La Rose Blanche

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Rolando
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La Rose Blanche

Message non lu par Rolando » sam. 04 sept. 2004, 22:17

Extrait d'un tract de la Rose Blanche
« La famille est aussi vieille que l’humanité, et c’est en partant de cette première forme d’existence communautaire que l’homme raisonnable s’est constitué un état devant avoir pour base la justice, et considérer le bien de tous comme une loi primordiale. »
La famille n’est pas aussi vieille que l’humanité, puisque Adam, qui était homme, a existé avant que ne lui soit donnée une femme.

Mais si nous voulons sauter directement à ce que l’on peut supposer avoir été la situation de l’homme préhistorique, il est en effet vraisemblable que la première forme d’organisation sociale ait été familiale. Mais de là à imaginer dans cette tribu un souci de « justice »… Quelle justice, dans une tribu, à part celle de contenter les éléments dont on ne voudrait pas provoquer la révolte ? Et, en supposant (aussi gratuitement qu’en supposant le contraire) qu’il y ait eu, dans l’organisation familiale primitive, un respect instinctif pour les liens du sang, qui empêchait d’« euthanasier » les inutiles, ou de tuer un parent rival de l’autorité suprême, le bien de « tous » n’était certainement pas celui des autres tribus, car chaque tribu cherchait son propre bien collectif, sans souci de l’obtenir au détriment d’une tribu voisine, si elle avait assez de force pour courir le risque d’une guerre.

Penser que l’unité d’une famille s’harmonise naturellement avec l’unité d’une autre famille est une vision idyllique de la réalité humaine. Il en va des familles comme des individus et des nations : leur intérêt exige souvent le mépris d’un intérêt similaire au-delà du cercle de la solidarité. Il y a des biens que l’on ne peut pas partager, soit parce qu’ils ne sont des biens que dans leur intégrité, soit parce que le nombre de parts rendrait chaque part équivalente d’un néant. Un territoire limité en ressources ne peut pas être indéfiniment peuplé. C’est la raison des guerres et des migrations. Les peuples partent parce qu’ils sont devenus de trop. Leur espoir est de trouver des terres vierges, ou bien peuplées d’humains plus faibles, que l’on pourra réduire en esclavage ou simplement exterminer.

Cette constatation, qui n’est pas contredite par l’histoire biblique, mais plutôt effrontément confirmée (pensons à l’invasion de Canaan par les Israélites), est la base du national-socialisme hitlérien. Cette théorie politique n’a jamais prétendu être humaniste, précisément parce qu’elle récuse la compatibilité entre la prospérité nationale et le respect de l’étranger. Travailler pour le groupe, c’est travailler contre ce qui est au dehors. L’idée de concurrence n’est pas noyée dans un discours moral qui endort l’agressivité des opprimés au profit d’une classe dirigeante qui n’abandonne jamais, elle, son égoïsme corporatif.

Ce que le nazisme dénonçait, c’est l’instrumentalisation de l’humanisme par des familles aristocratiques, liées entre elles par un intérêt financier cosmopolite. Tandis que des dynasties de grands bourgeois Allemands prospéraient en faisant cause commune avec l’étroite solidarité raciale juive, laquelle ne pouvait pas penser d’une manière allemande, puisqu’elle était internationale, le petit peuple allemand, racialement allemand, était plongé dans la misère. Le nazisme reconnaissait donc la force de la cohésion familiale ; mais, à la différence des chantres de l’humanisme, il reconnaissait aussi la rivalité entre familles. Le projet d’un Reich purement allemand était, pour ainsi dire, une super-famille, car il s’agissait d’une solidarité raciale. Ses ingérences dans la famille n’avaient pour but que de débarrasser les familles particulières de leur individualisme anti-nationaliste. Car la grande famille allemande devait primer sur les familles qui la constituaient, afin d’éviter la fragmentation sociale et la faiblesse nationale qui en résulterait.

