Voici ce qu'écrivait Prodigal à la page 12, et presque il y a trois ans jour pour jour.
Ici :
Prodigal
Voici ce que dit le pape François:
François a écrit :
En effet, aujourd’hui, la peine capitale est inadmissible, quelle que soit la gravité du crime de la personne condamnée.
Il n'y a donc pas de contradiction avec ce que dit le catéchisme. Il s'agit d'une prise de position concernant aujourd'hui, et non d'un regard sur le passé.
Mais pourquoi y aurait-il une spécificité qui tiendrait à la situation actuelle?
Il faut comprendre que l'Eglise n'a pas à verser le sang. Ce n'est pas elle qui applique la peine de mort, celle-ci relève du pouvoir de César.
Or, César peut attendre de l'Eglise qu'elle conforte la légitimité de la peine capitale (en même temps que celle de César lui-même), en montrant qu'elle l'accepte et en contribuant à la rendre plus humaine, par l'accompagnement des condamnés. C'est ce qui avait cours autrefois.
De nos jours, paradoxe des sociétés démocratiques, César représentant du peuple a besoin de l'abolition de la peine capitale pour conforter sa légitimité démocratique. Et César, là aussi, attend de l'Eglise qu'elle aille dans son sens.
Mais l'Eglise est libre, et c'est librement et pour des raisons théologiques qu'elle approuve cette évolution, ainsi que l'évolution vers la démocratie, ce qui ne plaît pas à tout le monde.
Voilà comment je vois la situation.
Je peux comprendre une partie de la réflexion mais non pas la totalité. Par exemple, je ne vois pas la nécessité de lier l'abolition de la peine de mort avec l'organisation démocratique d'un régime politique. Qu'est-ce que cela ?
Ce sont bien des pays démocratiques aussi qui auront pu pratiquer la peine capitale et jusqu'à tout récemment encore. Et ces États américains où la peine capitale peut encore être appliquée, aux États-Unis, sont des États qui ne sont pas moins démocratiques que la France, l'Angleterre ou le Canada. Par suite, je ne vois pas du tout "qu'il faille à César en 2019, comme un truc absolument incontournable, l'abolition de la peine susdite pour conforter une quelconque légitimité démocratique de qui que ce soit".
Il n'est pas non plus de nécessité à ce que l'Église dusse se ranger à l'avis de César. Si c'était vrai, il faudrait parler de césaro-papisme, avec la nécessité aussi que l'Église aille justifier théologiquement jusqu'à la normalisation de l'homosexualité, du divorce, de l'avortement, de l'euthanasie et ainsi de suite. Ce serait vraiment là mettre l'Église au service de César, non ? Mais à quel prix ?
Moi je pense tout simplement que nos évêques *veulent* abonder dans le même sens que tant de nos "beaux esprits" sur cette question des peines et des châtiments. Parce que cette position abolitionniste leur semblerait probablement plus gentille, plus charitable. Ils sont convaincus en un mot par la propagande humaniste sans Dieu. Ils croient que cela devrait pouvoir s'arrimer sans mal avec une position chrétienne. A cela, je répondrais qu'ils ont parfaitement le droit de le penser en effet.
Mais, là où ça se gâte : c'est quand leurs idées personnelles sur la question devrait se traduire par une sorte d'obligation pour leurs fidèles à devoir penser comme eux. Et je précise que "de ne pas souscrire aux idées des évêques là-dessus" ne rime pas non plus avec le fait de jouer le trublion, casser des vitres, aller faire des piquets devant l'Assemblée nationale ou considérer impossible le fait de vivre dans le régime actuel. Simplement, que l'on ne sera pas d'accord avec la pensée de Mgr et pouvant s'exprimer, lui, du haut de sa chaire (à Rome ou ailleurs).
Je crois, moi, que de poser le principe d'une inadmissiblité de la peine capitale et même en postulant cette réserve que cela ne vaudrait que pour aujourd'hui, c'est juste rendre illisible et incompréhensible pour tous le fait que l'Église aura pu pendant toute son histoire affirmer exactement le contraire. C'est nous couper du passé de l'Église.
Je suis sûr et certains que tous vont comprendre que l'Église était bel et bien dans l'erreur pendant tout ce temps. Moralité ? "Vive nos humanistes et autres philosophes sans Dieu ressortant de la société civile, et sans qui nos ecclésiastiques seraient encore enfoncés dans les ténèbres de l'ignorance !" On va nous faire comprendre que c'est l'Église bien sûr qui aurait intérêt à se mettre à l'école de ces penseurs étrangers et pour le plus grand bienfait de sa propre théologie !
Je dis que si l'Église n'est pas obligé de militer en faveur d'un rétablissement de la peine de mort en Europe, elle n'est pas obligé non plus de donner raison aux humanistes et autres anticléricaux, et ce, à l'encontre de
sa propre tradition et de ce que pourraient penser nombre de ses propres fidèles.