L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

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gerardh
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Re: L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

Message non lu par gerardh » lun. 04 févr. 2019, 17:35

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Xavi,

Votre explication ne me convainc pas.


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Alexandre-Invité
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Re: L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

Message non lu par Alexandre-Invité » lun. 04 févr. 2019, 20:37

Bonsoir Xavi,

Objectivement, on peut penser que le récit de la Genèse se contredit lui-même :

Gn 11,31 : "Tèrah prit son fils Abram, son petit-fils Loth, fils de Harane, et sa bru Saraï, femme de son fils Abram, qui sortirent avec eux d’Our des Chaldéens pour aller au pays de Canaan. Ils gagnèrent Harane où ils s’établirent."

Gn 15,7 : "Puis il dit : « Je suis le Seigneur, qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée pour te donner ce pays en héritage. »"

Le chapitre 11 nous enseigne que Tèrah a donc pris l'initiative de quitter Our des Chaldéens, emmenant avec lui sa famille. Le chapitre 15 indique au contraire qu'Abraham est sorti avec l'aide de Dieu.


La vrai contradiction vient en comparant Gn 11 avec Ac 7, :

Etienne indique qu'Abraham est sorti seul d'Our des Chaldéens alors que Genèse 11 indique qu'il est sorti avec sa famille suite à l'initiative de son père Tèrah.

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Xavi
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La réalité historique des patriarches de la Genèse

Message non lu par Xavi » mar. 10 déc. 2019, 13:16

D’où vient ce doute, répandu à notre époque, de l’existence historique des patriarches des premiers livres de la Bible, Adam, Noé, Abraham, Moïse et tant d’autres ?

Selon le catéchisme, « Les patriarches et les prophètes et d’autres personnages de l’Ancien Testament ont été et seront toujours vénérés comme saints » (CEC n° 61). Pourrait-on vénérer une légende qui n’aurait pas réellement existé ?

Que devient l’enseignement du Christ lorsque, par exemple, pour prêcher la résurrection aux sadducéens, il rappelait fermement la réalité historique d’Abraham, Isaac et Jacob : « Jésus leur répondit : « Vous vous égarez, en méconnaissant les Écritures…n’avez-vous pas lu ce qui vous a été dit par Dieu : Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » » (Mt 22, 29-32). Comment pourraient-ils être vivants s’ils n’étaient que des légendes ?

En fait, le doute répandu actuellement semble principalement une conséquence d’un doute quant à l’attribution à Moïse de ces premiers livres de la Bible qui forment le Pentateuque.

Considérant qu’il ne subsiste aucune trace quelconque de ces livres avant l’exil de Babylone de 586 à 538 avant Jésus-Christ, et qu’il s’agit d’écrits en hébreu carré du milieu du premier millénaire avant Jésus-Christ comportant des observations adaptées aux épreuves vécues par le peuple hébreu à cette époque ainsi que de nombreuses similitudes avec des mythes mésopotamiens de cette région, beaucoup en ont déduit que la rédaction de la Genèse et des autres livres du Pentateuque devrait être datée de cette même époque et ne pourrait donc être attribuée à un patriarche du second millénaire avant Jésus-Christ.

Beaucoup en ont déduit que la Genèse se trouvait ainsi sans base historique réelle.

Cette approche fut très en vogue lors des premières découvertes des innombrables tablettes en argile retrouvées en Mésopotamie. On aurait pu y voir une formidable confirmation de l’ancienneté du texte de la Genèse si semblable aux textes du début du second millénaire avant Jésus-Christ qui ont été retrouvés, mais ce fut souvent tout le contraire. Puisqu’il ressemble tant aux textes anciens, … c’est qu’il aurait été inspiré par ces vieux textes et inventé de manière réadaptée à la foi juive. Il faudrait croire que les Hébreux se seraient approprié une origine dans le pays de leurs ennemis…

En réalité, les découvertes plus approfondies du XXème siècle ont complètement contredit cette approche à laquelle tant d’historiens et d’exégètes semblent encore s’accrocher. À tort.

Il est temps qu’un débat approfondi puisse juger des arguments des uns et des autres.

