Le Jeûne et les Quatre-Temps

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Harfang
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Le Jeûne et les Quatre-Temps

Message non lu par Harfang » mar. 29 sept. 2009, 15:11

Bonjour !


J'ai vu dans mon missel que dans le propre du temps sont qualifiés de Quatre-Temps d'automne les jours de Mercredi jusqu'à Samedi. Qu'est-ce que cela signifie ? Doit-on aller à la messe durant ces jours là ? Et surtout faut-il jeûner jusqu'à Dimanche, si oui jusqu'à quel âge en sommes nous dispensé ? Merci d'avance.

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Re: Les Quatres-Temps.

Message non lu par papillon » mar. 29 sept. 2009, 17:36

Bonjour Harfang,
d'après ce que j'ai pu trouver, les Quatre-Temps sont constitués de quatre semaines par année, soit une semaine par trimestre (par saison).
Dans chacune de ces semaines, trois jours sont consacrés au jeûne: le mercredi, le vendredi et le samedi. Mais il semble que la pratique du jeûne se soit perdue au fil des siècles.
D'ailleurs, si la célébration des Quatre-Temps semble toujours inscrite à l'ordre du jour, je ne sais pas si cela se reflète dans la pratique. Bien que j'aie été élevée dans la foi catholique, c'est la première fois que j'en entends parler....Je suppose que dans un monde où beaucoup de 'catholiques' ne vont plus à la messe que deux fois par année (Noël et Pâques), l'Eglise a d'autres chats à fouetter...
Bref, je n'ai pas grand'chose à vous en dire, et quelqu'un de plus éclairé que moi saura sûrement vous informer.
Bonne journée!

Virgile
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Re: Les Quatres-Temps.

Message non lu par Virgile » mar. 29 sept. 2009, 23:28

Bonjour cher Harfang et cher Papillon,

en ce qui concerne les Quatre-Temps, vous trouverez une brève présentation ici:
http://www.ceremoniaire.net/guide/avent ... temps.html

Amicalement.
Virgile.

Gerald
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Re: Les Quatres-Temps.

Message non lu par Gerald » mar. 29 sept. 2009, 23:53

Les traditionalistes (enfin certains) les observent encore. Il y a une explication extraite du catéchisme des fêtes de l'abbé Meusy (1774) sur le site de la schola Sainte Cécile.

Le site n'est pas accessible actuellement, je recopie donc le cache google :

Demande. Qu’est-ce que les Quatre-Temps ?
Réponse. Ce sont des jours de jeûne que l’Eglise ordonne de trois mois en trois mois les mercredi, vendredi & samedi de la même semaine.
Nota. Ces jours de jeûne sont appelés les Quatre-Temps, parce qu’ils arrivent quatre fois par an.

D. Les Quatre-Temps sont-ils anciens dans l’Eglise ?
R. On croit que ceux de la Pentecôte & ceux du mois de septembre ont été établis par les Apôtres.

D. Pourquoi l’Eglise a-t-elle ordonné le jeûne des Quatre-Temps ?
R. Pour trois raisons principales.

D. Quelle est la première raison qu’a eue l’Eglise en instituant les Quatre-Temps ?
R. C’est afin que les chrétiens sanctifient chaque saison de l’année par la pénitence de quelques jours.
Explication. L’Eglise voit avec douleur ses enfants se souiller par le péché ; ne pouvant les empêcher de se rendre coupables, elle s’empresse de leur fournir les moyens de cesser de l’être ; elle les rappelle à eux-mêmes, elle les engage à la pénitence ; & en les y contraignant, comme elle le fait par ses préceptes, elle leur apprend que la pénitence doit être pour eux un exercice de toute la vie, parce qu’ils sont toujours pécheurs.

