Beaucoup n’ont guère été attentifs à l’enseignement doctrinal que contient la dernière encyclique du Pape.
Laudato si n’est pas un texte écolo ayant pour objet des considérations politiques ou environnementales relativement éloignées de la doctrine de l’Eglise et des spécificités de la foi chrétienne.
C’est une encyclique lumineuse du Pape François sur la création en général, mais aussi sur la création de l’homme.
Il n’est pas excessif de penser qu’il s’agit de l’enseignement du Magistère le plus large depuis les théories de l’évolution développées par Darwin et les scientifiques ultérieurs.
Les avancées concrètes ou scientifiques des papes précédents n’ont guère dépassé quelques allusions brèves et prudentes comme la déclaration de Saint Jean-Paul II considérant que l’évolution est « plus qu’une hypothèse ».
Avec l’encyclique Laudato si, le Pape François nous enseigne de manière plus précise les grands axes de la création que la foi de l’Eglise peut retenir aujourd’hui en l’état actuel des connaissances scientifiques autant que théologiques.
Depuis 2.000 ans, cette foi catholique reste inchangée et nous est transmise fidèlement par la Tradition et le Magistère de l’Eglise, mais elle s’enrichit et s’approfondit au fil des générations et des découvertes nouvelles.
C’est quoi le résumé de l’enseignement du Pape. Il tient en quatre affirmations.
1. Les humains font partie de la nature.
2. Cette nature est indivisible.
3. Le corps naturel des humains provient de processus évolutifs.
4. La création de l’âme spirituelle immortelle des humains est une intervention surnaturelle de Dieu.
Désormais, cet enseignement du Magistère permet d’écarter les croyances fondamentalistes qui pensent que le corps humain n’est pas un produit d’une évolution physique selon les lois naturelles.
Non, il n’y a pas, à l’origine de l’humanité, un « fait physique » non naturel par lequel, un jour, en dehors de tout processus naturel dans le temps, Dieu aurait fabriqué un humain avec un peu de poussière qu’il aurait miraculeusement transformée en un instant en corps d’Adam.
Non, Eve n’a pas été tirée d’un os transformé en un instant, en dehors de tout processus naturel dans le temps, en corps humain de sexe féminin.
Dieu, qui a créé la nature, y a mis tout ce qui lui était nécessaire pour que les processus physiques puissent produire le corps des humains.
Oui, il a créé le corps des humains avec les éléments chimiques qui forment aussi la poussière du sol, mais, pour créer les humains que nous sommes, Dieu n’a pas ajouté de nouveaux éléments physiques ou de nouvelles règles naturelles qui auraient ajouté miraculeusement à la nature un corps matériel nouveau créé séparément ou qui auraient miraculeusement façonné ce corps par d’autres règles naturelles que celles de la nature indivisible qu’il a lui-même créée.
Après la création du monde, dans le cours de l’histoire concrète de cette unique nature indivisible et dans tout l’univers, les êtres différents ne sont pas apparus à partir de rien mais à partir de divisions, de différentiations, de mutations, de rassemblements distincts de groupes d’éléments de la création dans des formes de plus en plus complexes et diverses.
Cette nature indivisible ne produit que des êtres naturels.
Et jamais, jamais, cette nature n’a pu produire par elle-même une vie autre que celle que les règles naturelles lui permettent.
La nature ne produit que des êtres éphémères qui se reproduisent infiniment avec des mutations diverses infiniment variées et qui se dissolvent de sorte que les éléments qui les constituent sont réintégrés dans d’autres êtres éphémères.
Aucun être éphémère de la nature n’a jamais produit un être immortel.
C’est par un acte créateur que Dieu a créé des âmes immortelles dans la nature, des êtres humains capables de partager éternellement sa vie d’amour.
Cela s’est produit dans l’histoire concrète aussi sûrement que notre propre conception, aussi sûrement que l’incarnation du Christ à Nazareth en Palestine.
Un jour, par une action de l’Esprit Saint, le corps humain d’une jeune femme a conçu un être à qui elle a transmis sa nature humaine dans laquelle l’Esprit Saint a incarné Dieu lui-même. C’est un fait historique. Ce n’était qu’une femme, mais elle a conçu une créature nouvelle, un être qui était plus que sa nature provenant de sa mère : un vrai homme dont le corps était issu de la nature comme le nôtre qui était aussi vrai Dieu.
Un autre jour, longtemps avant, par une autre action de l’Esprit Saint, le corps d’une hominidée de sexe féminin a conçu un être à qui elle a transmis sa nature d’hominidée dans laquelle l’Esprit Saint a créé une âme immortelle. C'est un fait historique. Ce n'était qu'une hominidée issue de longs processus évolutifs, mais elle a conçu une créature nouvelle : un être qui était plus que sa nature provenant de sa génitrice : un humain à l’image de Dieu avec une âme immortelle capable de partager éternellement la vie d’amour de Dieu.
Dans l’encyclique Laudato si, le Pape François a écrit :1. … notre maison commune est aussi … comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts…
2. … nous-mêmes, nous sommes poussière (cf. Gn 2, 7). Notre propre corps est constitué d’éléments de la planète…
138. Il n’est pas superflu d’insister sur le fait que tout est lié. Le temps et l’espace ne sont pas indépendants l’un de l’autre, et même les atomes ou les particules sous-atomiques ne peuvent être considérés séparément. Tout comme les différentes composantes de la planète – physiques, chimiques et biologiques – sont reliées entre elles, de même les espèces vivantes constituent un réseau que nous n’avons pas encore fini d’identifier et de comprendre. Une bonne partie de notre information génétique est partagée par beaucoup d’êtres vivants.
139. … Cela nous empêche de concevoir la nature comme séparée de nous ou comme un simple cadre de notre vie. Nous sommes inclus en elle, nous en sommes une partie, et nous sommes enchevêtrés avec elle.
6. … le livre de la nature est unique et indivisible…
9. … C’est notre humble conviction que le divin et l’humain se rencontrent même dans les plus petits détails du vêtement sans coutures de la création de Dieu, jusque dans l’infime grain de poussière de notre planète
80. L’Esprit de Dieu a rempli l’univers de potentialités qui permettent que, du sein même des choses, quelque chose de nouveau peut surgir…
99. … Dès le commencement du monde, mais de manière particulière depuis l’Incarnation, le mystère du Christ opère secrètement dans l’ensemble de la réalité naturelle, sans pour autant en affecter l’autonomie
81. Bien que l’être humain suppose aussi des processus évolutifs, il implique une nouveauté qui n’est pas complètement explicable par l’évolution d’autres systèmes ouverts. Chacun de nous a, en soi, une identité personnelle, capable d’entrer en dialogue avec les autres et avec Dieu lui-même. La capacité de réflexion, l’argumentation, la créativité, l’interprétation, l’élaboration artistique, et d’autres capacités inédites, montrent une singularité qui transcende le domaine physique et biologique. La nouveauté qualitative qui implique le surgissement d’un être personnel dans l’univers matériel suppose une action directe de Dieu, un appel particulier à la vie et à la relation d’un Tu avec un autre tu…