Sacrement de confirmation

gerardh
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Re: La confirmation pour renouer le lien ?

Message non lu par gerardh » ven. 06 mai 2011, 13:58

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Bonjour,

Doit-on comprendre que selon vous, celui qui n'a pas été confirmé n'a pas reçu le Saint Esprit ?



___________

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Re: La confirmation pour renouer le lien ?

Message non lu par Raistlin » ven. 06 mai 2011, 14:05

gerardh a écrit :Doit-on comprendre que selon vous, celui qui n'a pas été confirmé n'a pas reçu le Saint Esprit ?
Non, ce n'est pas ça. L'Esprit-Saint est reçu au Baptême mais à la confirmation, il est reçu en plénitude et peut se déploie pleinement dans la vie du croyant en vue notamment de la mission.

Un parallèle pour vous aider à comprendre : Jésus, juste avant son ascension, souffle sur ses disciples pour qu'ils reçoivent l'Esprit-Saint. Ils le reçoivent à ce moment là. Pourtant, c'est à la Pentecôte que l'Esprit se manifeste pleinement. La confirmation est le renouvellement de cette expérience de la Pentecôte dans la vie du fidèle.
« Dieu fournit le vent. A l'homme de hisser la voile. » (Saint Augustin)

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Re: La confirmation pour renouer le lien ?

Message non lu par Observer » mar. 10 mai 2011, 17:20

Merci pour toutes vos réponses, très instructives (comme d'habitude :))
Néanmoins Je continue à m'interroger sur sa concrétisation, notamment sur le
fait que je ne sois pas (encore ?) rattaché à une paroisse en particulier pour le
moment.
Je sais que certains sont attachés à leur Église locale, mais pensez vous
que dans mon cas, il est possible de faire cette Confirmation dans une Église
qui n'est pas dans ma commune (par exemple une Église en particulier où
l'on "se sente bien" pour s'y recueillir) ?

Merci d'avance
Celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu,
car Dieu est amour. (1Jn 4,7-8)

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archi
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Re: La confirmation pour renouer le lien ?

Message non lu par archi » mar. 10 mai 2011, 20:03

Observer a écrit :Je sais que certains sont attachés à leur Église locale, mais pensez vous
que dans mon cas, il est possible de faire cette Confirmation dans une Église
qui n'est pas dans ma commune (par exemple une Église en particulier où
l'on "se sente bien" pour s'y recueillir) ?
La paroisse où j'ai été confirmé n'était pas celle de mon domicile mais une paroisse d'élection (pour des raisons de liturgie). Mais ça n'a pas posé de problème. Après, peut-être que vous tomberez sur un prêtre qui a une autre vision des choses. Je ne sais pas s'il peut, canoniquement, vous demander d'aller dans votre paroisse territoriale.

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
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Héloïse
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Confirmation

Message non lu par Héloïse » mer. 28 sept. 2011, 11:18

Bonjour :fleur:

Quelqu'un pourrait-il m'expliquer pourquoi le sacrement de confirmation a été déplacé dans le parcours du jeune catholique ?
"De mon temps", nous étions confirmés jeunes, avant la profession de foi.
Aujourd'hui, ma fille (17 ans) a demandé ce sacrement il y a un an avec tout un groupe d'autres jeunes, ils suivent une progression, ont des activités en commun : découverte de communautés religieuses etc... et apprécient beaucoup ces moments de rencontre.

Est-ce une des conséquences de Vatican II ?

Il me semble que ce cheminement est meilleur, il sort du parcours quasi automatique que nous faisions et demande un véritable engagement de la part des jeunes. J'espère que ceux-ci garderont le cap et ensuite, l'habitude de se réunir et de participer à la vie des paroisses qui chez nous, a bien besoin de jeunesse !

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Anaisunivers
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Re: Confirmation

Message non lu par Anaisunivers » mer. 28 sept. 2011, 14:12

La confirmation est le choix d'une personne qui connait "le monde". Donc à l'adolescence (et après), car c'est devenir "adulte dans la foi". Un enfant de 12 ans ne connait pas la dureté du monde, il est encore un peu innocent...

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archi
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Re: Confirmation

Message non lu par archi » mer. 28 sept. 2011, 20:04

La confirmation repoussée à 16 ou 17 ans est une déviation gravissime, sans précédent dans la Tradition des Eglises chrétiennes. Déjà, à 12 ans comme on le faisait il y a quelques décennies, c'est incroyablement tard... et on ne fait qu'aggraver les choses.

La confirmation n'est pas une bar-mitzvah catholique pour marquer l'entrée dans l'âge adulte, elle n'est pas non plus un symbole d'engagement actif (au sens moderne du terme) dans l'Eglise, elle ne requiert pas de compréhension poussée, elle n'a pas à être une carotte pour motiver les jeunes à suivre le catéchisme... c'est un sacrement, c'est-à-dire la grâce divine, la grâce du Saint Esprit, qui est nécessaire pour compléter le baptême.

Quel motif peut bien justifier de retarder son administration aux enfants?

Normalement, d'après les données de la Tradition chrétienne (c'est le seul point de vue qui compte), elle devrait être donnée soit en même temps que le baptême, soit (pratique occidentale qui maintient le lien avec l'évêque) peu de temps après, lorsque l'évêque visite la paroisse (ce qu'il est censé faire assez régulièrement...). Et encore, maintenant qu'on voit couramment des prêtres administrer ce sacrement par délégation de l'évêque, la raison qui a conduit à séparer son administration du baptême en Occident a disparu.