D. Quelle est la seconde raison ?
R. C’est pour demander à Dieu de répandre ses bénédictions sur les biens de la terre, & pour le remercier de ceux qu’il nous a déjà accordés.
Explication. Combien de chrétiens qui ne pensent pas plus à remercier Dieu de ses bienfaits, que s’ils ne les tenaient pas de lui ? Serait-ce par l’ingratitude qu’on mériterait de nouvelles grâces ? Combien ne nous en fait-il pas sans cesse ? Je ne parle pas ici des dons surnaturels, je ne parle que des biens temporels que sa bonté nous accorde. C’est sa providence admirable qui nourrit tous les hommes & qui pourvoit à tous leurs besoins ; il est donc bien juste de le remercier & de lui demander de continuer à répandre ses bénédictions sur les biens de la terre ; les Quatre-Temps sont établis pour cette fin.

D. Qu’elle est la troisième raison ?
R. C’est de prier Dieu d’accorder de saints ministres à son Eglise.
Explication. Il y a longtemps que les ordinations des ministres de l’autel sont fixées aux Quatre-Temps : l’Eglise a voulu intéresser tous les fidèles à prier pour les ordinants, & à demander unaniment à Dieu de saints ministres qui concourent également à sa gloire & au salut des âmes. Tout le monde y est intéressé, parce que le salut ou la réprobation des chrétiens dépendent du succès du ministère des prêtres.

D. Que doit-on faire pendant les Quatre-Temps pour entrer dans l’esprit de l’Eglise ?
R. Il faut se renouveler dans l’esprit de pénitence, remercier Dieu des biens temporels qu’il nous a accordés, & former la résolution d’en faire un saint usage.

D. Que doit-on faire particulièrement les samedis des Quatre-Temps ?
R. Il faut faire quelques œuvres de piété pour ceux qui reçoivent les saints ordres.

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Ayla
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Les temps de pénitence (le jeûne et l'abstinence)

Message non lu par Ayla » mer. 21 juil. 2010, 19:40

Bonjour à tous,

Je me demandais si les catholiques pratiquaient encore aujourd'hui le jeûne des Quatre-temps, le jeûne des vigiles et le jeûne de l'Avent.

L'église universelle prescrit l'abstinence et le jeûne pour le mercredi des cendres, le vendredi saint et tous les vendredis de l'année.

Qu'en pensez-vous?
Quelle est votre pratique?

Merci de m'éclairer une nouvelle fois,

Bien à vous,

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PaxetBonum
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Re: Les temps de Pénitence (le jeune et l'abstinence)

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 22 juil. 2010, 12:21

Pour ce qui me concerne j'essaye tant bien que mal d'observer :

- l'abstinence les vendredi
- le jeûne pendant l'Avent
- le jeûne du Carême (plus marqué le mercredi des cendres et le vendredi saint)
- le jeûne en vigile de certaines fêtes qui me sont chères (certains saints)
- le jeûne pour certaines occasions, prières particulières

Pour les Quatre Temps qui étaient liés aux saisons, je dois dire que je ne pratique pas du tout…

Je suis loin du grand jeûne monastique, qui sauf erreur de ma part débute à l'Avent et se termine à Pâques, non ?
Pax et Bonum !
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Ayla
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Re: Les temps de Pénitence (le jeune et l'abstinence)

Message non lu par Ayla » ven. 23 juil. 2010, 18:15

Bonjour et merci beaucoup pour votre réponse.

Quelle est la position de l'église par rapport à ces jeûnes (Avent, certains vigiles, Quatre temps) ? Dans mes recherches, j'ai vu que seuls les jeûnes liés au carême (mercredi des cendres, vendredis et vendredi saint) sont prescrits. Pouvez-vous me le confirmer?

Je vous remercie par avance,

Bien à vous,

Harfang
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Re: Les temps de Pénitence (le jeune et l'abstinence)

Message non lu par Harfang » dim. 25 juil. 2010, 0:03

Voici ce qu'en dit le Code de droit canonique :
CHAPITRE II

LES JOURS DE PÉNITENCE



Can. 1249 - Tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon; mais pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s'adonneront d'une manière spéciale à la prière et pratiqueront des oeuvres de piété et de charité, se renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l'abstinence selon les canons suivants.