L’hostilité du nazisme à l’égard du christianisme est celle du pragmatisme politique à l’égard d’un inconditionnel respect des droits de l’homme. Dans une société officiellement humaniste, les droits de l’homme sont piétinés quand le demande la raison d’état. Ils sont piétinés massivement par des mécanismes économiques que l’on prétend incontrôlables. Ils sont piétinés occasionnellement par des entreprises puissantes, qui ont les moyens de le faire en toute discrétion. Le pragmatisme reste la pensée opérationnelle. La vraie pensée des vrais triomphateurs. Mais l’exploitation des faibles est obtenue grâce à leur conviction de participer à un projet collectif MORAL. D’où l’énorme importance d’une culture populaire de la compassion, exactement dans le sens négatif que donnait Nietzsche à ce mot.

Face à une hypostase de l’Homme, le citoyen ordinaire doit être plein d’une douce miséricorde. Mais quand il veut travailler dans une entreprise dynamique, on lui demande d’être un « jeune loup », et l’on voit sa cruauté comme une preuve de talent. S’il rêve d’une révolution, on lui met sous le nez l’horreur morale du communisme et du fascisme. Mais si la nation a besoin de sa violence, si l’Homme divinisé exige qu’il prenne les armes, il ne peut plus être question pour lui d’aimer ses ennemis : son devoir est alors de les écraser.

Ainsi, le rêve d’une famille unie qui deviendrait miraculeusement indispensable à la prospérité d’autres familles unies, prend la relève mythologique de la Chrétienté mondialisée, de la fraternité universelle maçonnique et de l’hégémonie de la Race Aryenne pour mobiliser les naïfs au service d’une cause élitiste dont ils sont destinés à faire les frais. Le catholicisme politique, comme l’Islam politique, est la roue de secours des spécialistes de l’exploitation de l’homme par l’homme. Quand le laïcisme aura fini de révéler sa vacuité, l’intelligentsia bourgeoise aura encore un retour à la théocratie pour faire avancer les bœufs de sa charrue. Théocratie chrétienne ? Islam ? Un cocktail syncrétiste des deux ?

[align=justify][ Je trouve assez regrettable que vous nous présentiez les thèses nazies sans marquer avec elles la distance qui s'impose. Vous manquez par là au devoir pastoral dont vous vous prévalez. Votre vocation n'est pas de conduire les brebis du Seigneur sur les chemins de perdition. Ceci vous place en infraction avec le réglement de ce forum et me place - comme administrateur - en infraction avec la législation française à laquelle ce forum est soumis. | Christophe ][/align]

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Christophe
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Humanisme chrétien versus Nazisme

