Cinci a écrit :C'est vrai que l'expression «lutter contre» n'apparaît pas dans la citation d'origine. Vous avez raison. Possiblement que françois67 aura voulu faire un raccourci en l'employant.
Mais le texte original en revanche ne laisserait pas grand doute sur le fait que le fondateur de l'Opus Dei ne semblait pas trouver ''très bon'' une sorte de cléricalisme étroit ou obtus. Il suffit de songer à notre présent pape qui se fâchait hier, en guise d'exemple, contre des prêtres d'Argentine capables de refuser le baptême à des enfants nés hors mariage (excès de zèle = cléricalisme étroit). Ainsi, françois67 ne trahissait pas tellement l'idée général en s'exprimant comme il le faisait, je pense. Pour avoir lu ce qu'écrivait françois67 à différents endroits, je n'ai jamais vu non plus qu'il devrait soutenir un quelconque programme anti-clérical digne de radicaux-socialiste de 1905 (!) Il semble qu'il penche plutôt dans le sens de l'idée d'un Bernanos comme je disais (lequel se permettait bien de critiquer certains ecclésiastiques en effet).
Il y a certainement eu un certain cléricalisme (et même un cléricalisme certain), en partie lié au statut considéré comme "supérieur" de l'état ecclésial, et qui a parfois conduit à des caricatures, du genre les clercs "Eglise enseignante" commandent et les fidèles "Eglise enseignée" doivent leur obéir docilement (et comme, souvent selon les mêmes, les clercs doivent obéir docilement au Pape, ça ne laisse plus beaucoup de gens pour prendre leurs responsabilités dans la vie et le fonctionnement de l'Eglise.
).
Il y a eu beaucoup de mauvaises choses faites après le Concile, mais j'ai quand même l'impression que les laïcs modernes sont beaucoup plus prêts à prendre leurs responsabilités, peut-être est-ce inévitable dans un monde où l'Eglise ne réside plus sur des bases confortables, avec un clergé bien fourni, de bonnes ressources financières qui lui permettent de maintenir un "régime de croisière" peut-être trop tranquille.
On peut aussi ajouter tout un système d'honneurs, de distinction, de titres avec autorisation de porter tel ou tel vêtement distinctif, qui a largement disparu, et je pense que c'est une bonne chose, bien que ça n'empêche pas les clercs ambitieux et carriéristes de rester ambitieux et carriéristes...
Maintenant, ce qu'on constate aujourd'hui, en tous cas dans les pays occidentaux, que le clergé et le clergé bis constitué par certains laïcs "engagés" a tendance à tourner dans son monde bien à lui, en ignorant la réalité de l'Eglise, en constatant la baisse des effectifs mais en étant incapables de reconnaître la stérilité pourtant absolument complète (on peut difficilement faire pire) de leurs méthodes "pastorales". Et ce même clergé continue de faire preuve d'un grand cléricalisme et de faire état de leur autorité (c'est bien le seul moment d'ailleurs) quand on les critique.
A ce titre, il n'est certainement pas mauvais de les rappeler à leurs responsabilités. Le discours de François sur l'Eglise qui doit "sortir de ses bastions" le permettra-t-il? J'en doute, d'une part parce qu'ils sont persuadés de faire de la "pastorale", d'autre part parce que l'Eglise qui sort de ses bastions, c'est précisément le genre de slogans qui pullulait à l'époque conciliaire dont ils ont hérité. Je doute donc qu'ils se sentent visés.
Par contre, on devrait leur mettre le nez devant leurs résultats terrifiants, devant le manque de foi de beaucoup aussi. Vous vous croyez prêtre et vous ne croyez pas à la Résurrection? Vous vous croyez "pastoral" et sur 100 enfants passés par votre catéchisme, aucun ne reste pratiquant 5 ans après?
Si le nouveau Pape arrive à faire cette critique et à ce qu'elle porte, bravo.
Le problème des slogans simplistes style "ce qu'il faut c'est lutter contre le cléricalisme et l'Eglise officielle", c'est que vouloir faire la Révolution et tout casser n'a jamais laissé que des ruines, des régimes encore plus corrompus que le régime précédent, et jeter les bébés avec l'eau de leurs bains. On a essayé à l'époque du Concile, on voit le résultat...
Quelque part, on doit bien partir de ce qu'on a et faire un travail de restaurateur prudent, pas un travail de démolisseur. C'est facile de tout raser, beaucoup plus de reconstruire de zéro.
Ce qui manque sans doute le plus dans l'Eglise catholique, c'est ce que les orthodoxes appellent (j'utilise le terme russe) "sobornost", et qu'on traduit bien imparfaitement par "conciliarité", l'idée que tous les membres de l'Eglise participent activement à la vie de celle-ci, et que la vie de celle-ci est le résultat de l'action et de la prière de tous les membres et de leurs interactions, qu'on ne peut borner par aucune règle stricte (j'espère que j'expose correctement ce que j'en ai retenu
). Le catholicisme des temps modernes avec sa hiérarchie hyper-centralisée, son opposition Eglise enseignante - Eglise enseignée, la perte de la pratique des conciles locaux et généraux, et finalement la réduction, pratique et même souvent dans les discours, de l'Eglise à la personne du Pape, a vu sa
sobornost réduite à peu de choses. Et elle l'a payé extrêmement cher dans les années 60.
Je pense que c'est beaucoup cette
sobornost qu'il faut travailler, et pas du simple travail de démolition, plus facile mais tellement improductif...
In Xto,
archi.