Can. 1250 - Les jours et temps de pénitence pour l'Église tout entière sont chaque vendredi de toute l'année et le temps du Carême.



Can. 1251 - L'abstinence de viande ou d'une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Évêques, sera observée chaque vendredi de l'année, à moins qu'il ne tombe l'un des jours marqués comme solennité; mais l'abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus Christ.

Can. 1252 - Sont tenus par la loi de l'abstinence, les fidèles qui ont quatorze ans révolus; mais sont liés par la loi du jeûne tous les fidèles majeurs jusqu'à la soixantième année commencée. Les pasteurs d'âmes et les parents veilleront cependant à ce que les jeunes dispensés de la loi du jeûne et de l'abstinence en raison de leur âge soient formés au vrai sens de la pénitence.

Can. 1253 - La conférence des Évêques peut préciser davantage les modalités d'observance du jeûne et de l'abstinence, ainsi que les autres formes de pénitence, surtout les oeuvres de charité et les exercices de piété qui peuvent tenir lieu en tout ou en partie de l'abstinence et du jeûne.

J'ajouterais juste que l'abstinence du vendredi peut désormais être commuée en une autre pénitence, mais il faut toujours marquer d'une pénitence spéciale le vendredi.
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Suliko
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Jeûne

Message non lu par Suliko » dim. 28 juil. 2013, 11:51

Bonjour,

Je me permets de poser une question relative aux périodes de jeûne dans le catholicisme :
Quelles sont les périodes pendant lesquelles il est obligatoire de jeûner? Je sais que nous devons jeûner et nous priver de viande le mercredi des cendres et le vendredi saint et nous priver de viande les vendredis de Carême, mais sincèrement, ce n'est pas grand chose...Le véritable jeûne est-il devenu facultatif dans notre religion? Je suis très perplexe, car lorsque je lis des livres d'histoire, je constate bien que nos ancêtres pratiquaient des jeûnes bien plus exigeants...Pourquoi cette pratique est-elle tombée dans l'oubli? Autrement dit, pourquoi avoir rendu les périodes de jeûne optionnelles? On me rappelle souvent cette parole:
"Et lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme les hypocrites, qui exténuent leur visage, pour faire paraître aux hommes qu'ils jeûnent; en vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage,
afin qu'il ne paraisse pas aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est présent dans le secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
Néanmoins, cela s'applique-t-il également aux périodes de jeûne obligatoire? Comment cacher que l'on jeûne dans une société où le sens du jeûne n'a pas été perdu? Ces paroles ne s'appliquent-elles pas plutôt aux jeûnes facultatifs? (Par exemple, dans certains pays orthodoxes, le jeûne du Carême, de l'Avent, etc...sont très répandus, mais les pratiquants les plus pieux jeûnent également les mercredis et vendredis. Il me semble logique que dans un tel contexte, il est presque impossible de cacher que l'on jeûne, sauf justement ces mercredis et vendredis, et donc que la parole du Christ s'appliquerait plus particulièrement pour ces jeûnes individuels...)

Merci d'avance pour vos réponses.
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Phileas Fogg
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Re: Jeûne

Message non lu par Phileas Fogg » dim. 28 juil. 2013, 17:08

bonjour

Je vous numerise le petit ouvrage d'adalbert de Voguë si vous voulez, les prochains jours.
Il traite du jeûne sous divers aspect, historique, sanitaire, spirituel, etc et de sa pratique contemporaine, comment et pourquoi il a évolué, etc.

Précision rapide : par jeûne on entend au sens canonique le fait de ne faire qu'un repas complet dans la journée.
C'est à dire que les deux autres collations éventuelles ne doivent pas aditionnées faire l'équivalent d'un second repas.
Donc une soustraction quantitative.
En principe le repas complet n'est pas déterminé : ce peut être le petit dej, dejeuner ou diner, selon les circonstances de votre vie. Evidemment de nombreuses exceptions sont prévues, pour les personnes dont la vie requiert un apport nutritionnel : travailleurs de force, enseignants, malades, etc.