Il serait temps de revenir à une pratique normale.

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archi.
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Anaisunivers
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Re: Confirmation

Message non lu par Anaisunivers » mer. 28 sept. 2011, 20:37

Je comprends absolument, Archi, que l'enfant sans confirmation n'a pas "toutes les cartes en main".

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Re: Confirmation

Message non lu par Etmisericordia » mer. 28 sept. 2011, 21:16

Bonjour à tous,

A vrai dire, je suis d'accord avec archi, dans des termes sans doute plus modérés. Il me semble que la confirmation est un peu tardive, car ce sacrement est tout de même l'un des trois de l'initiation chrétienne.
Le fait que la démarche soit réfléchie est une bonne chose, et la beauté des confirmations adultes le prouve, mais combien de jeunes ne peuvent pas recevoir ce sacrement si important car ils ont arrêté le catéchisme avant par exemple, et n'ont pas forcément conscience de son importance.
A mon avis le plus grave est là : on a conscience de l'importance du baptême et de la communion, mais on fait comme deux poids deux mesures pour la confirmation... souci pédagogique ?
Du coup, la qualité de la préparation du sacrement lui-même lorsqu'il est demandé est effectivement une très bonne chose, comme vous le soulignez, Héloïse.

En Christ,
Etmisericordia.
" Ensevelissez-Vous en moi pour que je m'ensevelisse en Vous" (Bienheureuse Elisabeth de la Trinité)

Emmanuel Lyasse
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Re: Confirmation

Message non lu par Emmanuel Lyasse » jeu. 29 sept. 2011, 17:57

Tout cela ne peut se comprendre que si on prend en compte l'histoire, assez compliquée, de ce sacrement.

Le fondement scripturaire de la confirmation est clair. On le voit au début des Actes, quand le diacre Philippe (à ne pas confondre avec l'apôtre du même nom) baptise des Samaritains. Les Apôtres viennent, ensuite pour leur imposer les mains. On trouve donc déjà là la distinction entre deux sacrements. Le baptême, qui libère du péché originel, peut être donné par tout chrétien (voire un non baptisé d'ailleurs dans des cas très particulier). Mais celui qui l'a reçu doit, si possible, être ensuite confirmé dans la foi par l'imposition des mains, qui est réservée à l'évêque successeur des Apôtres, et qui lui donne une effusion spéciale de l'Esprit-Saint (Ce qui ne signifie pas bien sûr que le baptême ne donne pas l'Esprit saint. Mais la confirmation vient compléter le baptême).

Quand on a adopté l'usage (certes légitime) de baptiser les petits enfants, on a lié la confirmation par l'évêque à leur passage à l'âge adulte, très tôt, contrairement à ce que dit Archi. L'âge minimum de la confirmation a été fixé à l'âge du discernement, sept ans (cela n'a pas changé). On a fixé au même âge celui de la première communion, pour la même raison.

Mais, dans la pratique, les deux sacrements se sont trouvé séparés.

On a eu tendance, au cours du Moyen-Âge puis de l'époque moderne, à repousser l'âge de la première communion. Plus la piété eucharistique se développait, plus on considérait la communion comme un moment exceptionnel (la plupart des fidèles laïcs ne communiaient qu'une fois par an à partir du milieu du Moyen Âge), plus aussi on la réservait à ceux qu'on jugeait capable de comprendre vraiment ce dont il s'agissait. On est arrivé ainsi à fixer à peu près l'âge de la première communion à douze ans, qui s'est ainsi trouvée liée au passage à l'adolescence.

L'âge de la confirmation, lui, n'a jamais été fixé, pour une raison simple: il fallait un évêque. En France, où la plupart des diocèses étaient très vastes, cela n'allait pas de soi: les paroisses rurales ne voyaient pas souvent leur évêque (voire les paroisses urbaines, pour peu qu'il ne fût pas résident). Donc, beaucoup de baptisés n'étaient jamais confirmés, et ceux qui l'étaient l'étaient à l'occasion d'une visite de l'évêque dans leur paroisse, sans préparation particulière donc. Quand l'évêque venait en visite, on lui présentait tous ceux qui avaient eu sept ans depuis son dernier passage, et il y avait grande distribution de baffes. Dans les paroisses régulièrement visitées, c'était avant la première communion le plus souvent.

On accordait donc beaucoup moins d'importance à la confirmation qu'à la première communion.

Il y a eu un grand changement au XXe siècle avec la décision de saint Pie X de donner à nouveau la communion aux enfants de sept ans. Dès lors, on communiait avant d'être confirmé. En France (il paraît que c'est une spécificité) on a voulu maintenir la fête du passage à l'adolescence à douze ans, et distingué entre la communion privée à sept ans, et la communion solennelle à douze ans, qu'on a depuis renommée profession de foi.

Aucun changement alors pour la confirmation, sinon qu'avec les progrès des transports, les paroisses voyaient plus souvent leur évêque. On était donc confirmé après sept ans, après la communion privée donc, et en général avant la communion solennelle, et toujours à la va vite. Si on interroge ceux qui ont connu cela (pour moi, c'est la génération de mes parents), on constate qu'ils ont en général des souvenirs très précis de leur communion solennelle, et fort peu de leur confirmation.

