lemoni a écrit : ↑dim. 14 juil. 2019, 11:18
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Bonjour Lemoni,
Au risque de surprendre sans que cela soit pour autant une contradiction.
Ce n'est pas qu'une question de préjudice moral, ou au nom de tous ces gens mais comme nous sommes sur un forum catholique la question, comme le rappelait Suliko est : la peine capitale est-elle autorisée et est-elle un bien (selon un point de vue catholique donc) ?
Nous sommes dans la rubrique politique nous pouvons donc exprimer des avis personnels sans être le doigt sur la couture par rapport à la doctrine, mais en la gardant tout de même comme référentiel.
Alors à la question : la peine capitale est-elle autorisée et la réponse est "oui". Et si on se réfère à la doctrine c'est vrai, c'est incontournable.
Par contre ce qui nous a opposés ces derniers jours ce n'est pas si elle était autorisée mais si elle était encore adaptée à notre époque, et également si elle était un bien ?
J'invite chacun à se tourner vers le document proposé par Suliko, comme source ordinaire mais emplie de bonnes références, et particulièrement vers ce qu'en dit saint Augustin; car définit comme étant le plus prolixe sur le sujet (les autres références vont aussi en ce sens).
Je le fais de mémoire.
St Augustin défend la licité de la peine de mort mais à aucun moment il ne la défend comme étant un bien. On peut constater dans le texte lui-même que la responsabilité de la peine de mort est reportée sur la loi et non celui qui la prononce ou l'exécute. A condition que celle-ci soit faite au nom de la société et exécutée dans ce cadre précis (la référence sur le bourreau est plutôt explicite).
Par contre et c'est là ou j'entre dans l'interprétation qui va en mon sens, si la responsabilité de cette exécution est reportée sur la loi et non les hommes, et qu'elle n'est pas qualifiée comme étant un bien alors c'est qu'elle n'en est pas. Si elle était un bien elle rejaillirait pour la Gloire de Dieu, et sur les hommes pour leur édification. Ce n'est absolument pas le cas. Et pourquoi ? Parce que tuer quelqu'un (même un coupable) reste un mal objectif, et qu'un mal n'est jamais un bien, même si c'était nécessaire pour le fonctionnement de la société.
Alors attention, je vais essayer d'expliquer cela sans me mélanger.
Je reprends mon argumentaire : si on exécute 100 hommes et que parmi eux il y a 1 innocent (en dessous des 4% donc), le mal n'étant pas une déficience du criminel mais une efficience (un mal réel, agissant), je ne me débarrasse pas du mal (le contenu) en tuant le criminel (le contenant). Je ne me débarrasse même pas du mal qu'à fait ce criminel.
Autrement dit en tuant un criminel, je vais me débarrasser de lui, mais le mal qui était en lui ne cessera pas d'exister. La quantité de mal reste la même et ce que j'exécute 1 criminel ou 99.
Par contre si j'exécute 1 innocent, la responsabilité sera toujours transférée sur la loi si les règles sont respectées, pas de souci jusque là. Mais comme tuer reste un mal objectif et que tuer un innocent est un plus grand mal encore et bien au final : j'aurais produit plus de mal en tuant cet innocent que de "bien" en exécutant 99 coupables.
Et c'est là à mon avis que réside le désaccord, c'est qu'on semble croire qu'en tuant le coupable, on tue le mal qui va avec. C'est, selon moi, penser que le mal est une déficience liée au criminel, ce qui n'est pas le cas.
Et comme les erreurs judiciaires ne sont pas inexistantes : enquêtes bâclées ou orientées, fausses preuves ou témoignages etc... même en toute bonne foi (sauf dans le cas du flagrant délit) je n'ai pas la certitude absolue d'exécuter le vrai coupable. Et en effet des cas ont été médiatisés.
En exécutant cet innocent la société n'est pas responsable, mais il reste qu'elle a tout de même produit un mal objectif supérieur, ce n'est donc pour moi pas un bien.
Donc, et s'il reste des survivants à cette explication : oui la peine de mort est licite, non elle n'est plus adaptée à notre époque
dans l'état actuel, non elle n'est pas un bien. Voilà ce que je défends.
Après concernant le préjudice moral, il est certain, mais dans le sens de la discussion on sort de la position catholique pour entrer dans un point de vue humaniste, que vous avez le droit de défendre à mon sens et que je pense être une très grande injustice.
Cordialement.