Oui, mais si je peux rajouter ...
- «... contre les tentations fidéistes, il était nécéssaire que soit réaffirmée l'unité de la vérité et donc aussi la contribution positive que la connaissance rationnelle peut et doit apporter à la connaissance de foi : « Mais bien que la foi soit au-dessus de la raison , il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre la foi et la raison, étant donné que c'est le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi, et qui fait descendre dans l'esprit humain la lumière de la raison : Dieu ne pourrait se nier lui-même ni le vrai contredire jamais le vrai ».
Fides et Ratio, 53 ( avec la citation en italique de Dei Filius, Conc.Vat. I )
Les propos retranscrits en bleu sont reçus à l'aune de ce qui se trouve ici et que Jean Paul II rappelait. Beaugrand-Champagne est un croyant, un homme de foi, catholique et qui ne nie
aucun des mystères de la foi chrétienne. Il est passionné par l'Église, par les saints ! C'est dans cette disposition que je me trouve et quand je l'écoute. Il n'y a pas de suspect.
En final :
- Nous sommes tous ''Adam'', nous sommes tous ''Ève''. Et nous sommes tous des pécheurs. Nous avons tous besoin d'être sauvés, et les hommes malgré eux subissent tous les conséquences des péchés de leurs ancêtres; c'est le péché originel. Nous vivons depuis dans une culture qui est marquée depuis toujours par ce que Jean appelle le péché du monde. Jean l'appelle comme ça : le péché du monde. Et que la Genèse appelle le péché de l'homme.[...] en venant au monde mais nous entrons comme dans une espèce de champs magnétique qui nous pousse au péché. C'est dans ce que la première lettre de saint Jean appelle le monde de la concupiscence et de la convoitise. Et nous y sommes plongés dans cette culture avec les moyens de communications actuels qui ne nous parlent guère que de concupiscences et de convoitises. Nous sommes en solidarité les uns avec les autres. Nous sommes plongés dans ce monde et puis nous devons en sortir sauvés par le Christ. Mais pour cela il faut communier au Christ. Et la plus grande façon de communier au Christ c'est d'aider les plus pauvres, les plus malheureux et recevoir son corps dans la très sainte eucharistie.
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Vous l'avez ici l'accord entre la foi et la raison. Il suffit de lire. Il n'est aucune sorte de doute entretenu à l'égard de l'existence d'un péché de l'homme qui me précède ou de la réalité d'un monde du péché; réalité qui nous antécède tous. C'est le péché du monde. Et c'est ce qui fait que nous sommes tous pécheurs ( en contrepartie que Jésus enlève le
péché du monde). Péché du monde =
péché originel (synonyme).
Mais le récit biblique d'Adam et Ève est un récit symbolique en lui-même et non pas historique. C'est à dire qu'il n'est pas une nécéssité de penser qu'il y eut bien un arbre, un fruit, un jardin, etc. Ce n'est pas nécéssaire comme si ce devrait être une réalité historique du passé. On peut prendre la chose comme une parabole. Il n'en change strictement rien à l'existence de Dieu, du diable, d'un début de l'humanité, d'un mal moral, de la nécéssité d'être sauvé et de tout ce que dit l'Église. Pas plus que le fait d'apprendre un jour que la terre est ronde : il n'en change rien à rien. Et ce n'est pas Dieu qui crée le mal dans aucun cas. Il n'en change rien à la foi chrétienne. Sauf ... sauf ... justement cette histoire ''jansénisante'' de la Passion du Christ comprise avec une tonalité de dette à payer dans la souffrance par un Fils qui se fait bouc émissaire et cependant que c'est le Père qui doit le châtier archi-sévèrement, quand la justice chez lui rime avec punition. Dieu est vindicatif-punitif. Il est clair que ce genre de tableau ''passionnel'' est lié avec une saisie
historicisante du livre de la Genèse. La foudre de la justice qui s'abat sur Jésus.
Et c'est ce que je ne crois pas.
Le catéchisme de l'Église dit, me semble-t-il, que les responsables du châtiment administré à Jésus sont les pécheurs.
