Après lecture des règles : vouvoiement & cie...

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senzu
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Après lecture des règles : vouvoiement & cie...

Message non lu par senzu » mer. 27 févr. 2008, 0:48

Bonsoir tout le monde,

Dans ce topic:http://www.forum-chretien.net/viewtopic.php?f=36&t=4749, j'ai dis être choqué de quelques règles, je m'explique donc.
Je vais commencer d'abord par une. Le VOUVOIEMENT parce que sois-disant "on a pas gardé les cochons ensemble" dixit le modérateur.
Un peu arbitraire tout cela. Quand on sait à quel point l'usage du tutoiement ou du vouvoiement est culturel.
Personnellement, je n'ai jamais mêlé cela avec les questions de respect et pour moi le tutoiement est une voie de rapprochement, puisqu'il est majoritairement employé aujourd'hui auprès des gens qu'on aime le plus.(que dis-je : simplement même auprès des gens avec lesquels on vit un truc)
Pour moi, dans la vie, vouvoyer est une fuite vers la facilité pour éviter justement l'exercice qui consiste à tutoyer avec respect (réellement ressentis comme tel par les deux parties). Parce que là on a tout gagné : on tutoie donc on se rapproche et en plus on se respecte mais c'est vrai que c'est à peine plus dur que de se réfugier derrière le vouvoiement passe-partout.
Personnellement, j'ai quelque à priori derrière ceux qui vont bondir à la présence d'un tutoiement sans même prendre garde à la bulle de respect sincère dans lequel le tutoiement a été prononcé. Ces gens qui vont s'arrêter uniquement à la sonorité, aux signifiants sont peu ouvert d'esprit.
Je reviens au forum. Pour moi Internet c'est l'occasion d'œuvrer dans l'horizontalité et dans le rapprochement et donc le tutoiement me parait assez de rigueur.
En plus pour un forum Chrétien je trouve ça dommage, de ne pas ouvrir les vannes là-dessus. Etre Chrétien, n'est ce pas aussi : décloisonner, et chercher le rapprochement, à tout prix et donc en ne s'indignant pas qu'un être nous tutoie parce qu'il y a mille façon de s'exprimer.
Pour moi, le vouvoiement est un héritage de la bourgeoisie, chez les prolos, chez les pauvres, on se tutoie, parce que la misère nous a rapproché, déjà.
Alors si je suis sur un forum de bourgeois qui aiment bien les bonnes manières bien hypocrites il me faut me le dire tout de suite.

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Yves54
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par Yves54 » mer. 27 févr. 2008, 1:12

Votre dernière phrase m'a fait bondir et à plus d'un titre. Quelle définition mettez vous derrière le mot "bourgeois" ?

Le vouvoiement est de rigueur parce qu'il évite que des gens dérapent avec le tutoiement. C'est tout simplement une assurance de tranquillité sur les dérapages verbaux qui peuvent arriver. Je précise que je ne suis pas modérateur et que sur les autres forums, généralement je tutoie. Mais il faudrait aussi penser au "pourquoi" le vouvoiement est de rigueur.

Ensuite, si par bourgeois vous entendez richesse, je n'en sais rien, aucun intervenant n'est venu étaler son compte en banque. Si vous entendez morale catholique alors là effectivement vous allez trouver preneur. Très peu de participants à ce forum ne respectent pas la morale catholique. Vous avez un athée qui ne s'en plaint pas et qui en discute même avec nous. Nous ne rejetons personne par principe.

Ensuite ce forum est catholique et on a jamais dit que la religion catholique était démocratique.

En espérant vous revoir sur ce forum, malgré vos à priori, et avoir un échange constructif,

PaX

Yves.


NB : on peut décider, vous et moi, d'un commun accord de se tutoyer. Vous me le dites si vous acceptez. Seulement entre vous et moi, je ne suis pas le porte parole des autres membres.
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senzu
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par senzu » mer. 27 févr. 2008, 2:34

De toute façon je sais bien que je gagnerai pas, le vouvoiement qui divise est plus prompt que la gangrène.

