Le soucis, c'est que le rituel de la paix n'est pas une réconciliation avec notre frère, mais le partage de la Paix que nous recevons en Jésus. Ce geste n'a donc son sens qu'en tant qu'il est placé dans la liturgie eucharistique, et pas avant.Didymos a écrit :Un temps, sous Benoît XVI, il fut question de déplacer ce rite de la paix au moment de l'offertoire (juste avant l'orate fratres, je suppose), à la fois pour éviter la coïncidence malheureuse de ce remue-ménage avec le silence recueilli de la liturgie eucharistique, et pour mieux correspondre à l'injonction de Jésus :
"Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande."
Je ne connaissais pas l'osculatoire. Mais il me semble qu'un geste simple, rapide, et échangé uniquement avec ses voisins immédiats, suffirait largement. Surtout si le geste part du sanctuaire et de là se propage dans l'église, comme quand on allume les cierges à la veillée pascale.Pour le reste, je confirme que les deux autres moyens d'échanger la paix existent bel et bien. L'objet présenté aux fidèles s'appelle un osculatoire ou un baiser de paix. La façon de recevoir et de transmettre la paix chacun son tour une seule fois, depuis le diacre et les clercs jusqu'au dernier des fidèles est pleine de sens et je l'ai déjà vue pratiquée, c'était à la cathédrale du Puy.
L'idée étant de se donner la paix, pas de partir dans tous les sens : un geste reçu de son voisin de devant, un geste à ses voisins de gauche et de droite, un geste avec son voisin de derrière, et on n'a pas besoin de bouger de sa place.
J'aime que ce geste soit un peu différent des petits gestes du quotidien : je prends la main (ou les deux) de mon voisin dans mes deux mains, au lieu d'une simple poignée de main. C'est d'ailleurs beaucoup plus doux pour les personnes âgées, puisqu'on ne risque pas d'écraser une main rhumatisante.
Pour faire évoluer la pratique sur ce genre de chose, il faut que ça vienne du curé, qui explique le pourquoi du changement avec une catéchèse expliquant le sens du rituel, et en proposant une façon de faire qui explicite ce sens. Si le curé aime faire le tour de la nef pour serrer la main de tout le monde à ce moment là, on ne peut rien y faire.
Je n'oublie pas d'ailleurs que ce geste du célébrant (aller porter lui-même la paix au plus de gens possible) est lui aussi très porteur de sens : il agit bien in persona Christi, et c'est donc le Christ qui vient porter la paix aux fidèles. C'est très beau aussi. Mais malheureusement, tout le monde se croit alors autorisé à faire aussi le tour de la nef, et on perd le sens du sacré.