Message non lu par Christophe » sam. 04 sept. 2004, 22:37

Bonsoir Père,
Rolando a écrit :La famille n’est pas aussi vieille que l’humanité, puisque Adam, qui était homme, a existé avant que ne lui soit donnée une femme.
"Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa." (Gn 1.27)
Vous croyez à l'historicité de la Genèse biblique ? :blink:
Mais si nous voulons sauter directement à ce que l’on peut supposer avoir été la situation de l’homme préhistorique, il est en effet vraisemblable que la première forme d’organisation sociale ait été familiale. Mais de là à imaginer dans cette tribu un souci de « justice »… Quelle justice, dans une tribu, à part celle de contenter les éléments dont on ne voudrait pas provoquer la révolte ? Et, en supposant (aussi gratuitement qu’en supposant le contraire) qu’il y ait eu, dans l’organisation familiale primitive, un respect instinctif pour les liens du sang, qui empêchait d’« euthanasier » les inutiles, ou de tuer un parent rival de l’autorité suprême, le bien de « tous » n’était certainement pas celui des autres tribus, car chaque tribu cherchait son propre bien collectif, sans souci de l’obtenir au détriment d’une tribu voisine, si elle avait assez de force pour courir le risque d’une guerre.
Puis l'homme inventa la Civilisation ? :doh:
Il semble que vous confondiez le bien (concept moral) et l'intérêt (concept utilitariste).
Penser que l’unité d’une famille s’harmonise naturellement avec l’unité d’une autre famille est une vision idyllique de la réalité humaine. Il en va des familles comme des individus et des nations : leur intérêt exige souvent le mépris d’un intérêt similaire au-delà du cercle de la solidarité.
Encore une fois, je crois que vous confondez le bien et l'intérêt.
Dire que les biens des familles s'harmonisent "naturellement" ne signifie pas que cette harmonie se fasse "spontanément". Il y a un malentendu sur le sens de l'expression "naturellement"...
Il y a des biens que l’on ne peut pas partager, soit parce qu’ils ne sont des biens que dans leur intégrité, soit parce que le nombre de parts rendrait chaque part équivalente d’un néant. Un territoire limité en ressources ne peut pas être indéfiniment peuplé. C’est la raison des guerres et des migrations. Les peuples partent parce qu’ils sont devenus de trop. Leur espoir est de trouver des terres vierges, ou bien peuplées d’humains plus faibles, que l’on pourra réduire en esclavage ou simplement exterminer.
Le malthusianisme est une théorie aujourd'hui totalement discréditée. Son discrédit éclabousse toute survivance du concept d' "espace vital".
Cette constatation, qui n’est pas contredite par l’histoire biblique, mais plutôt effrontément confirmée (pensons à l’invasion de Canaan par les Israélites), est la base du national-socialisme hitlérien. Cette théorie politique n’a jamais prétendu être humaniste, précisément parce qu’elle récuse la compatibilité entre la prospérité nationale et le respect de l’étranger.
Et vous, mon Père, qu'en pensez-vous ?
Travailler pour le groupe, c’est travailler contre ce qui est au dehors.
C'est affirmer que non seulement les intérêts des groupes ne sont pas en harmonie, mais qu'en plus ils sont franchement opposés. Très discutable... et pour le coup, invalidé par l'expérience.
(Mais vous rétorquerez que deux groupes qui s'associent n'en forment plus qu'un seul, jusqu'à aboutir à une dualisation du monde : ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous.)
Ce que le nazisme dénonçait, c’est l’instrumentalisation de l’humanisme par des familles aristocratiques, liées entre elles par un intérêt financier cosmopolite. Tandis que des dynasties de grands bourgeois Allemands prospéraient en faisant cause commune avec l’étroite solidarité raciale juive, laquelle ne pouvait pas penser d’une manière allemande, puisqu’elle était internationale, le petit peuple allemand, racialement allemand, était plongé dans la misère. Le nazisme reconnaissait donc la force de la cohésion familiale ; mais, à la différence des chantres de l’humanisme, il reconnaissait aussi la rivalité entre familles.
Vous voulez dire que le nazisme reconnaissait la force de la cohésion nationale (à laquelle il était donné un fondement essentiellement racial) ?
Le projet d’un Reich purement allemand était, pour ainsi dire, une super-famille, car il s’agissait d’une solidarité raciale.
Une nation ( "ein Volk" ), pas une super-famille.
Ses ingérences dans la famille n’avaient pour but que de débarrasser les familles particulières de leur individualisme anti-nationaliste. Car la grande famille allemande devait primer sur les familles qui la constituaient, afin d’éviter la fragmentation sociale et la faiblesse nationale qui en résulterait.
L'anti-familialisme du nazisme se doublait également d'un anti-personnalisme...

Il est tout à fait exact de dire que - opposant la famille à l'Etat, comme l'individu à l'Etat - les totalitarisme ont affirmé la primauté de la collectivité sur l'individuel, jusqu'à la négation de celui-ci.
(Notons que le libéralisme - qui se fonde finalement sur la même anthropologie révolutionnaire : l'opposition du collectif et de l'individuel - fait le choix opposé de privilégier la personne individuelle sur la collectivité.)