Autre sujet, l'idée de surtout ne pas se rentrer dedans et de tendre la joue gauche après s'être fait cogner la droite.
Ha bon, on veut débattre ici mais en se caressant dans le sens du poil ?? L'intersubjectivité amène des conflits. Pourquoi le nier ??
Ce n'est pas les conflits issus de l'intersubjectivité qui sont mauvais c'est l'étape d'après : le sang.
Moi quand on m'en met une là de ce côté et ben j'en rend quinze mais pas dans le sang : dans les convictions, dans les arguments, dans les insultes poétiques, dans le jeu de la langue etc.
Et je suis pourtant Chrétien mais je suis shalaliste aussi.

Avec le vouvoiement et le politiquement correct, on veut nous faire croire qu'on vit dans un monde de paix et d'harmonie et que tout va bien, on se voile la face. Il faut crever les abcès pourtant. Il faut se parler franchement. Là encore comme avec le vouvoiement, c'est beaucoup plus simple de rester dans de la soupe plutôt que de combattre mais hors du sang.

Vouvoiement et Soupe
ou
Tutoiement avec respect pour se rapprocher et intersubjectivité maximum pour débattre vraiment mais pas dans le sang.

Hé oui, que choisir, c'est sûr qu'on peut être tenté pour le plus simple, pour ne pas risquer de l'irrespect et du sang, pourtant être Chrétien c'est risquer.

DavidB
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par DavidB » mer. 27 févr. 2008, 6:56

As-tu pris le temps de lire les sujets? On peut se rentrer dedans et on peut aussi s'apprécier en se vouvoyant. Soit dit en passant, je viens d'une famille plutôt pauvre qui était le genre à tutoyer tout le monde et j'ai compris avec du recul qu'il y a entre les gens des distances nécessaires à une bonne cohésion et à l'établissement de la vérité qui est que de toi à moi, même dans le christ, il y a assez de distance sur plein d'autre niveau pour que de toi à moi, ne prenions le temps de nous reconnaitre avant de nous embrasser, ok? Même si tu te réclames du christ, j'aimerais au moins me rappeler de ton nom de famille avant la bise, tu en penses quoi? Puisque tu es quelqu'un, et que ton mystère m'échappe, puis-je au moins te respecter assez pour ne pas te tutoyer trop vite, pas par rejet, mais parce que je comprends que nous ne nous connaissons pas encore et qu'on ne rentre pas dans l'intimité des gens n'importe comment, le tu fait plus intime, il n'est pas interdit, mais avant d'entrer dans l'intimité des autres, il est appréciable d'au moins savoir un peu mieux qui nous sommes... vous comprenez mieux maintenant?

Le vouvoiement sert à établir ces distances dans la société et le vouvoiement tend à faire respecter ces distances. Il y a communion ou il y a con-fusion. Le vouvoiement tend à estomper la con-fusion, justement, favorisant du même coup la communion et cela vous ne saurez pas jusqu'où la société actuelle est confusionnelle. Vive le vouvoiement, il tend à revenir dans les écoles du Québec, Hourra! Puis de toute façon, si quelqu'un se formalise pour un tu, n'est-il pas aussi ridicule que celui qui se formalise pour un vous? Non mais faut-il avoir du temps à perdre...

Et on se caresserait dans le sens du poil? Pourtant, malgré le vouvoiement, ce ne sont pas les irritants qui manquent avec certains sur ce forum, comme sur n'importe lequel autre, comme ce n'est pas la vénération du prochain qui manque non plus avec d'autres sur ce même forum, avec le vouvoiement. votre poste, à la fin, c'est triste pour vous, mais je crains que ce ne soit n'importe quoi ou si c'est quelque chose de précis, c'est certainement plus malsain de votre côté que du notre. Sincèrement, je n'ai rien contre vous, mais je tendrais à dire que là vous dérappez pour peu de chose.

