https://www.alexandredelvalle.com/singl ... awardjihad
Alexandre del Valle ne donnerait pas raison à l'analyse de "Spectateur engagé".
L'auteur fait remarquer ce que "Spectateur engagé" pouvait évoquer à un endroit dans ce fil, et soit que le pouvoir syrien ne serait pas tout à fait blanc comme neige, dans le petit jeu consistant à instrumentaliser certains groupes de djihadistes. Peut-être ... sauf que tout le monde le fait dans la région, ce petit jeu, mais jamais autant que les États-Unis et leurs alliés des Pétromonarchies, et jamais (dans le cas de la Syrie) sur une échelle pouvant déboucher au désastre que nous connaissons (cf. exode massif, destruction de l'État, etc.) Curieusement, personne dans les grandes capitales occidentales ne proposent d'aller virer la dynastie saoudienne régnante au profit d'un État plus libéral, ou de boycotter les produits américains, mettre un embargo sur les relations diplomatiques avec Washington, etc.Au final, comme le chercheur britannique Christopher Davidson le rappelle dans mon livre, « le pouvoir syrien [a notoirement facilité]la tâche de petits groupes de djihadistes dès 2003, et [a fermé] l’œil sur leurs activités lorsqu’il semblait opportun de le faire, y compris après 2011. Certes critiquables, ces manigances ne sont pourtant pas l’apanage exclusif de l’État syrien, et elles sont loin d’avoir eu autant d’impact que le gigantesque réseau d’approvisionnement en armes et en munitions, le financement massif et l’appui diplomatique de haut niveau apportés à la nébuleuse djihadiste anti-Assad par différentes puissances extérieures. Coordonnée et encouragée par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN, cette politique clandestine a engendré une crise internationale de grande ampleur, un exode massif de réfugiés et de déplacés, et la quasi-destruction de l’État syrien. » Christopher Davidson conclue son argumentaire en rappelant que, « dans le monde occidental,de nombreux journalistes, dirigeants et experts oublient ou négligent cet aspect pourtant majeur du conflit » – un refus d’affronter la réalité qui m’a conduit à écrire mon livre.
[Ce fil a été renommé... hs. Si l'un d'entre vous saurait donner un titre à ce fil qui met en avant tous les conflits de notre temps, nous serions preneurs en modération. Merci.]Devant l’ampleur de ce drame humain, il est rassurant, pour nos gouvernants, de désigner leurs rivaux géopolitiques syriens, russes et chiites comme les seuls et uniques responsables de ce cataclysme. À l’avenir, il serait préférable de sortir de ce déni collectif et de tirer les enseignements de notre fiasco syrien ; en d’autres termes, de ne plus lancer des opérations de changement de régime en aidant nos alliés du Golfe à soutenir nos ennemis djihadistes. En effet, il est légitime de se demander si Daech aurait pu acquérir une telle puissance de feu, donc un tel pouvoir d’attraction, si les chancelleries occidentales avaient dissuadé les pétromonarchies de financer et de soutenir cette organisation.
Maxime Chaix, auteur de La guerre de l’ombre en Syrie, paru en mars 2019 aux éditions Erick Bonnier.