Tout cela est détaillé dans tout bon manuel classique c'est pourquoi je vous propose trois reflexions personnelles
quite à reproduire en PdF quelques pages de ces ouvrages si besoin. Pafois c'est amusant on parle on gramme, de bouillon de poule, etc. On prenait les lois de l'Eglise au sérieux à l'époque.

1. Le mot jeûne peut recevoir une acception plus souple que celle supra : Adalbert de Voguë remarque que l'on peut assez bien se concilier d'un seul repas par jour. Le critére du jeûne n'est donc plus pour lui la diminution des quantités mais la reduction des prises de nourriture à une seule. De fait cela entrainera une diminution quantitative mais ce n'est pas l'objet premier. Cette conception me plait beaucoup. Notamment car elle permet de tenir sur un long terme.

2. le jeûne n'est pas seulement une question de morale individuelle : s'abstenir de quelque chose, s'imposer une peine.
Mais il aussi une valeur liturgique.
C'est à dire qu'il s'agit de laisser Dieu préparer notre âme à la participation à un mystère. C'est un des moyens que le bon Dieu a institué, selon notre nature, pour rendre notre participation aux mystéres plus fructueuse.

C'est une des réponse à votre citation évaangélique qui invite à ne pas faire valoir son jeûne en public.
En pratiquant le jeûne d'Eglise vous répondez d'abord à une loi de l'église, comme l'on se conforme à une régle saine qui donne la santé, ou à une éthique. la question du caractére démonstratif ne se pose donc pas dans ce contexte, car ce n'est pas vous qui choisissez, mais vous essayez de vivre ce qu'on dit donner la vie.

Deux exemples :

- les vigiles sont des jours de pénitence, et donc courament de jeûne. Cela vous reste possible, il suffit de prendre un calendrier ancien : 1962 ou avant et les fêtes avec vigiles seront indiquées.
Ce jeûne a pour fin de nous mettre à disposition de Dieu, dans une dépendance, de nous préparer à recevoir avec fruit les grâces de la fête du lendemain.

- le jeûne eucharistique n'est pas seulement une institution canonique,
ou justifiée par des considérations organiques : éviter de l'hostie ne tombe dans de la nourriture encore présente dans notre estomac,
ou des considérations spirituelles : rester léger avant de se tourner vers Dieu,
mais aussi une institution liturgique, c'est à dire qui fait partie de la célébration. Ainsi dans la discipline ancienne il me semble que ce jeûne était requis y compris pour des hypothéses dans lesquelles la communion n'était pas prévue : ainsi pour la consecration des églises, peut être aussi pour la confirmation je ne sais plus.
Pie XII a permis de le reduire à trois heures avant le début de la Messe, notamment du fait de la permission de dire des Messes au delà de deux heures de l'apres midi, et du fait des circonstances dans les pays de mission.
Rien ne vous empêche de conserver le principe traditionnel du jeûne de minuit la veille sans faire usage des permissions, où d'en rester à celle de trois heures avant la Messe.
A ma connaissance, le fait de réduire le jeune eucharistique à une heure avant la communion, ne se base pas sur des découvertes médicales nouvelles qu'on aurait fait entre les années 1950 et 1970. C'est une des choses dont je ne vois pas du tout la raison qui a fait qu'elle soit étendue comme norme générale et non maintenue comme exception.
Si vous assistez à la Messe le matin matériellement cela ne changera rien dans votre vie, mais dans l'intention il y a quand même quelque chose, le fait de se mettre à disposition de Dieu dès la veille au soir.

La suppression des vigiles, comme la mauvaise explication du jeûne eucharistique participent de la perte du sens liturgique de notre vie, au profit d'une vision subjective de la religion : ma sainteté, mon salut, ma perfection, mes efforts : je regarde ce que je fais pour Dieu, et donc comment je m'articule avec les normes de la société, etc.

