sur la petite Eglise et la rupture apostolique de nos évêques, selon elle.
Je résume: le 12 juillet 1790 est votée la constitution civile du clergé (première constitution de notre histoire...), les évêques de l'Ancien Régime légitimes doivent démissionné, la majorité refuse, et on voit un schisme entre les anciens évêques et les nouveaux élus par les citoyens dont certains ne sont pas catholiques.
En 1801, Bonaparte adopte le concordat avec l'accord de Pie VI (concordat modifié par l'empereur), où l'on demande aux anciens évêques et aux jureurs de démissionner. Certains anciens refusent créant la petite église, où ils continuent le rit et les fêtes de l'ancien régime. Vers le milieu du XIXème siècle, le dernier curé meurt, les laïcs se réunissent tous les dimanches selon l'ancien rit, mais en absence de clergé.
Ces évêques affirment que le pape ne pouvait pas demander de démissionner sans bonne raison, car contraire au droit canon. Jusqu'à Vatican II, les papes tentèrent de récupérer ces catholiques. On estime à 4000 de catholiques de la petite église aujourd'hui.

Cordialement.

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La Chartreuse
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Re: La petite Eglise

Message non lu par La Chartreuse » lun. 06 sept. 2010, 15:31

Voici quelque renseignement sur la petite église !
[+] Texte masqué
Dictionnaire de doit canonique., Chanoine Naz. T. VI col. 1438-1447

PETITES ÉGLISES. — On appelle ainsi les groupements de prêtres et de fidèles, plus tard de fidèles sans prêtres, qui ne reconnurent pas les évêques nommés en vertu du Concordat signé le 15 juill. 1801 entre le Saint-Siège et le gouvernement français, ni leurs successeurs, il y eut de tels groupements sur toute l'étendue du territoire français tel qu'il existait à l'époque napoléonienne, y compris les neuf départements formant l'administration centrale de la Belgique, à partir de leur rattachement à la France le 31 août 1795.

I. Origines. — La politique religieuse de la première République lui aliéna les sympathies et la collaboration du plus grand nombre de prêtres; sous le Consulat, la simple exigence pour l'exercice du culte d'une promesse de fidélité à la nouvelle constitution (28 déc. 1799) jeta une certaine confusion dans le clergé : certains de ceux qui avaient refusé tous les serments antérieurs firent la nouvelle promesse, mais la majorité la refusa. Les prêtres jansénisants de Lyon et de la région se rangèrent résolument dans cette dernière catégorie.

En vertu de l'art. 3 du Concordat, Pie VII, par le bref Tam multa du 15 août 1801, demanda et exigea la démission de tous les évêques du territoire français, fait unique dans l'histoire de l'Eglise catholique. A Lyon, l'archevêque était mort; les évêques dont la juridiction s'étendait, en tout ou en partie, sur les neuf départements belges étaient décédés (Bruges, Gand, Namur), ou avaient été transférés à un autre siège (Tournai), ou démissionnèrent (Cambrai, Malines, Ruremonde, Ypres), ou s'inclinèrent tacitement devant le nouvel état de choses (Liège) ; 36 évêques de l'ancienne France refusèrent de démissionner, sans adopter cependant à l'égard du Concordat une position bien nette : ils reconnurent au début aux évêques concordataires une juridiction conjointe, au titre de vicaires apostoliques. Néanmoins un certain nombre de prêtres et de fidèles virent dans la non-démission de leurs anciens évêques un motif suffisant pour ne pas reconnaître les nouveaux.

Le 18 avr. 1802 eut lieu la proclamation simultanée du Concordat et des Articles organiques, mesures d'application arrêtées unilatéralement par le gouvernement français; la convention elle-même maïs surtout — en Belgique notamment — les Articles organiques suscitèrent de vives oppositions. Une circulaire adressée aux préfets par Fouché, ministre de la Police, en date du 7 juin 1802, précisa qu'on ne pouvait demander aux prêtres d'autre déclaration que celle de leur adhésion au Concordat et aux évêques nommés en vertu de celui-ci (texte dans J. Drochon, La Petite Église, Paris, 1894, p. 63-64); c'était la fin du formulaire antijanséniste, des diverses rétractations exigées çà et là. Cette nouvelle déclaration fut imposée avec plus ou moins de rigueur selon les diocèses. A Namur, le 13 juill. 1802, le préfet de Sambre-et-Meuse invita tout le clergé à la faire et mentionna, dans les considérants de son arrêté, la loi contenant et le Concordat et les Articles organiques, ce qui déchaîna une protestation très violente de la part de l'ancien administrateur du diocèse, le chanoine Corneille Stevens. Le nouvel évêque, Léopold de Bexon, eut une attitude fort maladroite; un véritable parti d'opposition s'organisa contre lui et sa démission fut acceptée le 15 oct. 1803.

Dans les autres diocèses du territoire français, il y eut aussi des prêtres qui rejetèrent la déclaration lorsqu'elle leur fut demandée. D'autres refusèrent de se voir portés sur la liste des curés et desservants à nommer en vertu de la nouvelle organisation des paroisses; d'autres en furent exclus par les évêques pour des motifs politiques ou des raisons d'opportunité. Enfin des prêtres mis sur ces listes ou confirmés par elles dans leurs anciennes fonctions, parfois sans même avoir été consultés, refusèrent le serment prévu (art. 6 du Concordat pour les évêques, 27e des Articles organiques pour les curés, également étendu aux desservants). Quoique les anciens curés fussent automatiquement privés de leur juridiction du fait de l'installation de leur successeur, certains continuèrent à l'exercer en secret, même en dehors de leur propre paroisse.