Mais parce qu'elles se fondent sur une anthropologie erronée, les idéologies totalitaires comme les idéologies libérales promeuvent toutes les deux un modèle social contre-nature qui - dans la lutte contre la fragmentation sociale qu'elles prétendent éviter - constituent un remède pire que le mal.
L’hostilité du nazisme à l’égard du christianisme est celle du pragmatisme politique à l’égard d’un inconditionnel respect des droits de l’homme.
La realpolitik contre la morale chrétienne ? L'intérêt contre le bien ? Le matérialisme contre le spiritualisme ? L'utilitarisme contre l'eschatologie ? Il y a effectivement de cela.
Dans une société officiellement humaniste, les droits de l’homme sont piétinés quand le demande la raison d’état. Ils sont piétinés massivement par des mécanismes économiques que l’on prétend incontrôlables. Ils sont piétinés occasionnellement par des entreprises puissantes, qui ont les moyens de le faire en toute discrétion. Le pragmatisme reste la pensée opérationnelle. La vraie pensée des vrais triomphateurs.
Peut-être parce que les sociétés "officiellement humanistes" ont - comme toutes les sociétés post-révolutionnaires - rejeté la morale chrétienne au profit d'une morale matérialiste et utilitariste ? Peut-être parce que les sociétés "officiellement humanistes" ont rejeté le fondement de la morale humaniste ?
Mais l’exploitation des faibles est obtenue grâce à leur conviction de participer à un projet collectif MORAL. D’où l’énorme importance d’une culture populaire de la compassion, exactement dans le sens négatif que donnait Nietzsche à ce mot.
Effectivement, c'est très nietzschéen... :roll:
L'exploitation politique de la morale ne disqualifie cependant pas la morale, n'est-ce pas mon Père ? ;-)
Ainsi, le rêve d’une famille unie qui deviendrait miraculeusement indispensable à la prospérité d’autres familles unies, prend la relève mythologique de la Chrétienté mondialisée, de la fraternité universelle maçonnique et de l’hégémonie de la Race Aryenne pour mobiliser les naïfs au service d’une cause élitiste dont ils sont destinés à faire les frais.
J'ai peur d'avoir loupé une étape du raisonnement. :oops:
Au service de quelle cause élitiste "le rêve d'une famille unie" est-il supposé mobiliser les naïfs ?
Si vous n'avez que l'argument "vous croyez servir une cause, mais vous êtes manipulés" pour disqualifier tout idéal - qu'il soit politique ou religieux - c'est un peu juste.
Sauf à sombrer dans le nihilisme nietzchéen. Mais n'est-ce pas votre cas, mon Père ? :twisted:
Le catholicisme politique, comme l’Islam politique, est la roue de secours des spécialistes de l’exploitation de l’homme par l’homme. Quand le laïcisme aura fini de révéler sa vacuité, l’intelligentsia bourgeoise aura encore un retour à la théocratie pour faire avancer les bœufs de sa charrue. Lequel des deux ?
Lequel des deux ? Vous posez la question mais vous connaissez déjà la réponse. ;-)
A moins que ce ne soit une résurgence totalitaire...


Christophe
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« Un chemin sans Dieu »

Message non lu par FMD » dim. 09 janv. 2005, 13:50

[align=justify]Pour compléter ce fil, voici les paroles de Hans Frank, gouverneur nazi de Pologne qui fut l'un des principaux organisateurs de la Shoah, au procès de Nuremberg. Après son arrestation Frank se convertit au catholicisme et fut le seul nazi condamné à mort à aller vers la potence le sourire aux lèvres car il accepta la valeur expiatoire de sa peine bien que la trouvant insuffisante par rapport à l'ampleur de ses crimes. Ses dernières paroles furent « Je demande à Dieu de m'accepter avec miséricorde ».[/align]
Hans Frank a écrit :Mille ans passeront que la culpabilité de l'Allemagne n'aura toujours pas été effacée. Nous portons une responsabilité spirituelle. Au commencement de notre parcours nous ne soupçonnions pas que se détourner de Dieu pourrait avoir des conséquences aussi désastreuses et mortelles. Pourtant en nous détournant de Dieu nous avons été renversés et nous avons péri. Je prie mon peuple de ne pas continuer dans cette direction car le chemin de Hitler était un chemin sans Dieu, un chemin tournant le dos au Christ et en définitive, un chemin de mort.

