D'accord.
Mais si on poursuit ...
Didyme a écrit :
Drôle de victoire que celle où la haine envers Dieu demeure à jamais.
Drôle ? Bizarre ? Trop étrange ? Inacceptable ? Scandaleux ?
Oui ...
Vous postulerez donc en réponse, toujours, qu'il y aurait une «
obligation de résultat» pour la Sainte Trinité dans votre idée, cher Didyme. Dieu serait donc
obligé de placer toutes ses créatures intelligentes dans le paradis; à charge pour Dieu, mais de s'organiser pour justifier tout le monde, reconvertir les inconvertissables, reformater d'une manière irrésistible les irrécupérables.
Parce que Dieu serait injuste s'il fallait songer (oui, supposons !) que le paradis puisse échapper définitivement à
une seule créature qui aurait été crée pour le connaître, l'aimer, le servir, etc. Car ce ne serait pas le Dieu-Amour qui se laisserait apercevoir ici, pas le Dieu révélé par Jésus, pas le vrai Dieu et donc un faux Dieu.
Quelle alternative terrible !
Une divinité cruelle et méchante si un seul se perd pour toujours (
Dieu responsable de la perdition de ...) ou un Être Suprême impuissant contre le mal si un seul peut subsister, hors du bon ordre qu'est la sainteté; si un seul peut réussir à faire obstacle à la grâce et l'emporter définitivement contre Dieu d'une manière (un damné pouvant subsister pour toujours dans la haine de Dieu ...).
L'incrédulité resterait alors, à bon droit, penserait-on, cette seule réponse sensée que l'honnête homme (Didyme, tiens) se devrait d'opposer, à une représentation malfaisante du divin ou la pensée d'une divinité impuissante. Et c'est l'enseignement traditionnel de l'Église qui serait ainsi :
déficient.
Quoi faire ?
La seule manière pour Dieu d'être bon, un
Dieu bon comme du bon pain, consisterait pour
Lui à finalement tenir pour significatif de rien du tout, la totalité du mal vécu, subi, expérimenté et consenti à travers l'histoire de la création. «Peuh ! C'est du vent, le mal. un rien méprisable dépourvu d'existence.» Conséquence : On efface tout. On redémarre à neuf !
Et la rédemption signifierait le rétablissement "médicinal" de tous et toutes sans exception. «Paradis pour tous !»; «Impossibilité complète, métaphysique et définitive même pour Dieu, à pouvoir constater que l'un pourrait être réellement plus coupable qu'un autre. Impossible ! ... impossible en bout de ligne.» La différence ne tenant qu'à des facteurs purement extérieurs comme vous savez, et sur lesquels le sujet n'a aucune prise. Moralité ? Faut absoudre tout le monde ... et médicalement en quelque sorte.»
Problème ?
Une telle compréhension déresponsabilisante des choses brille par son absence dans la Bible, dans le catéchisme de l'Église, dans la tradition de l'Église, chez les docteurs de l'Église, de même du côté des saint(e)s de l'Église. Comme si ce n'est pas assez : ce genre de vue "réparatrice" aura été condamné à de multiples reprises par le magistère.
Des critiques en vrac, mine de rien
Didyme a écrit :
Avant : le mal est rejet, haine de Dieu.
Après : le mal est rejet, haine de Dieu.
Avant : ni mal moral et personnel chez la créature crée ni haine de Dieu
Après : il y a un degré de compromission personnel avec le mal pouvant devenir irréversible.
et
Le bon ? Jésus dira que seul Dieu est bon.
C'est peut-être ça que beaucoup ont tendance à oublier dans cette approche.
Seul Dieu est bon «
comme Dieu peut l'être», évidemment. Il n'est bien de Dieu qu'une moindre bonté puisse ressortir à l'origine.
Néanmoins, il n'en va pas de cette affirmation de principe, parfaitement valable (
Dieu est Dieu), au droit du fidèle d'affirmer qu'il serait aucun juste nulle part. Catholiquement parlant, déjà, ceci ne tient pas la route :
à cause de la sainte Vierge. La catégorie du «juste» dans la Bible ne fait pas non plus des intéressé (e)s des dieux ou demi-dieux. A Sodome, Loth est
un juste, tandis que les sodomites ne le sont pas.
Nul dans l'humanité n'échapperait par lui-même (sans la grâce) aux conséquences du péché des origines; aurait pu dire l'apôtre. L'humanité entière se trouverait à l'ombre de ce mal et tous comme affectés dans une certaine mesure. C'est bien égal, pourtant, que d'une une semblable situation il puisse se trouver des justes. Abel est un juste (figure du Christ déjà !), Job est un juste, etc. Des justes, des injustes.
J'ai l'impression que depuis le judaïsme, rien n'a vraiment changé, toujours cette attente du messie qui vaincra des hommes par la force. Et dans lesquels le mal n'est pas vaincu. Une victoire non spirituelle. Des créatures qui ne sont pas Dieu certes, mais des créatures de Dieu, faites par et pour Dieu.
Vous feriez ici discrètement allusion à l'
enfer naturellement. Or, depuis Jésus
qui en parlait, les choses n'ont pas beaucoup changé à cet égard. C'est sûr.
Mais évoquer un «
mal qui ne serait pas vaincu» ( après le Jugement dernier on s'entend) ou une «
victoire non spirituelle» (au final) : c'est Didyme qui le dirait; accusant pour ce faire la doctrine traditionnelle de l'Église d'être responsable de nous conduire à cette «erreur».
Pour satisfaire la nouvelle spiritualité et n'être pas charnel : il faudrait sans doute que toutes les créatures soient guéries ... et ainsi Judas Iscariote aboutir en paradis, Heinrich Himmler pareillement; puis le docteur Petiot, avec Attila le Hun, tous les pharisiens de l'Évangile, les bourreaux de Daesch, les abuseurs d'enfants impénitents; puis les anges déchus pour finir ... à moins que ceux-là n'auraient jamais existé pour commencer et ce qui aiderait à alléger la difficulté sans doute.
Votre raisonnement, Didyme, néglige le fait que c'est le Christ qui parle de l'enfer, non pas un Jean le baptiste ignorant les subtilités de la foi chrétienne. Vous parlez de la force. Oui et non. Mais non en ce que le refus de transformer par force les gens (sorte de douceur, la brebis qui se laisse tondre ...) ouvre la trappe sous les pieds des coupables, et oui il y a bien force pour séparer le saint du maudit. Discrimination. écrémage ...