Le 6 avr. 1803 parurent à Londres, sous la signature des 36 évêques non-démissionnaires (et de 2 autres qui avaient démissionné), les Canonicee et reverentissimæ expostulationes apud SS. DD. Pium VII, divina Providentia papam, de variis actis ad Ecclesiam Gallicanam spectantibus, bientôt traduites en français. Elles marquent un raidissement dans l'attitude des non-démissionnaires, qui se déclarent inamovibles et n'admettent dans leurs anciens diocèses d'autre juridiction que la leur. Mgr de Coucy, ancien évêque de La Rochelle, et Mgr de Thémines, ancien évêque de Blois (siège supprimé), encouragèrent spécialement la résistance du clergé français. La politique religieuse ultérieure de Napoléon (catéchisme impérial, Te Deum à chanter, mainmise sur les États pontificaux, titre du roi de Rome, violences contre Pie VII, etc.) provoqua des réactions parfois très énergiques de la part de curés et de prêtres jusqu'alors fidèles au régime: chassés par l'autorité civile ou démis de leurs fonctions par l'autorité religieuse, ils continuèrent à exercer celles-ci en cachette.

C'est donc pour des motifs et à des moments fort divers que des prêtres ne reconnurent plus les évêques concordataires et constituèrent des Petites Églises (on donna à leurs adhérents des noms variés); c'est aussi pour des motifs et à des moments différents que certaines de ces Petites Églises disparurent : chute du régime napoléonien, décès ou soumission des évêques qui avaient refusé leur démission, décès des ou du prêtre dirigeant un groupement de résistance religieuse.

Mgr de Coucy se soumit et reçut en 1817 l'archevêché de Reims; en 1818 Mgr de Thémines, réfugié en Angleterre, était le seul évêque à continuer encore la résistance. Le vicaire apostolique de Londres, Poynter, évêque titulaire d'Aeliæ, exigea le 13 mars 1818 une déclaration de soumission des prêtres réfugiés en Angleterre; Pie VII approuva cette formule par bref du 16 sept., mais 96 prêtres seulement la signèrent. Les autres, et de nombreux prêtres réfractaires en France, considérèrent Mgr de Thémines comme leur chef religieux et lui attribuèrent une juridiction pour l'Église universelle, en vertu des pouvoirs extraordinaires accordés par Pie VI aux évêques français lors de la Révolution et, selon eux, jamais retirés. La Petite Église de Lyon espéra présenter des séminaristes à Mgr de Thémines pour être ordonnés; mais le prélat s'informa en 1821-1822 de la position de cette Église en matière janséniste et rompit tout rapport avec elle. Mgr de Thémines émigra de Londres à Bruxelles; en oct. 1829, sentant sa fin prochaine, il appela le curé de la paroisse, A. T'Sas, finit par déclarer se soumettre au Souverain Pontife, reçut les derniers sacrements et mourut le 2 novembre. Un procès-verbal en date du 3 nov. et une lettre du curé T'Sas du 27 nov. à l'évêque de Blois ont été publiés, mais de façon incomplète, par Drochon (op. cit., p. 212-213), si bien qu'il est nécessaire de donner tout au moins le texte intégral du procès-verbal :

Le soussigné, protonotaire apostolique, appelé par son Excellence Monseigneur Capaccini, internonce apostolique près de S. M. le Roi des Pays-Bas, et constitué en sa présence, le trois novembre mil huit cent vingt-neuf, avec Monsieur André-Joseph-Antoine T'Sas, curé de Saint-Jacques-sur-Caudenberg, à Bruxelles; atteste que ledit curé a déclaré, en présence de Son Excellence et de lui, protonotaire, qu'ayant été appelé par Monseigneur André-François-Amédée-Adon-Louis-Joseph de Lauzières de Thémines, ancien évêque de Blois, le vingt-deux octobre mil huit cent vingt-neuf, pour lui administrer les saints sacremens, il lui dit formellement qu'il ne pourrait les lui administrer, s'il ne voulait, avant tout, donner son adhésion pleine et entière à la déclaration approuvée en mil huit cent dix-huit par le souverain Pontife Pie VII, et proposée par Monseigneur Poynter, évêque de Halie, vicaire apostolique du district de Londres, à tous les ecclésiastiques fiançais résidans dans son district; par laquelle ils déclaraient être soumis au souverain Pontife, comme au chef de l'Église, et vouloir communiquer avec tous ceux qui sont unis au même Pontife par le lien de la communion.

Il a aussi déclaré que Monseigneur de Thémines, après y avoir mûrement réfléchi, le fit appeler une seconde fois, et qu'il lui déclara qu'il adhérait sincèrement, et qu'il était soumis à Sa Sainteté Pie VIII, comme au chef de l'Église, et qu'il voulait être en communion avec tous ceux qui lui sont unis; et que cette déclaration fut faite en présence de Joseph Van Meerbeeck, Joseph Malfait, Marie Vany-Verzel, Clémentine Puzo, qui, ainsi que Monsieur le curé, ont signé la présente déclaration pour en attester la vérité. (S) A.J.A. T'Sas, curé de Saint-Jacques-sur-Caudenberg; J. Van Meerbeeck, G. Van Meerbeeck, fils, qui ai signé pour mon épouse; J. Malfait; Marie Vany-Verzel a fait une +, déclarant ne savoir écrire ; C. Puzo. — Le soussigné atteste eu outre que, le trente-un octobre, à onze heures du matin, Son Excellence Monseigneur l'internonce, avec M. le curé et le soussigné, se rendirent chez Monseigneur de Thémines, qu'ils trouvèrent en parfaite connaissance; et que Monseigneur l'internonce l'interrogea en leur présence, s'il persistait dans les mêmes sentimens de soumission au Souverain pontife Pie VIII, et de communion avec tous ceux qui lui sont unis, comme il l'avait déclaré à Monsieur le curé avant de recevoir les saints sacremens : que Monseigneur de Thémines répondit affirmativement, et qu'il aurait fait de nouveau la même déclaration s'il n'avait pas été malade. En foi de quoi Son Excellence Monseigneur l'internonce, Monsieur le curé de Saint-Jacques-sur-Caudenberg ont signé la présente, qui a été écrite par moi, protonotaire apostolique, et munie de ma signature et du sceau de la nonciature apostolique. Fait à Bruxelles, le trois novembre mil huit cent vingt-neuf. (S) F. Capaccini, l'internonce apostolique; A. J. A. T'Sas, curé de Saint-Jacques-sur-Caudenberg; J. L. De Villers, protonotaire apostolique.