Bonne chance quand même.
Dernière modification par DavidB le mer. 27 févr. 2008, 19:35, modifié 2 fois.
Comme un petit enfant, moi aussi, je veux me laisser prendre dans les bras de Dieu, mon Père en Jésus-Christ, me laisser asseoir sur ses épaules, et voir enfin, devant moi, au loin, s'élargir mes horizons.

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Christophe
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par Christophe » mer. 27 févr. 2008, 9:26

Bonjour Senzu... :)

1) Sur le vouvoiement :
Le règlement a écrit :Utilisez le vouvoiement lorsque vous vous adressez à d'autres intervenants du forum. A priori vous n'avez pas gardé les cochons ensemble.
Vous ne ferez pas évoluer le règlement sur le point du vouvoiement, mais vous avez certainement droit à une explication. David et Yves vous ont parfaitement répondus : le vouvoiement est de rigueur pour conserver une certaine distance et éviter une familiarité indésirée. Néanmoins, si un intervenant souhaite être tutoyé par tous, ou si deux intervenants décident (même tacitement) de se tutoyer mutuellement, la modération n'y voit rien à redire. J'admets que la formulation ("A priori vous n'avez pas gardé les cochons ensemble") peut laisser à désirer, mais j'aurai pensé que vous auriez apprécié sa petite musique prolétarienne... Enfin bref, je m'inspirerai des messages de Yves et de David pour la faire évoluer un peu.

2) Les attaques personnelles :
Le règlement a écrit :Si - malgré la vigilance de la modération - vous êtes victime d'attaques personnelles, pensez à alerter l'équipe de modération et - surtout - ne répondez pas aux provocations. Faîtes votre le précepte de Notre Seigneur Jésus-Christ : "Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l'autre" (Lc 6.29) Ce n'est qu'en opposant l'amour à la haine que vous désarmerez l'agressivité de l'adversaire et pourrez espérer obtenir une paix authentique.
Ce lieu est un lieu de débat, non pas une foire d'empoigne. Si vous êtes capable de débattre sans verser dans les attaques personnelles, nous aurons des échanges enrichissants. Sinon... inutile de vous faire un dessin. Que ces attaques personnelles relèvent du "bel-esprit" ne sera pas considéré comme une circonstance atténuante pour la modération... D'ailleurs, ce bel-esprit - typiquement mondain et petit-bourgeois - ne saurait, j'imagine, vous agréer...
Le forum de la Cité catholique a été souvent critiqué, mais c'est bien la première fois que l'on nous reprocherait d'être consensuel...


Y a-t-il d'autres points du règlement sur lesquels vous souhaitez nous interpeler, cher senzu ?

Bien à vous
Christophe
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Yves54
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par Yves54 » mer. 27 févr. 2008, 11:25

Christophe a écrit : Le forum de la Cité catholique a été souvent critiqué, mais c'est bien la première fois que l'on nous reprocherait d'être consensuel...

D'habitude c'est le contraire qu'on nous reproche :arf:
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par Popeye » mer. 27 févr. 2008, 17:02

senzu a écrit : Ha bon, on veut débattre ici mais en se caressant dans le sens du poil ?? L'intersubjectivité amène des conflits. Pourquoi le nier ? Ce n'est pas les conflits issus de l'intersubjectivité qui sont mauvais c'est l'étape d'après : le sang. Moi quand on m'en met une là de ce côté et ben j'en rend quinze mais pas dans le sang : dans les convictions, dans les arguments, dans les insultes poétiques, dans le jeu de la langue etc.
:arf: Ne vous inquiétez pas, vous allez être servi.

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Re: Après lecture des règles

Message non lu par Arzur » mer. 27 févr. 2008, 17:30

Cher Sébastien (le bon Seb), il y a quand même une marge entre le tutoiement et le langage SMS ! :) :D :-D

Mais sinon, je suis entièrement d'accord. Je suis pour la règle du vouvoiement, même s'il m'arrive de tutoyer. Personne n'a été excommunié pour avoir tutoyer dans ce forum !