Les choses ont changé depuis une cinquantaine d'années, sans lien direct avec le concile Vatican II, mais dans le cadre du renouveau liturgique et pastoral qui y est lié. On a voulu redonner à la confirmation son importance pour les fidèles. Les conditions pratiques avaient aussi évolué: les évêques étaient désormais parfaitement mobiles, et les fidèles l'étaient beaucoup plus (Un évêque peut visiter en un ou deux ans tous les doyennés de son diocèse. Les confirmations peuvent être organisées dans une seule église pour tout le doyenné). De plus, l'évêque peut désormais déléguer à son vicaire général, ou même à un vicaire épiscopal, le droit de confirmer.

La tendance a été alors à placer la confirmation après la communion solennelle, comme aboutissement du parcours catéchétique, et à en fixer l'âge en conséquence. Malheureusement, aucune règle n'a été fixée, et cet âge varie selon les diocèses, et parfois, quand l'évêque n'est pas directif, selon les paroisses, entre la sixième et la première.

N'étant pas interprète infaillible de la Tradition, je me garderai bien de porter sur cela un jugement péremptoire (personnellement, je trouve que la 6e, c'est bien tôt, et la 1ere bien tard. Je n'ai pas d'opinion entre la 4e et la 2nde). Il faut évidemment faire ce que nous dit l'Église là où nous sommes.

Je crois que l'important n'est pas tant le moment où on reçoit la confirmation que le parcours de foi dans lequel s'inscrit ce sacrement. Si on considère cela comme la dernière étape d'un parcours, après quoi on n'a plus besoin de catéchèse ni de pratique religieuse, on se trompe gravement (et il ne sert à rien de repousser l'âge pour garder les gamins plus longtemps: c'est le meilleur moyen de les faire fuir). Cela doit être une étape marquante, dans une démarche qui a commencé au baptême, et qu'on veut faire durer toute la vie, une étape qui donne une force nouvelle pour continuer.

Je suis un peu gêné quand j'entends parler d'engagement à propos de la confirmation, et de l'idée qu'on prend en tant qu'adulte cet engagement alors qu'au baptême ce sont nos parents qui l'ont pris. L'engagement, c'est le baptême. À chaque instant de notre vie ensuite, nous décidons de le poursuivre ou de lui tourner le dos. La confirmation nous donne une force supplémentaire pour lui être fidèle: elle n'est pas un engagement particulier.

Enfin, un point important. Il faut savoir que, passé l'âge minimum (qui est donc très variable) on peut être confirmé à tout âge. Beaucoup de catholiques pratiquants n'ont pas été confirmés pour différentes raisons. Ils peuvent à tout moment demander ce sacrement en s'adressant à leur évêque via leur curé.

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archi
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Re: Confirmation

Message non lu par archi » jeu. 29 sept. 2011, 21:23

Emmanuel Lyasse a écrit :Quand on a adopté l'usage (certes légitime) de baptiser les petits enfants, on a lié la confirmation par l'évêque à leur passage à l'âge adulte, très tôt, contrairement à ce que dit Archi. L'âge minimum de la confirmation a été fixé à l'âge du discernement, sept ans (cela n'a pas changé). On a fixé au même âge celui de la première communion, pour la même raison.
Là, c'est bien la première fois que j'entends dire que la confirmation par l'évêque aurait autrefois eu lieu à l'âge adulte (au passage, le baptême des enfants est attesté dans les Actes des Apôtres, ce n'est nullement un usage inauguré après coup... simplement, à l'époque apostolique, la plupart des baptisés étaient adultes).

Bon, quand j'ai un doute sur un point d'histoire de l'Eglise ou de théologie, je vais chercher dans la Catholic Encyclopedia en ligne, c'est ce qu'il y a de plus complet qui soit facilement accessible, dès lors qu'on est à l'aise pour lire l'anglais. Je me référerai donc à la page sur la confirmation (http://www.newadvent.org/cathen/04215b.htm).

Je ne peux pas réécrire ou traduire tout ce qui est écrit sur cette page, mais en parcourant cette page et notamment la partie historique, je constate (je traduis juste les extraits qui concernent la question de la confirmation des enfants):
- que les références de l'époque l'époque patristique convergent pour montrer que les 2 sacrements étaient normalement conférés en même temps ou juste après, même si effectivement un baptême pouvait être conféré en urgence ou par un diacre, la confirmation était ensuite conférée par l'évêque.
- dans une phrase de St Augustin (évêque d'Hippône pour mémoire), "quand nous imposions les mains à ces enfants..."
- autre référence explicite à cette époque, celle d'une lettre du Pape Innocent Ier (401-417): "concernant la signation ("sealing") des enfants, il est clair qu'il est illégal qu'elle soit faite par quelqu'un d'autre qu'un évêque".

Donc on voit bien que dès cette époque, la confirmation était administrée aux enfants.

En descendant plus loin:
- "la confirmation des nouveaux baptisés devint une part importante du travail de l'évêque" (Lingard, à propos du début du Moyen-Age anglo-saxon).
- dans le cas de St Cuthbert, "des enfants lui étaient apportés pour la confirmation"
- au XIIIe Siècle en Angleterre, "en général, les conciles et les synodes admonestaient les parents à propos de la confirmation de leurs enfants". Le synode de Worcester (1240) décrète que "les parents qui négligent de faire confirmer leur enfant dans l'année qui suit leur baptême se verraient interdire l'entrée de l'église". Le synode d'Exeter (1287) décréta que les enfants devaient être confirmés dans les trois ans après leur naissance, sans quoi leurs parents devraient jeûner au pain et à l'eau jusqu'à ce qu'ils se soient mis en conformité avec la loi.