1. Quid de l’absence de traces écrites anciennes ?

Il y a très peu de traces des écrits du pays de Canaan avant l’exil à Babylone pour un motif simple. À proximité immédiate de l’Égypte, l’écriture y a été pratiquée sur des papyrus qui, hélas, du fait de leur origine végétale, se dégradent rapidement par l’effet de la chaleur autant que de l’humidité. Seuls des documents protégés de manière spécifique comme, par exemple, les fameux manuscrits de Qumran retrouvés dans des jarres étanches conservées dans des grottes, auraient pu être conservés. Le feu des incendies ou les pluies en cas de dégradation des immeubles faisaient rapidement disparaître les papyrus.

Au contraire, en Mésopotamie, le feu favorisait la conservation des écrits sur des tablettes d’argile (une cuisson fait durcir l’argile) qui étaient aussi davantage résistant à l’humidité dès qu’elles étaient durcies. Cela a permis de retrouver des centaines de milliers de tablettes.

Le fait qu’on ait retrouvé que de très rares documents en Égypte ou en Palestine, où l’écriture se faisait plutôt sur papyrus, ne permet donc pas d’en déduire que l’écriture n’y était pas pratiquée.

2. Quid de l’écriture du Pentateuque en hébreu carré ?

De même que nous lisons aujourd’hui nos bibles en français et en d’autres langues contemporaines, il est certain qu’à l’époque de l’exil à Babylone, la langue avait évolué par rapport à celle qui était pratiqué 500 ou mille ans auparavant.

Les écrits en hébreu ancien ou en tout autre langage parlé durant le second millénaire avant Jésus-Christ ont dû être traduits. Inévitablement, les traducteurs ont dû adapter les textes plus anciens dans des termes compréhensibles à leur époque ultérieure, en interprétant de manière variable les textes anciens.

En outre, il est inévitable qu’au cours de nombreux siècles, des variantes, des erreurs et des ajouts soient intervenus au fil des copies et des traductions.

Le fait que, dans sa version la plus ancienne, le texte de la Genèse qui nous est parvenu est en hébreu carré de l’époque de l’exil à Babylone ne permet donc pas d’en déduire qu’il ne provenait pas d’un texte plus ancien modifié au fil des copies, des traductions et des interprétations.

3. Quid des observations adaptées aux épreuves vécues par le peuple hébreu ?

Dès lors qu’un texte est écrit dans un contexte religieux ou philosophique, il est normal d’y trouver l’écho de situations vécues au cours des époques ultérieures. Aujourd’hui encore, il est normal de percevoir toute la pertinence de tableaux bibliques par rapport à des situations vécues aujourd’hui.

Il est possible aussi que des traducteurs ait ajouté certains détails ou en aient interprété d’autres en considération de questions contemporaines ou pour d’autres motifs.

Ainsi, on peut considérer comme évident que le dernier chapitre du Pentateuque de Moïse qui relate sa mort n’a pu être écrit qu’après son décès et donc par quelqu’un d’autre. Cela ne modifie pas l’essentiel du texte et n’écarte en rien l’attribution principale du Pentateuque à Moïse, ni son écriture durant le second millénaire avant notre ère.

4. Quid des traditions antérieures à l’exil à Babylone ?

L’hypothèse d’une écriture primitive de la Genèse au milieu du premier millénaire avant Jésus-Christ implique de croire que les Hébreux n’aurait pas eu une fixation écrite d’un récit de la création et de leur propre histoire au cours des siècles antérieurs.

Il faudrait penser soit qu’il n’y avait pas de scribes chez les Hébreux dans le pays de Canaan, soit que ces scribes se désintéressaient des origines du monde et de l’histoire de leur peuple, soit que la conservation ou la transmission de leurs écrits aient été négligés.

Aucune de ces trois situations ne paraît vraisemblable. Tous les peuples de l’antiquité comme les peuples actuels étaient attentifs à ce qui constituait leur identité propre par rapport aux autres peuples.

Imaginer que le peuple hébreu qui vivait en Canaan n’aurait pas eu constamment des scribes est invraisemblable dans la région en cause.

En effet, Canaan était à proximité immédiate de l’Égypte et de la Phénicie, sur la route commerciale entre l’Égypte et la Mésopotamie, et occupait une position centrale dans le Croissant fertile où l’écriture s’est répandue durant les troisième et deuxième millénaires.

Si les Sumériens du sud de la Mésopotamie sont les inventeurs de l’écriture (qui y était imagée puis principalement syllabique avec une utilisation de centaines de signes exprimant divers sons), c’est la région phénicienne et cananéenne qui a vu émerger, aux alentours du début du premier millénaire avant Jésus-Christ, ce progrès majeur de l’écriture que fut l’apparition et le développement de l’écriture alphabétique avec une utilisation réduite à une vingtaine de signes.

