Maintenant, quand on imagine une Eglise où cohabitent des styles aussi différents que, disons, la liturgie telle que pratiquée dans la Forme Extraordinaire du Rite Romain ou encore la liturgie de tradition slavonne (et de façon générale les liturgies orientales traditionnelles quand elles n'ont pas subi de modernisation sous influence post-conciliaire, ce qui est malheureusement arrivé à certaines), et d'autre part le style évangélique où ça bouge, avec de la musique de djeunz, des vêtements quelconques, etc...
La question qu'il faut se poser est: que signifie la liturgie, et ces styles sont-ils tous compatibles avec le sens de la liturgie?
Les textes de l'Eglise n'ont jamais présenté la liturgie comme des "fioritures" ou des choses qu'on peut relativiser. Si Vatican II a consacré sa première constitution dogmatique à la liturgie, présentée comme "sommet et source de la vie de l'Eglise", c'est que la question n'est certainement pas relative ou négligeable.
Je cite la dite constitution:
Il faut se souvenir que dans l'Eucharistie, nous rencontrons le Christ, nous rencontrons l'Epoux dans la chambre nuptiale... Est-ce-qu'une ambiance boîte de nuit convient à une chambre nuptiale?la liturgie, par laquelle, surtout dans le divin sacrifice de l’Eucharistie, « s’exerce l’œuvre de notre rédemption [1] », contribue au plus haut point à ce que les fidèles, en la vivant, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église.
L'Eucharistie, c'est aussi le Christ qui entre une fois pour toutes dans le Saint des Saints, le Grand Prêtre venu en traversant "un tabernacle plus grand et plus parfait" (cf l'Epître aux Hébreux lue aujourd'hui dans la FERM).
La liturgie eucharistique doit nous amener au Christ, elle doit être tout entier tournée vers Lui, et d'abord et avant tout, le don céleste, pur et brûlant, que sont les Saintes Espèces consacrées, doit être traité avec toutes les précautions et tout le respect qui se doit, là où la liturgie moderniste le néglige et ne rend pas grâce au Mystère qui est rendu présent par le prêtre. Elle est trop souvent l'autocélébration de l'assemblée tournée sur elle-même, la recherche du spectacle et du plaisir purement temporel (musiques modernes, refus de se laisser former par des liturgies qui peuvent apparaître longues et monotones au début, choses qui disparaissent au fur et à mesure qu'on rentre dans la vie liturgique et la rencontre avec l'Epoux...)
En ce qui concerne les liturgies des premiers chrétiens, c'est d'autant plus facile de dire n'importe quoi dessus qu'on n'a que très peu de sources. Pourtant, là où on a commencé à en avoir beaucoup, je constate que les liturgies duraient plutôt 4h (la liturgie de la cathédrale d'Hippône sous Saint Augustin, ou plus à l'Est celle que Saint Basile est réputé avoir ramenée de 4 à 3h, etc...). Que les Espèces consacrées étaient toujours présentées comme un charbon ardent apporté par les Anges... Plus la discipline de l'arcane, l'interdiction d'assister au Sacrifice pour qui n'est pas autorisé à communier, n'est pas en état d'être convié au repas des Noces de l'Agneau, n'est pas dès maintenant revêtu de l'habit de noces.
Même si tout n'était peut-être pas encore aussi codifié que par la suite, les textes étaient transmis de génération en génération, et il n'y a vraiment rien qui permette de penser que ces premières liturgies se faisaient dans l'ambiance désinvolte, le minimalisme et l'atmosphère de n'importe quoi qui règne trop souvent aujourd'hui.
In Xto,
archi.