Quoique ce retour de Mgr de Thémines ait vite été rendu public, les Petites Églises continuèrent et continuent jusqu'à nos jours à se prévaloir de son autorité et des dispenses qu'il aurait jadis accordées à leurs prêtres et fidèles.

J'atteste la conformité de cette copie avec la déclaration originale.

Bruxelles, ce 24 novembre 1829. (S) J. L. De Villers, protonotaire apostolique.

Pour copie conforme à la pièce ci-dessus, munie du sceau de la nonciature apostolique, restée entre nos mains. Ph. Er., évêque de Blois.

(Cette dernière signature est celle de Philippe-François de Sausin, évêque de Blois de 1823 à 1844).
II Les Petites Églises sans prêtres.


— Vers les années 1830-1850 moururent les derniers prêtres anticoncordataires. Le problème se posa dès lors pour leurs fidèles de savoir s'ils se rallieraient aux prêtres concordataires ou continueraient à vivre en communautés séparées, mais sans prêtres. Parmi ceux qui adoptèrent cette dernière solution, trois groupes ont continué à exister ainsi jusqu'à nos jours.

1° Petite Église de Lyon. — Ses deux derniers prêtres, Germain et Mercier, moururent respectivement les 29 juin et 1er juil. 1831. Elle refusa les offres d'un prêtre dévoyé, Giraud, en 1835; elle adressa en 1848 à l'Église janséniste de Hollande un appel qui ne fut pas entendu.

2° Petite Église de Vendée. (Nous entendons le mot Vendée dans le sens régional et non départemental.) - Après le retour des Bourbons, plusieurs prêtres — notamment Pierre Texier à Courlay — exercèrent publiquement les fonctions curiales dans les églises paroissiales, sans pour cela reconnaître l'autorité de évêque de Poitiers. Ils furent nommément interdits par lui avec quelques confrères exerçant « dans des maisons particulières, tant à Poitiers que dans les environs » le 21 juill. 1820 (texte du décret dans Drochon, op. cit., p. 221-222). Texier mourut en 1826; les dissidents de Courlay élevèrent une chapelle à leur usage au hameau de La Plainelière.

Divers prêtres réfractaires d'autres régions s'établirent dans le bocage vendéen après le décès des curés dissidents. Le dernier en date fut Bernier, natif du diocèse de Luçon, qui ne demeura d'ailleurs qu'une douzaine de jours à La Plainelière en août 1853. La famille Texier continua à diriger la dissidence avec l'aide de « Sœurs » installées au village de La Combe. Le chantre de La Plainelière, François Marilleaud, époux d'une cousine de l'ancien curé Texier, avait écrit le 10 févr. 1842 à Grégoire XVI pour exposer ses troubles de conscience; il reçut une réponse du cardinal grand-pénitencier datée du 16 avr. 1842 et se convertit à Pâques de l'année suivante; il écrivit le 10 juin 1844 une seconde fois au pape, qui répondit par une bénédiction personnelle le 16 sept. D'autres retours individuels eurent également lieu à diverses époques.

3° Stévenistes de Belgique. — Tel fut le nom donné aux anticoncordataires de Belgique, alors que Corneille Stevens n'avait jamais mis en doute l'autorité des évêques concordataires comme telle, mais avait combattu leur asservissement aux Articles organiques et à la politique religieuse de Napoléon ; il était d'ailleurs décédé dans les meilleurs sentiments en 1828. Un homonyme, François Stevens, prémontré de l'abbaye de Floreffe (diocèse de Namur), desservant concordataire à Houthalen (diocèse de Liège), avait dû quitter sa paroisse en 1811 sur ordre du gouvernement, y était revenu en 1814, avait dû démissionner en 1822 et était mort chanoine de la cathédrale de Namur en 1843, ce qui prouve assez son union avec les évêques en fonction. Par contre, dans le diocèse de Malines, François Winnepenninckx, curé de Leerbeek, et, dans celui de Tournai, Gilles Theys, curé de Jumet, non repris dans la nouvelle organisation des paroisses en 1803, continuèrent à exercer clandestinement les fonctions de curé pour tous ceux qui s'adressèrent à eux jusqu'à leur mort, qui eut lieu respectivement en 1835 et 1837.

Cependant ce n'est qu'à Leerbeek et dans une large région environnante — notamment dans la petite ville de Hal — que de nombreuses familles s'organisèrent en communautés sans prêtres. Dans le diocèse de Gand (actuellement de Bruges), à Gits, le curé Jean Priem entra en 1811 en révolte contre le régime établi, et là aussi une large région s'organisa plus tard religieusement sans le secours de prêtres.

Deux demoiselles de Gits se rendirent à Rome en 1852 et furent reçues par Pie IX qui leur remit une lettre qu'elles feraient lire à leurs coreligionnaires; ceux-ci, voyant la signature différente du texte, mirent son authenticité en doute; elles retournèrent à Rome — elles s'étaient converties — et Pie IX apposa une seconde signature en leur présence. De leur côté, 7 stévenistes de Hal écrivirent à Pie IX le 11 févr. 1855 (texte dans E. Torfs, Le Stévenisme dans le sud-ouest du Brabant, Enghien, 1955, p. 80); ils joignirent à leur lettre des extraits d'écrits de Gilles Theys, parlant de celui-ci et de deux autres de leurs prêtres comme s'ils étaient encore en vie. Pie IX répète cette erreur dans sa réponse du 28 mars 1855 (publiée dans Collectio epistolarum pastoralium... quæ pro regimine dioecesis Mechliniensis publicatæ fuerunt, III, Malines, 1870, 322-324) et exhorte à abandonner le schisme. Toute une polémique s'engagea autour de cette lettre. Pie IX écrivit une seconde fois le 26 mai 1858, mais sans plus de succès.

On constate donc que les fidèles des diverses Petites Églises ont une vénération théorique pour le pape mais qu'un petit nombre seulement répondit à ses directives; Grégoire XVI et Pie IX eurent la bonté de confirmer chaque fois par un second acte la réponse donnée à ceux qui s'étaient adressés à eux.