Au cours des siècles qui ont séparé le temps de Moïse de l’exil à Babylone, de grandes villes n’ont cessé d’être occupées dans le pays de Canaan : Meguiddo (à 90 km au nord de Jérusalem, citée 12 x dans la Bible ; cf. Jos. 12, 21 ou 1 R 9, 15), Guèzer (à 30 km à l’ouest de Jérusalem, citée 14 x dans la Bible ; cf. Jos. 16, 10), Yarmouth (à 25 km au sud-ouest de Jérusalem, citée 7 x dans la Bible ; cf. Jos 10, 5), Hébron (à 30 km au sud de Jérusalem)…etc.

Toutes ces villes en relation commerciale avec les ports majeurs de Tyr ou Byblos situés à environ seulement 200 ou 300 km, avec l’Égypte et la Mésopotamie, avaient leur prêtres et leurs scribes qui assuraient la transmission du savoir religieux et historique.

Les développements de l’écriture dans la région et les relations avec les régions voisines excluent que la population ayant vécu dans les villes de Canaan dans la période entre 1500 et 500 ans avant Jésus-Christ aient ignoré l’écriture ou aient été privées d’une succession ininterrompue de scribes capables et attentifs à assurer la conservation écrite des récits essentiels pour la religion ou la mémoire historique.

L’importance identitaire et religieuse de tels écrits ne permet pas d’admettre qu’ils aient pu, à une époque, être perdus au point de pouvoir être réinventés.

Affirmer que des scribes exilés à Babylone aient pu inventer un récit de la création et des origines du peuple hébreu à partir de mythes babyloniens trouvés à Babylone durant le premier millénaire est, à cet égard, dénué de vraisemblance.

Bien au contraire, la pratique certaine et continue de l’écriture dans le pays de Canaan, durant la période de 1500 à 500 avant Jésus-Christ permet de considérer que les traditions concernant les origines du peuple hébreu ont été transmises tant par oral que par écrit durant cette période.

Certes, cette transmission a certainement subi diverses atteintes au fil des copies, des traductions et des interprétations, mais sans pouvoir modifier l’essentiel du récit.

L’enseignement de l’Église, qui a toujours attribué le Pentateuque à Moïse, reste donc solidement fondé.

5. Quid de l’œuvre réalisée par Moïse lui-même ?

Moïse a pu écrire ou faire écrire lui-même les quatre livres de l’Exode, du Lévitique, des Nombres et du Deutéronome qui concernent des faits et des lois de son époque.

En ce qui concerne le livre de la Genèse, il faut, à nouveau, se demander si lui-même ou des ancêtres ayant vécu en Égypte ont pu inventer les récits de ce livre pour consolider une identité du peuple.

L’hypothèse est invraisemblable car le peuple hébreu avait une religion en Égypte comme tous les autres peuples et, compte tenu de la place prise par l’écriture pour conserver et transmettre les savoirs, y compris et surtout le savoir le plus important qu’est le savoir religieux, cette religion avait dû avoir des bases écrites qui devaient comprendre un récit fondateur de l’origine du monde et de ce peuple particulier, même si, écrits, conservés et transmis sur des papyrus très dégradables, il n’en reste pas de traces matérielles.

Mais, les variantes devaient certes être diverses et sujet à controverses. Il est, dès lors, vraisemblable que Moïse a du composer la Genèse avec de multiples traditions orales et écrites qu’il a rassemblées en un seul livre en sélectionnant ce qui lui a paru le plus authentique.

6. Quid de l’importance de l’ancienneté historique du récit ?

Il faut faire attention ici à l’interprétation des rabbins dans laquelle la foi chrétienne ne peut parfois que difficilement se retrouver.

Les Hébreux auraient-ils inventé les fondements de la Genèse ? Faut-il se limiter à interpréter les textes selon ce qui pouvait être pensé par des Juifs du premier millénaire dans un contexte de mythes babyloniens préexistants ? Ne serait-ce pas une erreur de négliger les interprétations pertinentes qui peuvent se dégager dans un contexte plus ancien ?

L’incarnation, la Trinité, l’essence de l’humain, la création, n’ont-ils pas des racines plus profondes ? Faudrait-il penser que Dieu ne s’est pas manifesté comme un et pluriel dès la création des humains ? Faudrait-il croire qu’Abraham n’aurait été qu’un polythéiste idolâtre ?