Charles
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Sophie Scholl et la Rose Blanche

Message non lu par Charles » jeu. 29 mars 2007, 2:19

La Rose Blanche, un groupe d'étudiants allemands opposés au nazisme, tous chrétiens, composé de Sophie et Hans Scholl, Alexander Schmorel, Christoph Probst, Willi Graf, et leur professeur de philosophie Kurt Huber. Leur histoire est extraordinaire, ils furent arrêtés par la Gestapo en 1943 et exécutés, ils ont donné un témoignage unique de ce que le christianisme peut apporter à l'humanité. Ils furent des agneaux de Dieu, c'est d'eux dont parle ici l'Apocalypse : "Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l'Agneau." (7, 14) Ils auraient résisté de la même façon si leur pays était tombé sous l'emprise du communisme.

[align=center]Image
Sophie Scholl[/align]

"Les quatre premiers tracts de la « Rose blanche » furent rédigés et distribués par Hans Scholl et Alexander Schmorell à l'été 1942, en deux semaines seulement. Les tracts faisaient appel à la « culture chrétienne occidentale » et à la responsabilité de l'«intelligentsia allemande ». Envoyés par la poste, ils étaient surtout destinés à des universitaires parce qu'on voulait mobiliser les intellectuels - professeurs, écrivains, directeurs d'école ou chargés d'enseignement, libraires, médecins -, à Munich et dans ses environs, en plus des restaurateurs, des propriétaires de cafés et d'épiceries." Hans Scholl et Alexander Schmorell utilisaient Goethe, Schiller, Novalis, la Bible mais aussi Lao-Tseu et Aristote. "Le tirage était encore très restreint - guère plus de 100 exemplaires chaque fois et les tracts se terminaient par un appel à les faire circuler."

La Rose Blanche :

[align=center]Image
Sophie Scholl (Protestante)

Image
Hans Scholl (Protestant)

Image
Alexander Schmorell (Orthodoxe)

Image
Christoph Probst (Catéchumène)

Image
Willi Graf (Catholique)[/align]

Les tracts :

- Conclusion du premier tract (1942) :

" Goethe écrit (Le Réveil d’Epiménide, acte deux, scène quatre) :

Ce qui émerge de l’abîme
peut prendre forme violente,
et conquérir la moitié du monde :
à l’abîme le mal retourne.
Déjà règne la peur,
les despotes sont perdus.
Et tous ceux qui dépendent de la force mauvaise
doivent aussi connaître la mort.
L’heure est venue où je retrouve
mes amis assemblés dans la nuit
pour le silence sans sommeil,
et le beau mot de liberté,
on le murmure, on le bredouille,
jusqu’à la nouveauté inouïe :
sur les degrés de notre temple
nous le crions dans un nouvel enthousiasme :
Liberté ! Liberté ! "

- Premières lignes du second tract :

" On ne peut pas discuter du nazisme, ni s’opposer à lui par une démarche de l’esprit, car il n’a rien d’une doctrine spirituelle. Il est faux de parler d’une conception du monde nationale-socialiste parce que, si une telle conception existait, on devrait essayer de l’établir par des moyens d’ordre intellectuel. La réalité est différente. Cette doctrine, et le mouvement qu’elle suscita, étaient, dès leurs prémices, basés avant tout sur une duperie collective, et donc pourris de l’intérieur ; seul le mensonge permanent en assurait la durée. C’est ainsi que Hitler, dans une ancienne édition de " son " livre, — l’ouvrage écrit en allemand le plus laid qu’on puisse lire, et qu’un peuple dit de poètes et de penseurs a pris pour bible ! — définit en ces termes sa règle de conduite : " On ne peut pas s’imaginer à quel point il faut tromper un peuple pour le gouverner. " Cette gangrène, qui allait atteindre toute la nation, n’a pas été totalement décelée dès son apparition, les meilleures forces du pays s’employant alors à la limiter. Mais bientôt elle s’amplifia et finalement, par l’effet d’une corruption générale, triompha. L’abcès creva, empuantissant le corps entier. Les anciens opposants se cachèrent, l’élite allemande se tint dans l’ombre.

