La Controverse de Valladolid

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To
Ædilis
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La Controverse de Valladolid

Message non lu par To » dim. 14 mai 2006, 20:51

[...]La Controverse de Valladolid. Le 15 Août 1550, dans la chapelle du collège Saint-Grégoire de Valladolid, capitale de l’Espagne, ouvrit une controverse historique. Convoqué par Charles-Quint , empereur du Saint Empire romain germanique, roi d’Espagne et des Amériques découverte un demi-siècle auparavant. Le débat opposait Ginès de Sepuvelda, fin lettré , confesseur de l’empereur et partisan de la conquête, à Bartolomé de Las Casas, dominicain ex-évêque du Chiapas au Mexique, pourfendeur des conquistadores et grands défenseur des indiens. Un conseil de 15 juges devait arbitrer la discussion. La Controverse de Valladolid se prolongera pendant un mois et demi en 1550 avant une deuxième session en 1551. Cette discussion fleuve pose la question de l’autre et Las Casas parvient à mettre en évidence la relativité de la notion de barbarie. Les principaux débats portèrent sur les interrogations suivantes :
_ Les Indiens d'Amérique appartiennent-ils à l'humanité ?
_ Quel traitement leur accorder ?

D'autre part, en 1445 une bulle du pape autorisait le Portugal à réduire en esclavage les peuples infidèles.

L'issue de cette controverse est que les indiens d'Amériques semblent avoir une âme mais pas les nègres d'Afrique, ce qui marque le début du commerce triangulaire.
Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la parole était Dieu.

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marchenoir
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Vos références ?...

Message non lu par marchenoir » lun. 15 mai 2006, 16:52

Bonjour To,

Pouvez-vous nous donner les références des documents pontificaux dont vous parlez ? (une précision : un téléfilm de France 2, ça compte pas). En attendant, je vous donne ceci :

JEAN VIII : 14 décembre 872-16 décembre 882


Lettre "Unum est" aux princes de Sardaigne, vers septembre 873, du pape Jean VIII

L'esclavage de personnes humaines doit être aboli

"Il est une chose pour laquelle nous devons paternellement vous admonester ; si vous ne la corrigez pas, vous encourrez un grand péché, et par elle ce ne sont pas les gains que vous accroîtrez, comme vous l'espérez, mais bien plutôt les dommages. Comme nous l'avons appris, à l'instigation des Grecs, beaucoup qui ont été enlevés captifs par les païens sont donc vendus dans vos régions et, après avoir été achetés par vos compatriotes, ils sont gardés sous le joug de l'esclavage ; alors qu'il est avéré qu'il est pieux et saint, comme il convient pour des chrétiens, que lorsqu'ils les ont achetés des Grecs, vos compatriotes les renvoient libres pour l'amour du Christ, et qu'ils reçoivent leur récompense non pas des hommes, mais de notre Seigneur Jésus Christ lui-même. C'est pourquoi nous vous exhortons et nous vous commandons, avec un amour paternel, si vous leur avez acheté des captifs, de les laisser aller libres pour le salut de votre âme." (DZ 668)

Bref " Pastorale officium "à l'archevêque de Tolède, 29 Mai 1537, du pape Paul III


Le droit de l'homme à la liberté et à la propriété


"Il est parvenu à notre connaissance que pour faire reculer ceux qui, bouillonnant de cupidité, sont animés d'un esprit inhumain à l'égard du genre humain, l'empereur des Romains Charles (V) a interdit par un édit public à tous ses sujets que qui que ce soit ait l'audace de réduire en esclavage les Indiens occidentaux ou ceux du Sud, ou de les priver de leurs biens.
Puisque Nous voulons que ces Indiens, même s'ils se trouvent en dehors du sein de l'Eglise, ne soient pas pour autant privés de leur liberté ou de la disposition de leurs biens, ou considérés comme devant l'être du moment que ce sont des hommes et par conséquent capables de croire et de parvenir au salut, qu'ils ne soient pas détruits par l'esclavage mais invités à la vie par des prédications et par l'exemple, et puisque en outre Nous désirons contenir les entreprises si infâmes de ces impies et pourvoir à ce qu'ils ne soient pas moins enclins à embrasser la foi du Christ parce qu'ils auront été révoltés par les injustices et les torts qu'ils auront subis, Nous demandons... à ta prudence que tu... interdises avec une très grande sévérité, sous peine d'excommunication portée d'avance, à tous et à chacun, quel que soit son rang. d'oser réduire en esclavage les Indiens précités, de quelque façon que ce soit, ou de les dépouiller de leurs biens.
" (DZ 1495)

A bientôt.