Ne faut-il pas considérer plutôt que, dès la création de l’humanité, la vie spirituelle spécifique et immortelle des descendants d’Adam et Ève a donné à leur intelligence toutes les capacités nécessaires pour entrer en communion avec Dieu, par le cerveau autant que par le cœur ?

Ne faut-il pas faire l’effort de comprendre le sens concret que les textes de la Genèse peuvent avoir dans le contexte sumérien du troisième millénaire avant notre ère en harmonie avec la foi catholique ?

Pourquoi s’enfermer dans une approche exclusivement judaïque sans être attentif à tout ce que Abraham pouvait déjà percevoir, dans le milieu sumérien dont il était issu, de Dieu qui est un et pluriel parce qu’il est amour ?

Les humains ont toujours eu tendance à projeter leurs propres réalités sur le divin, mais il n’y a aucune raison de penser que Noé le juste ou Abraham, le père des croyants, n’aient pas perçu et compris, dès leur époque, que Dieu est amour et que les légendes et les dérives du polythéisme ne devaient pas enfermer Dieu dans de fausses images de dieux multiples en rivalité et en conflits, ni dans celle d’un individu isolé.

Comment comprendre le récit imagé de la création sans se référer aux débuts de l’écriture sumérienne faite d’images ?

Comment comprendre le récit de Caïn et Abel sans tenir compte du contexte semi-nomade mélangeant agriculture et élevage ?

Comment comprendre, sans le contexte sumérien, la terre d’argile rouge d’où étaient extraites les tablettes de la première écriture qui singularisait les Sumériens, les fleuves du jardin d’Eden, le déluge, la tour de Babel à l’époque où tous, malgré leur diversité de langues, utilisaient la même langue écrite sumérienne ?

Comment comprendre les âges des patriarches sans se référer aux doubles années d’une durée de six mois en vigueur à Ur, en Chaldée, pays d’Abraham, qui permettent de comprendre qu’il ait enfanté à « 100 » ans (lire : 50) et soit mort à « 175 » ans (lire : 87).

Le cœur de l’interprétation doit rester dans la ligne de l’enseignement lumineux du Pape Pie XII qui, dans son encyclique Divino afflante Spiritu du 30 septembre 1943 sur les études bibliques, indique que : « il importe d'expliquer le texte primitif qui, écrit par l'auteur sacré lui-même, a plus d'autorité et plus de poids qu'aucune version, même la meilleure, ancienne ou moderne » (n° 20).

La question principale que pose aujourd’hui la datation de la Genèse, et particulièrement du début de la Genèse, est de déterminer si c’est un récit écrit par des Hébreux sous domination et influence de la mythologie babylonienne durant le premier millénaire avant Jésus-Christ, comme beaucoup le prétendent, ou si c’est un récit composé par Moïse dans le contexte de l’exode d’Égypte après une longue domination, sur la base de traditions et d’un (ou de plusieurs) récit(s) écrits à une époque antérieure que Moïse aurait rassemblés.

En d’autres termes, et, plus particulièrement, même si les réponses peuvent et doivent intégrer diverses nuances : le texte primitif des premiers chapitres de la Genèse est-il un texte sumérien antérieur à Abraham, un texte en égyptien, en hébreu ancien ou dans une autre langue, ou est-il un texte en hébreu rédigé au milieu du premier millénaire ?

Car, en se limitant à l’idée que le texte primitif de la Genèse daterait du milieu du premier millénaire avant Jésus-Christ comme beaucoup le pensent, l’interprète d’aujourd’hui essaie de le comprendre dans ce contexte historique relativement récent d’une manière qui peut être erronée si, en réalité, le texte primitif a été rédigé à une autre époque et dans un autre contexte.

Sur ce point particulier, la discussion n’est pas uniquement théologique mais elle est aussi philologique, archéologique et historique.

Déterminer l’époque de l’écriture primitive du récit de la Genèse ou les époques des divers récits qu’il contient est une question scientifique qui reste ouverte.

Il faut analyser les indices limités qui sont disponibles avec prudence en tenant compte des réinterprétations du texte qui s’immiscent dans toute tradition lorsqu’elle implique des traductions et a fortiori si elle s’étend sur des milliers d’années au cours desquelles les langues, les écritures utilisées et les sensibilités théologiques ont changé et au cours desquelles les traditions tant orales que écrites se sont dispersées géographiquement dans des milieux variés où la transmission a eu son histoire propre tout en restant sous des influences variables avec des traditions voisines et autres.

