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par Xavi » ven. 30 nov. 2018, 17:42
Ce morceau de poutre, est-ce sérieux ?
Comment comprendre aujourd’hui le récit du déluge ?
C’est une histoire attribuée aux trois fils de Noé (Gn 10,1). Cette attribution est un indice du découpage primitif du début de la Genèse en tablettes sumériennes par des colophons qui indiquent l’auteur du récit d’une tablette par un petit mot (le mot hébreu « Towledah ») qui a un double sens qui peut signifier à la fois les origines de l’auteur (son histoire passée) et sa postérité (son histoire future).
Le récit écrit de chacun des trois fils devait déjà être bien différencié par trois écrits distincts lorsque la Genèse a été composée, car le texte biblique reprend et fusionne ces trois versions différentes sans chercher à effacer leurs différences, même lorsqu’elles peuvent paraître contradictoires.
L’événement est situé moins de 300 ans avant Abraham. A une époque que les historiens connaissent bien. Le niveau culturel et littéraire est déjà très élevé en Mésopotamie. C'est l'époque où à Ebla, il y avait déjà une bibliothèque avec des tablettes rangées par catégories et des dictionnaires éblaïte / sumérien.
Des crues et des inondations, il y en a eu beaucoup en Mésopotamie, surtout dans la région de Ur et Babylone (Babel) d’où Abraham est originaire. La Genèse situe la Création à cet endroit qui est une région entourée de hautes et vastes montagnes : les Monts d’Arabie d’où s’écoulait le fleuve Wadi-el-Batin (actuellement asséché depuis plus de trois mille ans), les montagnes du Zagros iranien d’où s’écoulaient le Karoun et le Karkheh (actuellement distincts mais qui s’écoulaient très proches et parfois réunis), et les montagnes du massif de l’Ararat d’où s’écoulaient le Tigre et l’Euphrate. Tous ces fleuves confluaient dans le pays de Sumer pour y former un fleuve unique rejoignant le Golfe Persique (actuellement nommé le Chatt-el-Arab).
Le récit du déluge est très précis sur le plan historique. Il s’agit du dernier déluge dans la région. Il n’y en a plus eu d’autres (Gn 8, 21).
Et, en effet, il n'y a plus eu de crues majeures dans la région qui a connu, après une période de plus grande pluviosité, un changement climatique majeur que les géographes actuels situent il y a 4200 ans. Le golfe persique qui s’avançait jusqu’à Ur a reculé depuis lors et son rivage se trouve aujourd’hui à plus de 200 km de cette ancienne capitale de Sumer.
Par contre, des récits sumériens font état aussi état d’un déluge ancien et notamment d’une histoire d'un certain Ziusudra sauvé des eaux par un grand bateau, au début du troisième millénaire avant Jésus-Christ.
Dans l’immense plaine du delta des grands fleuves qui baignaient le pays de Sumer, nommé « adin » en sumérien, la montée des eaux pouvait être brutale, soudaine et meurtrière. Il pouvait être prudent de prévoir un abri flottant en cas de crue soudaine.
Dans les messages précédents, il a déjà été relevé que le déluge redouté ne concerne pas la planète terre, mais la terre de « l’adamah », cette terre d’argile rouge du pays de Sumer. C’est uniquement le pays de Sumer qui est inondé par le déluge biblique.
Il n’y a aucune trace d’un déluge universel, ni même d’un déluge étendu à l’ensemble de la Mésopotamie au cours des 10.000 dernières années.
Oublions donc les images enfantines amenant à Noé les ours blancs et les pingouins du pôle nord, les éléphants, les gorilles et les girafes d’Afrique, ou les kangourous d’Australie. Les milliers d’espèces animales de la planète.
La terre inondée par le déluge biblique ce n’est que la terre (en hébreu : eretz, qui signifie, notamment, région, pays) de l’adamah, de Sumer.
