jeanbaptiste a écrit :Je ne pense pas qu'on puisse comparer Vatican II au Canon des Ecritures... le 1er est le Magistère, le 2e est la Révélation elle-même.
Je fais peut-être erreur mais Vatican II fait partie de la Tradition de l'Eglise, et voici ce que le Concile dit de cette Tradition :
La sainte Tradition et la Sainte Écriture sont donc reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux, jaillissant de la même source divine, ne forment pour ainsi dire qu’un tout et tendent à une même fin.
Si Vatican II fait partie intégrante de la Tradition de l'Eglise, alors je crois que l'on peut le mettre au même "niveau" que les Ecritures.
Non!!!
Il est de foi que la Révélation est close depuis la mort du dernier Apôtre. Cette Révélation comprend la Tradition apostolique, ce qui a été transmis oralement par les Apôtres à leurs successeurs pour le garder précieusement (cela comprend les bases de la foi, les rites sacrés, la structure de l'Eglise), et l'Ecriture, c'est-à-dire ce qui a été consigné par écrit dans la Révélation.
C'est ça la foi catholique: "ce qui a été cru toujours, partout et par tous", c'est-à-dire ce qui nous a été transmis depuis les Apôtres et que nous devons conserver fidèlement.
Après, cette foi n'étant pas seulement un catalogue de doctrines, et la vie de l'Eglise se faisant dans l'Esprit Saint, il y a ce qu'on peut appeler la Tradition ecclésiale, c'est-à-dire tout ce que l'Eglise a accumulé au fil des âges de développements doctrinaux, magistériels et théologiques (c'est-à-dire les efforts pour rendre compte rationnellement de la foi reçue et de l'ensemble de la Révélation ainsi que... des Traditions ecclésiales antérieures), liturgiques et canoniques... Oeuvre où l'Esprit Saint comme les hommes avec leurs défauts ont leur rôle, et il est impossible de séparer les 2, de même qu'il est toujours délicat de séparer les développements légitimes des corruptions (cf l'ouvrage de Newman sur le sujet). Tout ce qu'on peut dire, c'est que ce qui dure dans le temps sans signe de détérioration est le signe que, tout au moins, ce n'est pas contraire à la foi, sinon l'Esprit qui vit dans l'Eglise ne l'aurait pas toléré (c'est pour ça, par exemple, que les rites liturgiques anciens sont vénérables et doivent être traités avec le plus grand respect...).
Les dogmes sont à la limite de ces 2 types de tradition: leur formulation fait partie de la Tradition
ecclésiale, mais leur objet est de définir ce qui est révélé et nécessaire au salut. Les Pères des Conciles des IVe-Ve Siècles n'acceptaient telle ou telle formule que parce qu'ils pouvaient en dire: "Ceci est bien la foi catholique".
Dei Verbum a parfois été critiqué parce qu'il ne fait pas clairement la distinction entre ces 2 notions de "Tradition" et risque donc d'être compris comme justifiant une conception évolutive de la Révélation, mais pourtant, la notion de Tradition appostolique révélée est claire dans un passage comme celui-ci:
Les Apôtres, transmettant donc ce qu’ils ont eux-mêmes reçu, exhortent les fidèles à garder fermement les traditions qu’ils ont apprises soit de vive voix soit par écrit (cf. 2 Th 2, 15) et à lutter pour la foi qui leur a été une fois pour toutes transmise
Vatican II est du domaine du Magistère et n'a défini aucun dogme - c'est plutôt un enseignement (avec le plus haut degré d'autorité) que des définitions. Dans tous les cas, le Magistère n'est pas au-dessus de la Révélation:
La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise [15], a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église [16] dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus Christ. Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service
De même que (par exemple) la fonction du Président de la République n'est pas de définir de façon positiviste ce qu'est la France, mais d'être à son service et de la défendre (ce qu'il fait bien ou mal), le Magistère n'a pas à innover sur ce qui a été transmis, mais de le défendre et d'en rendre compte (et là il peut en revanche l'exprimer de façon nouvelle). Le Magistère peut se tromper, il n'est pas nécessairement infaillible et encore moins inerrant (on confond souvent les 2 notions, la réalité de la Foi révélée subsiste.
Vatican II n'a qu'une importance relativement réduite:
- ce n'est pas l'Ecriture Sainte ni la Révélation orale
- ce n'est pas le Credo
- il n'y a aucune définition "infaillible" obligeant les fidèles
- il ne s'agit pas de condamner des erreurs.
- de plus, l'âge récent de ce Concile ne lui donne pas l'autorité et la vénérabilité que l'ancienneté confère aux canons de Conciles tenus depuis longtemps et qui font encore autorité aujourd'hui (par opposition à tous ceux, nombreux, qui sont tombés dans l'oubli).
Ce Concile unique en son genre a plutôt visé, à mon sens, une oeuvre catéchétique, c'est-à-dire de donner une explication des données de la foi engageant le collège entier des évêques. Quant à savoir si c'est réussi ou non... on peut en discuter longuement.
Ce qui est inquiétant, c'est qu'il soit devenu pour beaucoup un super-dogme, et votre vision qui le place sur le même niveau que l'Ecriture Sainte montre AMHA à quel point de confusion les catholiques en sont arrivés concernant leur foi.
Il faut donc le répéter: la base de la Foi catholique, c'est
la Révélation qui est close à la mort du dernier Apôtre, que nous devons transmettre fidèlement. Cette foi n'est pas évolutive. Personne n'a le droit d'y ajouter ou d'en retrancher quoi que ce soit. Cf Saint Paul: "si quelqu'un vous annonce un autre Evangile que celui que je vous ai annoncé, qu'il soit anathème".
C'est en fait exactement ce que je disais : son attitude (parole et acte) est ambiguë.
Oui, mais bon, des ambigüités, on en trouve partout.
Je trouve que toutes ces critiques sur sa désobéissance sont lassantes à force d'être répétitives et à côté de la plaque. Au lieu de ça, l'Eglise ferait mieux de prendre au sérieux les bonnes questions qu'elle soulève. Là où en revanche la FSSPX est très criticable, c'est sur cet ingrédient indispensable qu'est la charité ecclésiale.
Et je crois qu'il a ajouté la clause d'acceptation de Vatican II pour deux raisons qui se rejoigne : voyant que la réaction des autres évêques de la FSSPX était extrêmement violente, il s'agissait d'un côté de rappeler que Vatican II n'est pas une option (il ne s'agit pas de réintégrer artificiellement des évêques qui vomissent le Magistère), et de l'autre de redire que Rome ne veut pas mettre de côté le Concile.
Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un "revirement" mais de la prise en considération d'une FSSPX qui se durcit à mesure qu'elle se rapproche de Rome.
Au fond, avec cette clause il s'agit de poser la question suivante : "Voulez-vous vraiment revenir dans l'Eglise ?".
Le protocole de la tentative d'accord de 1988 comportait ce texte qui n'a pas posé de difficultés (l'accord a échoué pour d'autres raisons):
A propos de certains points enseignés par le concile Vatican II ou concernant les réformes postérieures de la liturgie et du droit, et qui nous paraissent difficilement conciliables avec la Tradition, nous nous engageons à avoir une attitude positive d'étude et de communication avec le Siège apostolique, en évitant toute polémique.
Je dois dire que je ne vois pas pourquoi une telle formulation que les 2 parties avaient acceptée à l'époque n'est plus utilisable aujourd'hui...
In Xto,
archi.