Oui je suis malade. Malade de voir ainsi maltraitée la liturgie voulue par l'Eglise. Malade de me faire traiter d'intégriste (pas par vous) dès que j'ai le malheur de rappeler ce que prescrivent les textes officiels. Malade de me voir prêter des mots qui ne sont pas les miens et ne reflètent pas ma pensée dès que je m'élève contre ce qui est objectivement une mauvaise pratique. La paroisse dont les fidèles subissent la médiocrité de mes talents d'organiste est en fait la voisine de celle où je réside. Le moment où j'ai décidé d'aller voir ailleurs, c'est il y a une quinzaine d'années, quand le curé lui-même m'a sorti, en pleine préparation de la Vigile Pascale, mot pour mot, "tu nous fais ch#er avec tes bondieuseries", précisément sur le sujet du Gloria. Alors, oui, ça me rend malade.
Le cantique que vous proposez vous émeut, vous touche, vous plonge dans une expérience de piété , vous réjouit le coeur ? Très bien ! Gardez-le, chantez-le autant que vous aurez de la voix. Il est pétri de qualités : la musique est chantable, belle, la polyphonie agréable, les paroles sont catholiques, non vraiment, c'est un bon cantique, dans lequel je ne vois ni fausseté, ni incorrection, ni impiété. Mais ça n'en fait pas le Gloire à Dieu.
Je ne suis conservateur de rien du tout, et encore moins de cette hymne qui n'a pas besoin de moi pour la défendre : mettez les textes côte-à-côte, et comparez. On peut toujours pinailler sur la notion de condensé ou d'abrégé : il zappe pas mal de choses, et en ajoute d'autres, et ce, comme fait remarquer Gaudens, de façon beaucoup plus juste que nombre d'autres.
Vous avez pourtant vous-même posté :
Quand on chante le Gloire à Dieu, on s'unit à 20 siècles de chrétienté, à l'Eglise céleste toute entière, aux anges même !!! Comme le fait remaquer votre auteur, ce n'est pas rien !!! Mais s'y unit-on vraiment, quand on chante quelque chose de vraiment différent ? C'est pour cela, je pense, que le Missel Romain précise (§53) :Au commencement de la célébration, (...) nous nous unissons au chant des anges. Ce n'est pas rien de chanter avec les anges ! Il est bon de nous rappeler que toute notre liturgie terrestre se veut à l'image de la liturgie céleste des anges qui chantent sans cesse la gloire de Dieu.
(...)
Cette hymne très ancienne - elle remonte au IIIe siècle - (...) peu à peu, a été introduite dans la liturgie eucharistique. (...) Il est remarquable que cette hymne se soit ainsi enracinée dans la liturgie, sans interruption au fil des siècles et sans se démoder.
(...)
"Chanter avec enthousiasme un Gloire à Dieu en compagnie d'autres chrétiens, écrit le Père Garneau, ne peut être que réjouissant et réconfortant. Chanter de bon coeur le Gloire à Dieu aide à être heureux".
Source : Pascal Desthieux, La Messe ... enfin je comprends tout, p. 120
Ce n'est même pas moi qui le dis : remplacer le Gloire à Dieu par un autre texte est un abus, proscrit par le Missel. Quelles que soient ses qualités. Point.Le Gloria est une hymne très ancienne et vénérable par laquelle l’Église, rassemblée dans l’Esprit Saint, glorifie Dieu le Père et l’Agneau et adresse à l’Agneau ses prières de supplication. Le texte de cette hymne ne peut pas être remplacé par un autre.
Maintenant, réfléchissons deux secondes. Certains parmi les détracteurs de la FORM sont génés par ce que le Missel de 1969 a introduit nombre de "ou", "si on le juge bon", "selon l'opportunité", "par ces mots ou d'autres semblables" ... Par exemple, le Missel rénové propose en français pas moins de 10 prières eucharistiques : largement de quoi s'adapter à l'assemblée, au temps liturgique, aux circonstances ... Et bien que voit-on ? Pendant que certaines sont totalement inutilisées, certains prêtres, systématiquement, massacrent la deuxième à grands coups d'improvisations qui ne parlent qu'à eux-mêmes. Ce qui fera dire à certains de nos détracteurs, par ignorance ou par mauvaise foi, : Voyez, avant nous avions le Canon, maintenant avec le nouveau Missel, c'est le f##toir, chacun improvise des prières eucharistiques nullissimes à sa sauce, restons-en au Missel de 1962" (propos fictifs ou déformés).
Et bien, d'une certaine façon, même si le Père Lebel l'a composé avec la meilleure intention du monde et dans cet usage, ce cantique n'est pas LE Gloire à Dieu. C'est pourquoi je parle de faux-Gloria. Même s'il est bien supérieur à d'autres en la matière. Vous faites juste remplacer "Canon" par "Gloire à Dieu" et "prières eucharistiques nullissimes" par "cantiques de qualités inégales" aux FERMistes dans la sentance précédente. Ce n'est pas de nature à faire cesser la "guerre des messes".
Des Gloire à Dieu, en français, respectueux de la traduction officielle, facilement mémorisables et chantables, avec une mise en musique à la hauteur du texte, depuis 20 ans que je suis organiste, j'en ai vu passer quelques uns. Pas beaucoup - il est vrai que c'est le texte de la messe le plus difficile à mettre en musique - mais il y en a. Encore plus si l'on admet les formats couplets-refrains, non prévus par le Missel, mais entendus jusqu'au Vatican. Et celui que j'ai accompagné hier n'incitait personne à bailler aux corneilles, ni à faire son budget de la semaine.
En créant ce fil, vous l'avez intitulé "cessons la guerre des messes". Je dis AMEN ! Mais je suis persuadé que la "guerre des messes" serait bien moins virulente si on s'en tenait à la richesse et la diversité du Missel actuel. Ne comptez pas sur moi pour dire que c'était mieux avant ou que c'est mieux maintenant, je n'ai pas connu avant, je n'en sais rien. Ce que je recherche, c'est de faire mieux que maintenant. Et il y a du boulot.