touriste a écrit :Je voudrais nuancer les affirmations que je lis ici.
Je n'ai lu aucun des livres de monsieur Perrier - je dois l'avouer : je m'en suis tenu à ces interventions sous forme diverses, à ses articles, et à un ouvrage de 70 pages sur l'église primitive glané sur Internet. Je rejoins tout à fait ceux qui critiquent sa manière de faire, à savoir balancer des affirmations non-sourcées, à parler dans un jargon pas toujours compréhensible, et à faire nombres d'erreurs dans ses textes.
1- Je suis intervenu sur un certain nombre de forums sur l’Apôtre Thomas en Chine. Jusqu’à présent, les seuls intervenants qui ont soutenu l’hypothèse de Pierre Perrier avouent n’avoir pas lu ses livres sur ce sujet, mais le plus souvent ont assisté à l’une de ses conférences. Si on ne « creuse » pas sérieusement ses affirmations, on peut être effectivement convaincu par sa bonne foi, impressionné par ses titres scientifiques et son érudition sur l’Eglise des origines, et désarmé par sa gentillesse. Si on étudie ses livres, si on recherche les bases de ses affirmations, on a une toute autre opinion.
Je vous conseille donc de lire ses livres, et en particulier le premier (Thomas fonde l’Eglise en Chine), qui est le plus explicite.
2- « Son jargon pas toujours compréhensible » : dans son premier livre, le style est parfaitement compréhensible.
3- « Ses erreurs dans ses textes » :
Je qualifierais d’erreurs des imprécisions ou des oublis involontaires.
Mais quand Pierre Perrier énonce avec beaucoup de conviction des affirmations contraires à la vérité, et qu’on sait qu’il le sait, ce ne sont pas seulement des erreurs (voir mes précédents messages pour les exemples trop nombreux).
4- Des affirmations non sourcées : on peut comprendre qu’un auteur ne cite pas toutes ses sources, même si c’est le B-A BA de tout historien sérieux. Il est plus difficile d’admettre qu’il ne les cite pas lorsqu’on les lui demande, ou qu’il « oublie » à répétition des sources qui ne vont pas dans son sens. Il est encore plus difficile d’admettre qu’il cite des sources en modifiant leur contenu (voir également des exemples déjà donnés).
touriste a écrit :Pour l'évangélisation de la Chine et les différents livres écrits, il faut garder à l’esprit qu'il ne s'agit pas du travail d'un homme, mais de toute une équipe. Comment peut-on accuser Pierre Perrier de "falsification" alors que je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'il ne maîtrise ni le Chinois ni l'histoire du Bouddhisme. L'aspect du travail de monsieur Perrier se résume à analyser une découverte antérieure à son travail à l'aune de ses connaissances sur l'église primitive, sa langue, son histoire.
Pierre Perrier écrit à de multiples occasions qu’il a fait appel à des équipes pluridisciplinaires qui ont étudié avec rigueur les textes anciens chinois, et il « couvre » notamment son co-auteur X. Walter en m’ayant écrit :« Je ne mets pas en doute la traduction du texte chinois sur les cheveux blonds par Xavier Walter prof de chinois à Nanterre ».
Pourquoi n’a-t-il pas consulté d’autres sinologues, bien plus spécialisés sur les textes anciens que X.Walter ? Il en existe plusieurs en France.
Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de débat contradictoire avec des sinologues ?
Un auteur doit assumer ce qu'il écrit, même si c'est le résultat de recherches d'une équipe. S'l n'est pas compétent sur certaines questions, pourquoi ne m'a-t-il pas mis en relation avec ses spécialistes ? (Son message déjà cité du 11 mars 2014 :"...et je n’ai pas pu au reçu de votre mail vous mettre en contact avec un des experts de notre groupe de travail."). Il n'a pas eu le temps depuis un an de me mettre en contacte avec un de ses experts ?
touriste a écrit :Deuxième chose, la date des sculptures s'emboitait parfaitement avec la prédication de Thomas.