De fait le critére de valeur du jeûne n'est pas que cela nous coûte ou qu'il modifie notre état de conscience.
Un jour de jeûne de carême a plus de valeur qu'une mortification infiniment plus lourde que nous déciderions de faire. Durant le carême nous réalisons le fait que nous soyons des membre du corps, qui suivent la tête souffrante qui est le Christ, c'est l'Eglise alors qui donne une valeur à nos efforts.
La liturgie traditionnelle par exemple anticipe le carême par trois semaines : septuagésime, sexagésime, quinquagésime qui permettent aussi de mettre en place ce qu'on veut vivre dans ce carême de sorte de le vivre pleinement après le mercredi des cendres sans se trouver l'esprit pris par des calculs, des essais, le manque, etc.

3. Grand jeûne : les ordres monastiques pratiquaient le grand jeune à partir du 13 septembre, exalatation de la Ste Croix, jusqu'à Pâques. Durant cette période : abstinence : pas de viande et jeûne : un repas complet unique sauf jours de fête. Les Chartreux perpetuent cette discipline, quelles autres régles : je ne sais pas.

4. Un manuel ancien du Tiers Ordre Dominicain ou Franciscain vous donnera des inspirations si vous en cherchez. On mentionne de nos jours souvent le mercredi et vendredi. Les evêques décrétaient aussi des jours de jeûnes et pénitence.

en ce qui me concerne, le jeûne est
- dans un sens large, pas du tout canonique : une disposition de fond qui consiste à favoriser la distanciation avec les piéges du monde : le fait d'avoir connu certaines situations humaines produit le même effet : on se rend compte que beaucoup de choses de notre vie sont du superflu, et tres naturellement on décide de ne pas en faire usage, de ne pas s'habituer à des choses qui ne sont là que pour flatter les sens, qui s'imposent et qui engluent.
Pas du tout donc une mortification qui occuperait l'esprit mais comme la manifestation en matiére alimentaire de ce que notre présence sur la terre soit un passage, que nous soyons fait pour le Ciel.
C'est donc un ensemble de choses concrétes qui seront plus qualifiées de nos jours "régime alimentaire" : essayer de ne pas se soucier du goût des préparations, ne pas dépenser trop dans cette matiére alimentaire, s'abstenir de restaurants, ne pas passer trop de temps à table, ne rien ajouter ni enlever à ce qu'on vous sert, considérer comme naturel qu'on ait à sauter des repas ou qu'on ait à manquer, si on est seul s'en tenir à l'indispensable : pain, protéines animales, vegetaux crus, etc
tout cela est tenu comme jeûne dans la bouche de nos contemporains occidentaux. La plupart de l'humanité serait contente de pouvoir jeûner de cette façon : elle n'en a pas les moyens.
- le jeûne liturgique : vigiles, carêmes, avent, etc.
- Puis la pénitence : le fait de contribuer au rachat de mes péchés et de vivifier le corps du Christ. Mais ce sens est le dernier : la vie contemporaine offre bien plus d'autres duretés à encaisser.

c'est un peu fouillis.
bon dimanche.
ΦΧΦΠ

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Suliko
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Re: Jeûne

Message non lu par Suliko » lun. 29 juil. 2013, 19:19

Je vous remercie pour votre message très riche.

Mais je ne comprends pas comment on a pu à ce point perdre tant de traditions catholiques...Aujourd'hui, on n'enseigne plus vraiment le jeûne aux enfants du catéchisme. En tout cas, quand on le fait, c'est généralement pour insister sur le fait que l'on peut jeûner comme l'on veut. Du coup, on perd le caractère communautaire du jeûne.
Je ne sais même pas si chez les traditionalistes, le jeûne est strictement respecté (?). Jeûnent-ils toujours pendant l'Avent (par exemple)? Depuis quand ce jeûne-ci a-t-il disparu?

Suliko
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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archi
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Re: Jeûne

Message non lu par archi » sam. 03 août 2013, 18:47

Suliko a écrit :Je ne sais même pas si chez les traditionalistes, le jeûne est strictement respecté (?). Jeûnent-ils toujours pendant l'Avent (par exemple)? Depuis quand ce jeûne-ci a-t-il disparu?
A ma connaissance non. Les "tradis" sont soumis au même droit canon que les autres. Le prêtre de ma paroisse annonce toujours "jour de jeûne et d'abstinence obligatoire" au moment des annonces, pour les 2 jours concernés dans l'année, et c'est tout. Après, ce qui est pratiqué par chacun varie probablement suivant les individus.