Je trouve la forme du vouvoiement plus respectueuse, même s'il m'arrive par moment de tutoyer ... :saint: :roule:

Je trouve que le vouvoiement oblige a construire de vraie phrase écrite, et cela contribue donc a lutter contre la smstisation du langage :)


Donc je suis à donf pour le vouvoiement :-D :-D :-D :)


+ Arzur
Dernière modification par Arzur le jeu. 28 févr. 2008, 0:41, modifié 1 fois.
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par Boris » mer. 27 févr. 2008, 17:40

senzu a écrit :Je vais commencer d'abord par une. Le VOUVOIEMENT parce que sois-disant "on a pas gardé les cochons ensemble" dixit le modérateur.

Un peu arbitraire tout cela. Quand on sait à quel point l'usage du tutoiement ou du vouvoiement est culturel.
Rappelons que l'imposition du tutoiement est l'oeuvre de la gauche, qui n'est pas connu pour ses valeurs de respect d'autrui.

Voici un petit texte à méditer d'un excellent écrivain français :
Jean Raspail a écrit :
DE LA TENUE
S'il existe en français, pour s’adresser à autrui, deux pronoms personnels de la deuxième personne, l’un au singulier, TU, l’autre où pluriel, VOUS, appelé pluriel de politesse, c’est que notre langue se plaît à certaines nuances qui sont les bases de la civilité. Il ne s’agit pas là de code, de formalisme de classe, de snobisme, de règles mondaines, mais simplement d’usages naturels, qui se perdent et qui faisaient, entre autres, le charme et l’équilibre de la France et le plaisir d’être Français.

Ce plaisir-là s’émousse. On me dira que d’autres motifs plus graves et plus irritants y concourent, d’autres lésions de civilisation, et que c’est considérer les choses par le petit bout de la lorgnette, mais dans ce seul domaine de la civilité, de petites causes peuvent entraîner de grands effets dévastateurs.

La Révolution française, jusqu’à l’avènement du Directoire, savait ce qu’elle faisait en imposant le tutoiement général et en interdisant l’emploi des vocables Monsieur et Madame qui marquaient au moins une déférence réciproque : elle égalisait au plus bas niveau, celui du plus grand dénominateur commun de la familiarité.

Aujourd’hui, ce sont d’abord nos enfants que nous voyons condamnés à être partout tutoyés, comme sous la Révolution. Je ne m’en prends point au tutoiement naturel d’affection et d’intimité (la famille, les amis), ou de solidarité (les copains, les camarades,), mais à celui que leur infligent systématiquement les adultes, comme si l’enfant n’avait pas droit au respect et à la liberté de choisir selon son coeur et ses humeurs qui a, ou qui n’a pas, le loisir de le tutoyer.

D’une façon significative, et qui ne doit rien au hasard, cela commence dès l’école, où plus un instituteur ne prend la peine de vouvoyer (ou voussoyer) un enfant. Au premier jour de classe, l’ex-maître devenu enseignant par banalisation de la fonction et refus de cette sorte de sacerdoce qu’elle représentait autrefois, ne demande plus à l’enfant dont il fait connaissance: « Comment vous appelez-vous ? », ce qui serait au moins du bon français, mais : « C’est quoi, ton nom ? »

Sans que l’enfant en ait conscience, le voilà déjà rabaissé, marqué comme un élément de troupeau. On lui eût dit « vous » d’emblée, ainsi qu’à ses camarades, qu’ils en auraient retiré, tous ensemble, l’impression d’être considérés et appelés à de grands destins, ce qui est faux, naturellement, pour la plus grande partie d’entre eux, mais représente quand même un meilleur départ dans la vie que d’être ravalés dès l’enfance au matricule du tutoiement.

Le jeune élève va être vite conditionné. Dès qu’il saura lire et écrire, ses premiers livres « d’éveil » lui poseront leurs premières questions sous la forme autoritaire du tutoiement : « Dessine ici un arbre, une vache.... » ou encore : « Ecris les noms des fleurs que tu connais… » Ce n’est pas bien méchant, mais c’est ainsi que le pli se prend.

