Puisqu'on en est à ne pa
s reculer devant des pavés...
Je suis tout à fait d’accord avec le fait que la morale n’est pas une spécificité chrétienne, d’autant plus que c’est ce qui a été reproché au christianisme – son immoralité – avant qu’il ne gagne. D’autant que justement il dépasse la morale en allant plus loin, ce qui le rend soupçonné.
Il y a l’exemple par la civilisation, mais aussi celui par un exemple ou cas précis.
Permettez-moi d’en choisir un d’actualité, à savoir l’avortement. Le christianisme a perdu cette bataille, car il n’a d’autre argument semble-t-il que d’invoquer Dieu, ce qui n’est plus recevable au niveau d‘une société. Par ailleurs, bien des chrétiens et qui se disent avoir la foi, ont l’habitude de « s’arrêter là » et de ne pas aller plus loin dès lors qu’ils n’ont plus d’argument pour défendre le point de vue de celle-ci et qu’elle leur paraît même paradoxale.
Commençons par reprendre les arguments en sa faveur, que généralement un chrétien évite pour garder à sa foi de sa hauteur (je reprends des choses ici déjà écrites par moi, mais qui serviront à ma démonstration, notamment pour défendre le point de vue exprimé par cette vidéo conseillée par Trinité et que vous n’avez pas « saisi » : je n'ai pas passé ma nuit à écrire !).
Si l’avortement était une bonne chose en soi, il serait inutile de le défendre en évoquant le viol et de préférence d’une fillette pauvre, inculte et athée pour qui évidemment il semblerait être une très bonne chose (sans pour autant tout réparer). Ce qui n’empêche en rien que si l’avortement devient une bonne chose quand simplement par exemple la mère ne désire pas ou croit ne pas pouvoir aimer son enfant, quel qu’en soit le motif et la véracité, cela voudrait dire que la dignité humaine d’une personne (ce que peu contestent au fœtus) dépend d’un ou de plusieurs tiers, en fonction de leur antériorité ou intériorités, de paramètres qui ne la prennent pas en considération de façon neutre et objective, égale.
Car alors, cela sinon autoriserait non seulement le viol (le cercle se referme), mais aussi la torture, l’esclavage, et toutes sortes de sévices ou d’agressions, du fait que ceux qui les exercent ont eu au préalable la liberté d’enlever à leurs victimes la condition qui condamnerait leur acte.
On rejoint là l’aberrante prétention de celles qui prétendent justifier l’avortement en déclarant que « c’est leur corps » ou que « seule une femme peut comprendre et juger ». Car un violeur dira pareil à l’égard de son acte, ou d’autres horreurs que les femmes ne semblent pas commettre par manque de force, Et les autres hommes considéreront que « c’est son choix » : autre refrain pour aussi défendre l’avortement, et qui laisse entendre que le bien et le mal ne sont que des options pour qualifier un acte et ne dépendant que de la décision de la personne qui le pose, une sorte de dichotomie cruelle et vaine sans référence à une quelconque règle morale extérieure (c’est de fait un peu la même chose et nous tournons un peu en rond, que de ne pas prendre en compte la liberté et l’existence des autres).
On peut d’ailleurs se demander ce qui resterait pour être susceptible d’être mal encore, en ce qui nous concerne, sauf à tomber sur une nature scrupuleuse ou torturée, morbide, pathogène, se donnant une marge de progression vers quelque idéal à atteindre et qui aurait besoin de ce stimulant.
Il est évident qu’alors, tout peut devenir bon : le viol bien sûr, mais le meurtre aussi, et puis le vol, le mensonge et n’importe quel crime.
Tout ce que nous faisons, si nous le faisons, c’est que nous l’avons jugé bon au moins pour nous !
Quand bien même ce serait contraire à notre opinion ou notre souhait, il y aurait des raisons sans lesquelles ce pourrait être différent, mais avec lesquelles n’y en aurait-il qu’une seule, ce serait impossible sans entrer dans une contradiction portant sur notre liberté.
Il n’y a que la possibilité d’un Dieu pour contrecarrer cela, pour donner à une règle qui nous soit extérieure, la priorité, sans léser personne.
Or pourquoi aurait dû sinon prévaloir l’avis de la femme ? Il était question d’un fœtus qui ne lui appartenait pas plus qu’à l’homme, et sans parler de Dieu nous pourrions considérer qu’il appartenait déjà à la communauté des vivants, des humains.