III. Depuis le concile du Vatican.


Les Petites Églises de France crurent l'heure d'une solution venue lors de la réunion du concile du Vatican. Elles rédigèrent un mémoire intitulé : Reverentissima commentatio ad sacro-sanctum œcumenicum concilium Romanum de variis actis ad Ecclesiam Gallicanam spectantibus, qui fut imprimé à Genève. Le ton en est pacifique, mais l'exposé constitue néanmoins une désapprobation formelle de la conduite de Pie VII en 1801. Ces Églises firent réimprimer à Lyon les Réclamations canoniques de 1803; elles envoyèrent deux délégués, Jacques Berliet et Marius Duc, l'un et l'autre lyonnais, à Rome en déc. 1869, afin de remettre des exemplaires des deux documents à l'intention du pape et des Pères du concile. Un ancien curé de Lyon, Mgr Callot, évêque d'Oran, s'intéressa spécialement à leur cause. Mgr Colet, évêque de Luçon, dont le diocèse comprenait beaucoup de dissidents, rédigea le 19 févr. 1870 un postulatum dans lequel il réfute les deux documents et propose, que le secrétaire du concile écrive avec bienveillance aux dissidents pour les ramener à la communion des évêques unis aux papes (Acta et decreta sacrorum conciliorum recentiorum. Collectif Lacensis, vu, Fribourg-en-Br., 1890, col. 854).

Par contre, Mgr Dechamps, archevêque de Malines, rédemptoriste, signa le 25 févr. un postulation dans lequel il stigmatise l'attitude des stévenistes de son diocèse et demande d'insérer dans le chapitre des décrets conciliaires sur la primauté du pontife romain un ajouté déclarant schismatiques ceux qui soutiennent que le Souverain pontife ne peut en vertu de sa juridiction user de moyens extraordinaires tels que ceux employés par Pie VII pour rétablir le culte en France (ibid., col. 855). Les deux postulata furent discutés en Juin-juill. 1870 et écartés pour des motifs de procédure. Par suite de la brusque interruption du concile, la question des Petites Églises ne fut pas davantage discutée (cf. T. Granderath, Histoire du concile du Vatican, trad. française, I, Bruxelles, 1907, p. 541-542; III, 1re partie, Bruxelles, 1912, p. 346-348, 382). Jacques Berliet mourut en 1883, sans avoir changé d'opinion; sa veuve écrivit le 14 févr. 1888 à Léon XIII; le pape chargea Mgr Foulon, archevêque de Lyon, de lui rendre visite, mais aucun résultat n'en fut acquis. Marius Duc de son côté écrivit le 28 sept. 1892 à Mgr Foulon, qui répondit le 3 oct.; Duc écrivit encore le 8 oct. et Mgr Foulon adressa le 4 déc. un mémoire au S.-Siège; mais l'archevêque mourut le 23 janv. 1893.

Aussi le pape envoya-t-il sa réponse le 19 juill. à Mgr Juteau, évêque de Poitiers, lettre très bienveillante, qui qualifie néanmoins de schismatique l'attitude de la Petite Église, justifie la conduite de Pie VII et exhorte les dissidents à revenir au vrai bercail. En 1894, Marius Duc fit ce geste, de même que Joseph Bertaud, veuf d'Eulalie Texier (arrière-cousine du curé Texier), chef de la dissidence en Vendée : ils n'eurent à faire aucune rétractation ni abjuration. Leur exemple ne fut pas suivi; au contraire, les autres dissidents rejetèrent en fait le concile du Vatican parce qu'ils n'admettaient pas la juridiction ordinaire et immédiate du pape sur tous les diocèses et l'infaillibilité pontificale.

En 1955, il y avait environ 3 500 membres de la Petite Église dans le Bressuirois, ayant une chapelle à La Plainelière et en quelques autres lieux ; — 400 à Lyon, surtout dans le quartier de la Croix-Rousse, avec comme guide intellectuel Charles Rolland; — 400 stévenistes dans la région de Hal et de Leerbeek, avec une chapelle en ces deux endroits et comme guide intellectuel Félix Wijverkens, et une famille stéveniste à Gits.

Les usages des différentes Petites Églises sont fort semblables. Un ou plusieurs laïques bien au courant de la manière de baptiser administre ce sacrement, généralement à domicile; les fidèles se réunissent les dimanches et fêtes dans leur lieu de culte : on y récite le chapelet, différentes prières empruntées à l'ordinaire de la messe, un sermon est fait ou lu par le laïque qui dirige la cérémonie; les enfants suivent le catéchisme et font une première communion « spirituelle ». Ce catéchisme est celui d'avant la Révolution, de même observe-t-on les fêtes, jeûnes et abstinences qui y sont indiqués. La confession des péchés se fait à Dieu. Le mariage civil est précédé ou suivi d'un l'échange de consentements à caractère religieux entre les époux et devant témoins. Les dissidents se marient généralement entre eux; vu leur petit nombre, il y a eu des unions entre ceux de France et de Belgique, afin d'éviter la consanguinité; néanmoins en cas de nécessité, des dispenses sont accordées en vertu des pouvoirs concédés jadis par Mgr de Thémines. Les funérailles ont également un caractère religieux : en Belgique, le cortège s'arrête un moment devant l'église atholique, mais sans y pénétrer. Les membres des Petites Églises ont une morale austère, ils sont pieux et charitables, ils vénèrent la Vierge et les Saints.

En avr. 1943, Mgr Mesguen, évêque de Poitiers, après entente avec le S.-Siège, fit paraître la déclaration suivante :

« Pour les retours des dissidents, Nous ne demandons, conformément à la parole du S. Père, aucune abjuration, aucune profession de foi, le fait de recevoir les sacrements de pénitence et d'eucharistie dans une de Nos églises constituant l'abandon de la doctrine de la Petite Église. »

L'évêché de Poitiers renouvela cette déclaration le 22 avr. 1952, en y ajoutant les précisions suivantes :
Si une personne ayant vécu dans la dissidence se présente un jour à la sainte Table, on lui donnera la communion, sans chercher à savoir si elle s'est préalablement confessée. La présomption joue en sa faveur.

