merci pour votre réponse.
Je vous demande d'avance pardon si je devais avoir mal compris vos propos, ou s'il s'avérait que j'ai imparfaitement interprété le catéchisme de l’Église romaine.
Je m'interroge en particulier sur ce qu'a écrit Suliko :
Vous-même écrivez :(...) L'on peut être sauvé malgré son appartenance à une fausse religion (...).
Cette idée que vous énoncez tous les deux, Suliko, Héraclius, en accord, semble-t-il, avec le catéchisme de l’Église romaine, est contraire aux Écritures et à la Tradition de l’Église universelle. Elle est condamnée notamment par le Concile de Carthage (reste à savoir lequel )Un musulman qui serait sauvé ne serait pas sauvé par l'Islam, il serait sauvé par son catholicisme implicite malgré son Islam.
Je vais tenter de le prouver ci-dessous.
Cette possibilité est d'ordre purement théorique. Elle ne peut être exclue tout à fait pour une seule raison : nous ne connaissons pas toutes les Volontés de Dieu. Mais s'il faut juger d'après ce que nous savons de Ses volontés, alors le doute n'est pas permis : la possibilité du salut hors de l’Église n'existe pas :
Tous les hommes ont péché, ils sont privés de la gloire de Dieu,
et lui, gratuitement, les fait devenir justes par sa grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus.
(Troisième Épître de saint Paul aux Romains, III:23-24)
Tout à fait ; c'est précisément parce que ces questions se posent que je ne crois même pas à l'existence de ces cinq Justes, même si l'on ne peut pas l'exclure totalement pour la raison que je viens d'évoquer. Comment en effet s'affranchir du poids du péché sans le Baptême et l'Eucharistie, si ce n'est par une grâce exceptionnelle, inouïe, tellement extraordinaire qu'elle n'apparaît nulle part dans les Écritures ?Or même en le réduisant à 5 gus vos interrogations sur la nécessité de l'Eglise et du Sacrifice se posent, non ?
Je crois que cette idée du salut sans le baptême (et sans le martyre) ne se retrouve que dans les écrits les plus controversés des Pères de l’Église (je pense notamment à saint Grégoire de Nyssa et au IIe tome d'Isaac le Syrien, qui est un faux).Le raisonnement est généralement le suivant : une grâce sacramentelle peut être communiquée sans le sacrement. C'est le cas des catéchumènes qui meurent dans le désir du baptême ; dès l’Église Ancienne, on considère que même sans avoir reçu le baptême et avoir communié, ils peuvent être sauvés par leur désir.
L’Évangile selon saint Jean nous dit tout autre chose :
Nicodème lui dit: Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître?
Jésus répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit.
(Évangile selon saint Jean, III:4-6)
Ce qui est confirmé par saint Jean Chrysostome :
Écoutez ceci, vous tous qui n'avez pas encore reçu le baptême: Soyez saisis de frayeur, gémissez : la menace que vous venez d'entendre fait trembler, cette sentence est terrible. " Celui ", dit Jésus-Christ, " qui n'est pas né de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume des cieux " , parce qu'il porte un vêtement de mort, c'est-à-dire de malédiction et de corruption : il n'a pas encore reçu le symbole du Seigneur, il est un étranger et un ennemi. Il n'a pas le signe royal (...).
(Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur l’Évangile selon saint Jean, Homélie XXV)
Mais qui, aujourd'hui, n'a pas entendu parler de Jésus-Christ et de son Évangile ?Or il y a des gens qui sans jamais avoir reçu l'évangile, pourtant se convertiraient si ils l'entendaient.
Mais soit, admettons qu'une tribu amazonienne isolée, si elle entendait l’Évangile, se convertirait aussitôt, mais qu'elle ne l'a pas entendu ; qu'elle l'ignore complètement.
Eh bien, d'après tout ce que nous savons, il n'est pas possible de dire que cette tribu soit sauvée.
C'est injuste, me direz-vous ; or Dieu est juste et bon.
Mais s'il existe en Amazonie une tribu qui n'a jamais entendu parler de Jésus-Christ, mais qu'elle se convertirait si on lui envoyait des missionnaires, et que pourtant Dieu ne la sauve pas, nous sommes devant un trilemme :
1) soit Dieu peut sauver cette tribu, veut la sauver, mais ne la connaît pas, ne sait pas si les cœurs de ces hommes et de ces femmes qui la composent sont prêts à recevoir l’Évangile (et donc ne leur envoie pas de missionnaires) ; et alors Il n'est pas omniscient ;
2) soit Dieu connaît cette tribu, veut la sauver, mais ne le peut pas, et alors Il n'est pas omnipotent ;
3) soit Dieu connaît cette tribu, peut la sauver, mais ne le veut pas, et alors Il n'est pas tout-miséricordieux.
Si ces Indiens restent dans l'ignorance, c'est donc que Dieu - qui connaît leurs cœurs - sait qu'il n'y a pas chez eux (pour le moment) la volonté de recevoir l’Évangile. Tout simplement.
Cher Héraclius, vous déplacez le problème. Bien sûr que si un non-chrétien est sauvé, c'est par la grâce de Jésus-Christ, qui est Dieu. Mais si cette grâce est accordée sans le Martyre ou le Baptême (et donc la conversion et la guerre contre les passions), si la conversion n'est qu'une simple formalité, alors ni le sacrifice du Christ ni l’Église en tant que perpétuation de ce sacrifice ne sont nécessaires. Il suffit alors de suivre les bonnes inclinaisons que nous portons tous en nous, puisque nous sommes tous, chrétiens ou pas, reliés à Dieu par Ses énergies... et hop ! le tour est joué.Ensuite votre deuxième objection ne me semble pas aller très loin. Si quelqu'un est sauvé dans l'Eglise mais hors de ses frontières visible, c'est quand même par elle.
Or que nous dit l'apôtre saint Paul ?
Alors ? Avons-nous une supériorité ? Absolument pas ! Nous avons déjà montré que tous, Juifs et païens, sont sous la domination du péché.
(Rm 3:9)
Si tous sont soumis au péché, je ne vois vraiment pas comment pourrait être sauvé un musulman ou un athée, n'ayant pas accès aux sacrements... alors que ces mêmes péchés, s'ils ne sont pas confessés et expiés, entraînent la condamnation du chrétien !
Le Christ s'est en effet sacrifié gratuitement pour tous les hommes, mais il appartient ensuite aux hommes de se convertir. S'ils ne le font pas, et sont sauvés malgré tout, alors il aurait suffi de proclamer unilatéralement le Salut universel de Tous, par la voix d'un Prophète par exemple.
Car enfin, pour qui ou pour quoi le Christ a-t-Il souffert sur la croix dans ce cas ? La Passion n'a de sens que si elle rend possible (!) le rachat de tous les hommes, comme une possibilité et non comme une nécessité ; donc APRÈS leur conversion et leur baptême, et non pas AVANT.
Que la Paix soit avec vous.
Gloire à Jésus-Christ !