Il ne suffit pas, par exemple, d’observer que les deux récits de la création au début de la Genèse sont l’un « éloïste » et l’autre « yahviste » pour en déduire nécessairement des datations distinctes ou un ordre chronologique.

Une telle différence peut résulter uniquement du fait que lors de la jonction de ces deux textes, dans une langue aujourd’hui indéterminée, ceux-ci provenaient de traditions différentes et que, dans l’une de ces traditions, l’un des textes a pu être traduit plus récemment dans un contexte plus récent que celui d’une autre tradition, ce qui ne permet en rien d’en déduire l’ancienneté réelle de leurs textes primitifs qui peut être identique voire inverse à celles des traductions transmises.

En bref, la Genèse : un récit primitif hébreu ou sumérien ?

Le récit de la Genèse est-il principalement un récit hébreu inspiré par la mythologie mésopotamienne ou est-il principalement un récit mésopotamien qui est devenu un récit hébreu ?

La réponse devra être probablement aussi nuancée que la question, car la différence peut être ténue entre les deux approches qui peuvent se rejoindre. Les similitudes du récit de la Genèse avec des mythes babyloniens sont tellement manifestes qu’il y a un large accord pour constater que les racines mésopotamiennes du récit biblique de la Genèse sont démontrées.

Mais, ceux qui pensent que le texte aurait été principalement élaboré durant le premier millénaire avant notre ère par les Hébreux en exil vont, nécessairement, écarter tout fondement historique concret et l’interpréter dans une perspective quasi exclusivement symbolique et selon la culture et les préoccupations des Juifs du premier millénaire.

Ceux qui pensent, au contraire, que le texte a été principalement élaboré par Moïse, durant le second millénaire avant notre ère et dans un contexte éloigné de Babylone, doivent considérer, par contre, que les racines mésopotamiennes du récit peuvent résulter de l’histoire antérieure du peuple hébreu conduit par Moïse que le récit raconte lui-même lorsqu’il rapporte que le peuple hébreu s’est développé en Égypte à partir d’une famille provenant de la Mésopotamie, celle de Jacob, petit-fils d’un émigré mésopotamien issu de Ur, en Chaldée, capitale du pays de Sumer.

Dans ce contexte, les racines mésopotamiennes de la Genèse trouvent leur explication normale dans le fait qu’Abraham, Isaac et Jacob étaient d’origine sumérienne.

Aussi est-il pertinent de s’intéresser au contexte sumérien d’Abraham, celui que les Hébreux ont toujours considéré comme le Père des croyants et le fondateur de leur peuple.

Ce contexte sumérien d’Abraham est plus ancien que la plupart des mythes babyloniens et si un écrit d’Abraham avait pu être conservé, il n’y aurait aucune raison de l’imaginer inspiré des mythes babyloniens mais il faudrait seulement constater son écriture primitive dans un même contexte.


NB : L’ensemble de mes réflexions concernant l’historicité d’Adam et Ève et du livre de la Genèse a été développé dans une synthèse réactualisée ce 24 mai 2023, sous le titre « Un jardin dans l’Eden », disponible en pdf dans la section Théologie de ce forum sous l’intitulé « Évolution, création, incarnation : un livre à télécharger » :
https://www.cite-catholique.org/viewtop ... 92&t=20369

Baraq
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Re: La réalité historique des patriarches de la Genèse

Message non lu par Baraq » ven. 13 déc. 2019, 10:55

Xavi a écrit :
mar. 10 déc. 2019, 13:16

Les Hébreux auraient-ils inventé les fondements de la Genèse ? Faut-il se limiter à interpréter les textes selon ce qui pouvait être pensé par des Juifs du premier millénaire dans un contexte de mythes babyloniens préexistants ? Ne serait-ce pas une erreur de négliger les interprétations pertinentes qui peuvent se dégager dans un contexte plus ancien ?

L’incarnation, la Trinité, l’essence de l’humain, la création, n’ont-ils pas des racines plus profondes ? Faudrait-il penser que Dieu ne s’est pas manifesté comme un et pluriel dès la création des humains ? Faudrait-il croire qu’Abraham n’aurait été qu’un polythéiste idolâtre ?