Au catéchisme, devenu catéchèse, l’accueil en TU n’es pas différent, mais ses effets en sont plus marquants, car il s’agit de choses plus graves : c’est l’âme qui se fait tutoyer d’entrée. L’ouvrage « Pierres vivantes » qui fit couler tant d’encre à cause de certaines énormités qu’il contient, distille son enseignement par le biais d’une complicité, et non d’un magistère, que le tutoiement impose à l’enfant.

Tout cela semble si bien admis, que c’est un aspect des choses que personne, à ma connaissance n’a jusqu’à présent souligné. On pose pour principe que l’enfant s’y trouve plus à l’aise. C’est sans doute vrai eu premier degré. Cette pente-là est facile et semble toute naturelle C’est justement pourquoi l’on devrait s’en méfier...

Car dans cet immense combat de société qui divise le pays depuis déjà longtemps, et qui est loin d’être terminé, quelles que soient ses péripéties politiques, nos enfants sont un enjeu formidable : ils représentent l’avenir. Tout se tient et c'est au nom de l'égalitarisme et de l'uniformité larvée qu'on prive ainsi l'enfant de la déférence élémentaire et du respect qu'on lui doit.

Le tutoiement qui sort de la bouche d'un instituteur, fût-il de l'enseignement privé, et de la plupart de ceux qui font profession de s'occuper des enfants, est d'abord un acte politique, même s'il est inconscient. Cela fait partie du dressage, et cela donne des résultats. Déjà, une bonne partie de la France adulte, et toute la France juvénile, se tutoient, dans un grand dégoulinement de familiarité, qu'on appelle aujourd'hui la CONVIVIALITÉ, mot de cuistre, alibi de cuistre, camouflage de cuistre. De la convivialité à la vulgarité, le pas est vite franchi.

Dans de nombreux milieux du travail, le tutoiement devient un passeport obligatoire, dont on ne saurait se passer sous peine de déviationnisme bourgeois, alors que, chez les compagnons d'autrefois, c'était le vouvoiement qui marquait l'esprit de caste. De CASTE, pas de classe.

Au sein du parti communiste, comme du parti socialiste, dans la "République des camarades", le tutoiement est de rigueur. Seul François Mitterrand y faisait exception lorsqu'il était premier secrétaire de son parti. Il détestait qu'on le tutoie, et allait jusqu'à l'interdire, ce qui montre assez bien, à mon sens, que son socialisme était seulement d'ambition et non de conviction...

Mais, pour le commun des Français, aujourd'hui, il importe de ne pas être FIER, car ce mot-là, justement, par ce qu'il entraîne de dignité et de sentiment élevés, est devenu l'un des nouveaux parias de notre vocabulaire.

Cela peut paraître sympathique, amical, empreint de simplicité. En réalité, ce n'est qu'un piège. Quand les convenances du langage tombent, l'individu perd ses défenses naturelles, rabaissé au plus bas niveau de la civilité. N'a pas d'autre but non plus la destruction de la langue française préparée dans les laboratoires subversifs de l'Education nationale, et dont on mesure déjà les effets...

Pour ma part, j'ai été dressé autrement. Je me souviens de la voix du maître qui tombait de l'estrade : «Raspail! Vous me copierez cent fois...» ou : «Raspail! Sortez!»

J'avais neuf ans. C'était juste avant la guerre, dans une école laïque de village. Plus tard, au lycée (et ce n’est pas pour rien qu’on a cassé certaines façons, là aussi), les professeurs nous donnaient naturellement du MONSIEUR sans la moindre dérision : « Monsieur Raspail, au tableau ! » On se vouvoyait entre condisciples, réservant le tutoiement à un nombre restreint de camarades choisis.

Choisir, tout est là ! Ne rien se laisser imposer sur plan des usages, ni le tutoiement d’un égal, ni à plus forte raison celui d’un supérieur.

