Zélie,
Je suis touché par votre délicatesse, mais vendredi soir je ne l’avais pas rêvé, j’avais cru trouver une question de votre part et que vous avez retirée. Elle ne m’avait pas vexé, après tout je l’avais bien (mais involontairement) cherché !!!
Croyez bien que je lis aussi vos interventions, même si je n’y réponds pas toujours pour éviter de trop dévoiler le zèle qui me dévore ou m’a dévoré.
Votre anecdote sur ce saint qui déplaça une montagne, m’avait beaucoup plu.
Me voilà donc à devoir vous répondre, sans que vous m’y obligiez, nullement, mais cela me permet de faire un point avec moi-même…
Oui, je cherche depuis quelque temps comment réintégrer l’Eglise catholique et pour plusieurs raisons :
• parce qu’en France c’est la façon la plus commode de fréquenter et recevoir les sacrements,
• et puis, c’est ma culture d‘origine et représente pour moi une facilité (en vieillissant, cela semble moins une lâcheté)
• Parce que surtout je crois que c’est par elle essentiellement que doit venir l’initiative d’un rapprochement entre les différentes églises
• Parce que maintenant que je suis orthodoxe, ce serait une façon d’aimer mes frères (je sais, cela peut paraître une navette sans fin…)
En revanche, je ne saurais regretter le choix qui m’avait fait changer, au contraire. Je persiste à penser qu’au sein du catholicisme, ma singularité me désigne et me sort de l’anonymat. Tandis que dans l’orthodoxie, je puis mieux répondre à l’exigence d’humilité, et mener en toute discrétion la vie mystique qui me convient. Par conséquent, si l’apostolat qui serait le mien ne répond pas à mon désir de réunification, je resterai ou redeviendrai « orthodoxe », ou « oriental », au moins de pratique.
Car je n’aurais pu conduire jusqu’à son terme ma réflexion sur ce qui me semble être la doctrine du Christ, au sein du catholicisme. Elle n’est sans doute pas incompatible, à condition seulement de se projeter dans l’avenir.
Ma difficulté présente est de trouver comment vivre et me présenter la chose, pour qu’elle soit juste et partageable.
Par-dessus le marché, cela pourra paraître bizarre autant qu’étrange, paradoxal, mais je suis une nature certes indépendante (cela n’aurait sinon pas été tenable) mais disciplinée et loyale, tout à fait opposée à l’inconstance. Bref, c’est encore un suspense pour moi-même…
Quelle que soit la barque, je me suis préposé au lancement de l’ancre en toutes conditions et il est rare que je rate ma cible. Si aucune embarcation ne m’attache à elle, je resterai itinérant. Une explication suivra par ma réponse à Pierrot2.
A savoir que : j’ai beaucoup de mal à entrer cette fois dans votre métaphore, bien que je devine qu’elle charrie de belles idées. Pardonnez-moi : c’est un peu tarabiscoté !
Pour moi, dans l’évangile, la problématique en question me rappellera toujours ceux-là qui sans avoir reçu de mandat, faisaient des miracles au nom de Jésus et lequel répondit à ses disciples de les laisser tranquilles, car on ne peut faire de telles œuvres et ensuite, mal parler de Lui.
Vous remarquerez qu’il aura gardé pour lui le secret de leur évidente communion avec Lui.
Or ce que j’aime dans l’orthodoxie, c’est qu’elle a su donner à leurs successeurs un cadre et les regrouper sous le nom de « fols en Christ ». Bien sûr, il y a St Benoît Joseph Labre et St François, mais à côté des excentricités de leurs homologues, ils ne font pas le poids !
Cette spiritualité-là ne créera jamais de famille, car chacun d’eux en est une à lui tout seul, avec des exploits divers et variés que personne ne s’aviserait d‘imiter – pas même eux, je crois.
Cela me fait aussi penser à cet impie centurion dont Jésus loua la foi comme exceptionnelle (et qu’il ne recruta pourtant pas) et dont les catholiques répètent la formule adaptée avant chaque communion.
Enfin, je pense à cette réponse qu’il fit à la Samaritaine, et qui montre (tout en précisant les choses) à quel point le choix du culte idoine n’était pas à ses yeux le plus important. Ceux-là qui « avaient tout bon », il ne cessera de les houspiller, Nicodème peu excepté.
