Mais une partie conséquente du monde, depuis l'avènement du Christ, ne s'est-il pas déjà déterminé pour le blasphème? N'est-ce pas là le sens de la croix et des moqueries que le Christ a essuyées dans son supplice?
A vrai dire, je ne suis pas certain que cette affaire soit liée à une liberté d'expression illimitée (cela n'existe pas, une société s'impose toujours à elle-même une censure, que celle-ci soit tacite ou explicite. Simplement les époques ne censurent pas les mêmes choses). Je ne comprends pas non plus cette vision juridique d'un "droit au blasphème", tant il est vrai que plaquer une grille de lecture juridique sur une chose qui touche au plus profond du coeur humain me paraît hors de propos. Il n'y a pas de droit au blasphème ou d'interdiction du blasphème. Il y a des gens qui blasphèment en silence ou en public et d'autres qui ne blasphèment pas. Les blasphémateurs publics, type Charlie hebdo, "ne savent pas ce qu'ils font".
Je ne vois rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est cette manie d'appréhender une question existentielle qui touche aux cordes les plus profondes de l'humanité en des termes politiques et démocratiques, ce qui ne me paraît pas judicieux, quel que soit le camp où on se positionne. Le blasphème qui revendique son droit politique est ridicule en plus d'être frileux, car il demande à l'Etat d'appuyer sa révolte contre Dieu, et il veut avoir en prime le "droit de choquer", expression inconsistante quand on y pense. Le catholique qui s'offusque de voir le monde blasphémer n'a peut-être pas bien compris que sa vie passe par la Passion, et qu'il aura à pâtir du monde d'une manière ou d'une autre, quel que soit l'ambiance religieuse du lieu où il est destiné à vivre.
C'est dans la plus grande faiblesse que le Christ a manifesté sa puissance et continue d'étonner bien des hommes. C'est sous les coups et par les injures qu'Il s'est retrouvé élevé sur une croix pour devenir le point central de l'univers. Même une mauvaise chanson bien médiocre pourrait jouer son rôle dans l'économie du salut... C'est un clou de plus dans la chair de l'Agneau. Il y en aura d'autres.