Il y avait une exception, de ce temps-là : le scoutisme. Je me souviens de ma surprise quand je m’étais aperçu, à onze ans, qu’il me fallait tutoyer cet imposant personnage en culottes courtes qui devait bien avoir trente ans, et qui s’appelait le scoutmestre, et qu’à l’intérieur de la troupe tout le monde se tutoyait aussi avec une sorte de gravité. Mais il s’agissait là d’une coutume de caste, d’un signe de reconnaissance réservé aux seuls initiés, comme la poignée de main gauche, l’engagement sur l’honneur, et les scalps de patrouille, car le scoutisme avait alors le génie de l’originalité, une soif de singularité forcenée, dont nous n’étions pas peu fiers. On se distinguait nettement de la masse, on s’élevait par degrés à l’intérieur de cette nouvelle chevalerie, mais il fallait s’en montrer digne.

En revanche, on vouvoyait Dieu. Cela nous semblait l’évidence même. La prière scoute chantée commençait ainsi: « Seigneur Jésus, apprenez-moi à être généreux, à Vous servir comme Vous le méritez... » C’est la plus belle prière que je connaisse. Il m’arrive encore de m’en servir. Voit-on comme la musique des mots eût été différente à la seconde personne du singulier, et comme elle parlerait autrement à l’âme: « ... A Te servir comme Tu le mérites. » ? C’est sec, cela n’a pas de grandeur, cela ne marque aucune distance, on dirait une formalité. Et cependant, aujourd’hui, c’est ainsi que l’on s’adresse à la Divinité, on lui applique le tutoiement le plus commun en français. Et le reste a capoté en série: la liturgie, le vocabulaire religieux, la musique sacrée, le comportement de la hiérarchie, la laïcisation du clergé, la banalisation du mystère, si l’on s’en tient aux seules lésions apparentes. Dieu est devenu membre du parti socialiste. L’usage est de le tutoyer.

Au chapitre des habitudes, ou plutôt des attitudes, j’ai conservé celle de vouvoyer aussi les enfants qui ne me sont pas familiers, et d’appeler Monsieur ou Mademoiselle les jeunes gens que je rencontre pour la première fois. La surprise passé, ils me considèrent avec beaucoup plus de sympathie, et j’ai même l’impression qu’ils m’en sont reconnaissants. Nous tenons des conversations de bien meilleure venue, et les voilà qui se mettent à surveiller leur langage, c’est-à-dire à s’exprimer correctement en français, comme si d’avoir été traités avec déférence leur donnait des obligations nouvelles et salutaires. Les négations et les liaisons réapparaissent miraculeusement dans la phrase (je n’ai pas, au lieu de j’ai pas, c’est-t-un an lieu de c’est-h-un, etc.), la prononciation se redresse (je suis pour chuis, je ne sais pas pour chais pas, etc.), le goût de l’élégance verbale ressuscite. Faites vous-même l’essai, vous verrez. La dignité du langage et la dignité de la personne se confondent le plus souvent. Voilà pourquoi l’on parle si mal en ce moment…

Oserai-je avouer ici que mes enfants me vouvoient, et vouvoient également leur mère ? Cela depuis leur plus jeune âge, et sans aucun traumatisme. Sans vouloir convertir personne à ce qui peut paraître une ostentation, là aussi il faut constater que le langage courant au sein de la famille s’en trouve naturellement affiné. Et même dans les affrontements, qui ne manquent pas, un jour ou l’autre, vers la fin de l’adolescence, d’opposer les enfants à leurs parents, le vouvoiement tempère l’insolence et préserve de bien des blessures. Il en va de même entre époux, encore que ce vouvoiement-là soi devenu aujourd’hui une sorte de curiosité ethnographique, et Dieu sait pourtant les services de toutes sortes qu’il rend. Je le pratique depuis trente-cinq ans que je suis marié. C’est un jeu divertissant, dont on ne se lasse jamais. Même dans le langage le plus routinier, l’oreille est toujours agréablement surprise. Les scènes dites de ménage, fussent-elles conduites avec vigueur, s’en trouvent haussées à du joli théâtre. On a envie de s’applaudir et de souper ensemble au champagne après le spectacle. Toutes les femmes qui ont compté dans ma vie, je les ai toujours voussoyées, et réciproquement, pour l’honneur de l’amour en quelque sorte. Puis-je espérer, sans trop, y croire, que, tombant sur cette chronique, un jeune couple s’en trouvera convaincu, au moins curieux de tenter l’expérience ? En public, ils étonneront les autres, ce qui est déjà une satisfaction en ces temps d’uniformité où se nivellent médiocrement les convenances sociales. En privé, ils s’amuseront beaucoup aux mille et une subtilités, du vous, et je prends le pari qu’ils ne rebrousseront pas chemin de sitôt.