Et maintenant, la fin est proche. Il s’agit de se reconnaître les uns les autres, de s’expliquer clairement d’hommes à hommes ; d’avoir ce seul impératif présent à l’esprit ; de ne s’accorder aucun repos avant que tout Allemand ne soit persuadé de l’absolue nécessité de la lutte contre ce régime. "

- Premières lignes du troisième tract :

" Salus publica suprema lex

Toute conception idéale de l’état est utopie. Un état ne peut être édifié de façon purement théorique ; il doit se développer et arriver à maturité comme un individu. Il ne faut cependant pas oublier qu’à la naissance de chaque civilisation préexiste une forme de l’état. La famille est aussi vieille que l’humanité, et c’est en partant de cette première forme d’existence communautaire que l’homme raisonnable s’est constitué un état devant avoir pour base la justice, et considérer le bien de tous comme une loi primordiale. L’ordre politique doit présenter une analogie avec l’ordre divin, et la " civitas dei " est le modèle absolu dont il lui faut, en définitive, se rapprocher. Nous ne voulons émettre ici aucun jugement sur les différentes constitutions possibles : démocratie, monarchie constitutionnelle, royauté, etc. Ceci seulement sera mis en relief : chaque homme a le droit de vivre dans une société juste, qui assure la liberté des individus comme le bien de la communauté. Car Dieu désire que l’homme tende à son but naturel, libre et indépendant à l’intérieur d’une existence et d’un développement communautaires ; qu’il cherche à atteindre son bonheur terrestre par ses propres forces, ses aptitudes originales.

Notre " état " actuel est la dictature du mal. On me répond peut-être : " Nous le savons depuis longtemps, que sert-il d’en reparler ? " Mais alors, pourquoi ne vous soulevez-vous pas, et comment tolérez-vous que ces dictateurs, peu à peu, suppriment tous vos droits, jusqu’au jour où il ne restera rien qu’une organisation étatique mécanisée dirigée par des criminels et des salopards. Êtes-vous à ce point abrutis pour oublier que ce n’est pas seulement votre droit, mais aussi votre devoir social, de renverser ce système politique ? "

- Extrait du quatrième tract :

"Le sang coulera en Europe, jusqu’à ce que les nations prennent conscience de leur effroyable démence et que les peuples, touchés, et comme adoucis par la sainteté de la musique, s’approchent des autels anciens, apprennent les travaux pacifiques et commencent, sur les champs de bataille fumants, à célébrer la paix. Seule la religion peut réveiller la conscience de l’Europe et assurer le droit des peuples ; installer sur terre, dans une splendeur nouvelle, la chrétienté, occupée seulement à préserver la paix ».

Nous indiquons expressément que la Rose Blanche n’est à la solde d’aucune puissance étrangère. Nous savons que le pouvoir national-socialiste doit être détruit par les armes ; mais le renouveau de cet esprit allemand si dégénéré, nous l’escomptons d’abord de l’intérieur. Ce réveil doit précéder l’exacte reconnaissance de toutes les fautes dont s’est chargé notre peuple ; il doit également précéder le combat contre Hitler et ses innombrables acolytes, membres du parti, et autres traîtres. Aucune peine sur terre, si grande soit-elle, ne pourra être prononcée contre Hitler et ses partisans. Une fois la guerre finie, il faudra, par souci de l’avenir, châtier durement les coupables pour ôter à quiconque l’envie de ne recommencer jamais une pareille aventure."

- Extraits du sixième et dernier tract (18 février 1943) :

"Etudiants! Etudiantes!

La défaite de Stalingrad a jeté notre peuple dans la stupeur. La vie de trois cent mille Allemands, voilà ce qu'a coûté la stratégie géniale de ce soldat de deuxième classe promu général des armées. Führer, nous te remercions!

