Dans ce genre de débats, ce qui devrait trancher, c'est "ce qui a été cru (et pratiqué) toujours, partout et par tous", et qui est donc normatif. Sinon, on risque de faire prévaloir ses propres idées, peut-être pas fausses mais qui ne font pas le tour de la question, à l'encontre de la nature même de la messe.Cinci a écrit :Je cite :
- «... en quatre siècles, les discussions n'ont jamais cessé. La première a porté sur l'organisation du lieu. Loin d'être une pure querelle esthétique, elle met en cause la définition même de la messe. Ouvrir les choeurs et imposer le tabernacle traduisent une volonté de visibilité de l'office, le souci d'y faire participer les fidèles et le désir d'exalter l'acte de consécration. Au XVIIe siècle, jansénistes, nostalgiques et mystiques mènent une résistance acharnée contre toute transformation. [...] Le second sujet de dispute porte sur la possibilité de célébrer n'importe où. Derrière les différences pastorales, se dissimule un débat né de la vision aristotélicienne du lieu : se définit-il par ce qui est en lui ou inversement ? la messe existe-t-elle parce qu'il y a une assemblée, quel que soit l'espace ou a-t-elle besoin d'un édifice particulier ? le fidèle doit-il s'inscrire dans l'espace fini d'un édifice sanctifié ou un espace rituel infini peut-il exister dans la nature ? En fait, il ne devrait pas y avoir d'affrontements d'idées. [...] Maurice Barrès, dans La colline inspirée (1913), montre que les deux tendances animent le chrétien : la chapelle et la prairie. L'une affirme : «Je suis l'esprit de la terre et des ancêtres les plus lointains, la liberté, l'inspiration.» L'autre lui répond : «Je suis la règle, l'autorité, le lieu.» Le dialogue entre les deux espaces à la fin du roman traduit la tension entre l'obligation de s'enfermer dans un cadre parfaitement ordonné et le désir d'y vivre une foi hors de toute contrainte. Il n'y a pas affrontement entre les deux, mais une indissociable complémentarité.»
Le lieu de la messe est-il indifférent? Non, il est difficile de retrouver dans l'histoire de l'Eglise les traces d'une célébration "n'importe où". Il y a eu des cas de nécessité, il y a eu des variations, avec par exemple la célébration sur les tombeaux des martyrs - mais ces tombeaux étaient tout sauf des lieux quelconques, puisque les tombes des martyrs, ainsi que les reliques des saints, sont des lieux de présence de l'Esprit Saint.
L'ouverture des choeurs et du tabernacle à tout va pour la visibilité de l'office est-il conforme à ce que l'Eglise a toujours fait? Force est de constater que ce n'est pas le cas. Le rideau du sanctuaire (devenu iconostase "en dur" chez les byzantins, et mur chez les coptes) est une pratique qu'on retrouvait dans tous les rites catholiques, dont le lien avec l'architecture sacrée du Temple de Jérusalem est évident. Dans ce qu'on sait de la liturgie des origines, on ne sait pas s'il y avait une telle séparation, mais on sait que les catéchumènes étaient expulsée avant la consécration eucharistique. Soit dit en passant, il me semble que l'ouverture "tridentine" du sanctuaire a conduit tout droit à sa profanation "post-conciliaire" qu'on voit aujourd'hui dans la liturgie moderne, où la notion de sanctuaire est oubliée.
Vous me donnez envie de relire ce que dit ce bouquin (c'est un bon livre) à propos de ce sujet précis.
In Xto,
archi.