— Si même un curé visite un dissident malade, il peut lui proposer de lui donner les sacrements de pénitence, d'eucharistie et d'extrême-onction. Si le malade accepte, ces sacrements pourront lui être administrés, sous les conditions ordinaires. En cas de décès, on accorderait la sépulture ecclésiastique.

— A priori, les baptêmes administrés dans la Petite Église sont réputés valides, le souci des dissidents de se conformer aux rites de l'Église catholique et la désignation de baptiseurs constituant des preuves suffisantes. Dans tous les cas, il va de soi qu'on doit s'assurer par un témoignage sérieux (ce témoignage peut être soit celui des parents, des parrains et marraines, des témoins du baptême, ou même simplement le serment de l'intéressé) que le baptême a été réellement administré. —

En ce qui concerne les mariages :

1° Les mariages civils des membres de la Petite Église entre eux contractés à la mairie sont considérés comme valides, d'après le droit de l'Église (décret Ne temere, 19 avril 1908; can. 1099), ainsi que les mariages des schismatiques et hérétiques, toutes les fois qu'il n'y a pas d'empêchement dirimant. Sont également considérés comme valides les mariages des dissidents contractés avant le décret Ne temere, le pape entendant très certainement les convalider, s'il en était besoin, puisque la seule démarche exigée pour rentrer dans le giron de l'Église est de se présenter pour la réception des sacrements de pénitence et d'eucharistie. Il en serait autrement pour les mariages contractés depuis le ler janv, 1949, si l'un ou l'autre conjoint, quoique de la Petite Église, avait été baptisé dans l'Église catholique (décret du Ier août 1948, qui supprime le § 2 du can. 1099);

2° Le mariage d'un catholique avec une dissidente (ou vice versa) en dehors de l'Église, est donc invalide. La régularisation éventuelle d'un tel mariage serait possible, après réception des sacrements de pénitence et d'eucharistie;

3° Quand la partie dissidente persiste à rester dans la Petite Église, le mariage se fera d'après la forme canonique employée pour les mariages mixtes, suivant les règles édictées par les statuts synodaux, art. 198-202. Noter sur l'acte de mariage : « baptisé dans la dissidence, le... à... » si ce fut le cas;

4° Un dissident pourrait être admis comme témoin de mariage;

5° Si quelque difficulté semblait apparaître sur certains points, il y aurait lieu d'en référer à l'Ordinaire.

A Lyon, le cardinal Gerlier lança le 20 févr. 1949 à Charles Rolland un appel à l'Unité qui ne fut pas entendu; il n'y eut qu'un seul retour qui se fit également sans abjuration ni profession de foi.

_________________

En déc. 1955, Pie XII signa l'important document dont le texte suit :

A Notre Vénérable Frère Alexandre Derouineau, Archevêque de Kunming, Visiteur apostolique,

Notre charge de Père commun de tous les fidèles, si elle Nous impose de faire Nôtres les joies et les soucis de tous Nos fils dispersés à travers le monde, Nous fait un devoir de Nous pencher avec plus d'amour, à l'exemple du Divin Pasteur, sur les brebis les plus délaissées de Notre troupeau, Nous pensons en particulier à la douloureuse situation dans laquelle se trouvent, à cause de leur isolement, les membres de ce groupe qu'on est convenu d'appeler la « Petite Église du Poitou ». Nous n'ignorons pas leurs origines, leur fidélité aux traditions religieuses de leurs pères, même lorsqu'elles exigent d'eux un surcroît de sacrifices, comme c'est le cas pour les anciennes fêtes d'obligation ou pour l'abstinence samedi. Nous connaissons aussi leur dévotion jamais démentie à la très Sainte Vierge, qu'ils vont prier parfois dans ses sanctuaires locaux et honorent par la récitation quotidienne du chapelet. Leurs épreuves aussi Nous sont connues. N'ayant plus depuis longtemps de prêtres parmi eux ils souffrent, Nous le savons, d'être privés du Saint sacrifice de la messe, de ne plus recevoir le Corps du Christ, ne plus jouir de la paix qui remplit le cœur du chrétien au sortir du tribunal de la pénitence. Combien des leurs fils ont-ils vus mourir sous leurs yeux, privés du réconfort des derniers sacrements!

L'Église, dans sa maternelle sollicitude, s'est à maintes reprises penchée sur leurs difficultés et leurs angoisses. Pour n'en citer qu'un exemple, dès le pontificat de Notre prédécesseur Grégoire XVI, le cardinal Castracano, Grand Pénitencier, écrivant à l'un des leurs, habitant à Courlay, exprimait en ces termes : « Le Souverain pontife Lui-même viendra à votre secours si dans quelque occasion vous en avez besoin, et II vous donnera la Bénédiction Apostolique avec toute l'affection de son cœur paternel, comme à ses enfants chéris » (lettre du 16 avr. 1842). Et à quelque temps de là, le destinataire de cette lettre en recevait une autre signée de la main du Souverain pontife lui-même (lettre du 16 sept. 1844). Mais lorsqu'en 1870, « n'en pouvant plus vivre ainsi », selon leurs propres expressions, les membres de la « Petite Église du Poitou » s'étaient adressés aux évêques du monde entier réunis autour du pape en concile œcuménique, la soudaineté de la guerre qui vint interrompre les travaux du concile ne permit pas de leur donner réponse qui eût mis fin à leur pénible situation et qu'ils défendaient avec tant d'impatience.

Cette réponse, Nous venons aujourd'hui la leur apporter dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, en tant que Vicaire de Jésus-Christ et Représentant de Dieu sur la terre Nous leur donnons en votre personne un évêque qui sera leur Père à tous et grâce auquel ils pourront enfin participer à nouveau dans la joie aux trésors de l'Église, avoir la parole de Dieu, le sacrement du pardon, la participation au Corps du Christ réellement présent dans la sainte eucharistie. Nous avons confiance qu'ils vous accueilleront comme l'envoyé du Christ lui-même qui a dit à ses Apôtres et aux évêques leurs successeurs : « Celui qui vous reçoit, c'est moi qu'il reçoit, et quiconque me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé » (Mt., x, 40).