Peut-être dans les chapelles de la FSSPX, même si théoriquement ils sont soumis au même droit canon, sachant qu'ils préfèrent ouvertement le CIC de 1917 à celui de 1984, ils enseignent autre chose, mais dans ce cas ça restera les règles en vigueur sous Pie XII avec le jeûne eucharistique de 3h et, au mieux, les jours de jeûne prévus au calendrier de 1962 (jeûne des Quatre-temps, vigiles). C'est vrai que par rapport aux 2 jours actuels, ça fait nettement plus (mais ça reste bien loin de ce que ça a été à une époque).

Effectivement, on peut se demander comment on peut mener une véritable vie chrétienne sans jeûner. Ca fait partie des bases, des règles de vie transmises depuis les Apôtres (même si dans le détail les canons varient selon les lieux).

Par contre, je suis confronté à un problème:
Phileas Fogg a écrit :Rien ne vous empêche de conserver le principe traditionnel du jeûne de minuit la veille sans faire usage des permissions, où d'en rester à celle de trois heures avant la Messe.
A ma connaissance, le fait de réduire le jeune eucharistique à une heure avant la communion, ne se base pas sur des découvertes médicales nouvelles qu'on aurait fait entre les années 1950 et 1970. C'est une des choses dont je ne vois pas du tout la raison qui a fait qu'elle soit étendue comme norme générale et non maintenue comme exception
Personnellement, je m'efforce de conserver la règle des 3 heures. Mais voilà, si jamais je ne l'ai pas respecté pour une raison quelconque (réveil tardif, repas commun que je n'ai pas pu avancer par rapport à l'heure de la messe...), dois-je m'abstenir de communier? Dans l'ancien droit canon, c'est clair. Dans le nouveau... rien ne m'y oblige. Dois-je donc me priver de communion (et des grâces associées) de moi-même, au nom d'une préparation insuffisante (qui certes est censée s'opposer aux grâces reçues, mais à quel point), ou bien communier quand même puisque le droit canon m'y autorise en fait?

De même si je tente de respecter un jeûne de vigile ou des Quatre-Temps (discipline que je m'impose de moi-même), et que j'y échoue par faiblesse, est-ce-que je dois m'"auto-sanctionner" en ne communiant pas le lendemain?

L'avantage des règles canoniques en la matière, c'est qu'elles fixent des normes claires à respecter (en plus d'éviter de passer pour un fanatique dérangé dès que les gens ont l'occasion de constater qu'on tente de s'imposer une règle en la matière, j'ai souvent eu cette impression).

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

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Phileas Fogg
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Re: Jeûne

Message non lu par Phileas Fogg » dim. 04 août 2013, 12:12

bonjour

D'abord des excuses : comme le mentionne Archi les quatre-temps auraient dpu être mentionnés.

Pour répondre à la question de savoir ce qui se fait dans le monde tradi, il me semble que le mot exact est plus évocation que transmission.
L'usage de Missels parfois anciens par les fidéles, le fait de savoir que les religieux tiennent ces régles, le fait de voir telle ou telle ceinture qui flotte au fil du carême, l'annonce de reunion des tiers ordres et autres, font que dans ses grands traits le jeûne est connu. Mais je ne crois pas qu'il soit pratiqué sans une motivation personnelle à la racine, c'est à dire que le simple fait de fréquenter une communauté traditionnelle n'aura pas de conséquences, à part peut être le jeûne eucharistique.