Dans un tout autre domaine, j’assistais récemment aux obsèques d’un ami cher, Christian, de son prénom, mais il avait aussi un nom, fort joli nom d’ailleurs. Eh bien, le prêtre, qui l’avait jamais vu vivant, qui ne l’avait même jamais vu du tout, le trairait à tu et à toi, selon les piètres dispositions du nouvel office des morts : « Christian, toi qui.. Christian, toi que... Christian, Dieu te... et ta famille... » Exactement comme pour les enfants sans défense ! En vertu de quoi, au nom de quoi, la familiarité doit-elle répandre ses flots visqueux jusque sur les cercueils ? Bossuet tutoyait-il les princes en prononçant leurs oraisons funèbres ? Or chaque défunt est un roi, enfin couronné, et sacré à jamais. Quant au nom patronymique de Christian, celui sans lequel le prénom de baptême n’est rien, il ne fut pas une seule fois prononcé ! Et pourquoi pas la fosse commune obligatoire, dans la même foulée...

Car me frappe tout autant, l’emploi généralisé du prénom seul, en lieu et place du patronyme précédé on non du prénom, et cela dans toutes les circonstances de la vie où il n’est pas nécessaire de présenter une carte d’identité : « C’est quoi, ton nom? Serge. Moi, c’est Jocelyne... » Serge qui ? Jocelyne qui ? Les intéressés eux-mêmes semblent ne plus, s’en soucier. Il y a des dizaines de milliers de Serge, des dizaines de milliers de Jocelyne, alors qu’il n’existe qu’un seul Serge X., qu’une seule Jocelyne Z. Mais on se complaît dans l’anonymat. On y nage à l’aise, on s’y coule avec délices, on n’y fait pas de vague, semblable aux milliers de milliers, on n’éprouve pas le besoin de faire claquer son nom comme un drapeau et de brandir ce drapeau au dessus de la mêlée.

Qu’on se rassure, toutefois. Il nous restera au moins à chacun, le numéro matricule de la Sécurité sociale. Celui-là, on y tient.

J’en connais même qui se battront pour ça...

Jean Raspail
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senzu
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Re: Après lecture des règles : vouvoiement & cie...

Message non lu par senzu » mer. 27 févr. 2008, 20:08

Bon ben très bien si vous n'êtes pas "consensuels" et "politiquement correct" c'est parfait !

Sur le tutoiement, je vais être plus pragmatique, c'est juste que sincèrement, je n'arrive pas vraiment à faire sans.
Je tutoie tout le monde dans ma propre vie, sauf rare exception ou sauf si clairement la personne me signifie que ça la gène.

Je suis aussi contre la smsisation du langage et je ne vois aucun lien entre le langage sms et le tutoiement. Je ne vois aussi aucun lien entre une langue riche et le tutoiement/vouvoiement. Ce qui fait la richesse de la langue, c'est le vocabulaire, la syntaxe, le rythme et tutoiement et vouvoiement n'interviennent pas dans l'équation.

Pour revenir au langage sms, je pense qu'il s'agit là d'un vrai appauvrissement de la langue et donc des idées transmises et de la qualité de la transmission.