Leur responsabilité devant Dieu serait bien grande en effet si, refusant celui que nous déléguons vers eux dans Notre affection paternelle, ils s'exposaient à encourir cette autre redoutable sentence du Sauveur : « Celui qui vous rejette, c'est moi qu'il rrejette; et quiconque me rejette, rejette celui qui m'a envoyé» (Lc.,x, 16). C'est en fils aimants, au contraire, Nous en avons la certitude, qu'ils accueilleront le pasteur que Dieu leur donne aujourd'hui en votre personne, nous procurant à Nous-mêmes la joie de serrer sur Notre cœur ces brebis de Notre bercail enfin arrachées à leur douloureux isolement. Et dans ces sentiments, Nous leur envoyons et vous chargeons de leur porter, Vénérable Frère, comme gage de Notre sollicitude et de notre amour envers tous et chacun d'entre eux, Notre paternelle Bénédiction Apostolique. Du Vatican, le 20 déc. 1955 (S) Pius PP. XII.

Mgr Derouineau est né dans le diocèse d'Angers 1898; il appartient à la Société des Missions étrangères de Paris et a été expulsé de Chine par le gouvernement communiste. Ses pouvoirs sont les mêmes qu'en pays de mission, à cette différence près qu'il ne les tient pas de la Congrégation de la Propagande mais qu'il dépend désormais du S.-Office; ces pouvoirs valent également pour la Petite Église de Lyon. Mgr Derouineau visita les familles dissidentes du Bressuirois et eut une conversation de 2 h. 1 /2 avec Charles Rolland à Lyon, mais jusqu'ici aucun retour s'est produit.

En Belgique, en 1952, Félix Wijverkens, afin de s'éclairer davantage sur les problèmes historiques qui sont à la base du Stévenisme, prit contact avec quelques prêtres de sa région qui avaient étudié ces questions et se réunit périodiquement en cercle d'études avec eux; il sut résister en juin 1955 aux sollicitations d'un Thomas-Marie Lutgen, « archevêque d'Anvers, primat du Bénélux, maître général de l'ordre de Saint-Dominique », qui aurait été ordonné évêque par un prélat jacobite à Londres, habite la banlieue d'Anvers et proposait de venir officier dans les chapelles stévenistes. Tous les titres de ce personnage sont évidemment fantaisistes (il n'y eut jamais à Anvers qu'un évêché, et ce de 1559 à 1802).

Un projet de mariage entre une stéveniste et un catholique amena l'archevêché de Malines à déclarer le 12 déc. 1955 : ce mariage doit avoir lieu avec dispense sur la religion mixte, à moins que la partie stéveniste n'abjure ses erreurs et fasse une profession de foi catholique; c'est ce qu'elle fit, d'après une formule appropriée, faisant mention de sa bonne foi.

En mai 1956, le cercle d'études déjà mentionné nous demande de prendre part à ses travaux. Il eut connaissance de l'activité de Mgr Derouineau et l'invita à venir en Belgique au cours de la dernière semaine d'octobre, lui suggérant de rencontrer alors le cardinal Van Roey, archevêque de Malines, et de le mettre au courant de la situation en France, afin de créer la possibilité d'une procédure analogue en Belgique. Cette entrevue se déroula le 25 oct. ; le surlendemain, Mgr Derouineau vint avec Félix Wijverkens à notre domicile, à Anvers, afin de délibérer. Après avoir consulté ses coreligionnaires, Wijverkens adressa en déc. une lettre au cardinal Van Roey, demandant que le S.-Père désigne un évêque spécialement chargé de s'occuper des stévenistes et leur accorde de revenir à l'Unité dans les mêmes conditions qu'en France. Pie XII adressa aux stévenistes de Belgique une lettre qui fut remise à Félix Wijverkens et dont le texte suit :


Très chers Fils,

Vous savez combien Notre cœur, sensible aux douleurs et aux peines de tous les hommes, est touché plus particulièrement par les souffrances des âmes, et notamment de celles qui semblent les plus abandonnées. C'est pourquoi Nous Nous tournons aujourd'hui vers vous, Stévenistes de Belgique, dont la situation et les soucis Nous sont bien connus.

Dans le désarroi où vous plonge un isolement spirituel de jour en jour plus tragique, vous avez eu recours à Nous, implorant pour votre retour au bercail les mêmes conditions que celles qui ont été accordées naguère à la « Petite Église » de France, et notamment l'envoi auprès de vous d'un évêque missionnaire qui assume, au moins temporairement, la charge de vos âmes.

C'est une joie pour Nous de pouvoir vous accorder ce que vous Nous demandez. En qualité de Vicaire de Jésus-Christ, Nous vous envoyons un évêque, Monseigneur Louis Morel, archevêque titulaire d'Enos, qui réside actuellement a Scheut dans le diocèse de Malines, et qui connaît bien votre histoire et votre situation actuelle. Il sera votre Père à tous et sera avec vous pour que vous puissiez vivre pleinement de la parole et du pardon de Dieu, de façon à bénéficier de toutes les grâces de votre retour à l'Église.

Réservez-lui, très chers Fils, un accueil filial et docile, vous souvenant de cette parole du Christ à ses Apôtres et aux Évêques leurs successeurs : « Celui qui vous reçoit, reçoit Celui qui m'a envoyé. »

Grande sera votre joie, Nous en sommes sûr, de pouvoir ainsi enfin profiter pleinement de la présence du prêtre parmi vous et recevoir les Sacrements qui vous ont si douloureusement manqué jusqu'à présent. Faisant Nôtre cette joie de vos âmes, et dans l'attente de vous savoir bientôt rentrés dans l'unique bercail du Christ. Nous invoquons de grand cœur sur tous et chacun de vous une abondante effusion des lumières du divin Esprit.

Du Vatican, le 15 juin 1957. (S) Pius PP. XII.