En quoi une grossesse et un accouchement, qui sauf en cas de viol n’avaient rien de plus forcé qu’en ce qu’ils auraient été désirés, constitueraient-ils une offense ou une maladie, une atteinte à la liberté ou à la santé, une charge ? Au contraire, beaucoup considèrent que la femme n’atteint son plein épanouissement physique qu’après, ce que la science a expliqué au point que certaines sportives en ont provoqué (l’accouchement ayant été provoqué et prématuré) pour améliorer leurs performances !
Nous avons beau revendiquer le droit de ne vouloir jamais tomber malade, vieillir ou mourir, pourtant à moins de se suicider, il y a de grandes chances pour que cela nous arrivera et nous n’en serons pas lésés pour autant. Et quand cela surviendrait-il, une maladie ne s’attrape pas aussi délibérément qu’un enfant, or nous n’aurions pas l’idée d’en faire reproche sinon à soi-même, - absurdement donc à quoi d’autre qu’à notre propre droit !
On le voit bien ici, que les valeurs (dignité,..) ou vertus défendues par la croyance en Dieu pourraient l’être sans lui, mais quand vous dites que c’est de l’anthropocentrisme et nous donner une importance que nous n’avons pas, vous oubliez que cela n’en est pas pour un croyant puisqu’au contraire son avis dépend d’un tiers qui lui est extérieur, et sans lequel il serait facile de tomber dans la facilité et de trouver « moral » un avortement.
Ceci afin d’éviter de tomber dans une discussion politique où l’anarchie tiendrait le haut du pavé, représenterait un absolu comme étant la meilleure façon de respecter la liberté de chacun – sous réserve que déjà, nous nous respections les uns les autres or comment : ce qui relativise sa mise en œuvre.
On rejoint également sinon là une autre prétention aberrante, à savoir que le fœtus ne deviendrait une personne humaine et ne jouirait des droits y afférant qu’après sa naissance. Car ce serait considérer la dignité de sa personne comme ne lui appartenant plus que comme un accident, dont cette personne pourrait être privée sans cesser d’être une personne.
Je veux parler ici de la distinction philosophique entre l’accident (être assis ou debout, ici ou là, nu ou habillé, sec ou mouillé, brun ou chauve : rien qui ne change fondamentalement la nature de l’être) et la substance.
Fœtus, enfant, homme ou femme, vieillard, cadavre, qualifient une évolution qui ne dépend d’aucun accident (et je ne parle pas de celui qui conduit à être manchot ou cul-de- jatte, à perdre un organe ou la vie, même si c’est aussi vrai) car la personne est restée la même. Que deux personnes soient assises ou en train de faire l’amour ensemble (accident) ne fait pas d’elles la même personne, et leur dignité ne sera pas entamée selon que cet acte sera conjugal ou adultère (ce que certains extrapolent en affirmant que tout leur est bon puisque c’est leur choix). Le Fœtus n’a peut-être pas le même stade de développement, ou plus encore il n’en a peut-être que le plus petit, mais « ce n’est pas un accident » et le processus vital en lui est déjà agissant qui ne changera pas, dusse-t-il gagner encore des membres, des organes, un sexe ou une respiration, dusse-t-il changer lui-même.
Une façon de résoudre la question serait de considérer que le corps tout entier n’est qu’un accident (et que la dignité humaine n’est qu’un instinct de survie), ce qui pourra faire plaisir à certaines religions prônant notamment la métempsychose et là se voit comment une croyance, avec un rien d’obscurantisme, peut cautionner des actes ignobles, comme le meurtre. Mais c’est un autre débat et précisément celui que veulent éviter les défenseurs de l’avortement, à savoir d’en requalifier l’acte en meurtre, preuve que ce dernier leur reste un mal. Malheureusement cela leur est difficile, car le fœtus n’est pas plus que nous un simple tas de cellules : il est déjà capable d’aboutir à une étonnante transformation alors qu’il ne reçoit par le cordon ombilical que des aliments qui en sont incapables.
D’une certaine façon, ce serait alors davantage tout ce qui n’est pas notre corps, qui pourrait être un accident ! Et on en arriverait à justifier les lavages de cerveaux, les camisoles chimiques, les diagnostics erronés et trompeurs d’aliénation mentale, l’internement psychiatrique abusif, les zombies, le harcèlement moral, la négation ou l’impossibilité du péché !