Etc, etc... (j'arrête là parce que j'en ai assez de traduire et recopier les citations :> ). On voit à quel point la pratique actuelle se démarque de toute la tradition de l'Eglise.
On a eu tendance, au cours du Moyen-Âge puis de l'époque moderne, à repousser l'âge de la première communion. Plus la piété eucharistique se développait, plus on considérait la communion comme un moment exceptionnel (la plupart des fidèles laïcs ne communiaient qu'une fois par an à partir du milieu du Moyen Âge), plus aussi on la réservait à ceux qu'on jugeait capable de comprendre vraiment ce dont il s'agissait. On est arrivé ainsi à fixer à peu près l'âge de la première communion à douze ans, qui s'est ainsi trouvée liée au passage à l'adolescence.
Oui. Et là aussi, même la chose est avérée depuis plus de temps (début IXe siècle), franchement, la chose me choque.
Je ne reprends pas le reste de votre historique (qui concerne l'histoire récente) qui me paraît juste et qui explique largement (sans la justifier) la situation actuelle.

Au fait que dit le droit canon (actuel), juste pour voir?

Sur la Confirmation:
Can. 890 - Les fidèles sont tenus par l'obligation de recevoir ce sacrement en temps opportun; les parents et les pasteurs d'âmes, surtout les curés, veilleront à ce que les fidèles soient dûment instruits pour le recevoir et à ce qu'ils s'y présentent en temps opportun.

Can. 891 - Le sacrement de confirmation sera conféré aux fidèles aux alentours de l'âge de raison, à moins que la conférence des Évêques n'ait fixé un autre âge, ou qu'il n'y ait danger de mort ou bien que, au jugement du ministre, une cause grave ne conseille autre chose.


La référence est bien l'âge de raison ou autour, pas 5 ou 10 ans après...

Maintenant, traditionnellement, la confirmation précède la 1ere communion, même si on a parfois vu des exceptions. L'exception actuelle étant largement due à la décision de St Pie X d'abaisser l'âge de la 1ere communion, comme vous l'avez fait remarquer.

Or, ce qu'enseigne le Concile de Trente à propos de la communion (XXIe Session, chap IV), c'est que les petits enfants qui n'ont pas atteint l'âge de raison ne sont pas tenus de communier puisque, sans avoir l'âge de raison, ils ne peuvent pécher mortellement et perdre l'état de grâce: le baptême leur suffit.

Ce qui sous-entend nécessairement que dès lors qu'ils ont atteint l'âge de raison ou de discrétion (qui n'est pas nécessairement 7 ans, il dépend de l'enfant même si on le situe habituellement aux alentours de 7 ans) ils peuvent désormais pécher mortellement et ont besoin, eux, du soutien des sacrements.

L'âge de raison devrait donc être la dernière limite pour recevoir la confirmation et la 1ere communion, et pas le seuil minimal. Et cet âge peut très bien être inférieur à 7 ans chez certains enfants.

Voilà pourquoi il me semble qu'on commet une erreur tragique, finalement pas si éloignée de celle des protestants anabaptistes qui lient le baptême à la nécessité d'un choix adulte, en liant la réception de ces sacrements à la compréhension intellectuelle dans un cas, ou pire à l'aboutissement d'un parcours catéchétique. Franchement, j'aimerais bien me tromper, mais cette impression s'appuie:
- sur l'Ecriture Sainte ("laissez venir à moi les petits enfants")
- sur la Tradition de l'Eglise (i.e. ce qui a été transmis et pratiqué depuis les Apôtres), jusqu'au Moyen-Age en Occident (et même plus récemment pour la confirmation), et encore aujourd'hui dans les rites orientaux
- sur la dogmatique (cf Concile de Trente ci-dessus)

Je ne vois donc guère de raison de remettre en question mon impression!

In Xto,
archi.
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Emmanuel Lyasse
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Re: Confirmation

Message non lu par Emmanuel Lyasse » ven. 30 sept. 2011, 11:11

Merci à Archi pour toutes ces citations. Mes connaissances sur ce point ne remontaient pas si haut (et étaient presque exclusivement françaises).
Après la question est toujours la même: qu'est-ce que la tradition ?
On ne peut considérer que parce qu'une pratique est la plus ancienne, elle est forcément bonne pour aujourd'hui.
Il y a des choses qui doivent rester immuables, d'autres qui changent en fonction des circonstances.