Cette lettre supprimait donc toute formule pénible d'abjuration pour les stévenistes de Belgique. Mgr Morel est né dans le diocèse de Bruges en 1880, il a été archevêque de Suiyuan en Chine; sa position juridique est la même que celle de Mgr Derouineau; il appartient à la Congrégation des Missionnaires du Cœur Immaculé de Marie, dont la maison-mère est à Scheut-lez-Bruxelles. Le 2 juill. 1957, en la chapelle e cette maison, Félix Wijverkens et quatre autres stévenistes reçurent les sacrements de pénitence, d'eucharistie et de confirmation; un mariage entre une stéveniste et un catholique fut régularisé; quelques jours plus tard une stéveniste très âgée reçut Mgr Morel à son lit de mort et passa également à l'Église catholique. Un exemplaire de la lettre de Pie XII fut envoyé à chaque famille stéveniste. Le 9 juill., Mgr Morel, Félix Wijverkens et les membres du cercle d'études se réunirent à Anvers à notre domicile, afin de faire le point de la situation. D'autres retours sont en vue.

Bibliographie. — J. Drochon, La Petite Église. Essai hist. sur le schisme anticoncordataire, Paris, 1894.

— C. Latreille, L'opposition religieuse au Concordat de 1792 à 1803, Paris, 1910; Après le Concordat. L'opposition de 1803 à nos jours, Paris, 1910; La Petite Église de Lyon, Lyon, 1911.

— L. Chesneau, Les dissidents vendômois de la Petite Église, Vendôme, 1924. — E. Aubrée, Les Louisets, Paris, 1942.

— P. Mouly, Concordataires, constitutionnels et « enfarinés » en Quercy et Rouergue au lendemain de la Révolution, Sarlat, 1945.

— J. Soille, Corneille Stevens, vicaire général de Namur « sede vacante », 1747-1828, Gembloux, 1957 (extr. de la revue Wavriensia).

— Notice sur M. Stevens, ancien religieux de Floreffe, dans Journal hist. et litt., xi, 1844, 524-525.

— M. Van den Weghe, Essai hist. sur le Stévenisme, Hal, 1926 (extr. des Mémoires du Cercle hist. et archéol. de Hal).

— F. Wijverkens, Het anticoncordatisme oj « Stevenisme », Hal, 1927 (réponse à l'ouvrage précédent); Bek-nopte studie over het Concordaat van 1801 in 20 lessen, Hal, 1937 (exposé de la doctrine stéveniste, s'inspirant beaucoup de celle de la Petite Église de Lyon; in fine, p. 98-111, intéressant texte d'un sermon prononcé par l'auteur lors de la première communion spirituelle stéveniste).

— E. Torts, Le Stévenisme dans le sud-ouest du Brabant, Enghien, 1955 (extr. des Annales du Cercle archéol. d'En-ghien).

C. de Clercq.

FIN..
Amicalement
La Chartreuse


Je suis soldat du Christ, si la Vérité est attaquée je parlerai, je tiendrai haut et ferme l'étendard de la foi, l'étendard de mon Dieu.

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Re: La petite Eglise

Message non lu par gerardh » lun. 06 sept. 2010, 15:41

_______

Bonjour,

Aux temps de la Révolution, un certain nombre de prêtres qui refusèrent de prêter serment, furent protégés par les protestants du Forez oriental (Le Chambon sur Lignon et communes environnantes). Ce furent les mêmes protestants plutôt leurs descendants) qui protégèrent les juifs pourchassés par les nazis pendant la deuxième guerre mondiale. Bien sur il n'y a aucune commune mesure entre les nazis et les révolutionnaires, si ce n'est que les personnes qui furent protégées dans les 2 cas risquaient la mort.


___________


______

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Olivier1
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Re: La petite Eglise

Message non lu par Olivier1 » lun. 06 sept. 2010, 21:29

Merci pour le texte, mais cela ne répond pas à ma question si les évêques sont légitimes ou non, en France.

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Re: La petite Eglise

Message non lu par Raistlin » mar. 07 sept. 2010, 9:01

Olivier1 a écrit :Merci pour le texte, mais cela ne répond pas à ma question si les évêques sont légitimes ou non, en France.
Bien évidemment qu'ils le sont. Vous croyez que la marque de l'ordination s'effaçe comme cela ? Il s'agit d'un sacrement, pas d'une étiquette de supermarché qui peut s'enlever à tout moment. Ainsi, je crois - mais on me corrigera au besoin - que même les ordinations illégitimes orchestrées par Mgr Lefebvre sont valides. Tout comme le sont celles des orthodoxes qui pourtant se sont séparés de l'Église il y a un petit bout de temps.

Dieu est plus grand que nos mesquineries. Et surtout plus fidèle.
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Re: La petite Eglise

Message non lu par olivier1 » mar. 07 sept. 2010, 9:25

Même si des évêques légitimes étaient encore là?

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Re: La petite Eglise

Message non lu par Raistlin » mar. 07 sept. 2010, 10:36

olivier1 a écrit :Même si des évêques légitimes étaient encore là?
Je ne comprends pas bien ce que vous voulez dire.

Pour faire simple : dans la validité de l'ordination d'un évêque, seule compte la légitimité de ceux qui l'ordonnent. C'est ce qu'on appelle la succession apostolique. Peu importe que l'évêque défroque, qu'il soit franc-maçon ou qu'il adhère à d'autres idéologies pernicieuses. Tant que l'ordination a été faite par des évêques légitimes, elle l'est.

Ainsi, prenons un cas concret : vous avez un gouvernement qui décide de nommer un évêque contre l'avis de Rome. Et puis, en forçant un peu les choses, il parvient à faire ordonner l'évêque par d'autres évêques légitimes. Hé bien, vous avez un nouvel évêque légitime. (Qu'on me corrige si je dis une bêtise)

Cordialement,
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Re: La petite Eglise

Message non lu par olivier1 » mar. 07 sept. 2010, 18:19

Merci pour vos explications, j'ai tout compris!

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Ina
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Petite église

Message non lu par Ina » ven. 14 juin 2013, 11:05

Bonjour,

Une personne de ma connaissance, baptisée catholique, s'est tournée vers la petite église.

Je suis inquiète pour elle car je me demande si elle est en état de péché ou non.