Je n'ai jamais compris la venue à outrance du langage sms puisque c'est depuis le début de la téléphonie mobile que les appareils sont équipés du T9 ou autre pour reconnaître les mots et les écrire correctement.

Je trouve l'article sur wikipédia langage sms http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelles_ ... 3%A9crites intéressant car objectif et d'ailleurs il rappelle ce que je viens de dire sur la présence du T9 qui contredit le langage sms depuis le début.

Relief
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par Relief » mer. 27 févr. 2008, 21:02

popeye a écrit :
senzu a écrit : Ha bon, on veut débattre ici mais en se caressant dans le sens du poil ?? L'intersubjectivité amène des conflits. Pourquoi le nier ? Ce n'est pas les conflits issus de l'intersubjectivité qui sont mauvais c'est l'étape d'après : le sang. Moi quand on m'en met une là de ce côté et ben j'en rend quinze mais pas dans le sang : dans les convictions, dans les arguments, dans les insultes poétiques, dans le jeu de la langue etc.
:arf: Ne vous inquiétez pas, vous allez être servi.
:-D

Yep ! Popeye a la meilleure droite du forum :-D

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Yves54
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par Yves54 » mer. 27 févr. 2008, 21:47

popeye a écrit :
senzu a écrit : Ha bon, on veut débattre ici mais en se caressant dans le sens du poil ?? L'intersubjectivité amène des conflits. Pourquoi le nier ? Ce n'est pas les conflits issus de l'intersubjectivité qui sont mauvais c'est l'étape d'après : le sang. Moi quand on m'en met une là de ce côté et ben j'en rend quinze mais pas dans le sang : dans les convictions, dans les arguments, dans les insultes poétiques, dans le jeu de la langue etc.
:arf: Ne vous inquiétez pas, vous allez être servi.

Vous l'attendez sur le ring ? :-D
« Commettre des erreurs est le propre de l'humain, mais il est diabolique d'insister dans l'erreur par orgueil »
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par Métazét » dim. 16 mars 2008, 11:39

Boris a écrit :
senzu a écrit :Je vais commencer d'abord par une. Le VOUVOIEMENT parce que sois-disant "on a pas gardé les cochons ensemble" dixit le modérateur.

Un peu arbitraire tout cela. Quand on sait à quel point l'usage du tutoiement ou du vouvoiement est culturel.
Rappelons que l'imposition du tutoiement est l'oeuvre de la gauche, qui n'est pas connu pour ses valeurs de respect d'autrui.
En principe si. Maintenant, c'est sûr qu'il y a l'art et la manière de le faire. Et que dire de la droite qu'on a actuellement à la présidence de la République ?... :siffle:

Enfin je m'égare du sujet... Je voulais aussi ajouter que Mylène Farmer est elle aussi pour le vouvoiement. :diable:

Cordialement,
Mikaël
« La majorité des philosophes n'a pas de courage ; ils commencent par avaler les principes essentiels du code actuel : monogamie, structure familiale, continence, tabous corporels, restrictions concernant l'acte sexuel et la suite, puis ils chipotent sur les détails… jusqu'à des sottises telles que de savoir si la vue de la poitrine féminine est obscène ou non. » (Robert Heinlein, En terre étrangère)

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Re: Après lecture des règles

Message non lu par DavidB » dim. 16 mars 2008, 16:25

Métazét a écrit : Mylène Farmer est elle aussi pour le vouvoiement
:rire: :rire: :rire: :rire: :rire: lol lol lol lol

Mylène Farmer mérite autant d'attention que le vide inter stellaire... ça veut RIENNNNN DIIIIIIIIREEEEEEE

David
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Re: Après lecture des règles

Message non lu par Arzur » dim. 16 mars 2008, 22:28

Métazét a écrit :Mylène Farmer est elle aussi pour le vouvoiement
Je prends note... alors vive le tutoiement !!


:-D :-D :D :D :D :D :zut: :zut: :p :p
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