Décidément, à moins d’avoir et de faire preuve à l’égard de l’avortement d’un acte de foi, il est difficile de le défendre sauf exceptions, et c’est pourquoi l’Eglise quand elle le condamne ne s’appuie que sur la révélation Divine, sauf à réduire la morale à une simple convention reposant sur des avis partagés.
Or pour qu’une loi civile daigne, ou ose, condamner l’avortement, il faudrait qu’elle puise s’affranchir de cette révélation Divine car ce serait sans quoi préjudiciable à la liberté religieuse, à la conscience notamment de ceux qui n’ont pas reçu la foi. Il faudrait qu’elle construise une certaine cohérence éthique et doctrinale, qui soit en mesure de s’imposer à tous sans essuyer de contradiction ni relever de l’arbitraire.
Tous ces arguments dont j’ai montré la faiblesse, s’insurgent en réalité mais de façon détournée contre une loi qui serait divine, mais sont déboutés sans qu’il soit nécessaire de l’évoquer. Et c’est d’une certaine manière grâce à eux que nous pouvons nous rendre compte qu’une loi civile devrait parvenir à limiter l’avortement à des cas très précis, quand par exemple la santé de la mère est en danger, sans pour autant invoquer le bien communautaire du renouvellement des générations, ni la durée cumulée (5% ?) relativement courte de fertilité d’une femme, au regard de toute sa vie et de sa participation sociétale, et sans même tenir compte de ses périodes de solitude.
Que toute conception soit merveilleuse, n’empêche pas qu’elle puisse être crapuleuse (du fait de l’homme aussi bien que de la femme ou des deux) : or c’est à nous de choisir, en toute responsabilité, ce que notre vie doit être, et de l’assumer.
Beaucoup d’athées s’énervent et s’acharnent à démontrer qu’il y a des fondements moraux et que ceux-ci ne dépendent en rien de l’existence ou non de Dieu : ils rejoignent en cela le concept de loi naturelle, dont se justifient les croyants pour prétendre qu’ils les connaissent, dès lors que Dieu la leur a révélée. Car étant évidemment le créateur, il ne peut être en contradiction avec celle-ci quand il nous donne ses préceptes, Bref, ces athées en revendiquent la possession, le tribut humain, sans en faire une preuve de l’existence de Dieu, et nous renvoient à notre liberté et à notre conscience morale.
Sans compter que la pluralité des religions et leurs désaccords, susciteraient des tensions, des rivalités, maintes discussions hors sujet, et empêcheraient tout consensus tant qu’il n’y en aurait pas plus qu’une : leur incroyance garantirait en quelque sorte mieux la liberté religieuse en assurant la cohésion indispensable à l’élaboration de toute loi sur une base laïque.
Il se trouve qu’en ce qui concerne l’avortement, ils n’ont pas encore réussi à établir que ce dernier dépendrait de la seule liberté individuelle de la femme, bien que tout se passe comme si c’était le cas. Autrement dit, l’avortement relève aujourd’hui d’un acte de foi sectaire, mais qui deviendra de plus en plus douteux, superstitieux et oiseux, incorrect. Sans compter la suspicion qu’il fait peser sur la responsabilité de l’homme !
Tandis que croire en Dieu ne le sera jamais : d’où bien des frictions, des désillusions et des frustrations.
En revanche, ne nous leurrons pas : avoir reçu de Dieu ses préceptes ne nous dispense pas d’avoir à en rechercher les fondements moraux qui ne nous ont pas été donnés avec ! Et pour convaincre un incroyant, non seulement nous aurons sans ces fondements du mal, mais nous ferons fausse route si nous matraquons ses préceptes comme des slogans, ce qui serait à la fois enfantin et irrespectueux. Il nous faudra bien reconnaître nos lacunes et faire preuve d’humilité, face à certains hommes dont la sagesse sera supérieure à la nôtre et quand bien même notre foi nous la ferait jugée aboutir à des conclusions erronées.
Que nous soyons ou non croyants, Dieu nous veut-il comme esclaves et perroquets, ou comme amis ? Or l’ami n’est-il pas celui qui cherche à nous connaître de mieux en mieux, nous contredit sans vergogne quand il nous désavoue, entame alors de longues discussions dans le but d’aboutir à un avis partagé et commun, mais respecte nos arguments et nous laisse donner nos ordres à nos serviteurs et salariés, esclaves, sans se sentir concerné autrement qu’à nous vouloir obéi ! Et s’il n’y a pas moyen de se mettre d’accord, l’amitié persiste et à défaut de nouveaux arguments, le sujet qui en est la cause simplement est évité. Chacun garde néanmoins au fond de lui la conviction qu’un jour, le litige sera levé et les motifs du désaccord éclaircis.