Pour ce qui est du lien entre confirmation et âge du discernement, les choses ont changé bien avant Vatican II. Voici ce qu'en dit le catéchisme du Concile de Trente (II, 17, 4, trouvé ici http://catechisme.free.fr/ , pas vérifié ailleurs mais il ne me semble pas y avoir de raison de douter de ce site que je ne connais pas)
Mais ici il y a une observation à faire. tous ceux qui sont baptisés peuvent être confirmés ; cependant il ne convient pas d’administrer ce Sacrement à ceux qui n’ont pas encore l’usage de la raison ; et si l’on ne croit pas qu’il soit nécessaire d’attendre l’âge de douze ans, au moins est-il convenable de ne pas l’administrer avant l’âge de sept ans. D’ailleurs la Confirmation n’a pas été instituée comme chose nécessaire au salut, mais pour nous donner le courage et les armes dont nous avons besoin, dans les combats qu’il nous faut soutenir pour la Foi de Jésus-Christ. Or les enfants qui n’ont pas l’âge de raison, ne soutiennent pas encore ces sortes de combats.
et, plus haut, dans la définition du sacrement
Par le Baptême les hommes sont engendrés à une vie nouvelle ; par la Confirmation au contraire, déjà engendrés auparavant, ils deviennent des hommes faits, en laissant ce qui tient de l’enfance ; dès lors, autant il y a de différence entre la naissance et l’accroissement dans la vie naturelle, autant il y en a entre le Baptême qui nous régénère spirituellement et la Confirmation qui nous fait croître, et nous donne la force parfaite de l’âme.
Il y a donc bien, déjà, l'idée d'un lien entre confirmation et passage à un état adulte. (et déjà semble-t-il trace d'un débat entre sept ans et douze ans)

Saint Thomas d'Aquin (III, LXXII, 8), lui, défendait la confirmation des enfants (mais sans préciser l'âge. Il dit puer, ce qui est vague, non infans, celui qui ne parle pas)
[+] Texte masqué
A qui convient-il de recevoir ce sacrement ?

Objections : 1. Il semble que ce sacrement ne doit pas être donné à tous. En effet, il confère une certaine supériorité. Mais la supériorité ne convient pas à tous.

2. Ce sacrement fait grandir l’homme spirituellement jusqu’à l’âge adulte. Mais il y a opposition entre l’âge adulte et l’enfance. Donc les enfants au moins ne doivent pas le recevoir.

3. Le pape Melchiade dit : " Après le baptême nous sommes confirmés pour le combat. " Mais le combat ne convient pas aux femmes, à cause de la fragilité de leur sexe. Donc aux femmes non plus on ne doit pas donner ce sacrement.

4. Le pape Melchiade dit : " A ceux qui vont bientôt passer, suffisent les bienfaits de la régénération, mais à ceux qui doivent vivre est nécessaire le bienfait de la confirmation. La confirmation arme et équipe ceux qui restent pour les luttes et les combats de ce monde. Quant à celui qui après le baptême arrive à la mort sans tache et avec l’innocence qu’il a reçue, il est confirmé par la mort, puisque après la mort il ne peut plus pécher. " Donc ce sacrement ne doit pas être administré aux mourants. Et ainsi il ne doit pas être donné à tous.

En sens contraire, les Actes (2, 2-4) disent que le Saint-Esprit " remplit toute la maison ", qui symbolise l’Église, et ensuite on ajoute que " tous furent remplis de l’Esprit Saint. " Mais c’est pour recevoir cette plénitude que ce sacrement est donné ; il faut donc l’administrer à tous ceux qui sont dans l’Église.

Réponse : Nous avons dit que ce sacrement conduit l’homme spirituellement à l’âge parfait. Or il est dans l’intention de la nature que tous ceux qui naissent corporellement arrivent à l’âge parfait ; mais cela est parfois empêché par la corruptibilité du corps qui est prévenu par la mort. A plus forte raison il est dans l’intention de Dieu, - et la nature l’imite en participant de cette intention -, de conduire tous les êtres à leur perfection ; aussi est-il écrit (Dt 32, 4) que " toutes les œuvres de Dieu sont parfaites. " Mais l’âme, sujet de cette naissance et de cet âge adulte au plan spirituel, est immortelle ; elle peut donc dans la vieillesse recevoir la naissance spirituelle, comme dans la jeunesse et même dans l’enfance parvenir à l’âge adulte ; car l’âge du corps ne fait aucun tort à l’âme. Par conséquent il faut administrer à tous ce sacrement.

Solutions : 1. Ce sacrement confère une certaine supériorité, non pas la supériorité d’un homme sur un autre, comme le sacrement de l’ordre ; mais la supériorité d’un homme par rapport à lui-même ; ainsi le même homme, devenu adulte, possède une certaine supériorité par rapport à ce qu’il était dans son enfance.

2. Comme on l’a dit l’âge du corps ne fait aucun tort à l’âme. Ainsi, même dans l’enfance, l’homme peut recevoir la perfection de l’âge spirituel dont parle la Sagesse (4, 8) : "La vieillesse honorable n’est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années. " C’est ainsi que de nombreux enfants, grâce à la force du Saint-Esprit qu’ils avaient reçue, ont lutté courageusement et jusqu’au sang pour le Christ.

3. S. Jean Chrysostome dit que " pour les combats de ce monde on recherche la qualité de l’âge, de la beauté ou de la naissance, et c’est pourquoi on les interdit aux esclaves et aux femmes, aux vieillards et aux enfants. Mais dans les combats pour le ciel, le stade est ouvert à tous sans distinction de personne, d’âge ou de sexe ". Et ailleurs : " Devant Dieu, même le sexe féminin livre bataille ; beaucoup de femmes ont avec un courage viril combattu dans la milice spirituelle. Et dans la lutte du martyre, certaines ont égalé les hommes par la force de l’homme intérieur ; certaines même ont été plus courageuses que les hommes. " Par conséquent les femmes aussi doivent recevoir ce sacrement.

