Lu dans Riposte catholique:
Très intéressant : à lire et à commenter.
Le contraire de la langue de bois ... Cela change des barratins souvent entendus.
Crise des vocations en Corse
23 AOÛT 2014
La ville de Sartène a perdu son curé en raison de la raréfaction des prêtres. C’est désormais un prêtre non résident qui viendra célébrer les messes, ce qui a provoqué la colère des fidèles.
Monseigneur de Germay explique la gravité du problème :
« La crise des vocations n’est pas spécifique à la Corse, même si elle est ici assez marquée puisqu’actuellement un seul jeune se prépare à devenir prêtre en Corse, un jeune qui est libanais.
La crise des vocations a de multiples causes. On constate en tout cas qu’elle est liée à la baisse de la pratique. Là où la pratique dominicale diminue, la transmission de la foi diminue, et par conséquent les vocations aussi. C’est la raison pour laquelle on dit souvent que la crise des vocations est d’abord une crise de la foi.
Pour en revenir à Sartène, c’est le curé en titre qui a demandé à partir ?
Lors de l’échange qui a suivi la messe où je me suis rendu cet été, le Père Christophe Donczyk a précisé qu’il avait lui-même demandé à changer de paroisse pour des raisons personnelles.
Le même problème s’est aussi posé à Marcassu où les bénédictins présents ont demandé à partir ?
Après plusieurs mois de réflexion, le Provincial des moines a effectivement pris la décision de quitter le couvent de Marcassu. Moi-même, ainsi que de nombreuses personnes qui sont attachées au couvent, lui ont demandé s’il ne pouvait revenir sur sa décision. Après avoir pesé le pour et le contre, il considère que cela n’est pas possible. Je peux dire qu’il prend cette décision à contrecœur et après avoir entendu les avis des uns et des autres. C’est une décision que je regrette mais que je respecte.
Il se trouve que le couvent appartient aux Franciscains de la Province de France. Le Provincial Franciscain, le Provincial de Notre-Dame d’Espérance (dominicains de Marcassu) et moi-même sommes tout à fait d’accord pour tout faire afin que le couvent garde sa vocation à être un lieu de prière. Nous cherchons une communauté religieuse qui serait prête à s’y installer.
Cervione aussi verra l’arrivée d’un nouveau prêtre. Ce jeu des « chaises musicales » va entrainer beaucoup de « mutations » ?
Non, il y a moins de nominations cette année que l’an dernier. Il y a en particulier la paroisse de Saint-Jean-Baptiste de Bastia suite au décès du Père Olive, celle de Venaco suite au départ de l’abbé André, celle de Vico suite au départ de deux religieux du couvent de Vico.
De plus en plus de prêtres venus de l’étranger viennent en renfort, est ce la meilleure des solutions ?
L’idéal c’est quand un peuple « fournit » ses propres prêtres. Mais s’il fallait attendre que des jeunes corses deviennent prêtres (il n’y en a pas en ce moment au séminaire), de nombreuses paroisses se retrouveraient sans prêtre. En même temps que je fais venir des prêtres de l’extérieur, je souhaite promouvoir une pastorale qui suscite des vocations parmi les jeunes vivant en Corse.
D’autant qu’il y a souvent un problème d’acclimation avec des traditions qui sont différentes entre les pays d’origine de ces prêtres et la Corse ?
C’est vrai mais c’est une difficulté qui peut être surmontée. Les Franciscains mexicains par exemple viennent d’un pays où les traditions religieuses sont proches de ce qui se vit ici en Corse. Avec d’autres prêtres, cela peut être plus difficile, mais il ne faut pas oublier que la différence touche à la forme, pas au fond. Même si les manières de prier peuvent varier d’une culture à l’autre, la foi est la même. Un prêtre qui vient de l’étranger rappelle cette dimension universelle de l’Eglise, il peut même aider à mieux distinguer ce qui est immuable, ce qui est le cœur du message chrétien, de ce qui en est la manifestation et qui varie avec le temps et les lieux.