C’est seulement de toute la surface de « l’adamah » (la terre d’argile rouge où Adam et Ève ont été créés) que, selon le récit, Dieu décide d’exterminer « depuis l'homme jusqu'au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel » (Gn 6, 7, Gn 7,4 et Gn 7, 23)
Ce que Noé doit embarquer, ce sont seulement des animaux de « l’adamah » (Gn 6, 20 et Gn 7, 8).
A la fin du déluge, c’est sur la surface de « l’adamah » que les eaux diminuent (Gn 8, 8).
Lorsque Noé enlève la couverture de l’arche et regarde, c’est le sol de « l’adamah » qui avait séché (Gn 8, 13).
C’est seulement « l’adamah » que Dieu décide, après le déluge, de ne plus jamais maudire (Gn 8, 21)
Et, lorsque Noé descend de l’arche, il n’a pas changé de région et c’est encore « l’adamah » qu’il commence à cultiver (Gn 9, 20)
Dans ce contexte, ce qui est prévu, c’est uniquement la protection de la famille de Noé et de son cheptel en prévision d’une inondation du pays d’argile rouge où Adam et Ève ont été créés. Sept couples des animaux purs et un couple des animaux impurs (Gn 7, 2-3).
Le cheptel des Sumériens comprenait des moutons, des bovins, des chèvres, des porcs, des ânes, des chiens, des canards, des oies, des pigeons.
L’arche qui est construite n’a pas la forme d’un bateau, mais d’une maison flottante de forme rectangulaire.
Le récit en donne les dimensions en coudées. Attention ici encore à ne pas se cramponner à une interprétation littérale qui ne tient pas compte du contexte. La coudée (environ 50 cm) est une mesure de référence. On ignore le terme utilisé dans le récit sumérien primitif et, quoi qu’il en soit, le mot « coudée » peut être utilisé comme image d’une unité de mesure imprécisée ou uniquement pour donner des proportions.
Dans le sens littéral actuel d'une coudée, l’arche, mesurée en coudées (Gn 6, 15), aurait eu une longueur de 150 mètres (300 x 0,5), une largeur de 25 m (50 x 0,25) et une hauteur de 15 m (30 x 0,5). Énorme, et même invraisemblable pour y emporter uniquement huit personnes et quelques couples de leurs animaux domestiques.
Ne pensons pas trop vite que les « ammah » (mot hébreu traduit par coudées) qui mesurent les dimensions de l’arche de Noé ont nécessairement une longueur correspondant aux tailles plus ou moins précises des coudées dans le système ultérieur de calcul des mesures. D’ailleurs, le mot hébreu « ammah » vient du mot « Em » (mère) qui n'a ’aucun rapport avec une partie de l’anatomie humaine. Il pourrait s'agir de la « matrice » de la mesure.
Un détail du récit nous montre que le mot coudée ne peut y être traduit littéralement comme étant environ 50 cm. En effet, le récit indique que l’arche n’a qu’une seule fenêtre d’une « coudée » de hauteur (Gn 6, 16) et précise qu’à la fin du déluge, il était nécessaire d’enlever le toit de l’arche pour pouvoir constater que la terre était sèche (Gn 8, 13).
Si la fenêtre avait 50 cm de hauteur, il est évident que Noé aurait pu aisément regarder par elle l’état de la situation autour de l’arche. En fait, dans le récit, elle ne doit avoir que la hauteur nécessaire pour y lâcher un corbeau puis une colombe qui, à défaut de trouver une terre proche, sont revenus dans l’arche (Gn 8, 6-12).
On ne voit pas non plus pour quelle raison, il aurait fallu faire trois niveaux (Gn 6, 16) sur une hauteur de 15 mètres, soit 5 mètres en moyenne par niveau. Cela n’a aucun sens par rapport à la taille des humains et des animaux domestiques à emporter.