4. Comme on l’a dit, l’âme, sujet de l’âge spirituel, est immortelle. Donc, les mourants doivent recevoir ce sacrement, pour qu’à la résurrection ils apparaissent avec la perfection dont parle S. Paul (Ep 4, 13) : " jusqu’à ce que nous parvenions à l’état d’homme parfait, à la mesure de la pleine stature du Christ. " C’est pourquoi Hugues de Saint-Victor dit : " Il serait très périlleux que quelqu’un sorte de cette vie sans la confirmation. " Non parce qu’il serait damné, sauf le cas de mépris, mais parce qu’il serait privé de cette perfection. Aussi les enfants qui meurent confirmés reçoivent-ils une gloire plus grande, comme ici-bas ils obtiennent une grâce plus abondante. L’autorité citée se comprend en ce sens que la confirmation n’est pas nécessaire aux mourants pour affronter le combat de la vie présente.
Voici ce que dit le récent catéchisme de l'Église catholique
1306 Tout baptisé non encore confirmé peut et doit recevoir le sacrement de la Confirmation (cf. ⇒ CIC, can. 889, § 1). Puisque Baptême, Confirmation et Eucharistie forment une unité, il s’en suit que " les fidèles sont tenus par l’obligation de recevoir ce sacrement en temps opportun " (⇒ CIC, can. 890), car sans la Confirmation et l’Eucharistie, le sacrement du Baptême est, certes, valide et efficace, mais l’initiation chrétienne reste inachevée.

1307 La coutume latine, depuis des siècles, indique " l’âge de la discrétion " comme point de référence pour recevoir la Confirmation. En danger de mort, on doit cependant confirmer les enfants même s’ils n’ont pas encore atteint l’âge de la discrétion (cf. ⇒ CIC, can. 891; ⇒ 883, 3).

1308 Si l’on parle parfois de la Confirmation comme du " sacrement de la maturité chrétienne ", il ne faudrait pas pour autant confondre l’âge adulte de la foi avec l’âge adulte de la croissance naturelle, ni oublier que la grâce baptismale est une grâce d’élection gratuite et imméritée qui n’a pas besoin d’une " ratification " pour devenir effective. S. Thomas le rappelle :

L’âge du corps ne constitue pas un préjudice pour l’âme. Ainsi, même dans l’enfance, l’homme peut recevoir la perfection de l’âge spirituel dont parle la Sagesse (4, 8) : ‘La vieillesse honorable n’est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années’. C’est ainsi que de nombreux enfants, grâce à la force du Saint-Esprit qu’ils avaient reçue, ont lutté courageusement et jusqu’au sang pour le Christ (Thomas d’A., s. th. 3, 72, 8, ad 2).

1309 La préparation à la Confirmation doit viser à conduire le chrétien vers une union plus intime au Christ, vers une familiarité plus vive avec l’Esprit Saint, son action, ses dons et ses appels, afin de pouvoir mieux assumer les responsabilités apostoliques de la vie chrétienne. Par là, la catéchèse de la confirmation s’efforcera d’éveiller le sens de l’appartenance à l’Église de Jésus-Christ, tant à l’Église universelle qu’à la communauté paroissiale. Cette dernière porte une responsabilité particulière dans la préparation des confirmands (cf. OCf prænotanda 3).

1310 Pour recevoir la Confirmation il faut être en état de grâce. Il convient de recourir au sacrement de Pénitence pour être purifié en vue du don du Saint-Esprit. Une prière plus intense doit préparer à recevoir avec docilité et disponibilité la force et les grâces du Saint-Esprit (cf. Ac 1, 14).
et le presque aussi récent Catéchisme pour adultes des évêques de France
405 "Les fidèles sont tenus par l'obligation de recevoir ce sacrement en temps opportun" (CIC 890). La confirmation les soutient dans les luttes qu'ils ont à mener pour vivre dans la foi, l'espérance et la charité.

Pour être admis à la confirmation on doit être en état de grâce. Un adulte doit bénéficier d'une catéchèse adaptée, entrer en relation avec la communauté chrétienne, être préparé à rendre témoignage de sa vie chrétienne et disposé à exercer l'apostolat. Dans le cas d'un enfant, il est nécessaire qu'il ait pris conscience de l'engagement de son baptême et qu'il soit disposé à l'assumer personnellement, à sa mesure (cf. rituel romain, 12).

En France, "à la décision de chaque évêque pour son diocèse, l'âge de la confirmation pourra se situer dans la période de l'adolescence, c'est-à-dire de douze à dix-huit ans" (Bulletin officiel de la conférence des évêques de France, no. 30).
Un mot sur la référence évangélique. Notre-Seigneur a dit "Laissez venir à moi les petits enfants", ce pourquoi l'Église les baptise et les instruit. Il n'a pas dit "Confirmez les !". Si on considère que cette formule implique forcément la confirmation, pourquoi pas, aussi, le sacrement de l'Ordre ?