Le peuple allemand s'inquiète : allons-nous continuer de confier le sort de nos troupes à un dilettante ? Allons-nous sacrifier les dernières forces vives du pays aux plus bas instincts d'hégémonie d'une clique d'hommes de parti ? Jamais plus! Le jour est venu de demander des comptes à la plus exécrable tyrannie que ce peuple ait jamais endurée. Au nom de la jeunesse allemande, nous exigeons de l'Etat d'Adolf Hitler le retour à la liberté personnelle ; nous voulons reprendre possession de ce qui est à nous ; notre pays, prétexte pour nous tromper si honteusement, nous appartient.(...)

Il n'est pour nous qu'un impératif : lutter contre la dictature! Quittons les rangs de ce parti nazi, où l'on veut empêcher toute expression de notre pensée politique. Désertons les amphithéâtres où paradent les chefs et les sous-chefs S.S., les flagorneurs et les arrivistes. Nous réclamons une science non truquée, et la liberté authentique de l'esprit. Aucune menace ne peut nous faire peur, et certes pas la fermeture de nos Ecoles Supérieures. Le combat de chacun d'entre nous a pour enjeu notre liberté, et notre honneur de citoyen conscient de sa responsabilité sociale.(...)

Etudiants, Etudiantes! Le peuple allemand a les yeux fixés sur nous! Il attend de nous comme en 1813, le renversement de Napoléon, en 1943, celui de la terreur nazie. (...)

Nous nous dressons contre l'asservissement de l'Europe par le National-Socialisme, dans une affirmation nouvelle de liberté et d'honneur."

Livre (à lire absolument) : La Rose blanche, six allemands contre le nazisme - Inge Scholl - Editions de Minuit

Vidéo (à voir absolument) : http://www.youtube.com/watch?v=2bIKyZamZvs (Extraits du film "La Rose Blanche")

Liens :

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/pag ... dPage=2557

http://jm.saliege.com/sophiescholl.htm

http://www.herodote.net/dossiers/evenem ... r=19430222

http://www.sophiescholl-derfilm.de/

http://resistanceallemande.online.fr/ro ... lanche.htm

http://www.ac-nantes.fr:8080/peda/disc/ ... seblan.htm

http://hypo.ge-dip.etat-ge.ch/www/cliot ... anche.html


[align=center]Image
Sophie Scholl

Image
La Rose Blanche avec à droite Kurt Huber (catholique), le professeur de Philosophie.[/align]
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Message non lu par Charles » jeu. 29 mars 2007, 3:54

Si l'Europe se livre aujourd'hui à l'avortement, au suicide, à l'eugénisme, au rejet des handicapés, à l'euthanasie, aux manipulations sur les embryons, à toutes ces horreurs, c'est qu'il lui manque les enfants qu'auraient eu Sophie, Hans, Christoph, Alexander et Willi. La crème de l'Europe nous a été prise par les nazis et les communistes, deux générations absentes et nous en sommes arrivés au Comité d'Ethique. Au fond, la barbarie nazie, les totalitarismes ont gagné contre l'Europe. Et le nihilisme libéral n'avait plus règner sur ce champ de ruines...
Dernière modification par Charles le jeu. 29 mars 2007, 6:44, modifié 5 fois.

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Message non lu par Charles » jeu. 29 mars 2007, 4:26

[align=center]Image
Hans, Sophie et Christoph

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Hans et Sophie

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Hans

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Sophie

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Les six de la Rose Blanche

"Now the day has come,
We are forsaken,
There's no time anymore.
Life will pass us by,
We are forsaken,
We're the last of our kind.
"

:heart: [/align]

Benoit Douville
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Message non lu par Benoit Douville » sam. 14 avr. 2007, 17:31

Charles,

Excellent article sur ce film. Je n'ai pas encore vue le film malheureusement mais j'ai bien hâte de le voir. J'ai beaucoup de respect pour Sophie Scholl et son groupe d'étudiant qui ont combattu le Nazisme farouchement.