Pour répondre à Archi.

le Code en vigueur est celui de 1983, aucun doute là dessus.
Personnellement, je m'efforce de conserver la règle des 3 heures. Mais voilà, si jamais je ne l'ai pas respecté pour une raison quelconque (réveil tardif, repas commun que je n'ai pas pu avancer par rapport à l'heure de la messe...), dois-je m'abstenir de communier?
Réponse : non.
Le code actuel vous permet - disons le clairement - de ne pas faire de jeûne eucharistique sinon que quelques dizaines de minutes, compte tenu que la communion vient aprés une vingtaine de minutes de célébration.
Personnellement je trouve cela abusif mais c'est ainsi.

Les questions morales supposent toujours de prendre en compte la personne : et l'on pourrait imaginer une situation dans laquelle la réponse serait contraire : exemple : si vous avez pris des engagements à suivre la norme de Pie XII, par exemple comme un voeux en choisissant de vous obliger sous peine de péché grave.
Ce qui empécehrait la communion serait alors non d'avoir violé la discipline qui touche l'administration de la communion, mais d'avoir violé une matiére grave : votre voeux.

Il me semble que la question se pose en ces termes pour les sociétes sacerdotales et religieuses. Leur droit propre reprend les normes anciennes.
Mais pour un laïc il n'en va pas ainsi, le choix de la liturgie de 1962 n'emporte pas celui des normes de l'époque.

Ceci dit il me semble, que la perspective qu'indiquait Benoit XVI : de la continuité s'applique aussi en cette matière.
C'est à dire commencer par acquérir une science canonique, au moins sur un point particulier, et comprendre ensuite le Code à la lumière de cette science canonique.
Je le dis sincérement je ne comprend pas comment on peut sortir raisonnablement du principe de minuit la veille et d'envisager trois heures comme une permission, notamment pour les Messes en après midi, qui devraient être du reste, elles aussi tenues pour des permissions : c'est à dire lièe à une circonstance qui le justifie.
Pour la norme de Paul VI je la trouve une anomalie dommageable dont tout esprit sain devrait faire fi. Dans toute les époques il y a eu des erreurs disciplinaires, canoniques, liturgiques, etc
A titre personnel je suis donc dans l'intention de ne pas faire la communion en deçà de trois heures depuis la dernière prise alimentaire, si cela arrivait je ne me confesserai pas d'avoir sacrilégié la communion mais d'accuser le motif qui m'a fait négliger ce que je pense juste : la gourmandise, l'étourderie, la tiédeur, etc.
De même si je tente de respecter un jeûne de vigile ou des Quatre-Temps (discipline que je m'impose de moi-même), et que j'y échoue par faiblesse, est-ce-que je dois m'"auto-sanctionner" en ne communiant pas le lendemain?
même réponse que supra.

Ce qui proscrit la communion chez le sujet est le péché mortel non confessé, l'absence de dispositions, et la lésion de mesures disciplinaires (jeûne eucharistique, pretre idoine, etc) strictement énnoncées.
Les vigiles comme les Quatre temps ne sont plus d'obligation sauf exception.


Précision :
- dans l'église latine la suspension de communion n'est plus usitée comme pénitence. A la différence de certains confesseurs uniates qui vous demandent en pénitence à l'issue de la confession de ne pas communier durant une certaine période.

- la raison de la violation est secondaire : faiblesse ou malice. Le droit s'adresse d'abord à l'extérieur de la personne.
Exemple : si vous arrivez en retard, vous êtes en retard. Le fait d'en être responsable joue un rôle dans l'aspect péccamineux mais non sur la situation dans laquelle vous vous trouvez du fait de votre retard.

pour la discipline de la communion il en va ainsi : si en allant communier vous vous rendez compte que vous manquez d'une disposition requise manque ou avez un obstacle, peut importe que ce manque ou cet obstacle soit volontaire.
S'il empêche de recevoir la communion vous ne devez pas la recevoir.
Par exemple quelqu'un qui en entrant dans l'église pour assister à la Messe aurait sans y penser avalé des dragées offertes sur le parvis par la foule d'un mariage qui vient d'avoir lieu, ne peut faire la communion à la Messe s'il en prend conscience. C'est involontaire, mais il a un obstacle. Dieu lui donnera les mêmes grâces que s'il faisait la communion sacramentelle avec en plus l'humilité, l'amour de l'Eglise, la délicatesse, etc.

