"IL EST ARCHI-CONNU DES HISTORIENS !"
Vous êtes bien péremptoire dans vos affirmations.
C'est effectivement ce qu'on entend et ce qu'on lit partout, et ça arrange bien du monde, chrétiens compris. Mais est-ce bien vrai ?Carhaix a écrit :Il est connu des historiens que si l'on assemblait toutes les reliques de la Croix conservées un peu partout, on aboutirait à un énorme objet hétéroclite beaucoup plus grand que la Croix, et que forcément dans le lot, beaucoup sont fausses.
Si vous y regardez de près, vous vous rendrez compte que les fragments de la croix sont nombreux, mais qu'ils ont en commun d'être ... de toute petite taille, souvent une simple esquille ! Du coup, l'hypothèse de la "forêt de croix" mérite vraiment d'être reposée en évitant toute exagération.
En revanche, l'historien (comme le croyant) peut légitimement se poser la question de savoir si cette croix, retrouvée par l'impératrice Hélène, est bien la vraie croix du Christ.
Mais l'historien (comme le croyant) ne peuvent nier une chose : c'est bien que c'est sur ces fragments de bois que s'est exercée l'authentique dévotion des fidèles au fil des siècles. Rien que ça en fait de très vénérables objets ! (jeu de mots)
Il est tout à fait exact que le Moyen-Âge a connu le trafic des reliques, mais ne vous y trompez pas : une large part du trafic consistait principalement en vol de reliques, et en division des reliques, et constituait donc une prolifération que je qualifierai de bonne foi (pour autant qu'un vol puisse être considéré comme un acte de bonne foi).Carhaix a écrit :Il est également archi connu des historiens, et remis en question par personne, que le Moyen-Âge s'est livré à un trafic phénoménal de fausses reliques, dont les lieux saints qui naissaient un peu partout avaient absolument besoin pour aviver la ferveur des fidèles, avec en arrière-plan un enjeu économique.
Là encore, une réalité indéniable et beaucoup d'exagérations !
Évidemment qu'il y a eu des abus, dont certains franchement risibles (le lait de la Vierge, le saint prépuce, ...). L'Église a tenu face à ses abus des propos souvent très fermes pour les condamner (les conciles mérovingiens y reviennent continuellement, preuve que la pratique perdurait), mais les premiers à transgresser les interdits ou les condamnations étaient bien ... les clercs eux-mêmes.
Je rappelle à toutes fins utiles que le principe de division des reliques est encore pratiqué par l'Église catholique, même si les textes liturgiques et canoniques (cf. un de mes messages précédents) précisent qu'il importe que l'on puisse identifier les reliques comme des "restes humains identifiables", ce qui met un frein sérieux à la découpe à la demande (excusez 'expression imagée).
PS : Pour comprendre ce que j'ai appelé la prolifération de bonne foi, je vous suggère de lire Trafic de reliques d'Ellis Peters. Il s'agit de la première enquête de Frère Cadfael, moine bénédictin du XIIe s. à Shrewsbury. Savoureux ! (et bien documenté.)