Ce n'est pas le Père. Les inventeurs de la croix = des coupables et triple pécheurs. La volonté de châtier = Caïphe. C'est «le monde du péché» qui s'en prend à Jésus. Tout comme c'est le «monde du péché» qui est jugé.
Jean Paul II parlait de
symboles à propos du récit de la Genèse, Benoit XVI d'
images. Il ne faut pas être dupe. La foi catholique n'impose pas d'avoir une foi de charbonnier digne d'un paysan du XIVe siècle. Fallait voir ce que Jean Paul II disait.
- ... on rencontre encore des dangers de repliement sur le fidéisme, qui ne reconnaît pas l'importance de la connaissance rationnelle et du discours philosophique pour l'intelligence de la foi, plus encore pour la possibilité même de croire en Dieu. Une expression aujourd'hui répandue de cette tendance fidéiste est le biblicisme qui tend à faire de la lecture de l'Écriture Sainte ou de son exégèse l'unique point de référence véridique. Il arrive ainsi que la parole de Dieu s'identifie avec la seule Écriture Sainte, rendant vaine de cette manière la doctrine de l'Église que le concile Vatican II a confirmée expressément [...] en outre, il ne faut pas sous-estimer le danger inhérent à la volonté de faire découler la vérité de l'Écriture Sainte de l'application d'une méthologie unique, oubliant la nécéssité d'une exégèse plus large qui permet d'accéder, avec toute l'Église, au sens plénier des textes [...] d'autres formes de fidéisme latent se reconnaissent au peu de considération accordée à la théologie spéculative [...]
( Fides et Ratio, 55 )
... il ne faut pas perdre la passion pour la vérité ultime et l'ardeur pour la recherche, unies à l'audace pour découvrir de nouvelles voies. C'est la foi qui incite la raison à sortir de son isolement et à prendre volontier des risques pour tout ce qui est beau, bon et vrai.
... proposer à nouveau la pensée du docteur angélique apparaissait au pape Léon XIII comme la meilleure voie pour retrouver un usage de la philosophie conforme aux exigences de la foi. Saint Thomas, écrivait-il, « au moment même où, comme il convient, il distingue parfaitement la foi de la raison, les unit toutes deux par des liens d'amitié réciproque : il conserve à chacune ses droits propres et en sauvegarde la dignité »
(ibid., 56)
Pour sa part, le concile oecuménique Vatican II présente un enseignement très riche et très fécond en ce qui concerne la philosophie. Je ne peux oublier, surtout dans le contexte de cette encyclique, qu'un chapitre entier de la Constitution Gaudium et Spes donne en quelque sorte un condensé d'anthropologie biblique, source d'inspiration aussi pour la philosophie. Dans ces pages, il s'agit de la valeur de la personne humaine, crée à l'image de Dieu [...] L'expression culminante de ces pages revêt assurément une profonde signification philosophique : je l'ai reprise dans ma première encyclique Redemptoris hominis; elle constitue un des points de référence constants de mon enseignement : «En réalité, le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. En effet, Adam, le premier homme, était la figure de l'homme à venir, c'est à dire du Christ Seigneur, Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui dévoile sa plus haute vocation »
(id., 60)
Notre bon vieil
Adam est une figure de l'homme à venir. Ce n'est pas un personnage historique à mettre sur le même pied que le Christ ensuite. Et c'est ce qui arrive avec la vue classique historicisante : s'il faut poser un premier homme capable de déclencher une hyper-méga-catastrophe de type métaphysique. Ce premier homme eût été aussi important que Jésus de Nazareth. C'est ce qui n'a pas de sens. Pire ! On pourrait même penser que le type aurait eu plus d'impact que Jésus lui-même sur tout l'humanité et pour des myriades qui finiraient par aboutir en enfer. Vous imaginez ce premier type finalement sauvé, au ciel, pendant que des millions vont croupir dans la géhenne à cause de lui. C'est ici le genre de faux problèmes dont je parlais.