Les contraintes médicales sont des exceptions à la discipline notamment de la communion : vous pouvez prendre des médicaments nécéssaires et faire la communion, il faudrait dire plus et être plus compétent pour tout exposer.

bonne journée
ΦΧΦΠ

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Suliko
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Re: Jeûne. Les Quatre-Temps

Message non lu par Suliko » mer. 07 août 2013, 13:10

Bonjour,

Y a-t-il eu dans l'Eglise catholique une pratique aussi intensive du jeûne que dans l'Eglise orthodoxe? Je pense par exemple au carême de la dormition de la Vierge, qui commence dans quelques jours.
Et d'où vient le fait que les orthodoxes se privent aussi de poisson (ainsi que d'huile, de vin et de produits laitiers) la plupart des jours) durant les carêmes? Les catholiques en ont-ils fait autrefois autant?

Auriez-vous une énumération claire des carêmes de l'Eglise catholique à l'époque où ces carêmes étaient encore suivis ainsi que des aliments dont il fallait se priver?

Je vosu remercie!

Suliko
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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archi
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Re: Jeûne

Message non lu par archi » mer. 07 août 2013, 20:28

Phileas Fogg a écrit :- le jeûne eucharistique n'est pas seulement une institution canonique,
ou justifiée par des considérations organiques : éviter de l'hostie ne tombe dans de la nourriture encore présente dans notre estomac,
ou des considérations spirituelles : rester léger avant de se tourner vers Dieu,
mais aussi une institution liturgique, c'est à dire qui fait partie de la célébration. Ainsi dans la discipline ancienne il me semble que ce jeûne était requis y compris pour des hypothéses dans lesquelles la communion n'était pas prévue : ainsi pour la consecration des églises, peut être aussi pour la confirmation je ne sais plus.
Pie XII a permis de le reduire à trois heures avant le début de la Messe, notamment du fait de la permission de dire des Messes au delà de deux heures de l'apres midi, et du fait des circonstances dans les pays de mission.
Rien ne vous empêche de conserver le principe traditionnel du jeûne de minuit la veille sans faire usage des permissions, où d'en rester à celle de trois heures avant la Messe.
A ma connaissance, le fait de réduire le jeune eucharistique à une heure avant la communion, ne se base pas sur des découvertes médicales nouvelles qu'on aurait fait entre les années 1950 et 1970. C'est une des choses dont je ne vois pas du tout la raison qui a fait qu'elle soit étendue comme norme générale et non maintenue comme exception
J'ai essayé de trouver les origines du jeûne eucharistique. Il est au moins attesté depuis Tertullien (fin IIe siècle), et on n'a guère de preuve qu'il y ait un moment où il n'ait pas été en vigueur, à part le passage de St Paul où il reproche à certains de manger et boire à l'église (mais justement, c'est un reproche). Il est pratiqué dans toutes les Eglises particulières. Il ne me semble donc pas exagéré de dire que c'est probablement une discipline d'origine apostolique.

Après, quel en est le sens? Je suis tombé sur ce très intéressant texte du prêtre orthodoxe Alexander Schmemann sur le sujet du jeûne:
http://www.schmemann.org/byhim/fastandliturgy.html
(je n'ai pas trouvé le texte en français).

J'en retiens entre autres la distinction entre les 2 types de jeûne, le jeûne eucharistique, qui est une préparation à la venue du Sauveur dans la messe, qui est un jeûne de l'Eglise réunie dans l'attente du maître, et le jeûne ascétique, qui a un caractère nettement plus individuel, les règles liées aux diverses traditions étant avant tout à considérer comme des guides sûrs.

Et je constate aussi une fois de plus le caractère avant tout mystagogique des rites et règles liturgiques hérités des Pères de l'Eglise, et l'importance de les conserver, voire de les retrouver quand ils ont été perdus. Dans les époques récentes, on a tendance à voir le côté pratique des réglements édictés par l'autorité, on a tendance à oublier ce côté mystagogique.

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

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