Je ne connaissais pas jusqu'à présent l'existence de cette église et n'ai pas réussi à trouver des éléments sérieux qui puissent m'informer suffisamment.

Auriez-vous un avis sur le sujet ?

Merci.

(j'espère avoir posté sur la bonne rubrique, sinon veuillez m'en excuser)

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Re: Petite église

Message non lu par Suliko » ven. 14 juin 2013, 19:03

Parlez-vous bien de cela?

http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... C3%A9glise

C'est étrange, car cette communauté comprend très très peu de fidèles et je ne savais pas qu'on pouvait y "entrer"...
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Ina
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Re: Petite église

Message non lu par Ina » ven. 14 juin 2013, 19:31

Bonjour Suliko,

Un fil était ouvert, j'ai donc mal cherché avant de poster, j'en suis désolée.

J'avoue moi aussi avoir du mal à comprendre.

D'après ce qui m'a été dit la petite église serait reconnue de la même façon que notre église catholique.

Mais il y a tant de différences...

Je n'ose pas lui en parler de peur de la mettre mal à l'aise.

Elle a été baptisée et a fait ses 2 communions puis sa confirmation, tout comme moi.

La foi l'a toujours portée, contrairement à moi, mais pour des raisons que j'ignore elle s'est tournée vers la petite église.

D'après ce que j'ai lu, le baptême est le seul sacrement qui puisse être donné au sein de cette église.

Mais j'ai entendu aussi que certaines célébrations de mariage pouvaient avoir lieu et dans des conditions qui seraient réellement différentes des nôtres.

J'ai bien essayé de démêler l'écheveau, en vain.

Je n'y comprends plus rien.

Merci pour le lien, je vais le lire avec attention.

Emmanuel Lyasse
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Re: Petite église

Message non lu par Emmanuel Lyasse » mar. 25 juin 2013, 19:11

Pour résumer:

- La petite église remonte au refus par une petite partie des catholiques français du concordat signé par Pie VII avec la République française (représentée par Bonaparte, premier consul), en particulier autour de certains des évêques auquel ce concordat imposait de démissionner (puisque les évêques étaient désormais nommés par le gouvernement français). Il n'y avait là rien contre la foi catholique hors (ce n'est pas rien, bien sûr) le refus de l'autorité du pape.

- Beaucoup se sont soumis après la Restauration, mais pas tous (puisque le concordat a été maintenu). Mais aucun des évêques de la petite Église n'est allé jusqu'à ordonner un successeur (contrairement à Marcel Lefèbvre en 1988). Elle n'a donc plus eu de prêtre après la mort du dernier d'entre eux, donc plus de sacrements à part le baptême et le mariage.

- Aujourd'hui, elle existe encore, très marginalement, comme un anachronisme (le concordat n'existe plus depuis 1905 !). Je pense que ceux qui s'y obstinent le font par fidélité à une tradition familiale. Je m'étonne donc qu'on puisse s'y convertir.

Les différences que vous observez ne sont pas dues à une différence de foi. Il n'y a pas de rejet des sacrements de l'Église, mais une impossibilité pratique de les recevoir, puisqu'il n'y a pas de prêtres. Ça ne vaut pas pour le baptême, qui peut être donné validement par un laïc, et pour le mariage, que se donnent mutuellement les deux époux. Dans les deux cas, le droit de l'Église catholique exige la présence d'un prêtre ou d'un diacre, mais admet des exceptions si c'est impossible, ce qui est le cas de leur point de vue.
Évidemment, cette obstination est assez déraisonnable.

En principe, il n'y a pas d'autre différence sur la foi que le refus de l'autorité du pape, et des évêques en communion avec lui. Mais des communautés qui restent depuis deux siècles sans pasteur légitime ont pu dévier.

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Re: Petite église

Message non lu par Anaisunivers » mar. 25 juin 2013, 21:57

Emmanuel Lyasse a écrit :- Aujourd'hui, elle existe encore, très marginalement, comme un anachronisme (le concordat n'existe plus depuis 1905 !).
Le concordat existe encore en Alsace-Lorraine...

In Christo,

Emmanuel Lyasse
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Re: Petite église

Message non lu par Emmanuel Lyasse » mer. 26 juin 2013, 12:18

Certes, mais cela ne saurait expliquer la persistance de la petite Église dans la France de l'intérieur.

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archi
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Re: Petite église

Message non lu par archi » mer. 26 juin 2013, 12:51

Emmanuel Lyasse a écrit :- La petite église remonte au refus par une petite partie des catholiques français du concordat signé par Pie VII avec la République française (représentée par Bonaparte, premier consul), en particulier autour de certains des évêques auquel ce concordat imposait de démissionner (puisque les évêques étaient désormais nommés par le gouvernement français). Il n'y avait là rien contre la foi catholique hors (ce n'est pas rien, bien sûr) le refus de l'autorité du pape.
Ca dépend ce qu'on appelle "refus de l'autorité du Pape".

Ce que la Petite Eglise n'acceptait pas, sauf erreur de ma part, c'est que le Pape force à démissionner des évêques légitimes au nom d'un compromis avec le pouvoir politique.

Du point de vue de la pratique traditionnelle de l'Eglise, ils avaient parfaitement raison. Je ne crois pas que ce genre de choses se soit jamais vu auparavant, et je ne pense pas qu'il y ait eu depuis autre chose que des cas isolés. Rappelons au contraire que la papauté a passé de longs siècles à résister à l'ingérence du pouvoir politique dans les nominations d'évêques, je pense en particulier au schisme photien (où le Pape a refusé la déposition du patriarche légitime de Constantinople par l'Empereur) et à la réforme grégorienne.

Après, si on considère que le Pape comme un monarque absolu qui a tous les droits, y compris de s'asseoir sur la pratique traditionnelle, évidemment... mais bon, cette position qui fait du Pape quelqu'un qui est au-dessus de l'Eglise et de la Tradition (au lieu d'être au sommet de la pyramide juridictionnelle, et chargé de garder la Tradition) n'est pas un point de vue conforme à la foi catholique.

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

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