Marchenoir.
Il n'y a qu'une tristesse, c'est de n'être pas des saints (Léon Bloy, La Femme Pauvre)

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Jean-Mic
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Jean-Pierre Marielle dans La controverse de Valladolid

Message non lu par Jean-Mic » jeu. 25 avr. 2019, 20:40

S'il ne devait rester qu'une œuvre avec Jean-Pierre Marielle, je voudrais que ce soit celle-ci :
https://www.youtube.com/watch?v=0fJkaB871e4
Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes. Ils n'ont pas fini de s'amuser !

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Re: La Controverse de Valladolid

Message non lu par Archidiacre » sam. 27 avr. 2019, 0:27

C'est effectivement erroné.
La controverse de Valladolid n'a jamais questionné l'humanité des indiens, mais la légitimité morale à pouvoir conquérir leur pays et les soumettre à un gouvernement chrétien (Sepulveda donne des arguments comme mettre fin aux sacrifices d'humains et au cannibalisme). Par ailleurs, aucun parti n'était en faveur de leur soumission en esclavage, voir "Polemics of Possession in Spanish American Narrative" de Rolena Adorno: https://books.google.fr/books?id=6KkhlvVF8fMC (p.119)
Pour ce qui est de la bulle de 1455, c'est surement une référence à Nicolas V. Mais il n'est pas fait mention d'esclavage, et jamais la lettre n'a été utilisée à cet effet, c'est pourquoi cette interprétation a été remise en question:
Nous ne pensons pas que ce bref ait voulu constituer une disposition générale de légitimation de l’esclavage. À notre avis, la rédaction de ce texte fut très maladroite comme l’indique la rectification qui y fut apportée l’année suivante par le même pape Nicolas V, qui excluait formellement que les Noirs baptisés pussent être réduits en esclavage. Nous pensons également que le document ainsi rectifié ne prévoyait l’asservissement par les Portugais des Noirs non baptisés que parce que ces derniers étaient eux-mêmes sujets de seigneurs mahométans, donc « infidèles ». Les Noirs non baptisés n’étaient ainsi exclus du bénéfice de la liberté que parce qu’ils étaient les sujets des ennemis de la foi. [...] Le bref Divino amore communiti de Nicolas V était donc, dans sa rédaction initiale, étranger à toute discrimination raciale. Mieux encore, sa rectification l’année suivante posait, à contrario, le principe suivant lequel le baptême était un affranchissement spirituel du péché mais devait être aussi considéré par la société laïque comme devant être suivi de l’affranchissement.
https://books.openedition.org/pulm/501
Une autre lecture possible est que les lettres de Nicolas V ne concernaient que les soldats ennemis capturés au combat et que le mot "servitude" ne renvoyait pas nécessairement à l'esclavagisme: https://philosophieduchristianisme.word ... es-noirs/

Pour ce qui est des africains, c'est aussi douteux. Paul III interdit l'esclavagisme pour "tous les peuples" qui pourraient être découverts dans Sublimis Deus:
Nous définissons et déclarons par cette lettre apostolique, ou par toute traduction qui puisse en être signée par un notaire public et scellée du sceau de tout dignitaire ecclésiastique, à laquelle le même crédit sera donné qu'à l'original, que quoi qu'il puisse avoir été dit ou être dit de contraire, les dits Indiens et tous les autres peuples qui peuvent être plus tard découverts par les Chrétiens, ne peuvent en aucun cas être privés de leur liberté ou de la possession de leurs biens, même s'ils demeurent en dehors de la foi de Jésus-Christ; et qu'ils peuvent et devraient, librement et légitimement, jouir de la liberté et de la possession de leurs biens, et qu'ils ne devraient en aucun cas être réduits en esclavage; si cela arrivait malgré tout, cet esclavage serait considéré nul et non avenu.
http://laportelatine.org/bibliotheque/e ... s_Deus.php
Chaîne Youtube: https://www.youtube.com/c/Archidiacre

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