Ce ne pourrait être qu’à l’issue d’une longue fréquentation, s’il s’avérait que ce soit toujours le même dont l’opinion devienne commune après qu’il y ait eu épuisement de toutes les considérations retenues de part et d’autre pour pertinentes, que l’autre pourrait en quelque sorte anticiper cet avenir par un acte de foi et en adopter les conséquences de droit (quant à sa façon d’agir et de se décider, de penser), sans que sa conscience n’y adhère pleinement ni qu’il en soit convaincu.
Il n’en demeure pas moins douteux que son ami n’en soit pas parfois attristé, et ne lui demande pas de garder sa personnalité en agissant selon ce qu’il en pense et considère personnellement, dès lors que cela ne lui portera pas préjudice ; surtout si ce sera la meilleure manière de se rendre compte de son erreur !
Si les désaccords s’avéraient trop nombreux er de plus en plus insolubles, l’amitié s’affaiblirait et en toute bonne logique finirait par se limiter à peu, voire à une simple tolérance de principe et dans le meilleur des cas, un grand respect non dépourvu de nostalgie.
Il serait regrettable qu’une telle situation ne soit due qu’à des malentendus, un manque d’ouverture d’esprit ou le refus de s’écouter, de débattre, de discuter ; l’impossibilité d’entrer en contact et des jugements de valeur péremptoires ayant pour but d’y suppléer. Ce serait d’autant plus triste et ridicule si nous les avions portés dans l’intention de rester fidèles à ce que nous avions compris de qui était notre ami, et avions résolu les éventuelles contradictions constatées par un avis qui aura fini par prévaloir sur l’attente et la confiance.
Cette "situation" du chrétien à l'égard de son Dieu entraîne un comportement bien différent de ce qu'il serait sinon, même à choix moral équivalent.
Comment se choisit un ami, selon quels critères s’établit une différence, par préférence sur nos autres connaissances ?
Qu’il accède et réponde au moindre de nos désirs sans se soucier de qui nous sommes, ceci de la façon qui lui convient pour rester lui-même et sous réserve que cela nous convienne aussi, ou qu’il se réjouisse de découvrir notre nature profonde et tout ce qui en elle l’attire, le séduit, parce qu’il y trouve des ressemblances et des affinités qui rejoignent sa propre exigence et volonté d’être, qu’elles se complètent et s’enrichissent de variantes à l’infini ?
Chacun le sait, si la première notion exprime l’amitié et lui porte témoignage, c’est la seconde qui la forme et la fonde, la justifie. Par conséquent, s’il y a la moindre ombre à éclaircir entre nous, si un tiers ou des circonstances viennent légitimement semer le doute en nos certitudes et notre harmonie, il nous appartiendra de revenir à cette seconde attitude et de clarifier le différent avant toute autre chose.
Si en satisfaisant le désir de notre ami (dont l’affection veut s’étendre à tous et pour combler chacun sans nuire à aucun, tout au contraire) nous ne sommes plus en mesure d’en porter la valeur et la parole sans les réduire, sans le trahir lui et fut-ce à notre insu, il vaut mieux s’abstenir et venir chercher auprès de lui une solution.
Comment demander à ceux qui ne le connaissent pas de lui obéir, sans leur en donner une raison qui soit valable, qu’ils puissent comprendre et s’approprier, qui soit en rapport avec ce dont il s’agit – et point encore avec lui mais qui satisfasse à la sienne qui est de construire cette amitié ? Quelle maladresse ce serait !
Pour chacun d’entre nous tous, il veut être choisi pour ce qu’il est, ce qu’il a à nous donner, non par un acte d’autorité qui serait celui d’un tiers ou par intérêt. Quand bien même l’évocation de ses titres et qualités serait judicieuse, cela s’éprouve et demande à être vérifié.
N’ayons pas peur et ne jugeons pas du résultat : n’est-Il pas libre et susceptible de le transformer à tout instant ? Nous n’avons qu’à rester disponibles et amoureux, réveiller nos forces et les affûter, nous préparer pour enrichir le partage d’une amitié par de nouvelles idées de louange ou d’activité.
Bon j'ai un peu débordé, mais quand on aime on ne compte pas et pour tout chrétien Jésus est un ami (il n'y a pas d'autre religion qui aille jusque là...)