Dans le contexte sumérien et dans le contexte concret du récit, la « coudée » ne peut se réfèrer adéquatement à la mesure précise d'environ 50 cm, mais a manifestement un autre sens, qui me semble celui d'un celui d’un susi sumérien.
A cet égard, plusieurs tablettes sumériennes font état de l’utilisation par les Sumériens, qui pratiquaient principalement le calcul sexagésimal (par 60), d’une mesure (le « su » ou le « susi ») qui était une subdivision de la coudée par 6 mesurant 8,25 cm.
Avec environ 8,25 cm, le susi sumérien (qu'il y a lieu de considérer comme traduit dans le texte hébreu par le mot coudée), cela donne environ une arche d’une longueur de 24,75 mètres (300 x 0,0825), d’une largeur de 4,12 m (50 x 0,0825) et d’une hauteur de 2,47 m (30 x 0,0825), soit une superficie d’environ 100 m2. Une telle mesure paraît réaliste pour y emporter uniquement huit personnes, 7 couples de chacun de leurs animaux purs et un seul couple de chacun de leurs animaux domestiques impurs, avec une division en trois niveaux portant à 300 m2 la surface totale d’occupation.
Une hauteur de 2,47 m permettait des étages différenciés dans lesquels il était prévu des cellules (Gn 6, 14). Pour la volaille et les petits animaux, une hauteur d’un demi mètre pouvait suffire. Peut-être 80 cm pour les brebis et 120 cm pour les bovins. Suffisant pour un secours d’urgence.
La fenêtre de seulement 8,25 cm [une seule mesure (coudée/susi) de hauteur] était parfaitement adéquate pour le passage d’un corbeau ou d’une colombe et permet de comprendre qu’il n’y avait que très peu de vue pour les occupants qui ne pouvaient y passer la tête et cela explique pourquoi le récit raconte qu’il a fallu soulever le toit de l’arche pour voir que les eaux avaient baissé (Gn 8, 13).
Cette ouverture est juste suffisante pour y lâcher un corbeau ou une colombe. Si la fenêtre avait un demi-mètre de hauteur, selon la coudée classique, un humain aurait pu s’y pencher pour apercevoir toit ce qu’il voulait, ce qui n'était pas le cas.
Ainsi, une relecture de la signification réelle de la coudée dans le contexte sumérien permet de considérer que l’arche n’avait que des dimensions normales pour un père de famille soucieux de préserver les siens et son patrimoine des risques importants de crues à l’endroit inondable où il vivait.
La taille même de cette arche confirme le nombre limité des animaux embarqués autant que le caractère local du déluge dont il fallait se protéger.
Ce qui a été détruit c’est toute la terre de l’adamah, toute la terre du pays de Sumer où l’humanité a été créée. L'idée d'un déluge universel recouvrant l'Himalaya, ne résulte plus que d’interprétations fondamentalistes qui ne considèrent pas le récit dans son contexte ou d’un refus a priori d’admettre un récit réaliste et historique dans le contexte sumérien de mieux en mieux connu.
A cet égard, l'attribution à l'arche de Noé d'un morceau de poutre trouvé près du sommet du Mont Ararat manque de fondement raisonné.
Lorsque le récit nous raconte que les « montagnes » furent recouvertes (Gn 7, 19-20) ou que les sommets des « montagnes » réapparurent après la diminution du niveau des eaux (Gn 8, 5), la traduction française est trompeuse et sa lecture littérale doit être considérée, dans son contexte, par rapport au mot hébreu « har » qui est traduit par « montagnes » mais qui signifie aussi, et c’est le sens à retenir ici, « colline » ou même simplement « élévation » ou « dénivellation ».
Lorsque l’arche échoue sur les « montagnes » d’Ararat, c’est aussi, tout simplement, sur le début de « l’élévation » du massif de l’Ararat qui monte, du pays de Sumer où l'arche s'est échouée, jusqu’à son sommet enneigé situé à mille kilomètres de l’adamah du pays de Sumer et à plus de 5.000 mètres d’altitude.