Ne faut-il pas considérer plutôt que, dès la création de l’humanité, la vie spirituelle spécifique et immortelle des descendants d’Adam et Ève a donné à leur intelligence toutes les capacités nécessaires pour entrer en communion avec Dieu, par le cerveau autant que par le cœur ?

Ne faut-il pas faire l’effort de comprendre le sens concret que les textes de la Genèse peuvent avoir dans le contexte sumérien du troisième millénaire avant notre ère en harmonie avec la foi catholique ?

Pourquoi s’enfermer dans une approche exclusivement judaïque sans être attentif à tout ce que Abraham pouvait déjà percevoir, dans le milieu sumérien dont il était issu, de Dieu qui est un et pluriel parce qu’il est amour ?

Les humains ont toujours eu tendance à projeter leurs propres réalités sur le divin, mais il n’y a aucune raison de penser que Noé le juste ou Abraham, le père des croyants, n’aient pas perçu et compris, dès leur époque, que Dieu est amour et que les légendes et les dérives du polythéisme ne devaient pas enfermer Dieu dans de fausses images de dieux multiples en rivalité et en conflits, ni dans celle d’un individu isolé.
Bonjour Xavi !

Sur ce point je suis mille fois d'accord avec vous. Je crois qu'à chaque génération depuis Adam et Ève (que je pense beaucoup plus anciens que l'époque sumérienne, voir l'autre fil), il y eut au moins un homme, quelque-part sur la terre, capable de comprendre Dieu et d'entrer en communion avec Lui.

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Joseph-Diego
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Re: La réalité historique des patriarches de la Genèse

Message non lu par Joseph-Diego » ven. 13 déc. 2019, 22:30

. Quid de l’écriture du Pentateuque en hébreu carré ?

De même que nous lisons aujourd’hui nos bibles en français et en d’autres langues contemporaines, il est certain qu’à l’époque de l’exil à Babylone, la langue avait évolué par rapport à celle qui était pratiqué 500 ou mille ans auparavant.

Les écrits en hébreu ancien ou en tout autre langage parlé durant le second millénaire avant Jésus-Christ ont dû être traduits. Inévitablement, les traducteurs ont dû adapter les textes plus anciens dans des termes compréhensibles à leur époque ultérieure, en interprétant de manière variable les textes anciens.

En outre, il est inévitable qu’au cours de nombreux siècles, des variantes, des erreurs et des ajouts soient intervenus au fil des copies et des traductions.

Le fait que, dans sa version la plus ancienne, le texte de la Genèse qui nous est parvenu est en hébreu carré de l’époque de l’exil à Babylone ne permet donc pas d’en déduire qu’il ne provenait pas d’un texte plus ancien modifié au fil des copies, des traductions et des interprétations.
Enfin !!!
Milles merci , je désespèrais de ne trouver personne autour de moi, ayant ce raisonnement !

Je suis croyant depuis 3 ans, et bientôt baptisé en 2020.
Mais si je n'avais pas eu une rencontre personnelle avec Jésus et fait toutes les recherches par moi même, si à la place c'était des chrétiens qui m'avaient prêché la Bonne Nouvelle, mais JAMAIS je n'aurai cru au Seigneur !

Comment voulez vous que quelqu'un à qui vous dites que l'ancien testament est remplie de légendes, que les textes ont certainement étaient modifié plein de fois et sont des copies d'autres religions, que Adam et Ève bon c'est pas vraiment ça, que le diable n'existe pas vraiment c'est une métaphore, que les textes des évangélistes ne viennent pas des apôtres etc..., Comment voulez vous après lui faire croire qu'en revanche, Jésus-Chrit existe réellement ?!
Alors que nos sources proviendraient d'un livre pas vraiment inspiré, et surtout composé par des humains selon leur manière de penser, leur époque, leur émotions et non sous inspiration divine ...


J'assiste à des cours de catéchisme dans ma paroisse, et là aussi, heureusement que je suis un passionné des Saintes Écritures et que j'ai eu le temps en 2 ans seul de mon côté, d'énormément les lires, étudier, méditer etc, sinon ce qu'on m'enseigne durant ces rencontres mensuelles m'aurait plutôt fait fuir ...

Je suis choqué d'entendre la plupart des catholiques autour de moi parler de la Bible avec tant de légèreté sans qu'aucun d'eux ne semble dérangé par l'incohérence de leur propos...
Alors peut être que c'est moi qui suis dans l'erreur, seul Dieu le sait, mais je suis content de voir tout de même ici quelqu'un qui résonne de la même façon que moi.

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