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archi
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Re: Confirmation

Message non lu par archi » sam. 01 oct. 2011, 15:40

Emmanuel Lyasse a écrit :Merci à Archi pour toutes ces citations. Mes connaissances sur ce point ne remontaient pas si haut (et étaient presque exclusivement françaises).
Après la question est toujours la même: qu'est-ce que la tradition ?
On ne peut considérer que parce qu'une pratique est la plus ancienne, elle est forcément bonne pour aujourd'hui.
Il y a des choses qui doivent rester immuables, d'autres qui changent en fonction des circonstances.
Il s'agit ici de l'administration des sacrements, donc de l'activité essentielle de l'Eglise. Lorsqu'on se demande comment à qui être administrés les sacrements, c'est vers l'Ecriture Sainte vérifiée par la Tradition, donc la pratique des premiers siècles, qu'il faut se tourner. Quand la pratique des premiers siècles est uniforme - et c'est le cas là (pour la Confirmation elle n'est pas uniforme en ce qui concerne la persionne qui l'administre - évêque ou prêtre - mais elle est uniforme en ce qui concerne le fait de l'associer étroitement au baptême, en même temps ou comme complément à faible intervalle), on ne doit pas s'en écarter.

Pour ce qui est du lien entre confirmation et âge du discernement, les choses ont changé bien avant Vatican II. Voici ce qu'en dit le catéchisme du Concile de Trente (II, 17, 4, trouvé ici http://catechisme.free.fr/ , pas vérifié ailleurs mais il ne me semble pas y avoir de raison de douter de ce site que je ne connais pas)
Mais ici il y a une observation à faire. tous ceux qui sont baptisés peuvent être confirmés ; cependant il ne convient pas d’administrer ce Sacrement à ceux qui n’ont pas encore l’usage de la raison ; et si l’on ne croit pas qu’il soit nécessaire d’attendre l’âge de douze ans, au moins est-il convenable de ne pas l’administrer avant l’âge de sept ans. D’ailleurs la Confirmation n’a pas été instituée comme chose nécessaire au salut, mais pour nous donner le courage et les armes dont nous avons besoin, dans les combats qu’il nous faut soutenir pour la Foi de Jésus-Christ. Or les enfants qui n’ont pas l’âge de raison, ne soutiennent pas encore ces sortes de combats.
Merci pour votre exemple. Il montre que cette idée de lier la confirmation à l'âge de raison existait déjà à l'époque. Le gros problème, c'est que cette notion d'âge de raison, et l'idée de devoir attendre sept ans pour l'administrer, n'est absolument pas attesté avant. Il s'agit donc manifestement d'une idée innovante par rapport à la Tradition.

D'autre part on retrouve la même idée générale que dans les définitions dogmatiques du concile de Trente sur la communion: un petit enfant baptisé est en état de grâce, donc il n'a pas besoin ni d'être confirmé, ni de communier. Pourtant, quand je vois des enfants de quatre ans, je me dis qu'ils ont déjà des tendances au péché avérées. Est-on si sûr que ces enfants n'ont pas besoin de soutenir des combats pour la Foi et d'être fortifiés par l'Esprit Saint?

La définition de l'âge de raison ou de discrétion est l'âge où l'enfant devient capable de responsabilité morale, à ce titre on ne peut remettre en question les définitions dogmatiques, quand elles observent qu'un enfant régénéré par le baptême ne peut "perdre son salut" tant qu'il n'est pas capable de cette responsabilité morale. Reste que fixer cet âge à 7 ans est extrêmement présomptueux, et qu'il est aberrant d'attendre l'âge de 7 ans pour donner à l'enfant le remède à des péchés dont il est tout à fait possible qu'il porte la responsabilité avant cet âge.

Donc je récapitule:
- il n'y a pas de danger à confirmer un enfant dès sa naissance, même si ça n'est pas nécessaire, ça ne fait pas de mal et c'est ce qu'on observe dans la Tradition
- il y a danger à ne pas lui dispenser en temps voulu les sacrements dont il a besoin pour se fortifier dans la Foi, et le droit canon et les documents magistériels font de manière constante obligation aux parents de leur dispenser les sacrements en temps voulu. Il y a bien là obligation.
- d'où sort ce chiffre de 7 ans? Dans toutes les recherches que j'ai faites, je n'en trouve pas de référence avant le XIIe Siècle. Il ne s'agit donc pas d'une donnée traditionnelle, même développée et formulée tardivement (à partir de quoi?). Dans tous les cas, si on garde ce chiffre de 7 ans comme âge de discrétion ou de responsabilité, il devrait être clair que c'est au plus tard à cet âge, et pas à partir de lui, que l'enfant devrait être pleinement intégré dans la vie sacramentelle.

Maintenant, il est intéressant d'exposer la conception du sacrement de Confirmation dans la tradition théologique byzantine, qui ne s'oppose nullement aux conceptions occidentales (fortification dans la Foi, mission de l'Eglise, 7 dons du Saint Esprit - notion qui existe aussi en Orient ...) mais qui va peut-être plus directement et clairement à l'essentiel. Je me réfère à Olivier Clément (in "l'Eglise Orthodoxe"):
Olivier Clément a écrit :Le sacrement de la chrismation ou myron, analogue à la confirmation occidentale, suit donc immédiatement le baptême. "Sceau du donc de l'Esprit-Saint", il constitue une Pentecôte continuée, la communication de l'énergie incréée qui permettra au nouveau chrétien d'assumer personnellement la grâce baptismale, de transformer en ressemblance l'image de Dieu restaurée par le baptême.
On note là qu'il ne s'agit pas seulement (même si ça en fait certainement partie) de soutenir le combat spirituel pour ne pas perdre la grâce reçue au baptême, mais qu'il y a l'idée de la transformer pour la porter plus haut.

