Suliko,
Vous vous contredisez ! Si les personnes dont parlent le texte ne peuvent pas communier, c'est justement parce qu'elles sont en état de péché mortel.
Je pourrais toujours me contredire. C'est une chose possible.
Mais je n'ai vraiment pas l'impression que les personnes d'aujourd'hui qui seraient visées par l'assouplissement demandé - ce pour quoi le pape François demande un exercice de discernement - se considèrent elles-mêmes en état de péché mortel ni qu'elles sont considérées comme telles par les évêques eux-mêmes. Le simple fait de ne pas être marié à l'église n'est pas chose suffisante pour décréter que la personne serait désormais coupée de la grâce sanctifiante, péchant d'une manière obstinée contre la charité, refusant d'être ordonnée aux fins dernières, etc.
"Le péché véniel et le péché mortel diffèrent de genre d’après leurs objets ; mais comme les actes moraux tirent leur bonté ou leur malice, non seulement de leur objet, mais encore de la disposition de l’agent, il arrive qu’un péché qui est véniel dans son genre devient mortel par suite de l’intention mauvaise de celui qui le commet, et
qu’un péché mortel dans son genre est véniel à cause de l’imperfection de l’acte, quand il est subit et qu’il n’a pas été délibéré par la raison.
"(
Thomas d'Aquin, Somme, II, 88, art.2)
"[...] on peut dire qu’un péché qui est mortel dans son genre devient véniel par suite de l’imperfection de l’acte. [...] Ceci résulte d’une soustraction (Nous avons employé cette expression par opposition au mot addition qui se rapporte au péché mortel qui s’ajoute au péché véniel.) qui fait que la raison n’a pas pu délibérer (
Pour qu’il y ait délibération parfaite, il faut que l’intellect perçoive pleinement et distinctement l’acte et sa malice, ou qu’il puisse le faire ; ce qui suppose advertance parfaite et plein consentement.). Et comme l’acte moral se spécifie d’après le conseil de la raison, il s’ensuit que cette soustraction en détruit l’espèce."
(id., art.6)
Je crois que ce qui vous induit en erreur, avec tant d'autres, c'est le ton miséricordieux de Jean-Paul II, par contraste avec le style plus "dur" de saint Pie X. Et je crois que la stratégie du premier fut une erreur, car à force d'insister sur la compréhension, la miséricorde, etc..., les personnes concernées ne peuvent plus comprendre le sérieux de la situation et la nature de leur péché.
Je pense plutôt que nous avons comme catholique le devoir de nous attacher à la vérité et qui est bien sûr la personne du Christ. Ce qui signifie entre autres de s'efforcer de voir clair, dans ce qui nous serait demander de la part de l'Église. Et s'efforcer de voir clair comprend aussi bien le fait d'accepter de recevoir la Tradition comme d'accepter le fait aussi que le discernement est chose qui s'opère en Église et via le magistère régulier de l'Église actuelle, en particulier, c'est à dire les évêques, avec qui je puis être en communion réelle, vivante et physique, non pas avec les idées du pape disparut depuis trois cent ans. La charité dans notre rapport à Dieu nous impose de s'efforcer autant que possible de comprendre le point de vue de nos pasteurs légitimes. cf saint Paul ("La charité ne s'enfle pas ... prend patience ... espère tout, croit tout, comprend tout ", etc.)
Je pense que le contenu des propos et le ton de Jean-Paul II s'expliquait par le fait qu'il saisissait très bien la situation difficile dans laquelle certain(e)s pouvaient eux-mêmes se trouver, ne croyant pas lui-même que ces personnes eussent été en état de péché mortel, en même temps qu'il se faisait du souci pour la discipline de façon générale, craignant que le point de vue de l'Église sur le mariage ou le sacrement ne soit pas bien compris par plusieurs et advenant le cas où il y aurait assouplissement de la règle. C'est un souci pastoral normal.