Pierre Perrier écrit page 37 : « La découverte assurément datée dont témoignaient ces photographies… ».
Qui a daté cette fresque ?
La seule datation connue est celle d’Alain Thote (sinologue professeur à l’EPHE) qui donne le 3ème siècle.
La datation de Pierre Perrier repose sur un raisonnement circulaire :
1- La fresque ne peut représenter que le songe de Mingdi
2- Mingdi n’a pas vu en songe Bouddha, mais Jésus Christ
3- C’est donc l’Apôtre Thomas qui est venu voir Mingdi
4- Donc la fresque date de la venue de l’Apôtre Thomas
La date des sculptures donnée par Pierre Perrier ne « s’emboîte » donc pas avec la prédication de l’Apôtre Thomas : c’est la conséquence de son hypothèse.
touriste a écrit :Fort de ces convictions, il a cherché à les étayer par d'autres éléments dont des éléments manuscrits. Ces éléments ont été apportés par le Père Martin Yen, arrêté en 1944 et emprisonné au Séchuan, dans le lieu où se trouvaient les archives impériales qu'il a pu consulter. Le texte chinois qui fait couler tant d'encre a été transmis à Perrier par le père Yen (récemment décédé). Il ne s'agit pas d'une "invention" de Perrier devant les questions trop érudites de Diviacus et monsieur Perrier pourra -je pense- vous transmettre les notes du père Yen qui contiennent ce texte en Chinois.
Pierre Perrier a refusé de me donner sa source. Or n’importe quel historien l’aurait donnée, rien que pour me montrer qu’il avait raison. Je rappelle ses termes « En résumé vous n’avez pas la culture générale pour faire une contre enquête, mais cela viendra ».
Et je rappelle que la première source qu'il m'a cité est Fan Yé : " il faut savoir que le texte le plus sûr est de Fan Yé". Comme je lui ai dit que je connaissais bien ce texte de Fan Yé et que sa traduction par H. Maspéro, l'expert cité par tous les sinologues, ne contenait ni "homme aux cheveux blonds", ni "à la peau claire", ni "une taille d'environ 2 mètres", Pierre Perrier a alors changé de stratégie et m'a écrit qu'il existait un autre texte, inconnu de tous les spécialistes, en refusant de me donner cette source et son "découvreur" (le Père Martin Yen).
C'est on ne peut plus douteux et opaque.
« Questions trop érudites de Diviacus » : je ne suis absolument pas spécialiste de la Chine.
Il suffit de faire quelques recherches pour s’apercevoir que les affirmations de Pierre Perrier ne sont pas fondées. Mais il faut le faire. Or, jusqu’à présent, aucun de mes contradicteurs n’a fait cette recherche élémentaire, ce qui n’est pas très difficile.
touriste a écrit :Monsieur Perrier est un homme "honnête et passionné" qui a apporté sa part de connaissance à une question inédite. Cependant s'il peut affirmer que tel et tel détail appartient au monde judéo-chrétien, c'est à ses collègues chinois qu'il revient de démontrer que ce détail ne peut pas appartenir au Bouddhisme. Et on touche au nœud du problème, il n'y a pas consensus et personne n'a les compétences pour amener des preuves et les défendre en état de cause, chacun ayant un domaine de compétence partiel. Pour trancher la question, il faut que des chercheurs sortent de leur bureaux et aillent sur le terrain et ne se contentent pas de dire que "la thèse de Monsieur Perrier (et de toute l’équipe derrière!) n'emporte pas l'unanimité".
Les historiens s’intéresseront à son hypothèse lorsqu’il acceptera de montrer ses sources. Pour l’instant, non seulement il n’y a pas consensus, mais seuls lui et son équipe croient à cette hypothèse.
Croyez-vous vraiment que personne n’a les compétences pour juger de son travail ? Il y a des centaines de chercheurs bien plus érudits que Pierre Perrier sur ce sujet.