Pour en revenir à votre vision de l’Eglise, Pierrot2, je crains que mon témoignage ne vous soit pas précieux quand je vois ce qu’elle est après votre lecture de mon Topic sur le schisme, dont ne semble pas avoir tenu compte votre métaphore.
Je rappelle ce qu’il en est de façon factuelle : C’est Constantinople qui demanda à Rome un arbitrage en raison de différences liturgiques entre leurs missionnaires et ceux de Rome, différence apparues dans le nord de l’Italie : belle attitude de soumission, non ?
Or le légat qu’envoya le pape à Constantinople, pour un arbitrage et alors que le pape sera décédé entre temps, n’arbitrera rien du tout et déposera une bulle d’excommunication sur l’autel, en l’absence du patriarche qu’il ne cherchera même pas à rencontrer.
Sans même aller plus loin dans l’analyse historique, il convient de dire que ce que croyaient tous les chrétiens de l’époque était absolument identique, même si le filioque avait été introduit dans certains CREDO en Europe et j’en ai déjà exprimé les causes possibles. Ils faisaient tous partie de la même Eglise et vu que les orthodoxes n’ont depuis rien ajouté aux dogmes définis par les conciles antérieurs, on ne peut donc dire qu’ils sont dans l’erreur aujourd’hui, ce serait dire que l’Eglise toute entière le fut avant le schisme.
Tout au plus auraient-ils besoin d’un « rafraîchissement », mais s’il convient bien qu’un changement profond du dogme demande et suppose un concile Œcuménique, cela nécessite que le schisme n’ait pas encore eu lieu et que tous y soient présents, car il ne saurait être question de dire que les orthodoxes ont introduit la division, c’est le contraire qui s’est passé !!!
Même le dogme de l’infaillibilité a demandé pour être posé qu’il soit voté par un concile œcuménique, terme qui peut être contestable en ce qu’il excluait de cet œcuménisme les orthodoxes qui n’ont jamais quitté « la table » (sinon après avoir été excommuniés d’une façon tout à fait retorse , et alors par réaction légitime et outragée).
Par ailleurs, prétendre être la seule vraie religion sur terre est d’une audace folle. De quel droit peut-on décider que d’autres n’aient pas reçu une révélation du même vrai Dieu ? De ce que ce dernier n’a pu se contredire. Donc il faudrait noter les contradictions « de Sa part » et chercher à les résoudre au mieux.
Ceci est valable avec le judaïsme et l’Islam.
Or, concernant l’orthodoxie, il n’y en a aucune avec le catholicisme. Par conséquent le différent ne porte que sur des interprétations humaines, des désaccords qui n'engagent pas la parole du christ, or ce que l’orthodoxie prône reste ce qui était prôné au moment du schisme, et elle attend une réconciliation pour éventuellement le faire évoluer : que reprocher à une telle attitude quand se sait que ce n’est pas elle qui s’est séparée, mas qu’elle a été vilement condamnée pour avoir sollicité filialement un arbitrage papal et sur des questions qui n’avaient rien de dogmatiques, mais plutôt liturgiques !!!
Franchement, quand je vois votre position ainsi que celle de beaucoup de catholiques à l’égard de l’orthodoxie, cela ne me donne pas envie de redevenir catholique ! Mais rassurez-vous : certains orthodoxes hélas vous le rendent bien côté intolérance (je ne vois pas d’autre mot, j’en suis désolé…)…
Comme vous le dites ailleurs, c'est 1 partout !
D’où ma mention de « ceux qu’il convient de laisser tranquille » (par conséquent, de ne pas excommunier) car bien qu’ils ne semblent pas avoir été mandatés en tout cas devant témoins, appartenir donc à la hiérarchie d’une Eglise, leurs œuvres parlent pour eux/pour Lui.
Nous dirions aujourd’hui qu’ils ont été nommés « in pectore » et c’est un beau titre de gloire.
Par ailleurs quand je relis les œuvres du concile Vatican II, notamment celle (elle n’est pas longue, je vous invite à la lire…) concernant les Eglises dites orientales, avec cette distinction faite entre celles ralliées et les autres, j’y trouve tout autre chose (à l’égard de ces « interprétations humaines » et qui seraient différentes, notamment en liturgie, hiérarchie, etc.) et qui a abouti ensuite d’ailleurs à la levée réciproque des excommunications.
Autre chose à prendre en considération : comment peut-on être des chrétiens missionnaires quand on est en désaccord entre nous déjà !