Il ne me semble pas que de Gaulle se soit défini comme "nationaliste". "Patriote", oui. Je crois que depuis la guerre de 14, le mot "nationaliste" en France est appliqué aux ligues d'extrême droite revanchardes et anti dreyfusardes. Nationalisme marche de paire avec extrémisme. De Gaulle s'est, je crois, toujours tenu à l'écart de ces mouvements. Le nationalisme a toujours été considéré comme le fait de surexcités dangereux, du type de ceux qui se sont signalés lors des journées de 1934, pour ne citer qu'un exemple.Cinci a écrit : ↑lun. 08 oct. 2018, 14:45Il y aura un biais du commentateur, je pense.Oui, pardon, je me suis trompé. C'est du point de vue des médias européens qu'il est considéré comme extrémiste.
Si vous prenez Laurent Ruquier, alors le "regard de Ruquier" sera biaisé par rapport à Legault et pour des raisons idéologiques principalement.
Je ne suis pas sûr que Legault aimerait lui-même se définir actuellement comme un nationaliste au Québec. Mais à supposer même qu'il le ferait : je sais que son programme et sa posture politique correspondent tout bonnement à ce "patriotisme très licite"; cet "amour de la patrie" que des parlementaires européens pourraient juger convenable, soit des parlementaires européens soit même le Pape !Localement, on se dit "nationaliste", tout en disant que ça n'a rien à voir avec le nationalisme en Europe.
Remarquez
Je ne dirais jamais, moi, que le nationalisme chez nous devrait être sans rapport avec l'expérience du nationalisme en Europe. Non, je ne dirais jamais cela.
Je dirais plutôt que la nationalisme des peuples écrasés et dépourvus de patrie véritable va différer très souvent du nationalisme des grandes puissances impériales. La nationalisme du Japon impérial de l'an 1936 n'a rien à voir avec le nationalisme des Kurdes qui se font massacrer sans arrêt par des Turcs. Le nationalisme du Kaiser Guillaume II n'a rien à voir avec le nationalisme des Irlandais qui sont sans patrie et qui devraient faire face à une menace d'extermination au départ. Les nationalistes chinois de Tchang kaï chek luttant contre les communistes de Mao ou les nationalistes polonais qui veulent sauver leur nation d'une dissolution programmée par des Russes ne nous renvoient pas à une même réalité historique, et qui serait celle, par exemple, de l'Italie d'un Duce alors désireux de se construire un empire, et qui,, pour cela devrait commencer par massacrer des Éthiopiens en Afrique. Il n'y a rien d'incorrect avec l'usage d'un mot tel que nationaliste, sa signification usuelle et tout. Et Charles de Gaulle était un nationaliste également; ce n'est pas un problème.
Le problème c'est juste le sens réel de ce que l'on devrait trouver comme "contenu programmatique" derrière le paravent du langage. Qu'est-ce que le mot recouvre comme réalité vécue ici ou là ?
Vous voyez ce que je veux dire ? La chose n'a rien à voir avec une histoire de position géographique de l'observateur ou d'une soi-disant incompréhension réciproque découlant du fait de vivre à Paris plutôt qu'à New-York.
En revanche, la droite gaulliste, et l'ensemble de la classe politique à une certaine époque, se définissaient volontiers comme "patriotes". C'était encore le cas des gaullistes à l'époque de Chirac. Aujourd'hui, je ne sais plus trop.
Il y a toujours eu un rempart entre ces deux mots : patriotisme et nationalisme.
Mais au Québec, les mots ont peut-être un autre sens, je n'en sais rien.