Comparé à un diocèse de même taille y-a-t-il des diocèses sur le continent qui n’ont plus de séminaristes ?
Oui, il y a des diocèses, même plus grand que le nôtre, qui n’ont plus de séminaristes depuis plusieurs années. Le séminariste que nous avons actuellement sera ordonné diacre le 6 septembre prochain, ce qui est un motif d’action de grâces, même s’il doit encore accomplir deux années d’études au séminaire. Par ailleurs, je fais entrer au séminaire en septembre un homme d’âge mûr qui, si Dieu le veut, pourra être ordonné prêtre pour le diocèse dans quelques années.
Comment donner envie à des jeunes hommes de devenir prêtre ?
D’une manière générale, les vocations renaissent lorsque les communautés chrétiennes sont vivantes. Un prêtre qui est heureux dans son ministère peut donner envie à un jeune de donner sa vie pour l’annonce de l’Evangile. Il faut aussi prendre conscience qu’aujourd’hui Dieu appelle des jeunes à tout quitter pour le suivre.
Peut-être ne parle-t-on pas suffisamment des vocations. Il faut aussi se souvenir qu’une vocation est un don de Dieu. Dieu nous donne des prêtres pour nous transmettre, au moyen des sacrements, son pardon et la vie divine. Mais pourquoi Dieu donnerait-il des prêtres lorsque la majorité des chrétiens ne vont plus se confesser ou négligent la messe dominicale ? Même si ce n’est pas si simple, on peut se poser la question. [...]
La famille doit-elle le creuset de ces vocations ?
La famille doit d’abord être une « Eglise domestique », c’est-à-dire une sorte d’Eglise en miniature. Un lieu où la foi n’est pas un sujet tabou, un lieu où l’enfant est initié à la prière : prière personnelle, prière familiale, prière avec la communauté chrétienne le dimanche.
Un lieu aussi où on s’efforce de vire l’Evangile, où on apprend à tenir compte des autres, à partager, à pardonner, se réconcilier.
Un lieu enfin où on découvre l’importance mais aussi la joie qu’il y a à aller au devant de ceux qui sont dans le besoin.
Même si la transmission de la foi n’est pas quelque chose d’automatique, de telles familles sont des lieux où la foi se transmet. Non pas en s’imposant, mais comme par capillarité. Dans ce cadre, si Dieu appelle un jeune, il a beaucoup plus de chance d’entendre l’appel que s’il vit dans un milieu où on ne parle jamais de Dieu.
Y-a- t-il des ordres religieux qui sont disposés à venir s’installer sur l’île ?
Depuis mon arrivée en Corse, j’ai sollicité plusieurs communautés religieuses, pour l’instant sans succès. Mais je ne désespère pas d’y arriver !
Les capucins de Saint Antoine à Bastia connaissent depuis quelques années des entrées assez fréquentes faudrait-il s’inspirer de leur exemple pour avoir de nouveaux prêtres ?
il s’agit de capucins de la Province de « Sardaigne et Corse ». Leur « recrutement » se fait surtout en Sardaigne, dans un contexte ecclésial différent. Tant mieux s’ils peuvent susciter des vocations, mais n’oublions pas que nous avons surtout besoin de vocations de prêtres diocésains.
Dans les prochaines années, les prêtres seront de moins en moins nombreux faudra-t-il regrouper les paroisses ?
Il y a longtemps que les paroisses sont regroupées. A une certaine époque il y avait quasiment un prêtre par village. Aujourd’hui, dans le rural, un prêtre peut être curé d’une trentaine de villages. Il s’agit donc de regrouper, mais pas d’une façon purement administrative. Un ensemble de trente villages, par exemple, même s’il est sous la responsabilité d’un seul curé, sera divisée 4 ou 5 « unités paroissiales » de façon à réaliser des communautés paroissiales à taille humaine, ce qui n’est pas sans rappeler les anciennes pièves. [...]«