Théodore a écrit :Je connais le discours de l'Eglise catholique romaine sur le sujet, et je l'admet meme en l'adoucissant et en elargissant le sens du mot "eglise catholique"
Mais, par exemple, je n'ai aucune inquietude pour le salut de mes amis protestants "evangeliques" ; ils ont suffisament d'elements veridiques dans leur foi pour que la remission des peches s'opere par la mediation du Christ ; ils leur manque des outils et des elements de Verite, ils sont en-dehors de l'Eglise visible, mais, je le crois, membres de l'Eglise invisible.
Le fait de ne pas avoir de sacrements en-dehors du baptême (et encore, la validité du baptême de certains évangéliques n'est pas toujours claire) est tout de même un lourd handicap. Comment combattre efficacement notre tendance naturelle au péché - qui nous mènerait tout droit en Enfer si ce n'était par notre réception de la Parole divine - sans le secours des sacrements?
Bien sûr, "celui qui croira et sera baptisé sera sauvé", et les protestants fidèles sont baptisés (lorsque le baptême de la secte protestante à laquelle lis adhèrent n'est pas rendu invalide par leurs excentricités théologiques, p.ex l'unitarisme), donc "s'ils croient", s'ils reçoivent la parole de Dieu, ils seront sauvés. S'ils ne croient pas, le baptême ne les sauvera pas, c'est valable pour n'importe quelle confession.
Reste à s'accorder sur ce que signifie ici "croire", sur ce en quoi consiste la réception de la Parole de Dieu. La doctrine protestante classique, sauf erreur de ma part, y voit simplement un acte de foi unique: j'accepte Jésus-Christ comme mon sauveur, donc Dieu passe l'éponge sur mon statut de pécheur, je suis "justifié" et sauvé.
La doctrine de l'Eglise, au contraire, est que le salut est accompli par la foi ET les oeuvres: il ne suffit pas de se dire "je crois en Jésus-Christ", mais il faut que cet acte de foi implique chez nous une transformation, s'exprimant par des oeuvres chrétiennes de piété, de charité et de prière, et plus généralement un comportement, conformes à l'Evangile (j'espère ne pas déformer cette doctrine!).
Le moins qu'on puisse dire est que nous avons tous du mal (même les grands Saints) à avoir totalement des oeuvres conformes à l'Evangile: notre nature fait que nous continuons sans cesse de pécher, et avons besoin de compenser ce fait par la repentance et la pénitence. La grâce divine, transmise par les sacrements, le sacrement de guérison qu'est la confession, la Sainte Messe qui est le sacrement constitutif de l'Eglise, de l'assemblée des Saints - cette grâce est une aide incontestable dans ce combat. Mais il y a plus.
Comme nous avons du mal à être à la hauteur des promesses de notre baptême, l'Eglise prie et intercède pour nous. L'Eglise, ce sont les autres fidèles, notamment ceux qui ont plus de sainteté que nous (mais pas seulement!), mais aussi les Saints décédés qui sont déjà au Ciel, les "vivants" qui ont échappé à la seconde mort. Le récit évangélique de la guérison du paralytique (Mc 2, 1-12, Mt 9, 1-8, Lc 5, 17-25) - qui, incapable de parvenir de lui-même à l'écoute de la Parole de Dieu à cause de la foule dense, est transporté jusqu'au Christ par les valides qui le descendent par le toit) est un saisissant symbole de l'intercession de l'Eglise. Au passage, plusieurs Pères commentant cet épisode soulignent que le Christ guérit les péchés du paralytique alors qu'il n'est pas en état d'avoir lui-même la foi, mais par la foi de ceux qui le portent, et afin que son âme puisse être guérie et recevoir enfin cette foi.
Donc en tant que membres de l'Eglise, il est de notre devoir à la fois de savoir que l'intercession de l'Eglise nous aidera à demeurer dans cette même Eglise, et de participer à cette même intercession en nous associant à cette assemblée à travers son rite central qui est la Messe. C'est toute la différence entre les Eglises apostoliques et les assemblées protestantes qui ne participent que très imparfaitement à cette fonction (même si ils prient). Et avec les non-chrétiens, qui n'ont jamais pu recevoir directement l'Evangile, je pense, peuvent obtenir également le salut par la prière de l'Eglise (Teano a justement rappelé dans ce fil que Jésus a préché aux Enfers), mais là encore, ils ne peuvent être sauvés que par la foi et l'intercession de l'Eglise.
Evidemment, refuser sciemment de s'associer à l'Eglise, ou refuser sciemment de participer à la mission d'évangélisation de l'Eglise au nom du principe trop souvent entendu selon lequel "le protestant doit s'attacher à être un bon protestant, le musulman un bon musulman, le bouddhiste un bon bouddhiste, et nous ne devons pas chercher à les convertir" c'est un peu comme le valide qui refuse d'aider le paralytique, ou pire qui a accepté la charge de l'aider, mais le laisse tomber dans son coin.
In Xto,
archi.