Dans cette optique-là, il n'y a réellement aucune raison valable pour attendre 7 ans ou tout autre âge, dès lors que l'enfant est baptisé et élevé dans la Foi.

Par le Baptême les hommes sont engendrés à une vie nouvelle ; par la Confirmation au contraire, déjà engendrés auparavant, ils deviennent des hommes faits, en laissant ce qui tient de l’enfance ; dès lors, autant il y a de différence entre la naissance et l’accroissement dans la vie naturelle, autant il y en a entre le Baptême qui nous régénère spirituellement et la Confirmation qui nous fait croître, et nous donne la force parfaite de l’âme.
Il y a donc bien, déjà, l'idée d'un lien entre confirmation et passage à un état adulte. (et déjà semble-t-il trace d'un débat entre sept ans et douze ans)
Sur ce point, être adulte dans la foi n'est pas synonyme d'adulte "au civil" (cf le document du diocèse de Fréjus que je mentionne plus loin).
Saint Thomas d'Aquin (III, LXXII, 8), lui, défendait la confirmation des enfants (mais sans préciser l'âge. Il dit puer, ce qui est vague, non infans, celui qui ne parle pas)
Et je constate que le passage que vous citez est lui aussi tout à fait éclairant et va dans mon sens (tout en montrant qu'au XIIIe Siècle les idées poussant à retarder cet âge étaient déjà répandues...) ;)

Un mot sur la référence évangélique. Notre-Seigneur a dit "Laissez venir à moi les petits enfants", ce pourquoi l'Église les baptise et les instruit. Il n'a pas dit "Confirmez les !". Si on considère que cette formule implique forcément la confirmation, pourquoi pas, aussi, le sacrement de l'Ordre ?
Le sacrement de l'Ordre n'est évidemment pas destiné à tout chrétien, au contraire de la Confirmation!

Maintenant, il est connu que l'Ecriture ne s'interprète pas seule, mais dans la Tradition. C'est justement pour cela que la Tradition est importante: ce n'est pas seulement le baptême qui était administré aux enfants aussi loin qu'on puisse remonter dans l'histoire de l'Eglise, mais aussi la confirmation. Donc pourquoi ne pas y appliquer cette parole du Christ? Pourquoi considérer les petits enfants comme inaptes à recevoir les 7 dons de l'Esprit Saint?

Quant au redoutable Sacrement de l'Ordre (lisez St Jean Chrysostome sur ce caractère redoutable), il ne doit théoriquement être confié qu'à des gens sûrs, capables d'accomplir la lourde charge que l'Eglise leur demande. Ce qui n'empêche qu'on a toujours vu, dans les divers rites chrétiens, des fonctions correspondant aux ordres mineurs confiées à des enfants, dès qu'ils sont capables de les tenir (chantre et acolyte notamment...).

Bref, il me semble que même à l'âge de raison, c'est trop tard, et que la confirmation après 7 ans est une évolution relativement récente dans l'histoire, vers la fin du Moyen-Age. Dans tous les cas, il n'y a vraiment aucune raison de retarder encore plus cet âge, comme on le fait maintenant. Un lien pour finir sur un document du diocèse de Fréjus-Toulon qui reprend bien ces données et qui mérite pleinement d'être ajouté à ce débat (d'autant qu'il va d'ailleurs dans le même sens que certains discours récents de la Curie romaine):
http://www.diocese-frejus-toulon.com/IM ... mation.pdf

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

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Héloïse
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Re: Confirmation

Message non lu par Héloïse » lun. 03 oct. 2011, 9:02

Merci pour vos recherches et vos exposés détaillés.
Je partage votre avis Etmisericordia, et crois aussi que repousser l'âge d'administration de ce sacrement dans un monde où la maturité tarde souvent à venir, est une façon de ne pas le galvauder. Lorsque je vois les jeunes qui appartiennent à ce groupe de préparation, je suis assez confiante dans leur avenir chrétien.

Pour ma part, j'étais jeune et me souviens parfaitement des sensations un peu exagérées que j'éprouvais lors de la préparation par les soeurs de l'école marianiste dans laquelle j'étais : une répétition dans la chapelle de l'école et une description de l'arrivée du saint esprit par les mains de l'évêque telle, que j'ai été incroyablement déçue de n'avoir rien ressenti au moment crucial. Et nous étions toutes dans le même cas, sauf celles qui étaient déjà indifférentes.

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AMaria
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Ma confirmation

Message non lu par AMaria » dim. 30 sept. 2012, 16:52

Voilà, j'ai été confirmée hier soir, et je voulais juste exprimer ici mon bonheur et encourager tous ceux et toutes celles qui ne le sont pas encore, à cheminer vers ce sacrement! Je suis encore sur mon nuage, quel moment très fort ce fut et d'avoir rassemblés autour de moi (et aussi par la prière) tous ces êtres chers qui me suivent, m'encouragent, m'aident depuis un an maintenant (et que je ne connaissais pas!) ^^ Le Seigneur met des gens formidables sur nos chemins, sachons rendre grâce en tout temps! Maintenant, en route pour la suite ^^
fraternellement
" En vérité je vous le dis, si vous ne retournez à l'état des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. " Mt 18:3

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