Salutations

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Message non lu par VexillumRegis » sam. 14 avr. 2007, 20:53

[align=justify]J'ai vu le film il y a quelques jours. C'est une très belle oeuvre, très émouvante. L'interprétation est excellente. Je le conseille vivement à ceux qui ne l'auraient pas encore vu.

In Christo,

- VR -[/align]

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Message non lu par Boris » dim. 15 avr. 2007, 20:49

Il faut également lire le signe de piste du même non.

C'est impressionnant.
UdP,
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Re: Mgr Léonard succède au Cardinal Danneels

Message non lu par Fée Violine » lun. 10 mai 2010, 21:59

le gyrovague a écrit : je vous félicite de rendre hommage, par la photo de votre avatar, aux jeunes membres catholiques du réseau de résistance: "la rose blanche" et plus particulièrement à Sophie Scholl, qui furent tous décapités à la hache et qui furent l'honneur de la résistance catholique allemande au nazisme comme le fût le capitaine Honoré d'Estienne d'Orves en France.
Petite remarque : Hans et Sophie Scholl étaient proches du catholicisme, mais ils étaient protestants.

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Re: Mgr Léonard succède au Cardinal Danneels

Message non lu par Théophane » lun. 21 juin 2010, 13:44

Dans le film Sophie Scholl - Die letzten Tage, la jeune résistante donne, face au nazisme, le très beau témoignage d'une personne qui croit en un Dieu aimant et miséricordieux.
En revanche, même si ce détail est assez répugnant, c'est par la guillotine que Sophie a été exécutée.
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
Bienheureux Álvaro del Portillo (1914-1994)

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Re: Mgr Léonard succède au Cardinal Danneels

Message non lu par Théophane » lun. 21 juin 2010, 15:34

C'est en tout cas ainsi que le film présente sa mort. La guillotine était l'un des instruments utilisés par les nazis pour exécuter leurs opposants.
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
Bienheureux Álvaro del Portillo (1914-1994)

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Fée Violine
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La Rose Blanche

Message non lu par Fée Violine » dim. 03 mars 2013, 0:18

Charles a écrit :Si l'Europe se livre aujourd'hui à l'avortement, au suicide, à l'eugénisme, au rejet des handicapés, à l'euthanasie, aux manipulations sur les embryons, à toutes ces horreurs, c'est qu'il lui manque les enfants qu'auraient eu Sophie, Hans, Christoph, Alexander et Willi. La crème de l'Europe nous a été prise par les nazis et les communistes, deux générations absentes et nous en sommes arrivés au Comité d'Ethique. Au fond, la barbarie nazie, les totalitarismes ont gagné contre l'Europe. Et le nihilisme libéral n'avait plus règner sur ce champ de ruines...
...Je tombe sur cet ancien message de Charles...
Et je serais assez de cet avis...

Un proverbe ironique dit que "les cimetières sont pleins de gens indispensables", mais c'est pourtant vrai que si on massacre les élites, elles manquent ensuite cruellement...

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Re: La Rose Blanche

Message non lu par Longin » dim. 03 mars 2013, 6:44

Fée Violine a écrit :Un proverbe ironique dit que "les cimetières sont pleins de gens indispensables", mais c'est pourtant vrai que si on massacre les élites, elles manquent ensuite cruellement...
Bonjour Fée Violine,
Je pense que vous pouvez remonter encore le temps. Plus que la 2ème Guerre Mondiale, la Grande Guerre a été le tombeau des intellectuels : le monument aux morts de la rue d’Ulm compte 239 noms ! Le point origine est donc 14-18, 39-45 n’ayant été que la « touche finale » à ce grand massacre (cela est surtout vrai pour la France, j'en conviens).
« Tu es mal à l’aise, tu soupires, ton mal te blesse, tu n’arrives pas à te débarrasser de ta haine. Espère en Dieu, c’est le médecin. » Césaire d’Arles.

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Re: La Rose Blanche

Message non lu par Fée Violine » dim. 03 mars 2013, 15:53

Oh oui, et pas seulement les intellectuels, car les élites sont aussi d'ordre moral, spirituel, technique et autres.
Et pas seulement la France.

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